La chronique de Richard Martineau
Amateurs de poésie, bonsoir
Richard Martineau
14/01/2009 09h06
Aujourd'hui est un grand jour pour les gangs de rue. Non seulement ils retrouveront certains de leurs copains qui ont été libérés en début de semaine, gracieuseté du procureur de la Couronne Louis Bouthillier, mais c'est ce soir que Lil' Wayne va présenter son spectacle au Centre Bell.
Afin d'accueillir l'artiste avec tous les honneurs qui lui sont dus, la police de Montréal enverra plusieurs agents sur place, histoire de s'assurer que l'amphithéâtre ne se transformera pas en galerie de tir.
UNE FIERTÉ POUR SA RACE
Pour ceux qui l'ignorent, Lil' Wayne (de son vrai nom Dwayne Michael Carter Jr.) est une star internationale du rap.
On lui doit entre autres les célèbres chansons Real Shit, Play That Shit, Fuck, Bitch Please, Shut Up Bitch Swallow, Pop That Pussy, She Lick Me Like A Lollipop, Nymphos, et, surtout, la très poétique et très émouvante Alphabet Bitches:
«A is for Ashley/She always ask for me to take it out her pussy/Put it right in her ass/E is for Erika/A sweet red bitch/These are my bitches...»
Comme tous ses confrères qui luttent contre le racisme en s'habillant comme des pimps et des bandits (à la grande joie des militants du KKK, qui peuvent dire: «Regarde, fiston, les Noirs sont tous des voyous»), Lil'Wayne est particulièrement fier de sa race.
Il suffit de voir les titres qu'il a donnés à ses chansons pour s'en rendre compte: My Nigga, Dats My Nigga, Fuck A Nigga Thoughts, Nigga With Money, Ride 4 My Nigga, Nigga Couldn't Know...
(Question à Dan Philip, président de la Ligue des Noirs du Québec: à l'été 2000, vous avez traité Yvon Deschamps de raciste parce qu'il a écrit un monologue intitulé Nigger Black, et vous venez de faire la même chose avec Jean-François Mercier. Qu'est-ce que vous attendez pour envoyer des plaintes à ces rappeurs noirs qui ne cessent de s'appeler «nègres»?)
ROUGE SANG
Lil' Wayne n'est pas seulement admiré pour son grand talent littéraire. Il est respecté parce qu'il ne cache pas son affiliation avec les Bloods, le célèbre gang de rue originaire de Los Angeles.
Il s'habille en rouge, porte un bandana rouge et, dans son chef-d'oeuvre Blooded, chante, entre deux «bitches» et trois «niggas»: «I got Bloods on stage/Bloods at my shows/Fuck with my Bloods...»
C'est comme si un rockeur québécois se promenait avec un veston des Hells en chantant: «Mom, c'est mon homme!»
Cela dit, les ennemis de Lil' Wayne disent que le rappeur n'est pas un vrai Blood.
UNE INSULTE
Selon Easy-E, auteur-compositeur-interprète de Fuck U, Put It In Your Mouth, Black Nigga Killa et I'd Rather Fuck With You (à quand un album de duos avec Marie-Élaine Thibert et Isabelle Boulay?), Lil' Wayne est une insulte à «tous mes frères Crips et Bloods qui ont versé leur sang pour défendre ce en quoi ils croient».
C'est-à-dire l'argent, les bitches et les niggas.
J'imagine que tous ces génies de la plume vont célébrer l'assermentation de Barak Obama le 20 janvier, en disant que l'élection d'un président noir est un grand pas pour leur communauté...
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