Montréal
Le petit Jérémy n'est pas tombé, affirme une pathologiste
Agence QMI
Jean-Philippe Arcand
26/05/2011 19h14
MONTRÉAL - La pathologiste qui a pratiqué l’autopsie du petit Jérémy Bastien-Perron est formelle: de par la nature et l’étendue des blessures du bambin de quatre ans, il est «clair et net» que ce dernier n’a pas été victime d’une chute, contrairement à ce que prétendait Stéphanie Meunier lorsqu’elle a téléphoné au 9-1-1, le soir du 6 décembre 2008.
De plus, selon la Dre Caroline Tanguay, la plupart de ces lésions sont survenues dans les 24 heures précédant la mort de l’enfant. Durant cette période, Meunier était seule à s’occuper de Jérémy. Le père du petit, Francis Bastien, était parti quelques jours plus tôt pour participer à une étude pharmaceutique en tant que cobaye.
«Le corps était couvert de lésions, de la tête aux pieds, à l’avant et à l’arrière», a expliqué l’experte aux sept hommes et cinq femmes du jury chargé de juger Stéphanie Meunier, 32 ans, accusée du meurtre prémédité de l’enfant.
Témoignant pour la poursuite, la Dre Tanguay a décrit en menus détails le piètre état dans lequel se trouvait Jérémy. D’entrée de jeu, elle a remarqué de nombreuses contusions au visage, particulièrement du côté gauche de sa tête.
«Quand on se place au-dessus de la table, on peut voir son oreille droite, mais on ne voit pas l’oreille gauche parce que c’est trop enflé», a-t-elle expliqué.
Elle a également souligné que Jérémy avait le ventre «gonflé» parce que ses intestins étaient remplis d’air. Il souffrait aussi d’une hémorragie sous-durale «récente» et «très importante». Rappelons qu’au début du procès, le procureur de la Couronne, Me Louis Bouthillier, avait déclaré qu’il s’agissait de la blessure fatale.
Enfin, la Dre Tanguay a noté que «tout était enflé et bleuté» au niveau des organes génitaux du garçonnet.
Selon elle, l’ensemble des lésions relevées à cet endroit s’est produit dans les cinq jours avant la mort du petit. «J’ai de la difficulté à voir comment un seul traumatisme peut faire tout ça», a-t-elle ajouté.
Un fils «efféminé»
Plus tôt dans la journée, Francis Bastien a admis que parce qu’il trouvait que son fils se comportait de façon «efféminée» et qu’il voulait lui apprendre à agir «comme un garçon», il a envoyé le petit Jérémie jouer dehors après l’avoir habillé avec des vêtements de fillette.
Alors qu’il était contre-interrogé par l’avocate de la défense, Me Joëlle Roy, Bastien a expliqué avoir agi de la sorte avec son fils à quelques reprises parce que sa façon d’agir «faisait poignet cassé».
L’homme de 29 ans ne considère toutefois pas que son fils était homosexuel. Il parle plutôt d’une «personnalité» propre à l’enfant. «Ce n’est pas normal. Ce n’est pas correct», a-t-il déclaré.
Lorsque Me Roy lui a demandé ce qu’il considérait être un comportement «normal» pour un petit garçon de quatre ans, Francis Bastien a parlé d’un garçon qui «joue aux camions avec les filles et les gars de son âge».
Le témoin a du même souffle indiqué qu’il avait incité son fils à «jouer à la lutte» en «faisant des prises» au sol avec les quatre enfants de Meunier afin de lui enseigner à se défendre. «Il allait à l’école et souvent, à l’école, il y a des garçons pas gentils», a-t-il dit.
Le procès se poursuit demain, au Palais de justice de Montréal, avec la suite du témoignage de la pathologiste Caroline Tanguay.
http://fr.canoe.ca/infos/societe/archiv ... 91421.html" onclick="window.open(this.href);return false;