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tuberale
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La musique et la radio s'interrogent



Alain Brunet
19 avril 2006 - 08h39


Quel sera l'avenir des mesures de protection technique pour la musique? Quel est le potentiel à long terme de la baladodiffusion? Des blogues spécialisés? Quel est l'avenir de la radio commerciale à l'heure de la diversification accélérée des services de diffusion musicale?


Toujours aux premières loges des bouleversements technologiques dans nos moeurs culturelles, les industries québécoises de la musique et de la radio doivent sans cesse revoir leurs modèles d'affaires et l'environnement juridique dans lequel se déploient les nombreuses mutations. Dans cette optique, on invite les professionnels de la musique et de la radio à partager leurs réflexions aux Rencontres (annuelles) qui s'amorcent ce matin au Marché Bonsecours.

Y interviendront des professionnels de haut niveau tels Tim Quirq, directeur des contenus chez Real Networks, et Kristin Thomson de la coalition Future of Music. Question de motiver les entrepreneurs, les conférenciers-vedettes seront Pierre Karl Péladeau et Martin Mills, fondateur du label britannique Beggars Banquet.

«Nous ne sommes plus dans le misérabilisme. Le temps maussade est bel et bien terminé», estime Solange Drouin, directrice générale de l'ADISQ- qui organise chaque année ces Rencontres où l'on attend (aujourd'hui et demain) plus de 500 professionnels québécois ou étrangers.

«Nous avons plutôt essayé de poser plusieurs questions, de couvrir plusieurs sujets pour tirer avantage du nouveau contexte technologique», affirme Solange Drouin, qui ne cache pas les différends opposant les producteurs indépendants (représentés par l'ADISQ) aux multinationales de la musique, notamment sur les questions de droit d'auteur, de redevances sur la copie privée ou de diversité de l'offre musicale à la radio commerciale.

«Internet, affirme-t-on du côté de l'ADISQ à l'orée de ces Rencontres, a rendu possible une multitude d'applications commerciales qui semblent vouloir se substituer à leurs équivalentes non numériques. Dans le domaine de la musique, outre le téléchargement, une kyrielle d'applications font leur apparition: profilage évolué des habitudes d'écoute, lancement d'albums et prestations via les portails Internet, webcasts de spectacles, abonnements aux sites des artistes, gestion numérique de listes de clients, conception de produits à valeur ajoutée, opendisc, marketing viral...» Il s'agit maintenant d'évaluer la viabilité de ces nouvelles pratiques commerciales.

Dans cette même optique, on reverra le bien-fondé des mesures de protection technique, qui limitent la copie privée des enregistrements ou l'interopérabilité des contenus musicaux. On réfléchira aussi sur les pratiques encore émergentes de la baladodiffusion et des blogues.

Entre autres sujets aussi cruciaux que les précédents, on passera en revue les visages alternatifs de la radiodiffusion: «Radio par Internet. Radio par satellite. Radio sur cellulaire. Services sonores payants. Certains estiment que ces nouveaux visages de la radio pourraient occuper désormais tout le paysage, signale-t-on à l'ADISQ. D'autres considèrent le phénomène peu significatif à moyen terme. D'autres encore y voient des produits simplement complémentaires. Quel sera donc le véritable potentiel de ces nouvelles options au moment même où le CRTC s'apprête à tenir des audiences en vue d'une révision de la politique régissant la radio commerciale au Canada?»



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Technologie - Développer un modèle viable de radio en ligne n'est pas simple


Bruno Guglielminetti
Édition du lundi 24 avril 2006



Les modèles ne manquent pas en ce qui a trait à la diffusion d’émissions de radio sur Internet.

Il y a deux semaines, mon collègue Paul Cauchon écrivait dans les pages du Devoir que le service de musique à la carte RadioLibre.ca, du groupe Astral Media, vivait des temps difficiles. La semaine dernière, sans trop de surprises, les abonnés du service ont reçu un courriel les prévenant que, dorénavant, le service allait être offert gratuitement à la planète.

Permettez-moi d'ajouter que, d'ici quelques mois, ces mêmes abonnés recevront probablement un courriel, ou verront peut-être un message lors de leur visite sur le site, leur apprenant que le service est dorénavant fermé. Exactement comme le service eRadio de Radio Énergie apparue en mai 2001, et qui a disparu sans faire trop de bruit. Comme à l'époque, beaucoup de brouhaha au lancement, mais malheureusement, la formule tient difficilement la route.

Sérieusement, qui allait payer 59,99 $ par année pour écouter de la musique alors que des centaines de sites Web offrent de la musique thématique et des milliers de stations de radio diffusent gratuitement leur programmation musicale sur Internet ? À la limite, je comprends l'internaute qui voudra payer 54 $ pour six mois d'accès à la Radio Pirate pour entendre les propos de Jean-Francois Filion, mais payer seulement pour entendre de la musique sur Internet, c'est insensé. Mes excuses aux compositeurs et aux interprètes.

Les déboires de RadioLibre, c'est évidemment une histoire malheureuse pour les 45 personnes mises à pied avec ce passage à la formule gratuite, mais c'est également un bel exemple d'une opération ratée du début. D'abord, le projet n'était pas piloté par l'équipe d'Astral Media Radio interactif, dont l'expérience aurait été utile. Et puis, même certains consultants de l'entreprise avaient mis en garde la direction d'Astral Media sur le fait que le marché québécois n'était pas encore mature pour un tel service. D'autant plus que la musique circule librement sur Internet depuis belle lurette, même en français. Pensons au service de BandeàPart.fm.

Le seul espoir dans le projet de RadioLibre, c'est de voir une seconde mouture apparaître avec un plan d'affaires plus solide et, surtout, plus branché sur la réalité culturelle des internautes québécois. Tous les modèles américains ne sont pas exportables chez nous, même sur Internet. Est-ce que l'équipe de Sylvain Langlois, le vice-président et directeur général d'Astral Media Radio interactif arrivera à sauver le bateau et remettre en ligne un RadioLibre 2 viable ? Nous le verrons dans les mois à venir.


Des inconditionnels


Mais entre ce type de service, comme celui qu'offre Jean-Francois Filion, et la retransmission des stations de radio traditionnelles en ligne, il existe néanmoins des inconditionnels de la radio libre, et je prends comme exemple la petite équipe de Gaulois de Kixxnet.com.

À l'heure où des chercheurs de l'Université Paul-Verlaine en France soulignent les différences fondamentales entre les internautes du Québec et de la France, et où vous appreniez comme moi vendredi dans Le Devoir que les Français sont moins sensibles que les Québécois, du moins en ligne, un groupe de francophone produit au quotidien une émission de Montréal pour un public à la fois québécois et français. À vrai dire, comme l'explique le porte-parole de la webradio Christophe Gache «kixxnet.com, c'est une radio à vocation internationale et francophone».

Tous les jours, de 15h à 17h, heure du Québec, l'animateur Lagamixx entre en ondes pensant à la fois à ses auditeurs québécois, mais également à son auditoire français qui, lui, le retrouve au même moment, décalage horaire oblige, de 21h à 23h.

Et comme la francophonie, c'est large, et que la technologie permet des prouesses qui auraient coûté une fortune autrefois, des collaborateurs d'un peu partout peuvent se joindre à l'animateur, notamment un chroniqueur belge qui s'occupe de la scène musicale. Avec l'utilisation du logiciel gratuit de téléphonie Internet Skype, le chroniqueur Bartosz Mach devient un membre à part entière de l'équipe à peu de frais.

La magie de la technologie, c'est également de voir tout le parcours que fait la programmation de cette station pour finalement aboutir dans les oreilles de ses auditeurs, peu importe où ils se trouvent sur la planète. Les émissions sont produites à Montréal, l'encodage également, pour ensuite être acheminé à Los Angeles sur un serveur média. Celui-ci traite le son et le réachemine aux auditeurs qui sélectionnent la source audio à partir du site de Kixxnet. Tout ça, avec une minute de décalage entre le moment où les mots sont dits en studio et le moment où les mots sont entendus sur l'ordinateur de l'auditeur.

De la concurrence


Mais, comme dans la vraie vie, la concurrence existe sur Internet. Dans le cas de kixxnet.com, qui fait dans le format «pop-rock», elle se trouve à des milliers de kilomètres de Montréal et, surtout, à un clic de souris de ses auditeurs. La webradio Fréquence3.fr fait également dans la promotion de la musique émergente et des jeunes artistes francophones.

Et puis, il y a ces webradios plus spécialisées comme celle de l'animateur de télévision Denis Talbot. Après avoir passé la semaine à faire le tour de l'actualité des jeux vidéo et de l'informatique dans le cadre de son émission M. Net à l'antenne de Musique Plus, il donne rendez-vous, tous les vendredis soir, à ses fidèles sur le Web pour prolonger la discussion.

Les internautes, plus de 5513 l'autre soir, passent pour l'écouter et pour poser des questions à ses invités. Exactement comme on le fait pendant une bonne vieille tribune téléphonique. Mais là s'arrête la comparaison avec la tribune de Pierre Maisonneuve ou des Amateurs de sport bonsoir, car le site Denis-talbot.com permet d'écouter l'émission en direct ou encore, d'écouter l'émission en baladodiffusion ou à la carte, à partir du site Web.

Dans un contexte où Internet haute vitesse devient de plus en plus accessible en déplacement, Rogers et Bell lançaient récemment leurs services de haute vitesse nomade; il est évident que ce type de programmation gagnera en importance et viendra prendre sa place dans notre paysage radiophonique. Il ne reste plus aux grands diffuseurs traditionnels qu'à prendre leur place dans ce contexte de microradio.

bguglielminetti@ledevoir.com

Bruno Guglielminetti est réalisateur et chroniqueur nouvelles technologies à la Première Chaîne de Radio-Canada. Il est également le rédacteur du Carnet techno (www.radio-canada.ca/techno)



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Du compact au journal électronique
Paul Cauchon
Édition du lundi 1er mai 2006



Petite commotion cette semaine à Québec: les lecteurs plus vieux ont été décontenancés par le nouveau Soleil, offert en un format compact. Certains ne s'y reconnaissent plus et menacent de se désabonner. D'autres apprécient. Pour la direction du Soleil il s'agit d'un énorme pari sur l'avenir, un pari qui n'est pas gagné d'avance.

Les journaux traditionnels sont concurrencés par la télévision, par Internet, par la croissance des titres gratuits, et par la multiplication de tous les nouveaux outils technologiques (iPod, cellulaire, etc.). Ils multiplient donc les innovations pour séduire un lectorat infidèle.

Le format compact, ou le format tabloïd, attire un nombre grandissant de journaux dans le monde. C'est une stratégie. Mais ce n'est sûrement pas la seule. D'autres journaux continuent à expérimenter toutes les possibilités offertes par Internet. Ainsi El Pais en Espagne annonçait la semaine dernière la création de 24 horas, un journal imprimable gratuit qui propose de l'actualité en continu. Ce journal est basé sur le contenu de l'édition Internet du El Pais, un contenu qui évolue d'heure en heure. Les internautes peuvent télécharger de 8 à 16 pages en format PDF et imprimer leur propre journal à n'importe quel moment de la journée. Mais cela fait encore beaucoup de papier à recycler...

Alors, la voie de l'avenir serait-elle celle du journal électronique ? Ce qui apparaissait encore comme de la science-fiction il y a un an ou deux devient presque une réalité. De Tijd, un quotidien financier belge, teste actuellement auprès de 200 abonnés un «papier électronique avec encre numérique», projet auquel s'intéresse vivement le International Herald Tribune. Le journal économique français Les échos est en train de développer une expérience similaire.

On pourrait décrire ce produit comme une sorte de feuille de plastique pliable qu'on transporte avec soi, dotée d'un écran tactile. Les textes et les images peuvent être téléchargés sur cette feuille, à l'aide d'un ordinateur ou d'une connexion sans fil. Les annonceurs commencent déjà à cogiter : ce journal permettrait en effet de «diffuser» de la publicité qui change en cours de journée.

Bébelle technologique ou voie de l'avenir ? Personne ne peut le prédire, et on conviendra que Le Devoir en est pas encore là. Mais quel que soit le support sur lequel le journal de l'avenir sera disponible, que ce soit en grand format, en format compact, sur Internet ou sur ce nouveau papier électronique, la question de son financement se posera d'une façon dramatique.

Pelle Tornberg, le grand patron du groupe Metro International, sera un des invités en juin du congrès annuel de l'Association mondiale des journaux à Moscou. Il provoque déjà ses pairs en déclarant, sur le site Internet de l'association, qu'à long terme les journaux gratuits remplaceront en semaine les journaux payants, et que ces derniers devront survivre comme produits plus spécialisés en fin de semaine, en exigeant un prix de vente plus élevé auprès des lecteurs !

The State of The News Media, ce grand projet annuel d'un institut affilié à l'Université Columbia qui analyse l'évolution des médias américains, publiait ce printemps son édition 2006. Le groupe trace un portrait «ambigu», selon ses propres termes, de l'actuelle situation des journaux, incapable de vraiment prédire si les journaux vont se renouveler ou si leurs problèmes vont s'accumuler.

Pour le moment le portrait pourrait se résumer ainsi : la baisse du tirage est régulière, la publicité diminue, et les actions des entreprises de presse perdent de la valeur. Les journaux investissent massivement Internet pour tenter de suivre le lecteur où il est, sans toujours y trouver les revenus adéquats.

Selon l'organisme, les revenus publicitaires en ligne des journaux représentent actuellement entre 3 et 5 % de l'ensemble de leurs revenus publicitaires, ce qui est peu.

Les journaux améliorent leur contenu Internet pour contrer le déclin du produit imprimé. Mais, se demande The State of the News Media, combien de temps cela prendra-t-il pour que le volume publicitaire en ligne soit égal à celui de l'imprimé ? En se fiant à la progression actuelle, pas avant une douzaine d'années, calcule l'organisme.

Mais les journaux traditionnels sont-ils si menacés qu'on le dit ? Même sur cette question de fond les opinions demeurent contradictoires. Le 12 avril le National Post publiait une longue analyse sur ce sujet dans ses pages financières, analyse dont le titre était un éditorial en soi : «Les journaux rejoignent encore 77 % de la population».

Selon le Post, le lectorat des journaux dans les dix plus importants marchés canadiens est en hausse de 5,1 % depuis 1998. Une directrice de NADbank, la compagnie qui mesure l'auditoire des journaux, soutient que sur une base hebdomadaire on compte autant de lecteurs de journaux au Canada qu'il y a cinq ans.

Mais tous les éditeurs conviennent que l'actuel modèle économique de la presse traditionnelle est en train de se transformer. Michael Goldbloom, éditeur du Toronto Star, croit qu'il faudra «regrouper» le lectorat d'un même journal sur plusieurs supports : journal imprimé, présence sur Internet et journal gratuit d'une même entreprise.... «même si cela veut dire que vous vous faites en partie concurrence à vous-mêmes», conclut-il.

pcauchon@ledevoir.com



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Le sommet de la radio
Paul Cauchon
Édition du lundi 8 mai 2006



Tout va y passer: l'impact de la radio satellite, la musique trop commerciale par rapport à la musique alternative, les hauts et les bas de la radio numérique, les tribunes téléphoniques, les nouvelles qui se répètent d'une station à l'autre et les auditeurs éparpillés sur Internet.

Dans une semaine, le CRTC entreprend à Gatineau une grande audience publique de plusieurs jours sur la radio afin de revoir sa réglementation sur la radio commerciale.

Le dernier examen du genre remonte à 1998. L'industrie de la radio se prépare donc fébrilement à l'événement, puisque la radio a connu des bouleversements profonds ces dernières années.

L'audience marquera d'abord la confrontation entre deux conceptions de la réglementation. D'un côté, les grandes entreprises regroupées au sein de l'Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) soutiennent que la radio a maintenant besoin de règles plus souples pour faire face aux nouveaux défis technologiques. L'ACR propose particulièrement d'alléger l'actuel système de quotas, qui définit le pourcentage de musique diffusé en ondes. En échange, l'ACR propose de mettre en place des mesures incitatives pour encourager la diffusion des musiques «nouvelles».

La réaction est plutôt vive dans l'industrie de la musique. Ainsi, l'ADISQ propose non seulement de maintenir le système actuel de quotas, mais d'en créer de nouveaux pour permettre de diffuser plus de nouveautés et de musiques différentes.

Cette bataille donne déjà lieu à une forte campagne de relations publiques de la part des deux groupes, qui brandissent les statistiques les plus variés pour développer leur argumentation.



L'information




Mais cette question, fort importante, ne devrait pas occulter plusieurs autres sujets fort intéressants qui seront discutés lors de cette audience.



Dont celui de l'information. Car la radio, ce n'est pas seulement de la musique. C'est aussi de l'information et des nouvelles.

Dans son mémoire remis au CRTC en prévision de l'audience, le ministère de la Culture et des Communications du Québec recommande, par exemple, la mise en place d'un fonds de soutien à la production de nouvelles et d'information locale, dans lequel autant les radios commerciales que les radios communautaires pourraient puiser. Ce fonds serait alimenté par les droits versés par les entreprises lorsqu'elles obtiennent une licence du CRTC.

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) va encore plus loin : le CRTC devrait exiger de toutes les stations de radio, AM et FM, qu'elles maintiennent des bulletins de nouvelles locales originales d'une durée minimale de cinq heures par semaine.


Sur ce sujet la FPJQ soulève un problème intéressant. On entend dire partout que l'information n'a jamais été aussi disponible, remarque l'organisme. Mais il est parfois plus facile de savoir ce qu'il se passe à Kaboul que dans la commission scolaire d'une petite ville québécoise. Car la même information circule partout, multipliée de façon exponentielle par Internet. Et dans les stations de radios commerciales le «repiquage» de l'information est «un fléau majeur», soutient l'organisme.


Dans les salles de nouvelles de plusieurs stations on ne compte qu'un seul journaliste qui, pour les bulletins de nouvelles, reprend les nouvelles publiées dans les journaux, sur les fils de presse et sur Internet, sans avoir ni le temps ni les moyens pour mener ses propres enquêtes sur son propre terrain.

La FPJQ demande donc au CRTC d'inclure comme condition de licence aux entreprises l'obligation de respecter la propriété intellectuelle des médias lorsque les radios reprennent leurs nouvelles !

Radio numérique

Autre sujet d'intérêt, la radio numérique. Le mémoire de Radio-Canada est franc : «la demande pour la radio numérique n'a pas répondu aux attentes», écrit-elle, autant à cause du manque de disponibilité des récepteurs que de la lenteur des consommateurs à adopter ce produit.

Radio-Canada, qui a beaucoup investi dans la radio numérique, continue à appuyer cette technologie. Mais elle demande maintenant au CRTC de considérer la radio numérique comme un technologie parallèle à la radio analogique actuelle, et non comme une technologie qui la remplacera.

Le ministère de la Culture et des Communications est encore plus direct : la radio numérique n'arrive pas à s'implanter malgré plus de dix ans d'efforts, écrit-il, et «d'autres types de services semblent plus prometteurs», dont la radio sur Internet et la radio par satellite.


Plusieurs mémoires soumis au CRTC voient d'ailleurs les nouveaux développements en radio, particulièrement la baladodiffusion et la radio sur Internet, comme des atouts plutôt que des menaces.

Un des grands arguments de l'ARC pour demander un assouplissement de la réglementation, c'est le fait que les jeunes délaissent la radio traditionnelle pour Internet, le iPod, la radio satellite. Les entreprises ne comprennent pas pourquoi elles devraient être plus sévèrement réglementées que ces nouveaux services. Mais on pourrait retourner l'argument, en faisant remarquer que c'est aux entreprises elles-mêmes à se servir massivement de ces nouvelles technologies pour reconquérir leur public.

pcauchon@ledevoir.com --Message edité par tuberale le 2006-05-08 10:47:51--
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La guerre des quotidiens gratuits fait rage à Londres
AFP
Édition du mardi 5 septembre 2006



Londres -- La guerre des quotidiens gratuits a pris une nouvelle ampleur hier à Londres, avec l'entrée dans la course d'un quatrième titre, Thelondonpaper, lancé avec force moyens par le magnat de la presse australo-américain, Rupert Murdoch.


Les Londoniens ont fait connaissance hier avec Thelondonpaper, le quatrième quotidien graduit lancé ces dernières années dans la capitale anglaise.

Quelque 700 distributeurs à la criée ont commencé en fin d'après-midi à distribuer en centre-ville ce quotidien en couleur de 48 pages, faisant la part belle aux potins sur les célébrités et à la détente en visant une clientèle jeune (25-34 ans) et aisée : celle-là même qui souvent préfère s'informer sur Internet, y entraînant les annonceurs.

Alors que la circulation des quotidiens payants ne cesse de s'étioler, News International, la filiale britannique de Robert Murdoch, qui possède également The Times (660 000 exemplaires quotidiens) et The Sun (3,2 millions), mais c'est dont le premier lancement d'un journal au Royaume-Uni, n'a rien laissé au hasard.

«Nous avons étudié chaque route, chaque bureau, nous avons regardé le football, les flots de gens aux différentes heures de la journée, le type de personnes. Nous savons pour une zone donnée quand notre audience se déplace, comment et dans quelle proportion, et quand il nous faut placer des gens [distributeurs] pour la capturer», a expliqué le directeur de News International, Clive Milner, à The Independent.

«Nous avons investi du temps et de l'argent [....] c'est très important pour nous. Nous ne faisons jamais rien à moitié et nous planifions toujours pour réussir», a-t-il ajouté.

Thelondonpaper prévoit de tirer à 400 000 exemplaires. Sa rédaction compte 40 journalistes, capables à la fois de rédiger et mettre en page, selon M. Milner. La pagination a été calculée en fonction du temps moyen de lecture dans les transports (25-30 minutes).

Hier, sa première page était consacrée à la mort du célèbre journaliste animalier de télévision, Steve Irwin, et à la dernière comparution du rocker toxicomane, Pete Doherty.


Rude concurrence


Thelondonpaper espère arriver à l'équilibre dans 18 mois, mais la concurrence promet d'être rude.

La semaine dernière, le groupe de presse britannique Associated Newspapers, autre poids-lourd des médias qui publie les quotidiens payants Daily Mail (2,4 millions d'exemplaires) et Evening Standard (300 000 exemplaires), a lancé son deuxième gratuit couleur, London Lite, lui aussi l'après-midi, au format et à la circulation quasi similaires à Thelondonpaper.

Dans les deux cas l'objectif est le même : séduire, pour garder les annonceurs, une clientèle jeune et aisée, qui boude la presse payante quotidienne, dont le tirage a baissé de 3,5 % l'an dernier pour s'établir en moyenne à 12 millions d'exemplaires.

Le plus fort tirage, dans la vingtaine de quotidiens nationaux en concurrence au Royaume-Uni reste The Sun, suivi du Daily Mail et du Daily Mirror (1,6 million).

Parmi les journaux dit de qualité, c'est le Daily Telegraph qui reste en tête avec 897 000 exemplaires en moyenne, selon l'Audit bureau of circulation.

Mais le lectorat vieillit, d'où le souci pour les patrons de presse de séduire les plus jeunes, avec un produit gratuit et léger qui fait également une large place au sport, mais fait l'impasse sur les analyses approfondies ou longs papiers diplomatiques.

Et risque, selon certains experts, d'affaiblir encore la presse payante.

Le premier gratuit à Londres avait été lancé il y a 7 ans, en 1999. Metro, quotidien du matin publié par Associated Newpapers tire désormais à 1 million d'exemplaires dans la capitale et 13 autres grandes villes britanniques.

City AM, quotidien financier, est sorti en 2005, avec 72 000 exemplaires distribués tous les matins dans les bouches de métro autour de la City.



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Journalistes sous surveillance

Norman Spector
Édition du jeudi 7 septembre 2006



Au moment même où les politiciens et les éditeurs de quotidiens se plaisent à penser qu'ils ont survécu à l'invasion des blogues, voilà qu'Internet les met au défi avec une autre innovation. Si le blogue a été le phénomène marquant des élections en 2005, les stratèges politiques et les journalistes qui couvriront la prochaine campagne ont tout intérêt à apprivoiser dès aujourd'hui un des sites les plus chauds sur la Toile en ce moment: YouTube.

Bien que ce site n'existe que depuis un an, 20 millions de personnes le visitent déjà chaque mois. Tous les jours, les visiteurs regardent 100 millions de vidéos et téléchargent 65 000 extraits vidéo. La plupart de ces vidéos sont peu intéressants, et YouTube ne remplacera jamais les médias conventionnels. Cependant, comme le blogue avant lui, ce service créera une forte concurrence pour la publicité.

Les quotidiens de haute qualité dont le lectorat est plus âgé seront peu affectés par YouTube. Le défi pour les réseaux de télévision -- le médium le plus puissant mais aussi le moins susceptible de devoir rendre des comptes -- sera autrement plus sérieux.

La difficulté d'acquérir un matériel souvent coûteux oblige parfois à emprunter certains raccourcis. Heureusement pour les radiodiffuseurs, peu de gens enregistrent tout ce qu'ils voient à la télé, et la plupart des nouvelles disparaissent rapidement dans l'air du temps. Les regrets exprimés par la CBC pour avoir déformé une déclaration du premier ministre Stephen Harper pendant la guerre du Liban ont toutefois été affichés sur le site de YouTube par un blogueur conservateur. Voilà qui présage les changements à venir si les journalistes et les rédacteurs ne modifient pas leur façon de travailler.

Puisque la plupart des journalistes sont de gauche, il ne faudrait pas s'étonner que les blogueurs conservateurs commencent à enregistrer toutes les activités publiques du premier ministre, particulièrement depuis que les conservateurs sont à couteaux tirés avec la tribune parlementaire. Par le truchement de leurs blogues, ces jeunes conservateurs et leurs aînés seront en mesure de communiquer des nouvelles directement aux électeurs et de commenter la couverture médiatique.

Les journalistes, qui font déjà l'objet de critiques intenses dans les carnets Internet, devront faire attention de ne pas devenir le sujet de cette couverture vidéo. Les conférences de presse du premier ministre se déroulent en public, mais il en va autrement à bord des autobus et des avions de campagne. Il faudra alors que les journalistes exigent que leurs conversations soient considérées comme étant confidentielles et que cette règle, qu'ils ne respectent pas toujours eux-mêmes, soit aussi respectée par les politiciens et leurs équipes.


Les politiciens ne sont pas non plus épargnés par l'effet YouTube. Il y a quelques semaines, le sénateur américain George Allen a dû présenter ses excuses pour avoir traité l'adjoint de son adversaire d'origine indo-américaine de «macaca». Bien que personne ne soit tout à fait certain de la signification de ce mot, il a été largement interprété comme une diffamation raciale. L'enregistrement vidéo fait par l'adjoint s'est étendu rapidement dans la blogosphère. Il a figuré au premier rang du hit-parade de YouTube, un phénomène rapporté à la une du Washington Post.

Le sénateur Allen est toujours dans la course en Virginie, mais le sénateur Joe Lieberman, lui, a été battu au premier tour des élections au Connecticut. Sa défaite serait en partie attribuable aux ingénieux vidéos produits par l'équipe de son adversaire, qui laissaient entendre que le sénateur Lieberman non seulement appuyait le président George W. Bush mais qu'il en était même amoureux.

Au Canada, les conservateurs ont subi les conséquences néfastes de la circulation d'une vidéo où on voyait l'ancien député Randy White critiquer les juges et les tribunaux lors des élections de 2004. Tant et si bien que l'année dernière, les conservateurs ont pris des mesures extraordinaires pour «cacher» leurs candidats les plus controversés. Pour les prochaines élections, qui auront vraisemblablement lieu au cours des 12 prochains mois, on peut s'attendre à ce que les libéraux suivent et enregistrent les déclarations de candidats controversés, par exemple la députée de Renfrew-Nipissing-Pembroke, Cheryl Gallant, connue pour ses déclarations controversées à propos de l'avortement. Maintenant qu'ils sont au pouvoir et que c'est au tour des libéraux de faire montre de l'indiscipline d'un parti d'opposition, les torys vont sûrement faire la même chose.

Jusqu'à présent, seuls les chefs de parti politique ont subi le traitement que tous devraient dorénavant s'attendre à recevoir de YouTube. En conséquence, chaque candidat devra faire attention à ce qu'il dira en public. Certains -- on peut l'espérer -- concluront peut-être qu'il ne leur reste plus qu'à être eux-mêmes et à dire ce qu'ils croient vraiment plutôt que de raconter aux gens ce qu'ils pensent qu'ils veulent entendre.

***

Norman Spector est chroniqueur au Globe and Mail.

nspector@globeandmail.ca

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Internet - Ohmynews, portail sud-coréen de «journalistes citoyens»

AFP
Édition du vendredi 8 septembre 2006



Tokyo -- Fort de son succès en Corée du Sud, le portail d'informations Ohmynews, construit à partir de témoignages, opinions et autres articles écrits par des journalistes amateurs, souhaite se développer dans le monde entier, selon son p.-d.g.

«Mon but ultime est de diffuser mondialement ce concept [de journalisme citoyen]», a déclaré hier à Tokyo le p.-d.g. sud-coréen d'Ohmynews, Oh Yeon-ho, citant la Chine, l'Italie et l'Amérique du Sud parmi les cibles qu'il entend prospecter.

Selon M. Oh, ce nouveau média -- en anglais, en sud-coréen et, depuis cette semaine, en japonais -- doit tirer sa légitimité de la variété et du nombre des contributions.

«Nous pouvons donner une information fiable à nos lecteurs si, en tant que plateforme, nous avons des points de vue différents, émanant de citoyens reporters différents», a expliqué M. Oh, qui juge les «citoyens journalistes» aptes à s'autocontrôler et à donner des avis équilibrés.

Contrairement aux blogues, que chacun peut créer à ses risques et périls et alimenter d'informations et de commentaires sans véritable contrôle, Ohmynews est une plate-forme de contributions centralisée dont les contenus sont signés et relus par une rédaction avant d'être mis en ligne.

Né en 2000 en Corée du Sud, où il connaît un vif succès, le concept Ohmynews du «journalisme à la portée de tous» vient de faire son entrée sur le marché japonais par le groupe Softbank, gérant du service d'accès Internet Yahoo BB ! et nouvel opérateur mobile au Japon.

La version nippone d'Ohmynews, qui a officiellement été activée lundi, a déjà reçu 1700 contributions. L'objectif est de rassembler 5000 collaborateurs réguliers d'ici la fin de l'année (il y en 43 000 en Corée du Sud).

Au Japon, tous les articles, obligatoirement signés, sont relus et corrigés par une équipe de neuf personnes qui devrait rapidement se renforcer.

La rédaction en chef d'Ohmynews Japon a été confiée à un journaliste célèbre au Japon, Hideki Hirano.

Ce dernier a insisté sur le devoir de qualité et de véracité des informations d'Ohmynews, de même que sur la transparence des sources.

De son côté, le p.-d.g. d'Ohmynews a assuré que les cas de poursuites judiciaires liées à des articles parus sur la version sud-coréenne du service se comptaient sur les doigts d'une main.



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11 septembre 2001: la mémoire du Web



Marie-Eve Morasse
08 septembre 2006 - 16h26


Le 11 septembre 2001, quand les avions ont percuté les tours jumelles de New York, tous les moyens de communication ont été pris d'assaut: téléphones cellulaires, téléviseurs, radios. Internet n'a pas échappé à la vague.

Cinq ans après l'attaque du World Trade Center, le Web a beaucoup changé. Serait-il le même s'il n'y avait pas eu de 11 septembre?

Alex Halavais, professeur en communication interactive à l'université Quinnipiac, au Connecticut, croit que non.

«Le 11 septembre est un événement qui a poussé les gens à bloguer. On ne parlait pas de blogues encore, mais les gens se sont tournés vers des sites Web comme Slashdot ou Fark et vers des forums de discussion», dit Alex Halavais, qui a rédigé une étude sur le journalisme citoyen de l'après-11 septembre pour le compte du Pew Internet & American Life Project.

Les sites qui n'étaient pas rattachés à des médias traditionnels ont alors gagné en importance. Pour une raison pragmatique, d'abord.

«Une des raisons qui a poussé les gens à aller vers d'autres sites Web est que les sites de nouvelles traditionnels étaient hors service. Le premier à flancher a été le New York Times. Les gens se sont donc tournés vers la BBC, puis le site de la BBC est tombé», se souvient Alex Halavais.

Même Google suggérait aux internautes de se tourner vers d'autres sources.

«Si vous cherchez des nouvelles, vous trouverez les informations les plus à jour à la télévision et à la radio. Plusieurs services d'information en ligne ne sont pas disponibles, en raison de la demande extrêmement forte», écrivait Google sur sa page d'accueil.

Mais, dit le chercheur, devant l'ampleur de la tragédie, les internautes cherchaient des sites qui leur permettraient d'exprimer leurs émotions et de trouver davantage de profondeur. Des besoins auxquels les médias traditionnels ne répondaient pas.

En plus de révéler les avantages du journalisme citoyen, les attentats du 11 septembre ont inscrit ses limites.

Ainsi, aux premières heures de la tragédie, certains sites, dont Slashdot, rapportaient que 50 000 personnes avaient trouvé la mort dans l'effondrement des deux tours.

«Il est vrai que, bien qu'ils ne s'assuraient pas toujours que les nouvelles soient vraies avant de les publier, les sites reliés aux médias traditionnels s'en tiraient un peu mieux que les autres, reconnaît Alex Halavais. Il y avait beaucoup de rumeurs qui circulaient sur les autres sites, beaucoup de théories sur ce qui avait pu se produire.»

Archiver les événements

Si les chercheurs peuvent étudier les traces des attentats du 11 septembre 2001 sur Internet, c'est que des gens les ont conservées.

«Le Web n'a pas de mémoire – à moins qu'elle ne soit créée», écrit sur sa page d'accueil le site suisse Interactive Publishing, qui a conservé des captures d'écran de plusieurs sites Internet le 11 septembre 2001.

Mis sur pied notamment par l'Université de Washington, le site September 11 Web Archive a quant à lui conservé des sites Web qui ont été créés dans la foulée des attentats du 11 septembre.

Un travail énorme, dit Alex Halavais, qui a travaillé sur ce projet. Il exprime aujourd'hui des regrets de n'avoir tout pu conserver.

«Il y a eu un immense effort pour tenter de rassembler tout ça et de lui donner un sens. C'est un travail extrêmement difficile à faire. Et comme la mémoire, c'est sélectif.»

Il croit toutefois que l'archivage des sites Web est nécessaire et cite en exemple une de ses étudiantes au doctorat, qui se sert des sites créés à la suite des attentats de New York pour mener des recherches.

«Je crois que c'est quelque chose de valable, dit Alex Halavais. Quand nous regardons en arrière, l'histoire c'est ce qui a été archivé. Le Web ouvre la porte à toute une nouvelle forme d'histoire.»

Aussi:

September 11 Web Archive

Interactive Publiching: captures d'écrans de sites Internet faites le 11 septembre 2001

Le site Slashdot, le 11 septembre 2001

La page Web de Google, telle qu'on pouvait la voir le 11 septembre 2001






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Le prix exact de l'information
Paul Cauchon
Édition du lundi 2 octobre 2006



Dans le numéro de cet été du magazine français Médias, Jacques Attali, écrivain et ancien conseiller de François Mitterrand (parmi des dizaines d'autres activités) y va fort: la presse quotidienne est morte, affirme-t-il.


Attali parle bien de la presse payante. Morte, vraiment ? «Tout simplement parce que Internet a imposé à l'écrit le modèle de la radio, explique-t-il. On retrouve aujourd'hui le schéma de la radio, inventé en 1920 : financement par la publicité et gratuité pour les auditeurs.»

Attali ajoute donc son nom prestigieux à la cohorte de pessimistes qui grossit sans cesse, et qui prédit la mort du journal payant tel qu'on le connaît. Les raisons : baisse du lectorat, désintérêt des plus jeunes, concurrence de la télévision, mais surtout concurrence des journaux gratuits et concurrence d'Internet.

La question de la gratuité de l'information et celle des investissements sur Internet étaient d'ailleurs au coeur d'une table ronde sur l'avenir de la presse écrite organisée vendredi dernier à Longueuil par l'Université de Sherbrooke et l'Association québécoise pour l'étude de l'imprimé, à l'occasion d'un colloque de deux jours.

Les journaux gratuits embêtent les journaux payants ? Jean-Paul Gagné, l'éditeur du journal Les Affaires, prédit qu'en Amérique «on n'a encore rien vu». Il existe déjà près de 170 quotidiens gratuits dans le monde, dit-il, et en Europe leur part de marché est de 16 % de l'ensemble du tirage des quotidiens (en Espagne, les gratuits représentent même 50 % du tirage !)

En fait, les chiffres sont déjà obsolètes puisque des gratuits naissent toutes les semaines. Au Danemark, le groupe Metro s'apprête à lancer un gratuit du soir après avoir lancé celui du matin. Deux par jour ! En Islande, un nouveau gratuit est distribué directement dans les boîtes aux lettres plutôt que dans les transports en commun. Sky is the limit, comme disent les Anglais. Au Québec, il en existe deux, à Montréal et en français, Métro et 24h. On s'attend à ce qu'à un moment donné il y en ait un autre en anglais à Montréal, un nouveau dans la ville de Québec, et ainsi de suite.


Plusieurs journaux établis s'apprêtent d'ailleurs à lancer des gratuits pour protéger leur marché (c'est le cas du Figaro et du Monde en France).

La concurrence cumulée des gratuits ainsi que d'Internet a un effet déstabilisant sur les journaux payants. «Plusieurs enquêtes montrent que les jeunes ne comprennent pas pourquoi il faut payer pour de l'information qu'on peut avoir gratuitement» faisait remarquer au colloque de vendredi Jean de Bonville, du Groupe de recherche sur les mutations du journalisme à l'Université Laval.

Le directeur du Devoir Bernard Descôteaux, également présent au colloque, plaçait le problème en ces termes : «Il ne faut pas avoir peur de charger le prix pour l'information. Car les gratuits, c'est de l'information à rabais. Leurs frais d'exploitation sont réduits au minimum.»

Anecdote significative : lors de la période de question, mon patron a été pris à partie par un participant qui assistait à la conférence, et qui s'indignait que, sur le site Internet du Devoir, on ne puisse pas avoir accès gratuitement à tous les textes du journal. Mais si on offre tout gratuit, pourrait-on répliquer, où trouverons-nous les revenus permettant, justement, de payer adéquatement le travail journalistique dont ce lecteur semble si friand ?

La réponse à cette question pourrait se trouver dans les investissements publicitaires sur Internet... mais ces revenus n'arrivent pas pour le moment à couvrir les véritables frais de production d'un journal et d'une information de qualité.

Les journaux en sont donc à multiplier les expériences et à tâtonner pour trouver un nouveau modèle d'affaires, sans que rien s'impose encore de façon claire. Certains cassent les prix d'abonnement. D'autres se lancent dans le journal électronique imprimable. Tous améliorent leur produit. La plupart tentent de trouver le bon équilibre entre le journal imprimé, dont le lectorat baisse mais qui demeure le coeur de l'entreprise, et le journal sur Internet, dont la fréquentation augmente mais qui produit peu de revenus.

Certains changent de format pour mieux séduire le lecteur, comme on l'a vu à Québec avec Le Soleil. Mais «pas question pour nous de passer au tabloïd, affirme Philippe Cantin, éditeur adjoint de La Presse qui participait aussi à ce colloque. Au contraire, nous investissons dans le grand format».

Philippe Cantin, qui croit en la capacité de résistance de l'imprimé, soutient que «on s'en va vers des journaux multispécialisés». «La solution, ajoute-t-il, passe par une stratégie Internet, mais aussi par un travail journalistique élevé».

Dans un dossier consacré à l'avenir de la presse (encore un !) le Courrier international de la semaine dernière remarquait justement que les journaux déplacent de plus en plus leurs meilleurs éléments sur Internet, plutôt que d'y confiner des journalistes de «second ordre», écrit-il. Le titre du dossier du Courrier résumait bien un débat qui est loin d'être terminé : «L'avenir de la presse n'est pas écrit.»

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Levée de bouclier contre la convergence des salles de nouvelles à Quebecor

Tiré d'un texte de scfp.qc.ca, paru le 2006-10-10



Un propriétaire, plusieurs médias, une seule voix. Telle semble être la vision de Quebecor Média si l’on se fie à la demande qui a été acheminée au CRTC dans le cadre des audiences portant sur l’avenir de la télévision au Canada. Le conglomérat piloté par Pierre Karl Péladeau estime en effet «obsolète» et «anachronique» les mesures qui garantissent l’indépendance des diverses salles de nouvelles. Une position qui fait bondir les syndicats des employés du Journal de Montréal et du Réseau TVA.

Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal et le Syndicat des employés de TVA rappellent que c’est Quebecor Média lui-même qui, à la suite du transfert de licence avait proposé un code de déontologie et des mesures assurant l’étanchéité des salles de nouvelles. Ces garanties avaient été imposées par le CRTC comme conditions de licence puisque le conseil s’était également dit préoccupé par la diversité des voix au Québec dans le secteur de l’information. «Nous ne sommes pas étonnés outre mesure de la demande de Quebecor car on sentait déjà des glissements en ce sens. Cependant, cette question devra être débattue lors du renouvellement de la licence de TVA en 2008. La demande de Quebecor va à l’encontre de principes fondamentaux de notre société, principes que la direction de l’entreprise promettait de respecter en 2001. Nous devons nous dresser pour protéger la diversité de l’information, un trait essentiel de toute démocratie en santé», avance Chantal Léveillé présidente du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (CSN).

Même son de cloche du côté de TVA, «Il y a un risque énorme d’uniformisation des nouvelles et de standardisation. De plus, on doit souligner que même si tous les journalistes partagent la même rigueur professionnelle, ils évoluent dans des sphères totalement différentes. Un reportage écrit et télé sont deux objets qui ont peu de choses en commun, même s’ils traitent d’un sujet identique. Le processus, la recherche, l’écriture, les entrevues, etc. n’ont rien à voir. Je vois mal comment on pourra conserver la qualité de l’information offerte aux citoyens avec un tel mélange des genres», lance Jean Chabot, président du syndicat de TVA (SCFP-FTQ).

Enfin, les syndicats soulignent que l’environnement au pays est déjà beaucoup plus permissif que ce qui existe aux États-Unis par exemple, où on ne peut être propriétaire d’une station de télé et d’un journal en même temps. «Le CRTC a accepté la propriété croisée, mais avec certaines balises. Il faut au minimum respecter l’indépendance des salles de nouvelles. Sinon, nous risquons de retrouver la même nouvelle partout, à la télé, dans le journal, à la radio, sur le Web, dans les magazines, etc. Est-ce que les citoyens seront vraiment mieux servis si on arrive à cette voix unique et omniprésente? Le danger est grand et nous devons veiller au grain», conviennent du même souffle les deux représentants syndicaux.

Source: www.scfp.qc.ca
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La fin des oreilles de lapin

Paul Cauchon
Édition du lundi 16 octobre 2006



Pierre Karl Péladeau n'est pas le seul à s'inquiéter de l'avenir des télévisions généralistes et à vouloir «revoir de toute urgence les règles en fonction du marché», pour reprendre le titre de la lettre qu'il publiait la semaine dernière dans Le Devoir.

Radio-Canada aussi. Car le télédiffuseur public demande également que la télévision traditionnelle puisse à l'avenir recevoir des redevances de la part des télédistributeurs. Quebecor utilise le terme de «redevances», Radio-Canada celui de «revenus d'abonnement», mais la réalité est la même.

Évidemment, Radio-Canada et Quebecor s'opposent sur un point majeur : Radio-Canada voudrait que toutes les chaînes traditionnelles, publiques et privées, bénéficient de ces revenus d'abonnement, alors que Quebecor voudrait que ce soient seulement les chaînes privées comme TVA, TQS ou CTV qui en bénéficient, parce que la télé publique a déjà accès à une autre source de revenus, celle des crédits parlementaires.

Et vous, téléspectateurs ordinaires, qu'en pensez-vous ? Selon un sondage Crop réalisé en septembre dernier par TQS, les trois quarts des Québécois ignorent que lorsqu'ils payent leur facture mensuelle à un câblodistributeur ou à un distributeur par satellite, ce sont seulement les chaînes spécialisées (comme Canal D, MusiquePlus ou RDS) qui reçoivent une partie de leur argent. Pas les chaînes «traditionnelles».

Autre donnée : six répondants sur dix sont convaincus qu'ils paient un montant dans leur forfait mensuel pour avoir accès à TVA ou TQS. Ce qui n'est pas le cas dans la réalité.



On trouve ces données dans le mémoire que TQS a remis au CRTC en prévision des audiences sur l'avenir de la télévision traditionnelle, qui se tiendront à la fin novembre.




Deux grandes idées



L'analyse que Radio-Canada propose dans son propre mémoire n'est pas si différente de celle de Quebecor ou de TQS. Les arguments de Radio-Canada sont organisés autour de deux grandes idées. La première, c'est que les chaînes de télévision traditionnelles, qui se financent essentiellement grâce à la publicité, commencent à manquer d'argent. Les revenus de publicités des chaînes spécialisées augmentent huit fois plus vite que les mêmes revenus des chaînes traditionnelles. De plus, de nouveaux modes de consommation, comme le récepteur vidéo personnel et la télévision sur commande, remettent en question le modèle traditionnel de la télévision, où vous étiez captif d'une émission diffusée à heure fixe, entrecoupée de messages publicitaires.

L'autre grande idée, c'est que le passage à la télévision numérique et à la haute définition (HD) coûte un prix de fou, alors qu'«aucune analyse de rentabilité solide n'a été fournie à l'appui de ce parti pris technologique», peut-on lire dans le mémoire de Radio-Canada. Radio-Canada ajoute même cet aveu étonnant : «il n'existe aucune raison valable sur le plan financier pour les télédiffuseurs de passer à la télévision numérique/HD» !

Alors, pourquoi le faire ? Parce que les Américains le font, parce que tout le monde le fait, et parce que si on ne le fait pas, on craint de ne plus pouvoir proposer des émissions canadiennes de la même qualité que les autres.

Donc, Radio-Canada reprend l'idée qu'il faut trouver de nouvelles sources de revenus pour les bonnes émissions. La voie privilégiée serait que les distributeurs, que ce soit le câble ou le satellite, acceptent de verser une partie des revenus de leurs abonnés aux réseaux traditionnels.

Est-ce qu'une telle proposition ferait augmenter la facture pour le consommateur ? De combien ? Voilà un débat qui s'annonce plutôt chaud devant le CRTC en novembre.

Radio-Canada fournira au CRTC, tout comme ses concurrents, de nombreuses statistiques prouvant que les émissions canadiennes les plus écoutées le sont sur les chaînes traditionnelles et non sur les chaînes spécialisées, et que l'immense majorité des nouvelles émissions de création véritable sont diffusées sur les réseaux traditionnels, et non sur les spécialisés.

Mais il existe une autre statistique dans le mémoire de Radio-Canada qui frappe l'imagination : seulement 12 % des Canadiens reçoivent maintenant la télévision en direct, par voie hertzienne, dans les airs. Autrement dit, près de 80 % la reçoivent par le câble ou le satellite.

Radio-Canada propose dans son mémoire quelques idées de transformation de son réseau, pour essayer de livrer ses services partout au pays sur tous les supports possibles. Et Radio-Canada propose surtout que le CRTC mette fin à la diffusion en mode analogique au pays en août 2011.

En fait, pour le moment, Radio-Canada essaie désespérément de satisfaire tout le monde : les consommateurs qui ont encore des oreilles de lapin, l'immense majorité qui sont abonnés à des distributeurs, ceux qui sont déjà passés au mode numérique, et ceux qui en sont encore aux bons vieux signaux.

Tout cela semble bien technique, mais nous sommes au coeur de la discussion, puisqu'il s'agit de savoir comment la télévision sera distribuée dans les prochaines années, combien vous serez prêt à payer pour la recevoir, et quels sont les sommes dont les diffuseurs disposeront réellement pour faire de la bonne programmation.

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Les blogues se taillent une place dans le paysage politique du Québec

YouTube présente une entrevue vidéo exclusive avec le chef du Bloc québécois

Bruno Guglielminetti
Édition du lundi 23 octobre 2006



Tout comme la tortue dans la fable de La Fontaine, tranquillement, mais sûrement, les blogueurs prennent leur place dans le paysage politique du Québec. Le dernier exemple en date, c'est cette couverture en ligne de la conférence Québec Carrefour international du Bloc québécois pour mieux connaître les rêves et les aspirations des gens de la Vieille Capitale. Hier, des blogueurs accrédités permettaient de suivre en direct sur Internet l'essence des discussions à distance.
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RADIOS COMMERCIALES

La batailles des ondes n'est pas finie

Isabelle Massé

La Presse


À part Pierre Lapointe, Malajube, DobaCaracol, Karkwa et Les Trois Accords, qui a trouvé sa place sur les ondes des stations commerciales du FM? Un an après l'appel lancé par l'auteur de La forêt des mal-aimés, nous avons demandé aux directeurs musicaux des stations de radio et aux maisons de disque de faire le point sur la diversité musicale en ondes.

Sur papier, la liste est longue. Les Respectables, Mes Aïeux, Les Cowboys fringants, Les Vulgaires Machins, Xavier Caféïne, Pierre Lapointe, Anik Jean, Les Porn Flakes, Cassiopée, Les Denis Drolet, Kaïn, Malajube, Loco Locass, Caïman Fu, Jean Leclerc, Karkwa, Mike Prévost, Karine Tessier, Sébastien Lacombe, Patrick Groulx, Ariane Moffatt, Damien Robitaille, Les Breasfeeders et on en passe une dizaine.

Il suffit de faire l'inventaire des chansons diffusées en une semaine sur les ondes des radios montréalaises pour constater que les directeurs musicaux n'en ont pas que pour Garou, Annie Villeneuve ou les ballades de James Blunt, assurément demandés et redemandés par les auditeurs. Qui plus est, selon le Broadcast Data System de Nielsen, les nouvelles chansons de Stefie Shock (Ange gardien), Jean Leclerc (Tangerine), Trois Accords (Grand champion), Kaïn (Comme dans le temps) et Vincent Vallières (Je pars à pied) figurent au tableau des 10 titres les plus joués à CKOI, Énergie 94,3, RockDétente et Rythme-FM, du 11 au 17 octobre 2006.

«Je comprends le cri du coeur de Pierre Lapointe, mais on avait commencé à ouvrir la porte à des artistes de plusieurs genres musicaux avant qu'il s'exprime à l'ADISQ, fait savoir André Lallier, directeur général d'Astral Media (propriétaire des réseaux Énergie et RockDétente). La quantité de musique qui a du potentiel a augmenté depuis quelques années. Beaucoup de produits rock de qualité nous arrivent.»

Pierre Lapointe peut se réjouir. Le chanteur n'a plus autant besoin de Monique Giroux, de la Première Chaîne de Radio-Canada, pour faire tourner ses pièces. Ses chansons La forêt des mal-aimés et Deux par deux rassemblés ont joué tant sur les FM montréalaises que régionales.

«On n'a pas fait tourner son premier album, mais ça n'a rien à voir avec la qualité de sa musique, se défend André Lallier. Le phénomène entourant la vente de son deuxième album (disque platine) nous a motivés à diffuser ses chansons. La forêt des mal-aimés était plus proche du son d'Énergie. Elle a un côté plus alternatif, moins chanson française. Un côté plus sombre, très imaginaire et atmosphérique qui s'apparente aux chansons de The Cure. On est capable de faire cohabiter ses compositions avec du Greenday sur nos ondes.»



Un appui sérieux



CKOI a été enchantée par le matériel de Pierre Lapointe dès l'apparition de l'artiste dans le paysage musical québécois. «Quand il a fait sa sortie à l'ADISQ, CKOI avait déjà joué Le columbarium 360 fois», note le directeur musical Guy Brouillard, qui estime que le 96, 9 FM a toujours soutenu les artistes émergents. Idem pour André Lallier. «Les artistes d'ici ont un sérieux appui, affirme ce dernier. Mais pour que nous considérions leurs chansons, elles doivent être mélodieuses. On demeure une radio commerciale. Il faut retenir nos auditeurs.»

Si Énergie a porté une oreille attentive au deuxième album de Karkwa (Les tremblements s'immobilisent), c'est justement parce qu'il le jugeait plus accessible. La marche, premier extrait, a joué jusqu'à 15 fois par semaine. Diffusée à CKOI à quelques reprises, la chanson a toutefois fait patate... La diffusion des refrains des Vulgaires Machins n'a pas été concluante non plus au 96, 9 FM, alors qu'à Énergie, on a pu entendre le groupe, certaines semaines, jusqu'à 15 fois. «Probablement parce qu'Énergie a un côté plus rock», pense Nathalie Corbeil, attachée de presse et agente à la promotion d'Audiogram, maison de disques de Karkwa.

Énergie serait d'ailleurs plus encline à la nouveauté que sa rivale CKOI, et RockDétente plus que Rythme-FM, selon d'autres agents qui font, chaque semaine, la promotion du matériel des artistes qu'ils représentent. «CKOI est plus fermée, même si on a toujours droit à une oreille attentive, peut-être parce que la station va un peu moins bien ces temps-ci, note Frédéric Poulin, promotion et relations de presse de la maison de disques Indica. Cela dit, les nouveautés plus rock passent davantage le soir. Dans les émissions animées par Babu, par exemple.»

«Un métal décapant ne jouera pas à 10h du matin, se défend André Lallier. La musique rock est effectivement plus près de l'image de Babu.»



Une question de marketing



Que certaines maisons de disques indépendantes aient calqué, ces dernières années, leurs activités promotionnelles sur celles des multinationales semble avoir contribué à la présence de nouveaux artistes sur les ondes des puissantes FM. «Les maisons indépendantes ne nous parlaient pas, avant, soutiennent Guy Brouillard et André Lallier. Elles n'étaient pas structurées pour atteindre les radios commerciales.»

«Face au succès du premier album des Trois Accords, Indica s'est fait prendre les culottes à terre, ajoute Brouillard. Je suis tombé sur leur CD car, à l'époque, les studios de COOL (station rock reconvertie depuis en FM parlée) étaient situés en haut de ceux de CKOI, à Verdun. Je suis alors entré en communication avec Indica.»

Indica avait au départ, naturellement, établi des liens avec des stations communautaires et universitaires, comme CISM. La chanson Hawaïenne des Trois Accords a d'ailleurs commencé à jouer sur les ondes du 89,3 FM un an avant de faire son chemin sur celles de CKOI et Énergie. Et encore, les dirigeants qui trouvaient risqué de programmer une telle chanson ont accepté de la diffuser seulement le soir, au début. Il a fallu que les stations en région embarquent à fond dans la folie Trois Accords pour qu'elle trouve son créneau le jour.

Étonnamment, les stations en région diffusent plus de matériel d'artistes québécois inconnus du grand public. Un coup d'oeil au Top 100 des chansons les plus jouées dans les stations FM du Québec (Le Plus), la semaine dernière, le confirme. «Les radios en province nous aident beaucoup, mentionne Jean-François Blanchet de chez Torpille, promo radio. Probablement qu'elles ont moins à perdre. Les stations à Montréal ont la tête sur le billot.»

Promouvoir la carrière d'un artiste n'est pas la priorité d'une radio commerciale. Être rentable passe avant. «On doit d'abord divertir et non promouvoir ce que l'industrie veut», explique André Lallier qui rappelle que le «développement d'un artiste» est plus dans les cordes des stations de radio communautaires et publiques. «Car elles n'ont aucune contrainte commerciale, dit-il. Les gens qui écoutent Espace musique s'attendent à découvrir de la nouvelle musique.»

«CKOI s'est toujours donné comme mandat de faire la promotion des artistes, mais on est une station à but lucratif avec une vocation pop et non hip hop ou alternative, des genres moins populaires auprès de nos auditeurs», ajoute Guy Brouillard.



Faire des choix



Selon une étude menée par l'ADISQ dans le but de modifier la politique de la radio commerciale, les revenus et profits des radios privées au Canada ne cessent de croître depuis 1998 (1,346 milliard de chiffre d'affaires pour des profits de 318 millions en 2005). «Elles ont les moyens de prendre des risques», dit Solange Drouin, de l'ADISQ, qui estime que l'offre musicale des radios privées n'est pas diversifiée. «Environ 300 albums québécois francophones sortent chaque année, explique la vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale. On suppose qu'il y a trois titres par album qui valent la peine d'être joués à la radio. Mais en 2005, par exemple, il n'y en a eu que 137 de diffusés à CKOI, Énergie, Rythme-FM et RockDétente.»

«Il y a peu de stations commerciales qui font jouer de la musique. Alors, est-ce que toute la survie de la musique à Montréal doit reposer sur nos épaules? réplique Guy Brouillard. Il sort effectivement beaucoup de disques, mais ils ne s'adressent pas à tout le monde. Par année, nous jouons des chansons de 50 à 70 albums. Et il y a des disques qui ne sont pas bons. Ce n'est pas tout ce qui est sorti de Star Académie qui valait la peine d'être diffusé. On ne considérera pas non plus un artiste qui rappe sur le bout de la langue! Par ailleurs, si je lance 12 nouvelles chansons par semaine en ondes, je vais avoir tous les producteurs sur le dos, car elles ne pourront pas jouer souvent ni, par conséquent, devenir no 1. Déjà qu'on ne peut pas jouer 12 chansons à l'heure dans des émissions (au contenu humoristique) comme Du jus et Dufort.»

À Montréal, un directeur musical peut se faire proposer une quarantaine de nouvelles chansons par semaine par les agents de promotion des maisons de disques. En anglais, en français, des États-Unis, de l'Angleterre, de l'Australie, de la France... «Si on fait tout tourner, rien ne va se démarquer, mentionne André Lallier. Il faut faire des choix.»

«Les radios pourraient faire jouer les chansons de plus d'artistes, pense Nathalie Corbeil, mais je ne me bats pas quand un chanteur comme Tristan Malavoy, qui fait dans la poésie chantée, ne correspond par à leur format. Pour des groupes comme Loco Locass et L'Assemblée, elles embarquent quand les chansons sont mélodieuses.»

Diversifiées musicalement, les radios privées? Sûrement pas assez pour les artistes, mais suffisamment pour les dirigeants des radios. Qu'en pense maintenant Pierre Lapointe, qui a lancé le débat l'an dernier? Qui sait, peut-être aurons-nous sa réponse ce soir, alors que le chanteur pourrait décrocher trois trophées au gala de l'ADISQ à Radio-Canada. Pourra-t-il toutefois se permettre d'en pousser une autre du genre, les bras alourdis de Félix?



LA MUSIQUE À LA RADIO



Chaque année environ 300 albums québécois francophones sont lancés.

L'ADISQ estime qu'environ 900 chansons (trois titres par album) méritent une place sur les ondes.

En 2005, CKOI, Énergie, Rythme-FM et RockDétente ont fait tourner 137 titres québécois francophones.

Selon une étude de l'ADISQ, les revenus des stations de radio privées étaient de 1,346 milliard en 2005. Leurs profits ont atteint 318 millions.

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