Parti Vert : nouveau chef: Elizabeth May

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tuberale
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Message par tuberale »

Un lobby plus qu'un parti
Bernard Descôteaux
Édition du mardi 29 août 2006



Le Parti vert s'est donné ce week-end un nouveau chef, Elizabeth May, dont l'ambition est de faire élire un premier député de sa formation à la Chambre des communes. Même si son arrivée suscite beaucoup d'espoirs chez ses militants, les obstacles demeurent nombreux sur la route de ce qui demeure, quoi qu'on en dise, un petit parti.

Les 665 940 votes obtenus par le Parti vert le 23 janvier dernier, bien qu'ils ne soient pas quantité négligeable, ne représentaient que 4,5 % des suffrages exprimés à cette élection, répartis à peu près également dans toutes les régions du Canada, exception faite des provinces de l'Atlantique. Nulle part des candidats verts n'ont été près de se faire élire. Son chef d'alors, Jim Harris, n'avait recueilli que 6,1 % des voix dans sa circonscrïption de Beaches-East-York dans la région de Toronto. Curieusement, les meilleurs scores réalisés l'ont été dans l'ultraconservatrice Alberta, le candidat vert dans Calgary-Centre obtenant même 11,7 % des suffrages.

La marche est, on le voit, très haute pour Mme May qui aura cependant dans son jeu à la prochaine élection trois atouts qui faisaient défaut à son prédécesseur, à commencer par le charisme dont était presque totalement dénué M. Harris. La nouvelle cheffe est reconnue pour être une bonne communicatrice et jouit d'une solide réputation auprès des environnementalistes et des journalistes par son ancienne fonction de directrice générale du Sierra Club qui est l'un des puissants lobbies environnementalistes au Canada.

Le Parti vert a par ailleurs maintenant des moyens financiers significatifs grâce à la Loi sur le financement des partis politiques adoptée en 1993. Depuis, il reçoit 1,75 $ pour chaque vote obtenu à la dernière élection. Avec les contributions reçues de ses membres, il dispose cette année d'une somme de plus de 1,5 million de dollars, ce qui lui permet d'avoir une équipe d'une vingtaine de personnes à sa permanence d'Ottawa. Mme May pourra avoir une présence publique beaucoup plus grande que ne pouvait se permettre M. Harris.

Mobiliser sera aussi plus facile que lors de la dernière élection dans la mesure où le Parti vert pourra se faire le porte-étendard de la cause de l'accord de Kyoto. Si, de manière générale, voter Vert pouvait être perçu comme un geste vertueux, le rejet de cet accord par le gouvernement Harper donnera un sens concret à ce choix. Surtout, les Verts pourront puiser dans le vaste bassin des Canadiens qui, en majorité, appuient cet accord.

Le Parti vert a toutefois le défaut de sa qualité. Parti d'abord de la cause de l'environnement, il ne peut prétendre être une solution de rechange crédible au gouvernement. Il a bien sûr un programme qui traite de plusieurs enjeux, mais on constate vite que son champ d'expertise est limité. Ainsi, de passage à The Gazette il y a peu de temps, Mme May n'avait pas de réponse à offrir à propos de la place du Québec au sein de la fédération canadienne. Comme pour tous les partis verts dans le monde qui recueillent rarement plus de 5 % des suffrages, cela constituera un handicap majeur à sa progression, car les électeurs n'ont pas qu'une seule préoccupation.

Trouver où se situe le Parti vert est difficile. «Ni de gauche, ni de droite, plutôt devant», aimait à dire l'ancien chef, ce qui demeure toujours le credo officiel du parti. Contrairement aux partis verts européens issus des mouvements écologistes et pacifistes qui se situent tous franchement à gauche, le Parti vert canadien croit qu'il peut transcender les lignes idéologiques, ce qui revient à dire qu'il n'en a pas lui-même. Pour l'instant, ce parti tient davantage du lobby politique qui défend une cause et des dossiers plutôt qu'une vision de l'avenir. Encore tout jeune, il a en revanche la chance de pouvoir déterminer ce qu'il veut être.
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Fabine
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Message par Fabine »

Ces partis ont-ils un avenir au Canada. En Europe dans plusieurs pays le parti vert est important et a un certain pouvoir politique. En Amérique c'est presque du folklore.
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