Le blogue de Richard Therrien
Le Mardi 18 janvier 2011 | Mise en ligne à 23h17
La mémoire courte et l’épiderme sensible[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ZoJebJU_O5A&feature=player_embedded[/youtube]
Je suis sidéré de lire et d’entendre certaines grandes gueules à la mémoire très très très sélective commenter la télévision ces jours-ci.
Prenons par exemple ceux qui ont été insultés par le sketch faisant passer Stephen Harper pour un simple d’esprit au Bye bye. Et tout ça, à «notre télévision publique qui reçoit un milliard $, quel scandale!»
Et la rengaine se poursuit: «Je paie pour ça moi?»
Ceux-là sont tellement myopes qu’ils ne voient qu’à quelques millimètres de leur nez.
Je les inviterai à revisionner les sketchs des Bye bye des années 70, 80 et 90, les émissions de RBO et des Bleu Poudre, qui faisaient passer les politiciens non seulement pour des Ti-Coune, mais aussi pour des menteurs, des profiteurs, des manipulateurs et des incompétents. Bourassa, Ryan, Drapeau, Trudeau, Lévesque, oui Lévesque, Mulroney et sa Mila, et surtout Jean Chrétien ont tous mangé la claque. À côté, le sketch sur Harper, c’est une scène de Cornemuse.
Quand je regarde Ricky Gervais oser rire des intouchables vedettes américaines aux Golden Globe, je me dis qu’on est bien frileux à côté, qu’on ne peut plus rire de rien sans s’attirer les foudres des bien-pensants qui réclament mièvrerie et facilité.
Faites votre boulot chers amis, le Bye bye n’a jamais été aussi soft. Je vous le dis, louez les DVD des vieux Bye bye et on s’en reparlera!
Autre commentaire récurrent qui mérite une précision importante: «la télé publique ne joue plus son rôle». Voilà un commentaire non seulement biaisé mais totalement inexact, qui dénote un manque flagrant de rigueur.
Il suffit de remonter 25-30 ans en arrière pour observer que Radio-Canada diffusait des séries américaines en heures de grande écoute 52 semaines par année et en pleine semaine: Dallas, Quincy, La loi de Los Angeles, La femme bionique, L’incroyable Hulk, Grizzly Adams, Vivre à trois. Voulez-vous d’autres titres, je peux noircir la page.
On ne peut que constater que Radio-Canada n’a jamais aussi bien joué son rôle. Regardez aujourd’hui le nombre d’émissions d’affaires publiques en primetime. Enquête a ébranlé tout le milieu de la construction et nous sommes près d’un million à regarder Découverte le dimanche soir. Pendant que la télé publique française fait de grosses audiences avec des séries américaines, ici, on regarde nos séries québécoises audacieuses et inventives.
Aux nostalgiques de L’heure du concert et des Beaux dimanches, dois-je rappeler certains titres hautement culturels (lire de l’ironie) des années 70, 80 et 90? Les coqueluches, Allo Boubou, Le travail à la chaîne, Les démons du midi, Les anges du matin, Le train de cinq heures, Une paire d’as, Fa si la chanter, Louvain à la carte…
Radio-Canada est loin d’être irréprochable, et un minimum de rigueur suffit à lui trouver des travers bien réels, qui ne relèvent pas d’une mémoire tronquée. Tapez sur son inefficace 18 heures, reprochez-lui ses décisions de programmation farfelues, questionnez son traitement du domaine culturel, mais de grâce, arrêtez de dire qu’elle jouait mieux son rôle auparavant pour mieux défendre les privés subventionnés à l’os, et qui en demandent toujours plus!
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