Publié le 04 septembre 2009 à 05h00 | Mis à jour à 08h40
Moulin à paroles: trop souverainiste pour Labeaume
«Je me suis désisté comme maire parce que j'essaie de ne pas trop me coller à juste une couleur politique, peu importe la couleur. Je suis mal à l'aise», a expliqué Régis Labeaume.
Le Soleil, Erick Labbé
Jean Pascal Lavoie et Jean-François Néron
Le Soleil
(Québec) Régis Labeaume ne participera finalement pas au Moulin à paroles. L'événement, qui se tiendra sur les Plaines les 12 et 13 septembre, rassemblera une foule de personnalités qui liront différents textes retraçant l'histoire du Québec. La couleur souverainiste de plusieurs lecteurs est cependant trop prononcée au goût du maire de Québec.
«Ils ont été bien corrects avec moi. Je sais qu'ils ont fait l'effort de trouver des politiciens de tous les horizons», confie le maire Labeaume, en parlant notamment du chanteur Biz de Loco Locass. «Je me suis désisté comme maire parce que j'essaie de ne pas trop me coller à juste une couleur politique, peu importe la couleur. Je suis mal à l'aise.»
En ce qui a trait à la présence du militant nationaliste Patrick Bourgeois, M. Labeaume est plus tranchant. «Moi, je ne suis pas capable. Toute incitation à la violence quelle qu'elle soit [...]», souligne-t-il en référence aux commentaires controversés que M. Bourgeois avait livrés au printemps pour empêcher la tenue des commémorations du 250e anniversaire de la bataille des Plaines.
Une décision qui déçoit Biz, l'un des organisateurs. «Nous nous sommes assurés d'inviter des personnes représentant une multiplicité de points de vue, assure-t-il. Nous attendons encore des confirmations, la liste des lecteurs peut bouger jusqu'à la dernière minute.»
Parmi les invités, on trouve les descendants de Montcalm, le baron Georges de Marestan, et de Wolfe, Andrew Wolfe Burroughs. «C'est difficile d'être plus inclusif que ça! insiste Biz. À un moment donné, les absents ont tort. Si on fait un événement non aligné et que tous les fédéralistes refusent, c'est évident que ça va être teinté bleu. Être souverainiste, ce n'est pas avoir le virus H1N1. Si on n'est pas capable de mettre ça de côté le temps d'une commémoration, ça va mal.»
Ex-ambassadeur du Canada en France, Benoît Bouchard est l'un des rares fédéralistes à avoir répondu présent jusqu'ici. La position du maire Labeaume le déçoit. «L'identité québécoise n'a rien à voir avec l'affiliation politique. Ça m'agace et me déçoit profondément que l'on fixe dans une perspective partisane ce qui ne l'est pas. On nous donne l'occasion de faire un retour sur l'histoire du Québec à travers des textes qui ne sont pas politiques. Si on ne s'approprie pas tous cette histoire, c'est certain qu'il va y avoir juste des péquistes. L'histoire du Québec n'est pas partisane.»
«C'était écrit dans le ciel qu'en réunissant des gens des deux tendances autour d'un événement comme celui-ci, ça mettrait des gens mal à l'aise», réagit Patrick Bourgeois, qui se défend bien d'avoir fait des incitations à la violence.
«Le maire Red Bull est aussi menteur que les radios-poubelles de Québec qui m'ont mis des propos dans la bouche. Ça ne me fait pas de peine qu'il ne soit pas là. Quand on m'a invité, je me demandais ce que je faisais parmi tous ces grands noms. Finalement, ma présence est utile si elle repousse ces gens-là!» lance-t-il.
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aussi un autre parti de texte qui défile plus la liste des invités.
Daniel Lemay
La Presse
Ils se suivent dans l'ordre alphabétique: Maka Kotto, comédien et député péquiste; Régis Labeaume, maire de Québec; Andrée Lachapelle, comédienne; Yves Lambert, musicien; Bernard Landry, ancien chef du Parti québécois et ancien premier ministre du Québec; Éric Lapointe, auteur-compositeur-interprète; Gérald Larose, syndicaliste.
Tous ces citoyens en vue font partie des lecteurs et lectrices du Moulin à paroles, événement «exceptionnel» qui se tiendra sur les Plaines d'Abraham de Québec les 12 et 13 septembre prochains.
Parce qu'ils croient en leur «devoir de citoyen de donner à ce pays quelque chose qui vient de lui», les membres du collectif Le Moulin à paroles se sont donné une mission unique: reconstituer par des extraits de textes de la «littérature d'ici» les grandes étapes de la présence française en Amérique. Plus précisément: reconstituer en mots, lus, dits ou «rappés», l'histoire du Québec «depuis ses sources amérindiennes jusqu'aux multiples facettes de sa modernité».
Les initiateurs du projet - la metteure en scène Brigitte Haentjens, le comédien Sébastien Ricard et Biz (du groupe rap Loco Locass) - ont procédé hier à Montréal au dévoilement de la liste des lecteurs du Moulin à paroles. Andrée Lachapelle y a lu un texte de Mgr Ignace Bourget qui, en 1852, se méfiait des conseils contenus dans Le compagnon médical de la femme mariée.
Le restaurateur Hubert Marsolais (Club Chasse et Pêche) a suivi avec un extrait de la préface d'un livre de Jéhane Benoît (1904-1985); l'auteure de l'Encyclopédie de la cuisine québécoise y expliquait comment nous étions passés de la «sea pie» anglaise au cipaille gaspésien.
Le ton changera aussi sur les Plaines quand Maka Kotto lira l'extrait d'un discours qu'avait prononcé Honoré Mercier (1840-1894), futur premier ministre (libéral) de la province de Québec, après le «meurtre judiciaire» du leader métis francophone Louis Riel; le «père du Manitoba» venait d'être pendu pour «trahison», sous le gouvernement fédéral conservateur de McDonald (1884).
Que liront Pauline Marois et Gilles Duceppe, chefs respectifs du Parti québécois et du Bloc québécois? Et Victor-Lévy Beaulieu? Et Raoûl Duguay? Et Gilles Vigneault? «Omertà sur les textes», répond Sébastien Ricard, qui précise par ailleurs que tous les collaborateurs du Moulin à paroles travaillent bénévolement. Et que le Moulin a conclu une entente avec Vidéotron (une filiale de Quebecor) pour la retransmission de la lecture à la télé (Vox) et sur internet (Canoe). Que lira Julie Snyder?
On sait déjà que le journaliste Andrew Wolfe Burroughs, un descendant de James Wolfe, sera aussi au Moulin pour lire une lettre du général britannique. Et que Biz a pris à sa charge le billet d'avion du baron Georges de Marestan, «descendant du général Montcalm», qui livrera des extraits du journal de son illustre ancêtre (dans les faits, Georges Savarin, un ancien fonctionnaire, ne serait pas un vrai baron et descend plutôt de la soeur de Louis-Joseph de Saint-Véran, marquis de Montcalm).
Rappelons que MM. Savarin et Wolfe Burroughs avaient déjà été réunis dans le documentaire Le sort de l'Amérique, qui avait valu à Jacques Godbout le prix de réalisation du festival torontois Hot Docs en 1996.
Georges Savarin, pour sa part, devait jouer le rôle de Montcalm dans la reconstitution de la courte, mais célèbre bataille du 13 septembre 1759 dans laquelle les deux généraux sont morts au combat. L'événement, parrainé par la Commission des champs de bataille nationaux du Canada, a finalement été annulé pour des raisons de «sécurité», certains militants indépendantistes, dont Pierre Falardeau, ayant menacé d'en perturber le déroulement.
Hier, les concepteurs refusaient de reconnaître quelque caractère nationaliste au Moulin à paroles (voir la liste complète des lecteurs sur moulinaparoles.com), soulignant que des représentants du Parti libéral du Québec pourraient se joindre à cette «mobilisation citoyenne (...) placée sous le signe de l'exigence et de la signifiance».
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Le moulin à paroles; au pavillon Edwin-Bélanger des Plaines d'Abraham à Québec, du samedi 12 septembre à 15 h au dimanche 13 septembre à 15 h; gratuit.
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