Soeurs noyées à Kingston

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Fanfoi
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Message par Fanfoi »

Solange a écrit : J'ai une question pour vous.
Dans un autre topic, il y a un article où on cite la procureure de la Couronne, Julie Laborde, qui s'est opposée à la remise en liberté (de quelqu'un), soutenant que, je cite: le parjure ou le faux témoignage est passible de 10 ans de pénitencier puisqu'il met en jeu l'intégrité de l'ensemble du système de justice.
Oui, donc, c'est une loi? Bien. Ma question maintenant: si, admettons qu'un des reconnu(e)s coupable s'était dit, bah, j'irai en appel, je vais raconter la vérité, cette fois, que je ne suis qu'un instrument, moi je vais être acquitté et je serai désormais libre....
Est-ce que dans un tel cas, est-ce que la loi de 'parjure' ou 'faux témoignage' pourrait être appliquée? Ou est-ce que l'accusé(e) pourrait invoquer la ligitime défense?...
Je pense tout haut là....
Si quelqu'un à des idées à ce sujet, j'aimerais les connaître.
Merci
:jap:

S.
Ça serait surprenant que quelqu'un soit déclaré coupable suite à un mensonge et que cette personne décide de porter la cause en appel en disant "J'ai menti dans mon témoignage". Il faudrait que cette personne apporte de nouvelles preuves pour appuyer son affirmation.

Je ne connais pas grand monde qui voudraient mentir pour être coupable... Dans le seul cas où ça pourrait se produire, ça serait, par exemple, un "pion" qui décide de prendre le blâme pour protéger son boss. Dans ce cas-là, il serait probablement acquitté de la peine initiale, mais serait définitivement accusé de parjure et subirait un deuxième procès pour cette accusation-là.
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FrolenMaria
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Message par FrolenMaria »

Publié le 01 février 2012 à 00h00 | Mis à jour à 09h25


Meurtres des filles Shafia: examen de conscience à la DPJ

Daphné Cameron
La Presse


Lorsque la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a été appelée à intervenir à trois reprises auprès de la famille Shafia, la possibilité d'un «crime d'honneur» était «inconcevable». Aujourd'hui, la DPJ admet que la tragédie qui a coûté la vie à Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et à la première femme de leur père, Rona, l'a forcée à faire un important examen de conscience et à «resserrer» un certain nombre de ses pratiques.

La DPJ s'est notamment dotée d'une nouvelle norme provinciale plus stricte afin de clarifier les intentions d'une personne qui prend contact avec elle. Selon Michelle Dionne, directrice de la protection de la jeunesse au centre jeunesse de Montréal, il y a eu une certaine «ambiguïté» autour des démarches entreprises auprès de la DPJ dans le dossier Shafia. Elle affirme qu'en juin 2009, un appel fait par une intervenante de l'école de Sahar avait été enregistré comme une «demande de consultation» pour obtenir des conseils, plutôt qu'un signalement, qui mène automatiquement à l'intervention d'un travailleur social. Moins d'un mois après cet appel, les trois filles Shafia ont été trouvées noyées au fond de l'écluse de Kingston, en Ontario.

Les intervenants ont aussi reçu la consigne d'utiliser des interprètes en tout temps et de consulter les experts en matière ethnoculturelle. Et, désormais, la notion de crime d'honneur fera partie de l'équation.

La possibilité d'un crime d'honneur «n'était pas du tout, du tout, du tout dans notre esprit lorsqu'on a abordé l'évaluation du [dossier Shafia]. Ça ne faisait pas partie d'une réalité possible, c'était inconcevable pour nous, on n'avait jamais été aux prises avec ça», souligne Mme Dionne.


L'ingérence de la DPJ a-t-elle pu contribuer à la perpétration des meurtres?

«Pour l'ensemble des familles, quand la DPJ arrive et les interpelle sur la façon dont ils répondent aux besoins de leur enfant, je pense que c'est vu comme un reproche, un blâme et il y a quelque chose qui touche la dignité ou l'honneur, répond Mme Dionne. Dans le cas de cette famille-là, on peut penser que ça a ajouté à une problématique déjà très lourde autour de l'honneur. Jusqu'où ça a pu contribuer? On ne le saura jamais. Mais ce n'est pas exclu.»

C'est la première fois que la DPJ réagit publiquement à sa participation au dossier Shafia, ayant gardé une réserve durant le procès de Mohammad Shafia, sa femme Tooba Yahya et leur fils Hamed, tous trois reconnus coupables de meurtres prémédités.

Le premier signalement été fait en mai 2008 par la direction de l'école Antoine-de-Saint-Exupéry, fréquentée par quatre des enfants Shafia. Selon la preuve présentée au procès, Sahar, qui avait alors 16 ans, avait confié à un enseignant que ses parents voulaient lui imposer le port du voile et que Hamed la brutalisait occasionnellement. Elle avait également dit avoir tenté de se suicider en ingurgitant des médicaments, ce à quoi sa mère avait réagi en affirmant: «Si elle veut se tuer, qu'elle le fasse.»

Une travailleuse sociale du centre Batshaw, qui offre des services de protection de la jeunesse aux anglophones, a été affectée au dossier. Lorsque Sahar a su que ses parents seraient mis au courant, elle a changé sa version des faits. Les Shafia ont nié toute forme de violence à la maison. Le dossier a été fermé.

Environ un an plus tard, en avril 2009, Zainab s'est brièvement réfugiée dans une maison pour femmes en difficulté. Craignant alors la réaction de leurs parents, quatre de ses frères et soeurs ont arrêté un passant dans la rue et lui ont demandé d'appeler le 911.

Hors des heures normales

Ils pensaient que leur vie pouvait être en danger. Lorsqu'ils ont rencontré les policiers, les enfants ont raconté que leur père et leur grand frère étaient violents à la maison. Les policiers ont alors alerté la DPJ qui s'est présentée au foyer le soir même. Questionnée devant ses parents, l'une des filles a déclaré que ce qu'elle avait dit plus tôt était faux.

«La pratique habituelle est de rencontrer les enfants seuls, dans un endroit neutre, sans en informer les parents pour éviter que les enfants sentent une pression, explique Mme Dionne. Dans la présente situation, nous avons été interpellés un vendredi soir, en dehors de nos heures normales. C'est donc notre équipe d'urgence sociale qui est intervenue. Quand l'intervenant est arrivé, les parents étaient de retour. Nous avons essayé de composer au mieux avec cette contrainte.»

Autre difficulté: à l'époque, la DPJ n'avait pas encore de registre centralisé des signalements. Les intervenants du réseau francophone n'ont donc pas été mis au fait qu'un dossier avait été ouvert l'année précédente. Le registre provincial est entré en vigueur un mois après la mort des Shafia.
Le drame de la famille Shafia a fortement «bouleversé» les intervenants de la DPJ, confie Mme Dionne. «Ç'a été un drame extrêmement difficile qui a forcé une réflexion critique et humble autour de nos façons de faire dans l'intervention auprès des communautés culturelles.»

_______________________

Ouf! Quel caffouillage! :(
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Gaffe
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Message par Gaffe »

Jeudi le 2 février, l'émission Enquête présentera un dossier sur cette histoire. ;)
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Skarhet
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Message par Skarhet »

Anya a écrit : Sans mentionner sa première femme
Shafia avait acheté un centre commercial  

Andrew McIntosh
1 février 2012

Image

Mohammad Shafia, ce Montréalais d'origine afghane qui a été trouvé coupable cette semaine d'avoir tué sa première femme et ses trois filles à Kingston en 2009, a acheté un centre commercial de 2 millions $ dans une banlieue montréalaise, seulement un an avant les événements.

Mais les documents relatifs à cette transaction immobilière, obtenus par l'Agence QMI, soulèvent des questions quant aux déclarations - et possiblement même les intentions - de Mohammad Shafia quand il est entré au Canada comme immigrant investisseur avec les membres de sa famille.

Shafia a acheté le centre commercial de Laval le 5 mai 2008, versant 1,6 million $ en argent comptant.

Il a également convenu de payer le solde restant de 400 000 $ en quatre versements annuels de 100 000 $ chacun, entre 2009 à 2012, peut-on lire dans les documents de la transaction.

Dans les documents immobiliers que M. Shafia a lui-même signés avant qu'ils ne soient enregistrés auprès du Régistre foncier du Québec (un site gouvernemental), l'homme d'affaires prospère a déclaré n'avoir qu'une seule épouse, même s'il en avait deux.

Shafia fait état de son mariage en 1988 avec Tooba Mohammad Yahya, sa seconde épouse. Mais il n'a jamais révélé qu'il était toujours marié à sa première femme, Rona Amir Mohammad, qu'il a par la suite été trouvé coupable d'avoir tuée (avec ses trois filles) un an après son investissement lavallois.

Tooba Yahya et le fils du couple, Hamed, ont aussi été trouvés coupables dans cette affaire. Ils vont porter leurs condamnations pour meurtres prémédités en appel.

Peter Kemp, avocat de la défense représentant M. Shafia à son procès, n'a pas retourné nos appels pour obtenir ses réactions ou celles de son client relativement à ces informations, ni l'automne dernier ni cette semaine.

M. Shafia avait d'abord décrit sa première épouse à la police de Kingston comme étant « une cousine ». La famille avait utilisé un visa de visite familiale pour entrer au Canada.

Des proches de Rona Amir Mohammad ont affirmé par la suite qu'elle n'était pas sa cousine, mais bien sa première épouse. Ils ont ajouté qu'elle avait reçu des menaces de mort de M. Shafia avant qu'elle et les trois enfants ne soient découverts dans une voiture au fond du canal Rideau, près de Kingston, en juin 2009.

Georges Gauthier, un notaire de Laval qui a préparé les documents relativement à l'achat du centre commercial à Laval en 2008, a indiqué que M. Shafia ne parlait pas anglais, mais que son fils Hamed pouvait s'exprimer en anglais.

Hamed a fourni les renseignements nécessaires au sujet de l'histoire matrimoniale de son père pour l'acte de propriété, mais il n'a jamais fait mention d'une deuxième épouse et le fait que Tooba Mohammad Yahya était plutôt son épouse numéro deux.

M. Gauthier dit que la police ne l'avait jamais interrogé relativement à la transaction immobilière, ni sur la section de l'acte de propriété où M. Shafia expose son historique et statut matrimonial - une information exigée sur chaque acte de propriété au Québec.

«S'il a fait des déclarations tout croche, il vivra avec. À la revente, il peut avoir du trouble», a commenté le notaire Gauthier.

Questionné au sujet des meurtres commis par Mohammad Shafia, Georges Gauthier a répondu : « On reste toujours surpris quand des choses comme ça arrivent. »

http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/a ... 44053.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Je comprends pas trop le rapport de cet article. On le savait déjà que Shafia avait fait entrer sa première femme au pays sous une fausse déclaration. Alors quelle est la nouveauté ici ? Il n'était évidemment pas pour dire qu'il avait 2 femmes lorsqu'il a acheté le centre commercial (c'est sur le boulevard Des Laurentides à Laval près du métro Cartier)...
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Mirianne
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Message par Mirianne »

Skarhet a écrit : Le code criminel est canadien... Donc c'est la même loi tant au Québec qu'en Ontario...

Pour ce qui est du procès Turcotte, le jury avait le choix entre deux genres de verticts "fou ou pas fou" tandis que pour le procès Shafia c'était "coupable ou non coupable".

Les deux procès ne se comparent pas.
Je suis d'accord
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Placeress
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Message par Placeress »

FrolenMaria a écrit : Publié le 01 février 2012 à 00h00 | Mis à jour à 00h00


Turcotte versus Shafia
Yves Boisvert
La Presse


Êtes-vous plus Shafia ou Turcotte, question jury?



Inutile de répondre, merci, les dizaines de courriels et les commentaires ne laissent pas tellement place au doute, même déraisonnable. Tout le monde est content du verdict de dimanche. Tout le monde est fâché du verdict de l'été dernier.

On jurerait qu'il n'y a eu que deux affaires criminelles au Canada depuis le début de ce millénaire. Turcotte. Shafia. Et, depuis deux jours, on n'a de cesse de comparer ces deux affaires.

Les uns vantent les mérites des jurés ontariens, les autres lancent une autre ronde de blâmes contre ceux de l'affaire Turcotte. D'autres encore y vont de considérations sociologiques sur les qualités et défauts des jurés, province contre province. D'autres, enfin, un peu tout ça.

Puis-je humblement dire... wôôô!

Voilà deux causes qui n'ont rien, mais rien à voir. Il s'agit de parents qui ont tué leurs enfants et qui ont été jugés par un jury mais, au-delà de l'horreur des faits, les causes n'ont rien en commun.

Dans le cas Turcotte, les faits étaient admis. La défense portait sur l'état mental de l'accusé. Dans le cas Shafia, les homicides étaient contestés.

Au Québec ou au Nunavut, les Shafia auraient été condamnés, tant la preuve était accablante: les conversations, la situation des lieux, le mobile, les marques sur les voitures, les déplacements, la préparation. La preuve contre les Shafia est extrêmement forte et ne mène à aucune autre conclusion raisonnable, toute «circonstancielle» qu'elle soit.
***

Pourquoi Guy Turcotte a-t-il été déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux (on disait naguère acquitté pour folie)?

Ça demeure fort étonnant puisque, d'ordinaire, ce type de défense ne réussit qu'avec des gens qui ont complètement perdu le contact avec la réalité, des gens aux idées délirantes, des schizophrènes en crise, diagnostiqués, qui ont souvent un passé psychiatrique.

Et encore. En septembre, un jeune homme qui avait égorgé un sans-abri sans aucun motif et qui a été diagnostiqué schizophrène a néanmoins été déclaré coupable de meurtre par un jury. Tout comme Francis Proulx, l'assassin de Nancy Michaud, qui travaillait pour le ministre Claude Béchard: malgré des troubles diagnostiqués depuis longtemps, il a été déclaré coupable.

Pourquoi, donc, Guy Turcotte a-t-il réussi à convaincre le jury? Il faudrait interroger les 11 jurés. Voici mon hypothèse en quelques points.

1 - La performance médiocre de l'expert de la Couronne comparativement à ceux de la défense.

2 - La qualité exceptionnelle des avocats de la défense.

3 - Le fait que l'accusé était médecin (l'idée qu'un homme aussi «bon» ne peut pas faire ça en étant normal).

4 - Le témoignage pathétique de l'accusé.

5 - Le fait que le juge ait très lourdement averti les candidats jurés de l'extrême difficulté du procès, faisant ainsi involontairement une présélection de jurés plus cérébraux que la moyenne.

***

Quoi qu'il en soit, les jurés du Québec ne sont pas plus «acquitteurs» que ceux de l'Ontario. On a recensé 39 procès pour meurtre en 2009-1010 au Québec. Il en a résulté 29 déclarations de culpabilité, aucun acquittement, 7 retraits (ce qui couvre toutes sortes de situations, y compris des condamnations moindres) et 3 «autres» (possiblement non-responsabilité pour troubles mentaux).

Pendant la même période, en Ontario, 99 causes de meurtre ont donné lieu à 20 déclarations de culpabilité, 5 acquittements, 72 retraits et 2 «autres».

Le taux de condamnation dans les affaires criminelles en général est même plus élevé au Québec (notamment parce que les causes sont filtrées par un procureur avant que des accusations soient portées).

***

Depuis son invention en Angleterre en 1843 (Daniel M'Naghten, qui avait assassiné un homme qu'il croyait être le premier ministre de Grande-Bretagne, avait été acquitté pour folie), la défense de folie soulève des controverses furieuses.

Quand John Hinckley, qui avait tiré sur le président Ronald Reagan, a été acquitté en 1982 pour la même raison, les pressions ont été telles qu'on a changé la loi américaine.

Le fait est, pourtant, que cette défense est rarement utilisée avec succès. Songeons que le tueur en série américain David Berkowitz, le «fils de Sam», qui disait recevoir des ordres du chien de son voisin, a été jugé sain d'esprit.

***

Comparer ces deux verdicts revient à tirer des conclusions sur la supériorité du transport aérien en Ontario après avoir pris un avion à temps à Toronto et un autre en retard à Montréal.

Non pas que les verdicts rendus par un jury soient toujours les meilleurs, ou même les bons. Mais ils sont généralement le résultat logique et rationnel de ce qui s'est passé dans la salle d'audience. C'est-à-dire de la preuve, qu'ils voient mieux que quiconque. Et de la façon dont on la leur présente.

Le reste, c'est de la littérature.


__________________________


:jap: Ce que j'ai surligné représente tout-à-fait mon avis, et même plus car je voulais surligné d'autres passages mais pour une raison que j'ignore ça ne fonctionne pas.



Excellent texte.. j'aime beaucoup Boisvert....
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Rose-des-bois
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Message par Rose-des-bois »

Je viens de terminer de visionner Enquète.

C'était sur la famille Shafia, très bien fait et documenter. À voir

Reprise samedi à Radio-Canada à 13h et dimanche à RDI à 18h
Mamie vous aime mes petits amours !!!

Oh, surtout n'éteignez pas la lumière en l'enfant!!!
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pucinette
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Message par pucinette »

Rose-des-bois a écrit : Je viens de terminer de visionner Enquète.

C'était sur la famille Shafia, très bien fait et documenter. À voir

Reprise samedi à Radio-Canada à 13h et dimanche à RDI à 18h

et sur tou.tv à partir de demain je crois :)
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier
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Anya
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Message par Anya »

Lettre envoyée à Claude Poirier
Les enfants Shafia veulent vivre leur deuil en paix

3 février 2012

Les membres de la famille qui détient la tutelle des enfants restants de la famille Shafia demandent à la population et aux médias de laisser les enfants vivre leur deuil en paix et d'éviter d'entrer en contact avec ceux-ci.

Voici la lettre touchante qu'ils ont fait parvenir au Vrai Négociateur, Claude Poirier.

«Bonjour Monsieur Poirier,

Nous désirons par ce communiqué lancer un appel de collaboration à la population et surtout à la communauté médiatique.

Au cours des deux dernières années et demie, les enfants de cette famille se sont vus confrontés à de multiples épreuves, soit le décès de plusieurs membres de leur famille, le procès de leurs parents et de leur frère, de leur incarcération ainsi que le souci constant que leur a procuré le procès.

Malgré les circonstances, nous avons tenté de leur offrir un environnement stable, sain et protégé afin qu'ils puissent maintenir une vie normale et poursuivre leurs études. Tous doivent prendre en considération que le degré d'effort qu'ils ont du fournir est inconcevable vu les évènements qui les entourent.

En ce qui a trait au procès Shafia, nous sommes au fait que c'est le devoir des médias de tenir informés les membres de notre société. Durant la procédure judiciaire, le juge Marange a imposé un avis de non-publication quant à l'identité des enfants de la famille.

En somme, nous demandons aux médias, s'il vous plaît, d'éviter de présenter des bulletins sur les enfants Shafia.

Ce sont des enfants innocents pris dans un tourbillon qui est hors de leur contrôle.

De voir leurs vies enquêté au grand jour et leurs évaluations psychologiques présentées aux nouvelles ne fait qu'ajouter à leur souffrance qui est déjà suffisamment difficile à porter.

Aujourd'hui nous nous adressons à chaque père et mère, à chaque frère et sœur, à chaque oncle et tante et à tous ceux qui ont des êtres chers d'accueillir notre demande et de ne pas condamner des enfants innocents.

Accordez-leur le respect à la vie privé, l'opportunité de vivre leur deuil dans l'intimité à laquelle ils ont droit afin que leur blessure guérisse et que ce cauchemar de leur enfance puisse faire place à une cicatrice.

Merci de votre collaboration.»

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Anya
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Message par Anya »

Le corps des femmes
Denise Bombardier
4 février 2012

Objet de désir, de convoitise, de domination et de peur, le corps de la femme a été, à travers l'histoire, un espace qu'ont défini, réglementé, occupé, honoré ou conquis par la force les hommes. La légende d'Adam et Ève, si elle a inspiré les grands peintres, a avant tout fixé durant des millénaires la nature de la femme. Cette dernière est donc à l'origine de la chute morale de l'homme. En d'autres termes, la pécheresse et la femme sont indissociables.

À huit ans, les religieuses au Québec nous mettaient en garde avant les grandes vacances contre les impudeurs de l'été. Nous devions éviter les «robes soleil» sans manches et trop courtes pour ne pas provoquer les hommes. À seize ans, lors d'un sermon, un prêtre tonitruant nous avait expliqué avec moult détails qui certainement le titillaient que nous étions responsables de la pureté des garçons, dont «la force sexuelle pouvait faire décoller une fusée». Ça ne s'invente pas, même pour une romancière!

Il est clair que toutes les religions ont des problèmes avec les femmes. Toutes ont défini des limites aux femmes en les confinant dans des lieux réservés, à l'écart souvent du regard des hommes. Toutes ont réussi à recouvrir le corps féminin afin d'éloigner les hommes de la tentation. Il a fallu attendre des siècles chez les chrétiens pour reconnaître que les femmes avaient une âme et encore plus longtemps pour accepter qu'elles n'étaient pas seulement un réceptacle pour la semence masculine. L'Église catholique, celle qui nous est la plus familière, a toujours toléré les rapports sexuels, seul moyen de mettre des enfants au monde. Sa morale officielle, à ce jour, s'oppose encore à toute relation sexuelle hors mariage. C'est peu dire le chemin parcouru pour atteindre l'affranchissement des femmes, tel que nous le vivons en Occident.

Tout, le pire et le meilleur, fut écrit autour de la tragédie qui a emporté quatre néo-Québécoises, les filles et la première des deux épouses de Mohammad Shafia. Ce crime d'honneur est l'expression ultime d'une espèce de maladie dont sont atteints un nombre considérable d'hommes, en particulier dans les pays musulmans. Toute la semaine, des mises en garde ont été faites, tous les chroniqueurs marchaient sur des oeufs de peur de provoquer l'islamophobie. À noter que cette attitude frileuse servait aussi du temps du totalitarisme soviétique. Nombreux étaient ceux qui se refusaient de critiquer l'URSS de Staline par crainte de nuire au paradis communiste. Des centaines de millions de gens sont ainsi morts, enterrés par le silence d'une gauche occidentale bien planquée à des milliers de kilomètres des camps sibériens.

Alors parlons clairement. Dans plusieurs pays islamiques, chez les Arabes, en Iran, à travers le continent africain et dans l'Asie musulmane, la culture du patriarcat impose sa loi discriminatoire et soumet de façon dramatique les femmes. Et dans cette perspective, les contes arabes des Mille et une nuits ne font rêver que les hommes en rut. Des dizaines de millions de femmes sont à la merci du sens de l'honneur des mâles et des femmes elles-mêmes, victimes consentantes et soumises de la loi phallique.

Oui, il existe des cultures arriérées, archaïques, primaires qui font disparaître, au propre comme au figuré, les femmes de l'espace public. Des cultures qui ont inventé les mathématiques, la poésie, l'astronomie, certes, mais qui n'accéderont jamais à la civilisation telle qu'on la conçoit de nos jours en perpétuant des traditions d'une ère révolue.

La seule révolution réussie du XXe siècle, celle qui n'a pas fait de victimes, n'a pas construit de camps de la mort, n'a pas semé la terreur, n'a muselé personne, n'a violé aucune loi et n'a imposé aucune barbarie, c'est la révolution féministe. Le combat pour l'égalité des sexes a bien sûr bousculé bien des hommes; il a aussi permis à des «fondamentalistes» antihommes de sévir dans des écrits en forme de brûlots, mais ces dommages collatéraux sont des vétilles en regard du progrès que le féminisme a entraîné dans nos sociétés.

À travers le monde, l'honneur se décline encore selon la loi de l'homme dans ces pays qui perpétuent une conception de la femme qui la transforme en objet et source de péché. La peur de la femme est au coeur de ces systèmes si chers aux philosophes aristotéliciens, aux Pères de l'Église, à tous ces religieux intégristes et ces défenseurs des cultures qui confinent les femmes, qui jettent les bébés filles dans les caniveaux, qui se servent de la technologie médicale afin d'éliminer les foetus féminins.

Mohammad Shafia s'est trompé de pays en s'installant au Canada. Ce polygame a importé entre les quatre murs de sa résidence sa culture pathologique dans laquelle il régnait en pacha tout en déléguant ses pouvoirs et en transmettant ses valeurs archaïques à son fils. Il n'a pas tué ses filles et sa première épouse. Il a simplement usé de moyens à ses yeux justifiés pour réhabiliter l'honneur bafoué de sa virilité millénaire triomphante.

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Placeress
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Message par Placeress »

Rose-des-bois a écrit : Je viens de terminer de visionner Enquète.

C'était sur la famille Shafia, très bien fait et documenter. À voir

Reprise samedi à Radio-Canada à 13h et dimanche à RDI à 18h

Il est aussi sur tout.tv, je l'ai écouter hier, c'est bien triste....
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Placeress
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Message par Placeress »

Anya a écrit : Lettre envoyée à Claude Poirier
Les enfants Shafia veulent vivre leur deuil en paix

3 février 2012

Les membres de la famille qui détient la tutelle des enfants restants de la famille Shafia demandent à la population et aux médias de laisser les enfants vivre leur deuil en paix et d'éviter d'entrer en contact avec ceux-ci.

Voici la lettre touchante qu'ils ont fait parvenir au Vrai Négociateur, Claude Poirier.

«Bonjour Monsieur Poirier,hh

Nous désirons par ce communiqué lancer un appel de collaboration à la population et surtout à la communauté médiatique.

Au cours des deux dernières années et demie, les enfants de cette famille se sont vus confrontés à de multiples épreuves, soit le décès de plusieurs membres de leur famille, le procès de leurs parents et de leur frère, de leur incarcération ainsi que le souci constant que leur a procuré le procès.

Malgré les circonstances, nous avons tenté de leur offrir un environnement stable, sain et protégé afin qu'ils puissent maintenir une vie normale et poursuivre leurs études. Tous doivent prendre en considération que le degré d'effort qu'ils ont du fournir est inconcevable vu les évènements qui les entourent.

En ce qui a trait au procès Shafia, nous sommes au fait que c'est le devoir des médias de tenir informés les membres de notre société. Durant la procédure judiciaire, le juge Marange a imposé un avis de non-publication quant à l'identité des enfants de la famille.

En somme, nous demandons aux médias, s'il vous plaît, d'éviter de présenter des bulletins sur les enfants Shafia.

Ce sont des enfants innocents pris dans un tourbillon qui est hors de leur contrôle.

De voir leurs vies enquêté au grand jour et leurs évaluations psychologiques présentées aux nouvelles ne fait qu'ajouter à leur souffrance qui est déjà suffisamment difficile à porter.

Aujourd'hui nous nous adressons à chaque père et mère, à chaque frère et sœur, à chaque oncle et tante et à tous ceux qui ont des êtres chers d'accueillir notre demande et de ne pas condamner des enfants innocents.

Accordez-leur le respect à la vie privé, l'opportunité de vivre leur deuil dans l'intimité à laquelle ils ont droit afin que leur blessure guérisse et que ce cauchemar de leur enfance puisse faire place à une cicatrice.

Merci de votre collaboration.»

http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/a ... 05005.html" onclick="window.open(this.href);return false;

C'est d'une tristesse impensable que des familles aient a faire ce genre de demandes..... me semble que ca va tellement de soi........
Dernière modification par Placeress le sam. févr. 04, 2012 3:58 pm, modifié 1 fois.
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Solange
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Message par Solange »

Placeress a écrit : [...]



C'est d'une tristesse impensable que des familles aient a faire ce genre de demandes..... me semble que ca va tellement de soi........
J'avoue.
Cependant, je suis maintenant rassurée quant au support qu'ils ont de la DPJ. Je me posais justement la question, beaucoup plus haut.
:jap:
- Mozusse que ça pourrait être plus simple! Solange de Beauvoil', dans 'le Domaine Bleu' (et partout ailleurs, d'ailleurs)
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Anya
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Message par Anya »

Tout lire >>Affaire Shafia: «Je porte le bébé de mon amoureux» 
Philippe Teisceira-Lessard - La Presse
Quelques semaines seulement avant d'être tuée par son père, sa mère et son frère aîné, Sahar Shafia a confié à un ami très proche qu'elle était enceinte, selon un nouveau livre-enquête portant sur le plus célèbre crime d'honneur de l'histoire canadienne.
Dans Without Honor, qui paraîtra demain, le journaliste ontarien Rob Tripp multiplie les révélations sur la vie de la famille au cours des années qui ont précédé le quadruple meurtre. Il a interrogé des dizaines de personnes impliquées dans le drame - notamment des camarades de classe des victimes - afin de reconstituer le fil des événements.
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Anya
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Tout lire >>Crimes d'honneur: les institutions toujours mal outillées 
Katia Gagnon - La Presse
Cinq ans après l'affaire Shafia, les institutions québécoises sont toujours aussi mal outillées pour faire face à la problématique complexe des violences liées à l'honneur, estime le Conseil du statut de la femme dans un avis d'envergure sur les crimes d'honneur qui sera rendu public mercredi.

Placés devant des situations potentiellement très dangereuses pour des jeunes femmes, les intervenants de la Direction de la protection de la jeunesse, des écoles et des corps de police sous-évaluent souvent le risque auxquelles ces dernières font face, déplore le rapport rédigé par l'auteure Yolande Geadah, dont La Presse a obtenu copie.
Le CSF enjoint le gouvernement à s'attaquer de front au problème des crimes d'honneur, qui a fait 26 victimes au Canada depuis 1991, établit le rapport.
«Certaines personnes optimistes s'imaginent que le problème se résorbera tout seul, avec les nouvelles générations, à mesure que les membres issus des communautés concernées intègreront les valeurs égalitaires. Or, ce changement ne se fera pas tout seul», dit le conseil, qui craint un retour en force du traditionalisme à travers le jeunes hommes issus de l'immigration.
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Rose-des-bois
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Message par Rose-des-bois »

Ce dimanche au canal D de 19h à 21h

[nouvelle=http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts-e ... php|Publié le 04 décembre 2014 à 05h00 | Mis à jour le 04 décembre 2014 à 05h00
L'horreur des Shafia en documentaire]Publié le 04 décembre 2014 à 05h00 | Mis à jour le 04 décembre 2014 à 05h00
L'horreur des Shafia en documentaire
Le documentaire Dans l'ombre des Shafia reprend le... (Photothèque Le Soleil)
Agrandir
Le documentaire Dans l'ombre des Shafia reprend le fil des événements de l'affaire Shafia, un récit qui donne froid dans le dos. On revoit de courts extraits des interrogatoires des trois coupables Mohammad (le père), Tooba (la mère) photo, et Hamed (le frère), qui ont tous trois écopé d'une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL[/nouvelle]

Ou ce lien : http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts-e ... ntaire.php" onclick="window.open(this.href);return false;
Mamie vous aime mes petits amours !!!

Oh, surtout n'éteignez pas la lumière en l'enfant!!!
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Anya
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Tout lire >>Coupable d'avoir tué ses 3 filles et sa femme 
Le docteur Robert Groves témoignait aujourd'hui devant un comité du Sénat pour parler de la radicalisation des détenus.
Il a décrit Mohammad Shafia comme étant un homme radical, extrêmement exigeant qui s'attend à avoir des passe-droits en prison. Plusieurs détenus le craignent.
Le Dr Groves a notamment raconté que tous les vendredis, jour de prière, Shafia amenait un groupe de 23 autres détenus à la prière hebdomadaire. Environ le tiers des hommes ne voulait pas s'y rendre, mais y étaient obligés parce qu'ils étaient terrifiés par Mohammad Shafia.
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Anya
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:gluk: Ils se disent victimes de «stéréotypes culturels» et demandent un nouveau procès.
Tout lire >>Les Shafia veulent un nouveau procès pour le meurtre de quatre membres de leur famille 
Mohammad Shafia, sa deuxième épouse et leur fils, qui ont été reconnus coupables en 2012 de crimes d’honneur en assassinant quatre membres de leur famille, se disent victimes de «stéréotypes culturels» et demandent un nouveau procès.
Dans un document déposé à la Cour d’appel de l’Ontario, le père de 62 ans, Tooba Yahya, 42 ans et leur fils Hamed, 21 ans, plaident que la «preuve extrêmement préjudiciable» n’aurait pas dû être admise à leur procès pour meurtres, selon The Gazette.
Les trois ont subi leur procès ensemble, pour avoir tué les sœurs Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans et Geeti, 13 ans, ainsi que la première femme de M. Safia, Rona Amir, 52 ans. Ils auraient commis ces crimes afin de «laver l’honneur de la famille».
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Anya
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Message par Anya »

Tout lire >>Les Shafia réclament un nouveau procès 
Lise Ravary
À chaque jour suffit son lot d’indignation mais reporter l’indignation du jour au lendemain aide à calmer le feu dénonciateur qui nous habite.
Mais demain, je ne serai pas moins choquée par la demande de la famille Shafia qui souhaite obtenir un nouveau procès. Pour des motifs ahurissants.
Ce que The Gazette révélait ce matin à la une.
Attendez d’en connaître la raison. Si vous ne collez pas au plafond, j’envoie le gorille de la pub vous livrer une caisse de son puissant adhésif.
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Anya
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Affaire Shafia: «Depuis que je suis emprisonnée, j’ai découvert la liberté»

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Pour la première fois depuis qu’elle a été condamnée à la prison à vie pour l’assassinat de trois de ses filles et de la première femme de son mari, une affaire de crime d’honneur jamais vue au pays et qui a fait le tour du monde, Tooba Yahya, épouse de Mohammad Shafia, a récemment confessé son crime aux commissaires aux libérations conditionnelles du Canada.

Publié le 13 décembre 2019
Daniel Renaud - La Presse

Les circonstances du quadruple meurtre, son enfance en Afghanistan sur fond de guerre, son mariage arrangé alors qu’elle n’avait que 17 ans, sa relation de soumission avec son mari, ses sentiments envers sa mère, la culpabilité éprouvée pour la mort de ses enfants : Tooba Yahya a été un livre ouvert.

Originaires d’Afghanistan, les Shafia et leurs enfants sont arrivés au Canada en 2007 et se sont établis dans l’arrondissement de Saint-Léonard, dans le nord-est de Montréal.

Mme Yahya, 49 ans, et son mari ont été condamnés en 2012 à l’emprisonnement à vie pour avoir poussé, dans le canal Rideau à Kingston, une voiture dans laquelle se trouvaient trois des filles du couple, Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, et Geeti, 13 ans, et la première femme de Shafia, Rona Amir Mohammad.

Le crime a été commis il y a 10 ans, en juin 2009, et les quatre victimes ont péri noyées. Selon la théorie de la poursuite, les trois filles ont été victimes d’un crime d’honneur, car leur père n’acceptait pas leur façon de vivre. Cette retentissante affaire a été suivie partout au Canada et sur la scène internationale.

Le couple Shafia ne pourra obtenir sa libération conditionnelle avant 25 ans, mais Tooba Yahya a récemment témoigné devant les commissaires aux libérations conditionnelles pour demander la permission d’effectuer une sortie avec escorte, durant quelques heures, pour se recueillir sur la tombe de sa mère, décédée plus tôt cette année. La Presse a pris connaissance de la décision écrite des commissaires.

Volte-face

Durant le procès devant jury, Tooba Yahya avait témoigné que durant un voyage familial aux chutes Niagara, les membres de la famille s’étaient arrêtés dans un motel de Kingston, qu’en soirée, l’une de ses filles lui avait demandé les clés de la voiture pour y chercher des vêtements, mais que le lendemain matin, elle et ses sœurs étaient disparues et qu’elle (la mère) s’était rendue dans un poste de police pour signaler leur disparition.

Or, pour la première fois, Mme Yahya a admis et décrit le crime aux commissaires. Elle a raconté que vers 2 h dans la nuit du 30 juin 2009, elle se trouvait dans un véhicule de marque Nissan avec ses filles. Mohammad Shafia et son fils Hamed les ont rejointes et son mari lui a demandé d’aller dans l’autre voiture utilisée par la famille, une Lexus. Mohammad Shafia a alors pris le volant de la Lexus et percuté l’arrière de l’autre véhicule dans lequel se trouvaient les trois filles et sa première femme.

Tooba Yahya a expliqué aux commissaires qu’elle avait demandé à son mari ce qu’il faisait et que celui-ci lui avait répondu qu’il allait les tuer. Elle dit avoir tenté de l’en empêcher, mais il a heurté la Nissan une deuxième fois, et celle-ci a plongé dans le canal.

Mme Yahya affirme qu’elle ignorait le projet de son mari de tuer ses filles, qu’il était incapable de vivre dans le déshonneur et qu’il lui a dicté quoi dire aux policiers.

Durant l’audience, Mme Yahya a dit être coupable de ne pas avoir protégé ses enfants, mais ajouté qu’elle n’a pas été en mesure de les sauver.

Elle a ajouté avoir voulu révéler la vérité plusieurs fois, qu’elle avait peur que son mari s’en prenne à ses autres enfants, mais qu’aujourd’hui, elle avait décidé de tout raconter aux commissaires. Elle a dit n’avoir jamais raconté cette version à ses autres enfants, mais que ceux-ci savent ce qui s’est passé.

Un mari contrôlant

Mme Yahya a relaté avoir été anxieuse durant toute sa jeunesse en Afghanistan en raison de la guerre. L’un de ses frères est mort durant celle-ci, à l’âge de 22 ans. Son père est décédé alors qu’elle avait 12 ans et elle a été élevée par sa mère et des servantes. Alors qu’elle avait 17 ans, sa mère a accepté de donner sa main à Mohammad Shafia, même si ce dernier avait déjà une femme. Elle en a toujours voulu à sa mère pour cette décision. Durant plusieurs années, elle n’a eu aucun contact avec sa mère, car Shafia ne voulait pas la voir, parce qu’elle fumait et que c’était un comportement honteux.

Elle a eu sept enfants avec lui et dit ne jamais les avoir forcés à adhérer à une religion. Elle appréciait la première épouse de Shafia, car elle était bonne, en plus de l’aider et de la réconforter.

Durant 20 ans, elle a toujours suivi les règles imposées par son mari même si elles étaient dures à accepter. Il décidait où elle pouvait aller et qui elle pouvait voir. Elle craignait que si elle désobéissait, il ne parte en emmenant les enfants avec lui. « Vous dites que vous avez toujours su que ce n’était pas un homme bon, mais que vous aviez peur pour vos enfants », peut-on lire dans la décision.

Durant l’audience, Mme Yahya a déclaré qu’elle pouvait maintenant prendre ses propres décisions et qu’elle n’avait plus peur de lui.

« Depuis que je suis emprisonnée, j’ai découvert la liberté », a déclaré Mme Yahya aux commissaires, qui ont repris ses mots dans leur décision.

Une seule fois, en 2017, elle a communiqué avec son mari, mais il lui a encore parlé de déshonneur, et elle a décidé de mettre fin à la relation. Elle a rempli des documents de divorce, mais Shafia refuserait de les signer.
Pardon à sa mère

Mme Yahya demande une première sortie avec escorte, de quelques heures, pour « dire au revoir » à sa mère, décédée en mai dernier. Elle a dit aux commissaires qu’elle était encore en colère contre elle, mais qu’elle était prête à lui pardonner.

Elle a des contacts avec ses trois enfants survivants en liberté, qui la visitent au pénitencier.

Mme Yahya suit des cours d’anglais en détention et a un comportement « impeccable » avec les membres du personnel carcéral et ses codétenues, selon son équipe de gestion.

Les commissaires ont accepté de lui accorder ce premier élargissement, tout en soulignant toutefois la gravité du crime.

« Celui-ci est considéré comme un crime d’honneur et tel que spécifié par le juge lors du prononcé de la peine, cette notion tordue de l’honneur n’a pas de place dans une société civilisée. Il a causé la mort de quatre innocentes victimes dont trois qu’en tant que mère, vous aviez le devoir de protéger », écrivent notamment les commissaires.

La sortie accordée à Mme Yahya devait durer cinq heures, entre 9 h et 14 h, et a eu lieu à une date indéterminée.

L’an dernier, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié a décidé de révoquer la résidence permanente au Canada de Tooba Yahya et de Mohammad Shafia pour grande criminalité. Les deux devraient donc être expulsés vers leur pays d’origine, l’Afghanistan, après avoir fini de purger leur peine au Canada.
https://www.lapresse.ca/actualites/just ... iberte.php
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