Le National Geographic publie un reportage peu flatteur sur le pétrole
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Photo: Alain Robege, La Presse
La Presse Canadienne
Ottawa
En parcourant leur copie du magazine National Geographic du mois prochain, des millions de lecteurs à travers le monde prendront connaissance des ravages de l'exploitation des sables bitumineux sur le paysage albertain.
L'article de plus de 20 pages, accompagné d'images saisissantes, est une publicité dont l'industrie pétrolière canadienne aurait bien pu se passer. Mais ce portrait peu flatteur dressé par le célèbre magazine américain n'a pas fait sourciller le ministre de l'Environnement Jim Prentrice, qui s'est contenté mercredi de répéter que le pays était sur la bonne voie grâce à la conclusion d'un accord pour «dialoguer» avec les Etats-Unis sur l'environnement.
Le chef libéral Michael Ignatieff n'a pas été ému lui non plus devant les photographies comparant les paysages pittoresques des fôrets et des marécages albertains avec les images grises de ce qu'il en reste une fois l'exploitation pétrolière entamée.
S'il a déploré la politique conservatrice de l'actuel gouvernement à l'égard des sables bitumineux, il a cependant voulu spécifier qu'il ne voulait pas diviser le pays avec ce débat.
Les chefs du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique ont eu des mots beaucoup plus durs envers la politique environnementale des conservateurs et leur stratégie à l'égard de l'exploitation pétrolière albertaine.
Gilles Duceppe a indiqué qu'il ne croyait pas que le reportage du National Geographic allait faire changer de cap le gouvernement de Stephen Harper, qu'il juge «complètement vendu aux pétrolières».
Jack Layton a dit croire pour sa part que l'inaction du gouvernement canadien pour faire freiner les émissions polluantes avait déjà, bien avant l'article du magazine, entaché la réputation canadienne en matière d'environnement.
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Environnement au Canada
Re: Environnement au Canada
L'exploitation des sables bitumineux nécessite beaucoup trop
Le pompage massif d'eau par les compagnies pétrolières de l'Alberta hypothèque l'avenir de la rivière Athabaska
François Cardinal
La Presse
L'une des plus importantes menaces qui planent sur l'eau est la production croissante d'énergie, particulièrement au Canada où les pétrolières pompent cette ressource sans ménagement, prévient l'ONU.
Dans un important rapport sur l'eau, qui sera rendu public à New York aujourd'hui, les Nations unies montrent du doigt l'Alberta, qui permet aux entreprises exploitant les sables bitumineux de prélever d'immenses quantités d'eau chaque année.
Préférant utiliser l'expression «?tar sands» (goudron bitumineux) que «oil sands» (sables bitumineux), les auteurs du rapport notent que la production de ce pétrole non conventionnel nécessite 10 fois plus d'eau que le pétrole classique.
«?Extraire le pétrole du goudron bitumineux du Canada, un procédé qui a été l'objet de bien des critiques en raison de son caractère sale, consomme de 20 à 45 m3 d'eau par MWh?», écrit-on.
Autrement dit, il faut entre deux et cinq barils d'eau pour produire un seul baril de pétrole, un fait que dénoncent les scientifiques. «L'utilisation de l'eau par les pétrolières oeuvrant dans les gisements bitumineux est extrêmement inefficace et donc, absolument pas durable», précise le Montréalais Richard Connor, un des principaux auteurs du rapport.
Le pompage massif d'eau, en Alberta, cause deux problèmes majeurs. Il hypothèque d'abord l'avenir du plan d'eau d'où elle est prélevée, soit la rivière Athabaska, selon plusieurs scientifiques.
Il pose ensuite un problème d'entreposage, car l'eau pompée par les pétrolières n'est pas retournée à son lieu d'origine. Contaminé par des centaines d'ingrédients toxiques, comme de l'arsenic et du mercure, ce liquide est confiné dans d'immenses bassins de décantation (tailing ponds) dont la superficie totale en Alberta est équivalente à la moitié de l'île de Laval (130 km2).
Selon l'Institut Pembina, 1,8 milliard de litres de ce liquide toxique sont générés chaque jour.
Si l'on examine la question des prélèvements d'eau en général, on constate dans le rapport de l'ONU que l'Amérique du Nord se classe au deuxième rang du palmarès, loin derrière l'Asie. Ce dernier a prélevé, pour différentes utilisations, quelque 2400 km3 d'eau en 2000, contre 525 km3 pour l'Amérique du Nord. L'Europe suit en troisième position, avec 418 km3.
Le Québec félicité
Par ailleurs, le Québec est félicité dans ce volumineux rapport international, en raison de son approche par bassin versant (un territoire sur lequel toutes les eaux de surface s'écoulent vers un même point).
Il s'agit d'abord de regarder le cycle hydrologique dans son ensemble?: la qualité de l'eau d'un puits artésien, par exemple, peut être affectée par les pesticides déposés sur un terrain situé en amont, car les polluants peuvent être transportés sur de grandes distances.
Également, l'approche par bassin versant encourage l'action communautaire afin d'identifier les problèmes environnementaux liés à l'eau. Cela permet d'élaborer des plans d'action collés sur les besoins du milieu naturel.
Pour Richard Connor, la mention du Québec dans le document des Nations unies est pleinement justifiée, en raison du caractère novateur de cette approche et de la participation du public qu'elle permet.
Le pompage massif d'eau par les compagnies pétrolières de l'Alberta hypothèque l'avenir de la rivière Athabaska
François Cardinal
La Presse
L'une des plus importantes menaces qui planent sur l'eau est la production croissante d'énergie, particulièrement au Canada où les pétrolières pompent cette ressource sans ménagement, prévient l'ONU.
Dans un important rapport sur l'eau, qui sera rendu public à New York aujourd'hui, les Nations unies montrent du doigt l'Alberta, qui permet aux entreprises exploitant les sables bitumineux de prélever d'immenses quantités d'eau chaque année.
Préférant utiliser l'expression «?tar sands» (goudron bitumineux) que «oil sands» (sables bitumineux), les auteurs du rapport notent que la production de ce pétrole non conventionnel nécessite 10 fois plus d'eau que le pétrole classique.
«?Extraire le pétrole du goudron bitumineux du Canada, un procédé qui a été l'objet de bien des critiques en raison de son caractère sale, consomme de 20 à 45 m3 d'eau par MWh?», écrit-on.
Autrement dit, il faut entre deux et cinq barils d'eau pour produire un seul baril de pétrole, un fait que dénoncent les scientifiques. «L'utilisation de l'eau par les pétrolières oeuvrant dans les gisements bitumineux est extrêmement inefficace et donc, absolument pas durable», précise le Montréalais Richard Connor, un des principaux auteurs du rapport.
Le pompage massif d'eau, en Alberta, cause deux problèmes majeurs. Il hypothèque d'abord l'avenir du plan d'eau d'où elle est prélevée, soit la rivière Athabaska, selon plusieurs scientifiques.
Il pose ensuite un problème d'entreposage, car l'eau pompée par les pétrolières n'est pas retournée à son lieu d'origine. Contaminé par des centaines d'ingrédients toxiques, comme de l'arsenic et du mercure, ce liquide est confiné dans d'immenses bassins de décantation (tailing ponds) dont la superficie totale en Alberta est équivalente à la moitié de l'île de Laval (130 km2).
Selon l'Institut Pembina, 1,8 milliard de litres de ce liquide toxique sont générés chaque jour.
Si l'on examine la question des prélèvements d'eau en général, on constate dans le rapport de l'ONU que l'Amérique du Nord se classe au deuxième rang du palmarès, loin derrière l'Asie. Ce dernier a prélevé, pour différentes utilisations, quelque 2400 km3 d'eau en 2000, contre 525 km3 pour l'Amérique du Nord. L'Europe suit en troisième position, avec 418 km3.
Le Québec félicité
Par ailleurs, le Québec est félicité dans ce volumineux rapport international, en raison de son approche par bassin versant (un territoire sur lequel toutes les eaux de surface s'écoulent vers un même point).
Il s'agit d'abord de regarder le cycle hydrologique dans son ensemble?: la qualité de l'eau d'un puits artésien, par exemple, peut être affectée par les pesticides déposés sur un terrain situé en amont, car les polluants peuvent être transportés sur de grandes distances.
Également, l'approche par bassin versant encourage l'action communautaire afin d'identifier les problèmes environnementaux liés à l'eau. Cela permet d'élaborer des plans d'action collés sur les besoins du milieu naturel.
Pour Richard Connor, la mention du Québec dans le document des Nations unies est pleinement justifiée, en raison du caractère novateur de cette approche et de la participation du public qu'elle permet.