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tuberale
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Les visions d'un Nostradamus des sciences

Fabien Deglise
Édition du samedi 31 décembre 2005 et du dimanche 1er janvier 2006


Au seuil d'une nouvelle année qui s'ouvre sur la suite d'un siècle, la prédiction risque de surprendre: les «téléphones à poche», comme dirait l'autre, ne sont finalement pas voués à un si bel avenir que ça. Pire, dans cinq ans, précisément, ils devraient disparaître complètement de notre environnement, remplacés par des cellulaires nouveau genre, quasi invisibles car intégrés directement au conduit auditif.

L'invention européenne risque de faire jaser... de tout, de rien, mais aussi de la fermeture de la dernière salle de cinéma, programmée en 2036, du premier traitement anticancer en 2013, de la disparition du bruit en ville en 2053, de la destruction de la dernière station-service en 2050 et surtout de ce petit osso buco tellement bon mitonné par un chef cuisinier robot un soir d'août... 2089.

Fabulations ? Délires d'amateur de science-fiction ? Rêves éveillés ? Que nenni, répond Éric de Riedmatten. Ces perspectives d'avenir, loin de sortir d'un chapeau, ne sont finalement qu'une série de «faits dont l'éclosion est vraisemblable», explique ce Nostradamus des sciences dans un bouquin intitulé XXIe siècle : les innovations qui vont changer notre vie (Éditions de l'Archipel).

Infophage habitué des clubs de scientifiques, cet ex-journaliste en science devenu directeur des communications de la succursale française de la multinationale Siemens a les deux pieds sur terre. Mais l'esprit vagabond dans le temps et l'espace, et surtout dans un siècle en construction qu'il voit «comme le siècle du grand bond en avant. Le grand siècle de l'innovation», dit-il à l'autre bout du fil.

Ses visions, sortes de «centuries scientifiques», tendent d'ailleurs à refléter son optimisme en 95 chapitres qui, année après année, présentent jusqu'en 2100, sous forme d'articles de presse, le programme chargé qui nous attend. Côté bouffe, transport, divertissement, environnement et santé.



Et quel programme ! Dans 13 ans, par exemple, les peuples de la terre devraient finalement s'entendre et surtout se comprendre, grâce à un traducteur simultané qui, comme le cellulaire de 2011, se logera discrètement dans l'oreille. Présenté officiellement lors du Forum mondial de l'économie à Séoul, cette année-là, le «petit objet jaune», écrit-il, qui conjugue reconnaissance vocale et base de données multilingue hallucinante, va faire sensation. Sonnant du même coup le glas «des cours de langues dans les écoles», prévient De Riedmatten, qui se défend bien d'avoir été inspiré par un épisode de Star Trek pour accoucher de sa prédiction.


«Ce n'est pas une prédiction, corrige-t-il depuis son bureau parisien, mais bien une prévision par rapport à des éléments existants. Tous mes chapitres reposent sur de l'information scientifique qui circule actuellement, sur des discussions qui ont cours dans les cercles de scientifiques en ce moment et qui me permettent d'imaginer ce à quoi le futur pourrait facilement ressembler. Bien sûr, il y a aussi une part de rêve, je l'avoue, mais dans toute forme de prospective, il y a de l'utopie. C'est normal.»



Normal. En 2008, ce sont plutôt les vitres autonettoyantes qui devraient l'être. «Miracle de la technologie», écrit-il, ces carreaux, dont plusieurs versions existent déjà dans les laboratoires d'une entreprise française, vont donc mettre à la rue les laveurs de vitres des grandes métropoles. Leur travail étant rendu inutile par cette innovation qui, par photocatalyse et hydrophilie, «permet de dissoudre les impuretés organiques sous l'action de la lumière solaire», mais aussi d'éliminer les saletés grâce à l'eau qui tombe les jours de pluie.

Cette visibilité accrue ne va toutefois pas permettre au Terrien de demain de regarder par sa fenêtre, le «Big Shark», premier avion supersonique commercial transportant à trop haute altitude et à 3000 km/h ses premiers passagers... en 2016. En échange, il pourra par contre assister en direct à la fermeture des stations-service dans son quartier -- stations devenues obsolètes en 2050 avec la généralisation de l'hydrogène en tant que combustible -- ou encore voir rentrer son voisin tenant à la main, en 2094, des fleurs cultivées sur Mars, planète conquise par l'homme dans 24 ans et qui, à partir de 2067, sera pour tous à portée d'un voyage spatial devenu alors démocratique.

Mais tout ça est bien loin. Et les impatients pourront se rabattre plus vite pour respirer l'air de leur temps sur la contemplation des paysages dépourvus de pylônes électriques à partir de 2020, date à laquelle l'électricité, estime Éric de Riedmatten, va se promener sans fil en empruntant alors les ondes pour voyager. «Vous imaginez : ce sera la fin des fils qui traînent dans le bureau, qui prennent la poussière et qui n'arrêtent pas de s'emmêler», commente-t-il.

Sang neuf et robe climatisée

Le bénéfice est intéressant. Mais cette disparition de pylônes va aussi engendrer des obstacles en moins pour les pilotes de «dirigeables électriques» qui vont envahir les cieux huit ans plus tard, mûs par des piles à combustible et destinés au transport des marchandises. Toutes sortes de marchandises : du sang artificiel, apparu en 2018, afin de pallier la pénurie de donneurs de sang, des prothèses artificielles qui, elles, vont rendre caducs les dons d'organes en 2039, des «oeils électroniques» qui vont faire sortir le mot «aveugle» de nos vocabulaires en 2068 et des rouleaux de «tissu climatisé» dont la généralisation en 2080 va permettre aux citoyens du monde de demain de mieux composer avec des vagues de chaleur toujours plus intenses, prévient aussi ce drôle de vaticinateur autant rêveur que pragmatique.

Enveloppés de vêtements en fibres thermorégulatrices avec microcapsules aux propriétés thermohygrométriques capables d'équilibrer chaleur et humidité, les promeneurs du dimanche pourront ainsi se livrer à leur art dans des villes elles aussi climatisées depuis 2035. «Il n'est pas question ici de villes sous cloche, prévient l'auteur du bouquin. Ma vision du futur est moins négative que ça. C'est plutôt des métropoles qui exploitent les plantes vertes, les arbres ou encore de nouveaux matériaux de construction pour abaisser la température au sol et rendre la vie plus agréable.»

Les urbains fatigués par les brumisateurs d'eau installés dans les lieux publics pourront se tourner, pour faire baisser leur température, sur une petite semaine de ski... sur l'Himalaya, dont l'accessibilité aura été grandement améliorée à partir de 2044 par le réchauffement de la planète. Il sera d'ailleurs possible d'y savourer, à la fin d'une bonne journée sur les interminables pistes, une gastronomie à base d'organismes génétiquement modifiés (OGM) qui vont se répandre sans réticences après 2014 dans le monde, prévoit Éric de Riedmatten.

Parler la même langue

Mieux, les débats passés sur cette innovation aujourd'hui controversée pourront être évoqués avec nos voisins de table venant des quatre coins de la planète dans une seule langue : «l'onusien», langue universelle, adoptée en 2087 par les États membres de l'ONU. La discussion d'ailleurs ne sera pas dérangée par les bruits de l'extérieur, évacués de tous les immeubles du monde à la mi-temps du siècle en cours grâce à l'invention d'un inverseur d'ondes capable de refouler les fréquences sonores indésirables.

L'objet -- de désir, pour plusieurs citadins -- mériterait sans doute d'arriver plus tôt. Tout comme le traitement contre le cancer, annoncé en 2013, ou le vaccin antisida, anticipé en 2009 par ce penseur du futur qui s'est tout de même entouré d'un impressionnant comité scientifique, dont Hubert Reeves a fait partie, pour solidifier les bases de ses «centuries».

Ces «centuries» auraient pu d'ailleurs s'intituler «95 sujets de discussion pour les dîners en ville», résume l'ancien journaliste. «Car la vraie fonction de ce bouquin, finalement, c'est d'induire des conversations, mais aussi d'alimenter le rêve qui, avec le besoin, guident bien souvent l'innovation.»

L'objectif est louable même si, avec le temps, sa brique de 400 pages risque de faire passer de l'étonnement aux larmes... de rire. Surtout quand les générations montantes vont constater que l'hibernation (2065), le contrôle du climat (2070) ou encore la voiture jetable (2098), pour ne citer qu'eux, auront connu le même sort que la voiture volante, la téléportation, les repas en gélule et pourquoi pas la paix dans le monde que d'autres futurologues, avant Éric de Riedmatten, imaginaient au cours du siècle dernier pour... l'an 2000.





J'adore ces futurologues, ils en sortent des bonnes....j'aime bien l'idée de la robe climatisée ....cool......c,est le cas de le dire.....mais là me placer le téléphone à l'intérieur de l'oreille...no-no-no.     --Message edité par tuberale le 2005-12-31 09:41:04--
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