Exilés par peur
Oubliez la protection de l'État
Kathleen Frenette
Le Journal de Québec
25/08/2009 10h08
Louise Leclerc et Guy Cayer, un couple de l'Estrie qui s'est exilé vers Québec pour fuir son agresseur, devront se protéger seuls en utilisant, entre autres, les cours d'autodéfense payés par l'IVAC!
Même s'il y a des programmes offerts par le gouvernement, comme le plan d'action en matière de violence conjugale, élaboré par le ministère de la Condition féminine ainsi que la brochure Prévenir, dépister, contrer la violence conjugale, chapeautée par le ministère de la Santé et des Services sociaux, rien ne semble vraiment concret pour répondre aux besoins de ce couple. Ils devront donc se tourner vers les CAVAC, IVAC, BAVAC et compagnie, qui font cependant tout leur possible.
«Le meilleur conseil que l'on puisse donner aux victimes, c'est de contacter les policiers, ensuite la CAVAC pour terminer par l'IVAC», a fait savoir Line Charland, directrice du service de l'intervention à la direction de l'Indemnisation des victimes d'actes criminels.
L'IVAC propose aux victimes différents moyens pour assurer leur sécurité à court ou à long terme. «Ces moyens peuvent aller du système d'alarme au cours de défense en passant par le déménagement. Tout va dépendre de l'évaluation que les policiers vont faire concernant la dangerosité de l'agresseur et le risque de récidive», a t-elle mentionné.
Changement d'identité
Les pistes proposées, prises conjointement avec les services de police, peuvent même aller jusqu'au changement d'identité. «On fournit un nouvel extrait de naissance, un nouveau bulletin scolaire... Tout est rayé de la carte! Toutefois, il y a très peu de gens qui acceptent un tel changement... Ça se compte sur les doigts de la main», a soutenu Mme Charland.
Chaque année, la direction de l'IVAC reçoit en moyenne 4 500 demandes d'aide.
Au service correctionnel du Canada, de l'aide pour les victimes est aussi offerte. «La protection des victimes n'est cependant pas l'élément central des demandes que nous recevons. Les gens ont plutôt besoin de soutien et de support psychologique», a expliqué Jean-François Cusson, coordonnateur et agent de liaison avec la collectivité.
Le SCC s'assure toutefois que l'information concernant le délinquant soit transmise aux familles ou aux personnes touchées.
Triste histoire
En juillet 2005, la femme de 52 ans a été enlevée, séquestrée, battue et violée par Jean Boisvert, son ancien conjoint, alors que Guy Cayer, son nouveau copain, a été poignardé à deux reprises.
Le couple a fui l'Estrie, laissant tout derrière, par peur de représailles de l'ex-conjoint, libéré d'office au début du mois d'août et qui aurait menacé, indirectement, de «finir le travail ».
Sans ressources pendant plus d'une semaine, ils ont dû dormir sur les bancs de parc de la ville, jusqu'à ce qu'un couple de bons Samaritains leur offre un toit pour quelques semaines.
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