Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

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Gillo
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Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Gillo »



Publié le 02 mars 2010 à 05h00 | Mis à jour à 07h20

Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab




Vincent Marissal
La Presse

Le ministère de l'Immigration du Québec est intervenu, en novembre dernier, pour expulser d'un cours de francisation destiné aux immigrés une femme d'origine égyptienne qui refusait de dévoiler son visage en classe.

Après des mois (de février à novembre) de tentatives d'accommodement de la part de l'enseignante et de la direction du cégep Saint-Laurent, la situation est devenue tendue au risque de provoquer des affrontements au sein de l'institution.

Selon ce qu'a pu apprendre La Presse, un haut fonctionnaire (Roger Giroux, directeur général de la francisation au ministère de l'Immigration) est intervenu personnellement pour demander, pour la ixième fois, à la dame de retirer son niqab (qui ne laisse paraître que les yeux), à défaut de quoi elle serait expulsée du cours. Elle a refusé, exigeant une confirmation écrite de la position du Ministère, ce qu'elle a obtenu.

Dans la lettre, M. Giroux rappelle que les motifs ont été clairement exposés à l'élève exclue, que celle-ci ne pouvait poursuivre ses cours avec son niqab mais qu'elle avait tout loisir de suivre la formation en ligne.

La dame a porté plainte dans les jours suivants devant la Commission des droits de la personne, qui l'étudiera dans les prochains mois.

Toute cette histoire a commencé en février 2009, lorsque cette immigrée égyptienne s'est inscrite à un cours de français au cégep Saint-Laurent. Elle avait alors le statut de résidente permanente au Canada. Pour s'inscrire, elle a fourni une photo sur laquelle son visage est découvert et elle a rencontré, sans niqab, l'évaluatrice des services de francisation.

Jusque-là, tout va bien. Les problèmes surgissent toutefois dès les premiers cours parce que quelques hommes sont dans la classe et qu'elle refuse de se dévoiler en leur présence.

Conciliante, l'enseignante offre, avec l'accord de la direction du cégep, de s'isoler avec elle dans un coin de la classe pour faire les exercices de dialogue. Pour ces séances particulières, l'élève accepte de retirer son niqab.

Un exposé oral de dos

Cet arrangement bancal se heurte toutefois rapidement aux objectifs mêmes du cours, qui veut favoriser les échanges entre élèves, les exposés oraux et les mises en situation. En outre, la femme refuse de plus en plus souvent de se conformer à l'entente conclue avec son prof. Cette dernière, de même que la direction du cégep Saint-Laurent, lui rappelle que, pour des raisons pédagogiques, il est essentiel de voir le visage des élèves dans les échanges afin de pouvoir corriger leur élocution et de voir leurs expressions faciales.

À un moment, on pousse même l'accommodement jusqu'à permettre à l'élève de faire un exposé oral au fond de la classe, de dos, parce qu'il y a des hommes dans la salle.

Les rapports entre l'élève musulmane et son enseignante, mais aussi avec le reste de la classe se corsent à la limite du conflit ouvert. On atteint finalement le point de non-retour lorsque la dame, après une pause, demande à trois hommes de se déplacer parce qu'ils lui font face dans la classe, aménagée en U par l'enseignante pour, justement, faciliter les échanges. Les hommes et l'enseignante y consentent, mais la situation est devenue intenable et on se dirige clairement vers un affrontement.

Selon nos sources, l'élève voilée refuse alors systématiquement de se découvrir le visage, même en tête à tête avec son prof, et elle se montre de plus en plus militante, voire agressive.

Dès lors, le dossier «monte» jusqu'au Ministère et même jusqu'au bureau de la ministre de l'Immigration, Yolande James, qui suit de près, avec ses fonctionnaires, son évolution.

L'ultimatum puis l'expulsion de l'élève ont été décidés au niveau politique, avec l'intervention d'un haut fonctionnaire et l'accord de la ministre James.

Dossier politiquement explosif

Bien des Québécois applaudiront la fermeté du gouvernement dans ce dossier, mais, politiquement et juridiquement, le terrain est glissant.

Au moment où, dans plusieurs pays européens, un débat fait rage sur les symboles religieux, en particulier le voile (hijab, niqab ou burqa), Québec intervient, pour la toute première fois, dans une salle de classe. Deux autres cas semblables ont surgi récemment dans des cours de français pour immigrés au cégep de Sainte-Foy, mais les deux élèves se sont pliées aux exigences du cours.

S'affrontent ici les principes de la laïcité et de l'égalité entre les hommes et les femmes, piliers de la politique du gouvernement québécois, et la liberté de pratique religieuse, reconnue par les chartes québécoises et canadiennes. Il s'agit d'un test crucial pour le gouvernement et de la première réaction politique ferme depuis la commission Bouchard-Taylor.

À Québec, on suit donc l'affaire de très près. Nos sources affirment que le gouvernement a bon espoir d'obtenir gain de cause devant la Commission des droits de la personne.

«Nous jugeons avoir fait tout ce qui était raisonnable pour accommoder cette personne, mais il y a une limite, et on l'a franchie ici. Pour nous, il est important d'envoyer un message clair», indique un informateur très près du dossier.

Dans sa plainte à la Commission des droits de la personne, l'élève voilée invoque la liberté de pratique religieuse. Le gouvernement, pour sa part, affirme que le port du niqab est incompatible avec les objectifs pédagogiques et que les nombreuses tentatives d'accommodements raisonnables ont échoué.

Québec rappelle aussi que tous les immigrés s'engagent par écrit depuis le mois de janvier 2009 à respecter les valeurs québécoises (y compris l'égalité entre les sexes), qu'ils suivent un cours sur ces valeurs communes et qu'ils doivent apprendre le français.

S'ils ne veulent ou ne peuvent pas suivre ces cours en personne, les nouveaux arrivants peuvent le faire en ligne, et toute l'information sur les valeurs communes est expliquée, en plusieurs langues, dont l'arabe, sur le site du ministère de l'Immigration.

Conciliation ou ligne dure?

Ce n'est donc pas que la décision politique qui est soumise à un test avec ce cas, mais également toute l'approche mise en place par le gouvernement Charest dans la foulée du rapport de la commission Bouchard-Taylor.

Selon tous les sondages récents sur la question des accommodements raisonnables, la majorité des Québécois pensent que leur gouvernement se montre d'ordinaire trop conciliant.

Dans les dernières années, des cas fortement médiatisés, à la SAAQ notamment, ont alimenté la controverse et enflammé les émissions de tribunes téléphoniques.

Au gouvernement, le débat aussi fait rage entre les partisans de la conciliation et les tenants de la ligne dure, débat pimenté par les positions des partis de l'opposition.

Il est peu probable que le gouvernement légifère en matière de port de symboles religieux. Des avis juridiques circulant dans certains ministères font toutefois état de problèmes de communication et de sécurité liés au port du niqab et de la burqa.

Un autre cas connu est actuellement devant la Commission des droits de la personne. Sondos Abdelatif, une jeune musulmane qui suivait une formation pour devenir gardienne de prison, a déposé en 2007 une plainte après avoir été congédiée par Services correctionnels du Québec parce qu'elle refusait d'enlever son hijab.

Elle plaide la liberté de pratique religieuse alors que son ancien employeur affirme que le port du foulard pose des risques pour la sécurité de la gardienne.
J'espère que les droits de la personne vont l'envoyer paitre... :/
[img]http://www.ledetracteur.com/wp-content/telechargements/2010/04/claude_robinson.jpg[/img]
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Annouk
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Annouk »

Je suis sure qu'elle va gagner moi :/
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Placeress
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Placeress »

Bien en fait.... il me semble que l'établissement à fait tout son possible pour accommoder la dame en question.... si elle gagne, ça va péter quelque part....
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Diane
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Diane »

Lorsque le gouvernement exige des elements
est ce que l'on fait rajouter cette norme à la commission
des personnes

Cela eviterait des abus comme ceci
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Red K
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Red K »

Moi j'aimerais que les autres étudiants de la classe portent plainte et aille en cours. Cette femme, de par ses exigences, brime leur liberté.

Je ne savais pas que ces règles existaient. On doit avouer que le gouvernement fait des efforts en ce sens. Le problème est la foutu charte des droits et liberté qui est tellement large que n'importe quelle requête farfelu réussit à passer au nom de la liberté.
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Placeress
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Placeress »

Red K a écrit : Moi j'aimerais que les autres étudiants de la classe portent plainte et aille en cours. Cette femme, de par ses exigences, brime leur liberté.

Je ne savais pas que ces règles existaient. On doit avouer que le gouvernement fait des efforts en ce sens. Le problème est la foutu charte des droits et liberté qui est tellement large que n'importe quelle requête farfelu réussit à passer au nom de la liberté.

:jap:
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Annouk
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Annouk »

Red K a écrit : Moi j'aimerais que les autres étudiants de la classe portent plainte et aille en cours. Cette femme, de par ses exigences, brime leur liberté.

Je ne savais pas que ces règles existaient. On doit avouer que le gouvernement fait des efforts en ce sens. Le problème est la foutu charte des droits et liberté qui est tellement large que n'importe quelle requête farfelu réussit à passer au nom de la liberté.
Exactement ;)
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Diane
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Diane »

Je ne vois pas un etudiant faire une plainte, il n'a pas ete lese
ni l'enseignement donné
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Red K
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Red K »

Diane a écrit : Je ne vois pas un etudiant faire une plainte, il n'a pas ete lese
ni l'enseignement donné

Une attention particulière et exagérée a été accordé à cette étudiante au détriment des autres étudiants, si cette étudiante se dit lésée malgré tous les arrangements pris pour l'accomoder, pourquoi pas le reste de la classe qui est continuellement dérangé par les exigences de madame?
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Annouk
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Annouk »

Diane a écrit : Je ne vois pas un etudiant faire une plainte, il n'a pas ete lese
ni l'enseignement donné
Je suis désolée mais quand on demande à des hommes qui ont payé un cours de se retirer pour permettre à une musulmane de faire son exposé ou encore quand on leur demande de converser avec quelqu'un qui leur tourne le dos comme si ils étaient des maniaques dangereux ou qu'ils allaient salir la musulmane de leur regard, oui, ils sont plus que lésé et le nier serait plus que de la mauvaise foi
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Diane
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Diane »

Elle avait la permission de faire ses exposes face au mur
les etudiants ne sortaient pas
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Placeress
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Placeress »

Diane a écrit : Elle avait la permission de faire ses exposes face au mur
les etudiants ne sortaient pas

Peut-importe.... dans cette situation, les autres étudiants ont fait plus leur part pour accommoder la dame.....

Quand on s'insurge contre des élèves turbulents dans une classe, ce qui nuit à l'enseignement des autres élèves... au point de vouloir qu'une amende soit imposée aux parents des élèves dérangeants.... je me demande pourquoi, dans le cas d'un immigrant qui ne veut rien faire pour s'intégrer dans un groupe.... on trouve ça normal et correct....... et qu'encore une fois, ça serait aux autres étudiants à tolérer l'intolérable.

J'y comprend plus rien perso.......

On est tellement prêt à se taper sur la tête entre nous, mais quand il s'agit d'accommoder des demandes religieuses exagérées..... on trouve ça normal...... :chepa:
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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Anya »

Pour une fois que Me Julius Grey est d'accord.

Cégep de Saint-Laurent
Expulsée en raison de son niqab

Une fois de plus, la question des accommodements raisonnables revient dans l’actualité au Québec. Cette fois, c’est une histoire qui se déroule au cégep Saint-Laurent, à Montréal, qui retient l’attention.

Une femme qui portait le niqab et qui refusait de dévoiler son visage a été expulsée de l’établissement en novembre dernier, alors qu’elle suivait un cours de francisation destiné aux immigrés. La nouvelle a été confirmée par le directeur général du cégep, Paul-Émile Bourque.

L’avocat en droits de la personne Julius Grey est d’accord avec cette décision. «Moi, je suis partisan de certains accommodements, à condition qu’ils soient raisonnables. Je pense que se couvrir le visage, ce n’est pas raisonnable.», a-t-il déclaré en entrevue à LCN.

Il faut dire que certains accommodements ont d’abord été accordés à la femme d’origine égyptienne. On lui a notamment permis de s’isoler pour faire ses exercices et elle a pu faire un exposé oral, de dos, au fond de la classe. La situation a toutefois pris une tout autre tournure lorsqu’elle a demandé à des hommes de changer de place parce qu’ils lui faisaient face.

Diemila Benhabib, auteure du livre Ma vie à contre-Coran, est d’avis que le comportement de la femme nuisait à la bonne conduite du cours et que, par conséquent, «nous n’avions pas à l’accommoder».

Plusieurs interventions ont été faites dans le but de convaincre la dame d’enlever son niqab. Le directeur général de la francisation au ministère de l'Immigration est même intervenu personnellement pour demander à la femme de le retirer, mais sans succès. Devant son refus, elle a été expulsée, avec l'accord de la ministre Yolande James. La femme a porté plainte devant la Commission des droits de la personne, en invoquant la liberté de pratique religieuse.

Une intégration difficile

Selon Me Julius Grey, dans ce cas précis, l’intégration était pratiquement impossible pour la femme. «L’école a essayé [de l’accommoder]; c’était son devoir. […] En terme de politique d’intégration, je pense que le visage couvert, ce n’est pas acceptable. Il y a vraiment une raison pédagogique, surtout dans un cours de langue, de voir les lèvres, la façon de parler, mais il y a aussi le fait que le cours de francisation c’est pour intégrer. Et je pense qu’il est très difficile d’intégrer quelqu’un dont on ne voit pas le visage.»

Finalement, madame Benhabib déplore la façon dont se sont déroulés les événements. «Ce qui est extrêmement gênant, c’est qu’on est dans un établissement scolaire, dans un cours de francisation, et ce qui devient l’objet central de ce cours, ce n’est pas d’apprendre le français, ce n’est pas d’initier les immigrants à la culture québécoise, c’est la femme en burqa (sic). Toute l’attention de l’enseignante et des autres apprenants converge alors pour redoubler d’imagination pour isoler la femme des hommes, pour agencer la disposition de la classe de telle façon à ce que son regard ne croise pas celui des hommes. Ce climat met tout le monde dans une tension intenable… J’aurais voulu que toute cette énergie soit déployée à bon escient, c’est-à-dire apprendre le français et intégrer les immigrants.»
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France4
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par France4 »

Mais qu'est-ce que le gouvernement attend pour la réviser la Charte des droits et libertés et à la modifier?
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tuberale
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par tuberale »

Patrick Lagacé a placé le lien suivant dans son article qui parle de cette burqa, même si cela ne concerne pas le dossier des accommodements versus les musulmans, ce jugement de la cour suprème risque de renverser les jugements dans ce genre de causes.



Accommodements: les huttérites déboutés en Cour suprême


Fannie Olivier
La Presse Canadienne
Ottawa

Le plus récent jugement de la Cour suprême du Canada touchant les minorités religieuses pourrait avoir un impact considérable dans le dossier des accommodements raisonnables au pays.

La petite communauté huttérite albertaine a dû essuyer un revers, vendredi, la Cour jugeant qu'elle ne pouvait exiger d'obtenir un permis de conduire sans photo, un accommodement que le gouvernement de l'Alberta consentait traditionnellement à lui accorder.

Les adeptes de cette secte d'origine chrétienne croient qu'il est interdit de se faire prendre en photo, puisque cela viole à leur avis le deuxième commandement biblique prohibant l'idolâtrie.

Dans un jugement serré de 4 contre 3, les magistrats du plus haut tribunal du pays ont conclu que l'Alberta pouvait forcer cette communauté à se doter d'un permis de conduire avec photo.

Ils y font valoir que la lutte contre le vol d'identité est un objectif public important et que le permis avec photo ne brime pas fondamentalement la liberté de religion des huttérites.

La Cour semble ainsi mettre l'accent sur le bien-être de la majorité plutôt que sur les droits des minorités.

«Donner suite à chacune de ces revendications religieuses pourrait nuire gravement à l'universalité de nombreux programmes réglementaires (...) au détriment de l'ensemble de la population», a écrit la juge en chef Beverley McLachlin, se prononçant pour la majorité.

Avec ce jugement, la Cour suprême va à l'encontre des jugements des tribunaux inférieurs, où l'on considérait que d'exiger une photo contrevenait à la Charte canadienne des droits et libertés.

«La mesure législative vise un objectif social important - maintenir un système de délivrance des permis de conduire qui soit efficace et qui réduise au minimum le risque de fraude pour l'ensemble des citoyens. Cet objectif ne doit pas être sacrifié à la légère», peut-on par ailleurs lire dans le jugement.

En 2003, l'Alberta a introduit de nouvelles règles faisant partie de mesures globales de reconnaissance faciale pour prévenir le vol d'identité.

Devant l'indignation de la colonie huttérite qui perdait du même coup son privilège de conduire avec un permis sans photo, le gouvernement de l'Alberta lui a proposé des solutions de rechange, dont celle d'enregistrer une photo numérique dans la banque de données de la province sans que cette photo ne figure sur le permis.

Cette solution a été rejetée par les huttérites, parce qu'on devait tout de même prendre en photo les quelques individus concernés - moins de 250 membres de cette communauté - qui souhaitaient conserver leur permis de conduire.

Ils faisaient pour leur part valoir que leur mode de vie serait mis en péril s'ils ne pouvaient plus se déplacer en voiture, notamment pour les courses ou les relations commerciales hors de la colonie.

Changement de cap

Cette plus grande marge de manoeuvre accordée à l'État au détriment des groupes minoritaires a quelque peu étonné le professeur Sébastien Lebel-Grenier du Groupe de recherche Société, Droit et Religions de l'Université de Sherbrooke (SoDRUS), qui y voit «un certain changement de direction de la Cour».

Elle a privilégié le test de la proportionnalité, soit le calcul entre les bénéfices d'une loi pour l'ensemble de la population en comparaison aux droits bafoués d'une minorité, plutôt que celui de l'accommodement raisonnable pur et simple.

Selon M. Lebel-Grenier, cela pourrait vouloir dire que la Cour ne jugerait pas pertinent d'invoquer ces accommodements dans un contexte de politique publique du gouvernement, bien qu'ils puissent toujours s'appliquer entre particuliers, notamment pour permettre l'intégration de quelqu'un issu d'une minorité à un milieu de travail.

«Cela pourrait être assez important parce que cela viendrait limiter fortement la pertinence des accommodements raisonnables, c'est-à-dire les endroits ou les circonstances dans lesquels on pourrait les invoquer», a-t-il expliqué en entrevue téléphonique.

Il estime que ce jugement apporte davantage de clarté sur ce dossier, faisant l'objet de nombreux débats parmi les juristes.


http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... upreme.php" onclick="window.open(this.href);return false;


et l'article de Lagacé


http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/20 ... usse-egal/" onclick="window.open(this.href);return false;
jumbo
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par jumbo »

Elle ne devrait pas seulement être expulsée de l'école, elle devrait être retourner dans son pays d'origine.
Ou si elle veut aller en cour, qu'elle ait l'obligation de défrayer tous les frais de la cour de A à Z.

À quoi sert les lois lorsqu'il n'y a pas de JUSTICE ??


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Anya
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Anya »

L'intervention de Québec fait des vagues
Mise à jour le mardi 2 mars 2010 à 13 h 03

Les réactions pleuvent

Selon une ex-membre de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, Rachida Azdouz, le cégep semble n'avoir rien à se reprocher dans cette affaire. « C'est un cas typique où l'organisation a respecté son obligation d'accommodement, qui est une obligation de moyens. [...] De son côté, la personne qui demande à être accommodée n'a pas respecté un principe important qui est reconnu par les tribunaux, le principe de réciprocité », dit-elle.

Selon l'auteure du livre Démocratie et égalité des sexes, Diane Guilbault, ce genre de situation devait éclater tôt ou tard. « C'était quelque chose qui nous pendait au bout du nez. Il n'y a pas de balise. Alors, les gens qui ont des convictions très très appuyées testent les balises ou l'absence de balises », affirme-t-elle.

« Dans le cas du cégep, comme il s'agissait d'une revendication religieuse et que la religion a été quasiment sacralisée par nos tribunaux, ils ont préféré en référer à plus haut qu'eux et on voit que la ministre intervient sur un cas individuel parce que c'est un cas délicat », note Mme Guilbault. « Ça montre un peu le désarroi dans lequel se trouvent les institutions et les entreprises privées quand elles font face à l'extrémisme. Parce qu'il faut le dire : dans nos sociétés, se cacher le visage à l'intérieur [...] c'est un geste extrémiste. »

L'avocat spécialisé en droit constitutionnel et en droit de l'Immigration Julius Grey affirme qu'il s'agit d'un cas flagrant ou l'accommodement demandé n'est pas raisonnable. « Un turban, un kirpan, une kippa... Je pense que toutes ces choses-là étaient raisonnables. Mais il y a vraiment une bonne raison pédagogique pour voir le visage d'un étudiant. C'est encore plus important dans une classe de langue, quand il faut observer les lèvres », affirme-t-il.

Recommandations laissées en plan

Dans son rapport publié le 22 mai 2008, la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables avait suggéré au gouvernement de produire un livre blanc sur la laïcité, dont le but aurait notamment été de définir ce qu'est cette laïcité, de rappeler les choix faits en cette matière et de clarifier et soumettre au débat public les questions au sujet desquelles des consensus restent à construire.

La commission proposait en outre à Québec de définir des balises pour encadrer ce qu'ils appellent des « pratiques d'harmonisation » entre citoyens, notamment dans les écoles et les établissements du réseau de la santé.

Le gouvernement Charest n'a finalement jamais déposé de livre blanc. Il a déposé cet automne le projet de loi 16 « favorisant l'action de l'administration à l'égard de la diversité culturelle », mais l'a finalement retiré en raison d'une pluie de critiques.

http://www6.chezmaya.com/lemondedemaya/ ... ml?ref=rss" onclick="window.open(this.href);return false;
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Beppo
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Beppo »

jumbo a écrit : Elle ne devrait pas seulement être expulsée de l'école, elle devrait être retourner dans son pays d'origine.
Ou si elle veut aller en cour, qu'elle ait l'obligation de défrayer tous les frais de la cour de A à Z.
Comment se fait-il qu'on entende pas parler d'accommodements raisonnables aux USA? Est-ce que je suis dans la champ ou si je ne lis pas les bons journaux?



Au plaisir!


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Beppo
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Beppo »

Publié le 02 mars 2010 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Une police du niqab? Non merci

Michèle Ouimet
La Presse

Quel beau cas pour jeter de l'huile sur le feu.
Une immigrée d'origine égyptienne a été expulsée de son cours de français au cégep Saint-Laurent parce qu'elle refusait d'enlever son niqab, le voile intégral qui cache tout le visage, sauf les yeux.

Ce n'est pas le cégep qui a décidé d'expulser l'élève, mais le bureau de la ministre de l'Immigration, Yolande James.

Le collège a tout fait pour satisfaire la dame, qui pouvait porter son voile et faire ses présentations dans le fond de la classe, le dos tourné aux élèves. Pendant un cours, elle a même demandé aux hommes de se déplacer parce qu'ils lui faisaient face.

Ses demandes étaient nettement déraisonnables; pourtant, l'histoire a traîné pendant des mois. Le Ministère a finalement tranché: elle devait enlever son voile, sinon c'était l'expulsion.

Elle a choisi l'expulsion.

Pourquoi ce dossier s'est-il rendu au bureau de la ministre James? Pourquoi le cégep n'a-t-il pas pris la décision seul?

Parce que le dossier des accommodements raisonnables est toujours aussi délicat, aussi explosif. Une ministre qui intervient dans une classe pour régler un problème de voile! On est dans la microgestion. Yolande James a-t-elle consulté le premier ministre Charest avant de prendre sa décision?

Cette histoire montre aussi à quel point les institutions sont démunies lorsqu'une demande corsée atterrit sur leur bureau.

La commission Bouchard-Taylor n'a donc rien réglé? Pourtant, les Québécois ont participé massivement à ses travaux: 17 régions visitées, 800 témoignages, 900 mémoires. Un incroyable succès, une grande thérapie collective.

Les deux commissaires ont accouché d'un rapport intelligent, nuancé. Une brique de 310 pages que le gouvernement s'est empressé de cacher dans le fond d'un placard, se contentant d'accoucher d'un vague contrat de citoyenneté que les immigrants doivent signer à leur arrivée au Québec.

Depuis le début de l'année, les accommodements raisonnables hantent les libéraux. Jean Charest pensait se débarrasser de cet encombrant débat en créant la commission Bouchard-Taylor. Erreur.

***

Lorsque mon collègue Vincent Marissal m'a raconté cette histoire de niqab, je me suis dit: «Ah non! pas encore le débat sur les accommodements raisonnables!» Je voyais déjà les défenseurs d'une laïcité rigide monter au créneau pour exiger l'adoption d'une loi interdisant le voile intégral dans l'espace public.

La France a voulu adopter une telle loi. Même si la grande majorité des députés français sont contre le niqab et la burqa, ils ont reculé devant l'idée de l'interdire. Comment appliquer la loi? En donnant des contraventions aux femmes qui se baladent en burqa dans la rue?

Qui a envie d'avoir une police du niqab? Un peu odieux, non, pour un pays qui se targue d'être démocratique?

Au Canada, la réalité est différente. Une loi est impensable, car «elle irait clairement à l'encontre de la Charte des droits, qui garantit la liberté de religion», explique la juriste Pascale Fournier, professeure à l'Université d'Ottawa.

Inutile, donc, de se rendre en Cour suprême. On a autre chose à faire de notre temps et de notre argent.

???

Une enseignante ou une avocate peut porter un foulard islamique qui laisse le visage à découvert sans mettre en péril le caractère laïque de l'école ou du tribunal. Avec la burqa, on tombe dans un autre univers.

Une personne en autorité ne devrait pas porter le voile intégral, car c'est un fort symbole d'inégalité entre les hommes et les femmes, que cela plaise ou non aux musulmans.

Par contre, la laïcité de la société n'est pas menacée parce qu'une femme se promène dans la rue ou dans le métro avec une burqa. De toute façon, elles ne sont qu'une poignée à porter le voile intégral. On ne va tout de même pas adopter une loi pour une cinquantaine de femmes souvent pauvres et isolées.

La question des accommodements raisonnables ne peut pas se régler avec une loi qui tracerait une ligne claire et nette. Ce sera toujours du cas par cas.

Le gouvernement peut s'outiller en créant, par exemple, un «office d'harmonisation» chargé d'aider les institutions aux prises avec un problème complexe d'accommodement, comme le suggèrent les commissaires Bouchard-Taylor.

Si j'étais Jean Charest, j'irais chercher le rapport de la commission dans le fond du placard. Que cela lui plaise ou non, le problème est loin d'être réglé.

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Au plaisir!


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Placeress
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Re: Une musulmane expulsée d'un cours à cause du niqab

Message par Placeress »

C'est vraiment à ce demander si cette femme n'a pas eu ce comportement de façon délibéré afin de pousser les limites encore plus loin.
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