Jean Charest a-t-il payé de l’impôt sur un salaire que personne ne connaissait ?
Robert Barberis-Gervais
Tribune libre de Vigile
dimanche 26 septembre 2010
Rappelons d’abord les faits. Nous poserons ensuite quelques questions.
Après dix ans de silence et de cachotteries, le Parti libéral a été obligé d’avouer qu’il payait un salaire de 75,000$ sous la table donc au noir à son chef. C’est parce que Patrick Bourgeois était sur le point de publier son livre "La nébuleuse" que le Parti libéral a craché le morceau. Bourgeois a étudié le train de vie de Jean Charest et a conclu, chiffres à l’appui, qu’il lui manquait 75,000$ pour mener son train de vie : grosse hypothèque à payer sur sa maison de Westmount ; maison d’été à North Hatley, propriété de Sam Pollock anciennement du Canadien ; école privée pour ses enfants etc.
Or, le Parti libéral savait que le livre s’en venait : Jean Charest avait mis ses avocats sur le dos de Patrick Bourgeois pour que celui-ci ne sache pas quel était le loyer payé à Sam Pollock pour sa maison de North Hatley. Le salaire de premier ministre de 182,717$ plus un compte de dépenses ne suffisait pas au big shot de Westmount, l’homme au passeport.
C’est le temps de poser quelques questions.
1- Quelle preuve avons-nous que Jean Charest ne reçoit que 75,000$ ? Et si c’était plus. Cette histoire du salaire de Jean Charest caché pendant dix ans se déroule dans une atmosphère de mensonge par omission. A ceux qui ont voulu voir les papiers officiels sur ce montant versé par le Parti libéral, Jean Charest a répondu que c’était une affaire privée. Que le parti libéral donne une somme d’argent à son chef qui s’adonne à être premier ministre du Québec, ce n’est pas une affaire privée.
Cette façon de voir les choses ne surprend plus après avoir entendu Jean Charest se déclarer "à l’aise" devant le fait que la responsable des nominations à son bureau Chantal Landry se fasse aider dans la tâche de faire 1,300 nominations en 2003 puis 800 nominations par année par Charles Rondeau qui arrive avec sa liste de donateurs au Parti libéral, ce que Jean Charest a appelé candidement une base de données utiles pour trouver des noms de rouges. Et il a ajouté devant Me Bertrand qui insistait : "Mettez-vous en doute leur intégrité ?"
2- La somme qui manquait exigée par le train de vie de Jean Charest selon Patrick Bourgeois, chiffres à l’appui, était de 75,000$. C’était publié sur le site Le Québécois du journal du même nom. C’est toute une coïncidence que ce montant de 75,000$ ait été admis par le Parti libéral et Jean Charest comme étant la subvention donnée par le Parti libéral à son chef. Vous avez remarqué que je suis passé de "salaire" à "subvention" pour montrer que le statut de ce 75,000$ n’est pas clair. Cette "aide financière", cette somme avouée non appuyée par un document, qui nous dit qu’elle est exacte ? Pourquoi ce ne serait pas 100,000$ ou plus ?
3- Ce revenu de Jean Charest depuis plus de dix ans, revenu gardé secret et caché pendant dix ans, est-ce qu’il a été déclaré à l’impôt fédéral et à l’impôt provincial, Est-ce qu’il a été imposé ? Cette question a déjà été posée par Jacques Noël, notre ami de Québec. Est-ce qu’un journaliste d’enquête pourrait essayer de trouver une réponse à cette question ?
4- En plus de son salaire de premier ministre de 182,717$, en plus de cette "aide financière" d’un minimum de 75,000$ que lui donne le Parti libéral, aide financière qui est restée confidentielle pendant dix ans, est-ce que Jean Charest a d’autres sources de revenus ? Qu’en est-il du fonds en fiducie qui aurait été créé par des hommes d’affaires fédéralistes pour aider Jean Charest à prendre la décision de quitter Ottawa pour Québec pour sauver le Canada ? Quelques millions pour l’aider à se motiver. Fonds en fiducie dont ont parlé Michel Vastel et Michel David. Que deviennent les intérêts de ce fonds ?
Comme l’a souligné Louis Lapointe, on a vu Jean Charest arriver à la commission Bastarache et serrer les mains de tous ces gens avocats et autres qu’il a lui-même nommés, ce qui fait qu’il ne faut plus parler de la commission Bastarache mais de la commission Charest. Il n’ y a absolument rien à son épreuve. On a commencé à s’en rendre compte lors d’un débat télévisé quand il a knockouté Bernard Landry en lui lançant dans les jambes une déclaration de Jacques Parizeau où il aurait repris devant des étudiants l’histoire de l’argent et des votes ethniques. Il a essayé la même chose avec Pauline Marois qui serait responsable de tous les problèmes en santé suite aux retraites favorisées par Lucien Bouchard : Pauline Marois, avec aplomb, l’a traité d’impuissant qui se dit responsable d’aucun des problèmes en santé. Pas mal comme réponse.
Comme dans le scandale du Watergate,. il faut suivre le conseil de Deep Throat : "Suivez l’argent". C’est pour ça qu’il n’y aura pas d’enquête sur le monde de la construction et son lien avec le financement du Parti libéral. Vous avez vu Franco Fava et ses 783 millions en contrat de l’Hydro-Québec dont le Conseil d’administration truffé de libéraux vient des nominations Landry-Rondeau entérinées par Jean Charest.
Contrôler tant d’argent, avoir l’appui d’un milliardaire et avoir des médias comme La Presse qui a un rédacteur en chef qui est une crapule et un chroniqueur vedette qui fait dans le divertissement et le narcissisme autosatisfait, cela donne de l’assurance et permet d’avoir une conception pas mal élastique de l’éthique et de l’honnêteté intellectuelle.
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