Publié le 12 mai 2011 à 11h15 | Mis à jour à 14h29
Guy Turcotte raconte la soirée du 20 février 2009
Christiane Desjardins
La Presse
Le procès du cardiologue Guy Turcotte est particulièrement éprouvant. Certains détails difficiles à supporter sont dévoilés jour après jour par notre journaliste. Nous préférons vous en avertir.
* * *
Guy Turcotte se voit aiguiser un grand couteau, se rappelle avoir tenté de se le planter au coeur et de ne pas en avoir eu la force. Il se voit boire du lave-glace, se rappelle du goût, du sentiment de trop-plein qu'il éprouvait après. Il se voit assis sur le bord du bain, avec du sang sur les mains. Le sang de ses enfants.
Devant un auditoire pétrifié par l'horreur de son récit, Guy Turcotte a raconté en pleurant, ce matin, comment s'était déroulé la soirée du 20 février 2009, quand il a bu du lave-glace pour se suicider, et poignardé ses deux enfants, Olivier, cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans.
Guy Turcotte ne se souvient pas de tout, mais ses gestes se sont imprimés par flashs dans sa mémoire. Il a couché les enfants tôt, certainement avant 19 heures, se souvient-il, car il voulait passer une bonne journée avec eux le lendemain. Il leur a chanté des chansons dans leur chambre. Après, il est descendu pour écouter le film qu'il avait loué pour lui-même. Mais il a pensé que le bruit pourrait empêcher ses enfants de dormir. Alors, il a eu la mauvaise idée d'ouvrir son portable et d'aller sur Yahoo. Il a lu les courriels que Patricia Giroux, conjointe de Martin Huot, lui avait envoyés. Il s'agissait de courriels qu'Isabelle Gaston, de qui M. Turcotte venait de se séparer, avait échangés avec Martin Huot, conjoint de Mme Giroux. «Ils s'aiment, c'est évident qu'ils s'aiment, a dit en pleurant M. Turcotte.
Guy Turcotte raconte
M. Turcotte s'est mis à faire des recherches sur les moyens de se suicider, a lu sur le méthanol, et l'éthanol glycol. Il a cherché dans la maison, à trouvé du lave-glace au sous-sol.
Il en a bu pour mourir. Puis il a réalisé que ses enfants étaient dans la maison. Il a décidé de les emmener avec lui. Il se voit dans la chambre d'Olivier, avec le couteau dans les mains. «Je rentre le couteau. Olivier me fait nonnnnnnnn.»
M. Turcotte, qui a pleuré pendant presque tout son témoignage, ne se souvient pas de l'ordre chronologique des événements, assure-t-il. Il s'est réveillé le lendemain, quand il a entendu des bruits dans la maison. Il faisait clair. «Oh non, chus pas mort», a-t-il constaté. Il s'est jeté en bas du lit, et s'est glissé dessous «comme un niaiseux», a-t-il, dit.
M. Turcotte affirme ne pas comprendre ce qui s'est passé ce soir-là. «Cette soirée-là s'est passé dans la détresse. Je n'accepte pas ce qui est arrivé. Je ne comprends pas pourquoi c'est arrivé. Je sais que c'est arrivé de mes mains. Je suis scandalisé. Un père ne peut pas faire ça à ses enfants.» Le contre-interrogatoire aura lieu demain.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/do ... cueil_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;