Publié : sam. avr. 23, 2005 10:36 am
V'là des articles sur notre beau Claude Legault!!!
La Presse
Arts et spectacles, dimanche 25 avril 2004, p. ARTS SPECTACLES1
Nathalie Petrowski rencontre
Claude Legault
Esprit d'équipe
Petrowski, Nathalie
Si Claude Legault mesurait 6 pieds, il ne serait pas auteur ni comédien. Il serait joueur de hockey. Mais comme il ne mesure que 5 pieds 7, le coscénariste de Dans une galaxie près de chez vous, mieux connu sous le nom de Fabien, a choisi de marquer des buts en écrivant. Au menu, une nouvelle série sur les videurs de clubs et la suite pour le cinéma des folles aventures de l'équipage du Romano-Fafard. Portait d'un auteur aussi sportif que prolifique.
Chaque jeudi soir que le bon Dieu amène, Claude Legault retrouve sa ligue de garage de Laval. Chaque dimanche après-midi, sa ligue de hockey-bottine du Plateau. Mais pendant les séries éliminatoires du hockey professionnel, inutile de l'inviter ou de l'appeler. Legault est soit rivé à sa télé pour les matchs à l'extérieur de Montréal, soit en train de s'égosiller au Centre Bell. C'est d'ailleurs la première chose qu'il m'a annoncée en prenant ses aises dans la cafétéria de TVA, sa tuque enfoncée jusqu'aux oreilles comme un ado de 39 ans.
"J'ai tous mes billets pour les éliminatoires! Les 16 au complet! Que le Canadien perde ou gagne, j'y serai. Pas question de manquer ça!"
Le ton était donné par cette moitié d'extraterrestre, répondant parfois au nom de Fabien, autrefois à celui de Dieu et à l'occasion, au prénom de Claude, dernier des quatre enfants de Jean et Ginette Legault, un soudeur et une femme de ménage de Montréal-Nord.
Moins connu que Guy A. Lepage mais plus reconnaissable dans la rue que François Avard, l'auteur des Bougon, Claude Legault vit en ce moment ses plus belles années. Pas sentimentalement puisqu'il est retombé célibataire à 39 ans, mais professionnellement, sans aucun doute. Son premier scénario pour le cinéma, écrit avec Pierre-Yves Bernard, son complice depuis 17 ans, marche au delà de toutes ses attentes. À peine cinq jours après sa sortie, Dans une galaxie près de chez vous avait déjà fait 1 million de recettes. Si la tendance se maintient, le film se classera sans problème parmi les 10 plus plus grands succès de box-office de l'année. Pour Legault, ce succès rime avec suite. Idéalement, Legault aimerait scénariser deux autres épisodes de la Galaxie pour le cinéma. "Pas plus, précise-t-il, parce que si t'en fais trop, ça se dilue, ça fait de la bouette et ça devient juste un truc pour alimenter la machine à fric, ce qui nem'intéresse pas."
Gauchiste, Claude Legault? L'étiquette le fait sourciller. "Disons qu'en général je suis à gauche mais jamais complètement parce que ça serait trop dogmatique et fermé. Parfois, je dois être au centre, d'autres fois, je ne sais pas trop. Chose certaine, le réveil de l'humour de gauchiste comme celui des Zapartistes me rassure. Ça fait du bien de les voir aller."
Tête de cochon un brin rebelle
Si le terme gauchiste ne lui colle pas complètement, celui de tête de cochon un brin rebelle lui va mieux. Deux événements en témoignent avec éloquence. D'abord l'émission Dieu reçoit, dont il était le concepteur, scrïpteur et personnage principal. Parodiant la formule des talk-shows, Legault avait imaginé pour TQS une émission où Dieu, arborant la barbe et la toge blanche, recevrait chaque semaine une poignée d'invités. L'émission fit scandale dès sa première diffusion et fut retirée au bout de quelques semaines sous la pression d'un lobby de curés et de catholiques. Legault ne l'a jamais digéré.
"Oui, je l'ai mal pris, tu peux en être sûre. Surtout de la part de certains journalistes qui n'arrêtaient pas de chiâler contre l'émission.Àmon avis, ce sont eux qui ont encouragé les curés à sortir l'émission des ondes. Et ça, à mes yeux, ça ne se fait pas. Personne ne semble s'être rendu compte que Dieu c'était un prétexte pour dénoncer ceux qui profitent de la foi des autres pour les mener à l'abattoir.
" Et je visais autant les curés que tous les pourris d'industriels qui récupèrent Dieu pour faire du fric ", ajoute le comédien.
L'incident Dieu nous a montré le visage anticlérical de Claude Legault. Quelques années plus tard, sa démission du National d'improvisation Juste pour rire, dont il était un joueur étoile, nous révéla qu'il était un homme de principes. Pour protester contre l'embauche de feu Micheline Charest par le Groupe Juste pour rire et par solidarité avec les auteurs qui avaient été ses victimes, Legault se retira du National d'impro en mai 2002. Il accompagna le geste d'une lettre ouverte à La Presse où il écrivait: " Étant moi-même auteur, je ressens un profond malaise à défendre les couleurs de Juste pour rire en sachant que madame Charest fait désormais partie de cette équipe. Malgré les excellents rapports que j'entretiens avec l'équipe du National, je me vois dans l'obligation de me retirer de cet événement. "
Deux ans plus tard, mais quelques semaines avant la mort de Micheline Charest, je l'ai interrogé sur le sujet. Legault, qui fut le seul artiste à s'élever publiquement contre la nomination de Micheline Charest même si tous les autres n'en pensaient pas moins, ne trouve toujours pas qu'il a été particulièrement courageux.
" J'avais les moyens de le faire, ce qui n'était pas le cas de plusieurs de mes camarades qui étaient des monoparentales qui n'avaient pas un sou. Pour ma part, je trouvais ça fort d'avoir engagé cette dame qui avait utilisé des prête-noms pour détourner des droits d'auteur qui n'étaient pas les miens, mais qui auraient très bien pu l'être. Sachant cela, j'ai vu que j'étais dans une position où je pouvais les envoyer chier et je l'ai fait. C'est tout. "
Le miracle de l'impro
Cette position privilégiée, on peut dire que Claude Legault l'a âprement gagnée. Issu d'un milieu modeste, trop petit pour être un joueur de hockey, refusé en théâtre à l'UQAM où on le trouvait pourri en impro, pas assez branché pour avoir des contacts dans les milieux culturels, Claude Legault a longtemps vivoté sans trop savoir ce qu'il ferait quand il serait grand. Tour à tour serveur, plongeur, cuisinier (à La Java de Laval), ouvrier dans une usine de chapeaux, peintre en bâtiment, démolisseur, déchargeur de camions, il a vécu de mille métiers, convaincu qu'il n'avait pas le talent ni les capacités pour faire autre chose. Sa rencontre avec Pierre-Yves Bernard, qui le recruta dans la ligue d'impro universitaire, fut déterminante.
" L'impro a carrément changé ma vie. À jamais. Des fois quand je vais dans les écoles, je dis aux jeunes: faites comme moi, lâchez la drogue et improvisez. Parce qu'avant de tomber dans l'impro, j'étais gelé tout le temps et semblable au bouchon qui flotte dans la chanson de Michel Rivard. Avec l'impro, je suis devenu un chevalier avec un étendard. C'est là que le théâtre est venu me chercher comme il faut et avec autant d'intensité qu'autrefois le hockey. "
Vivre d'impro et d'eau fraîche est peut-être agréable mais malheureusement ça n'aide pas toujours à payer le loyer.
Avec comme seul bureau les couloirs de l'UQAM, Legault et son désormais complice Pierre-Yves Bernard, membres éminents de la défunte génération X, ont donc décidé un jour de créer leur propre emploi. " On n'avait pas le choix. On était des no future mais plutôt que de verser dans le cynisme qui était très en vogue à l'époque, on a décidé de réagir. Un jour, on a envoyé nos CV dans 100 boîtes de production à travers la ville: 100. "
Résultat: pas le plus petit accusé de réception et une seule réponse signée Josée Fortier, la scrïpte-éditrice, à l'époque, des émissions de télé d'Yvon Deschamps. Après une brève rencontre, elle les engage pour écrire des sketches pour Samedi PM puis pour CTYVON. Le dynamique duo, reconnu pour son humour tôton, commence lentement mais sûrement à se faire un nom dans le milieu et à écrire pour Le Club des 100 watts.
Parallèment à l'écriture, Legault peaufine ses talents d'improvisateur à la LNI de Robert Gravel.
" Robert Gravel a été mon maître et mon école: une école où on refuse de souffrir pour faire du théâtre parce que, pour nous, quand on a du plaisir, ça nous rend meilleurs comme acteurs, moi en tous cas. "
Dans une galaxie
Avec Dieu reçoit, où il réunissait pour la première fois ses deux talents d'acteur et d'auteur, Claude Legault a cru un instant qu'il était parti pour la gloire. L'instant suivant, il a compris que la route serait plus longue que prévu. Plutôt que de s'apitoyer sur son sort, il s'est rabattu sur le projet Dans une galaxie près de chez vous.
" Au début, on manquait d'être flushés tous les quatre mois. Mais quand Canal Famille est devenu VRAK-TV, ils nous ont retiré la bride de la bouche et la fuse a pété. On s'est amusés comme des malades à faire cette émission. "
Tellement amusés qu'au bout de quatre ans, Legault, en bon puriste, a choisi brusquement d'en finir. " Pour ne pas devenir poches ", dit-il.
Pas fou, Legault savait déjà qu'il voulait entraîner l'équipage du Romano-Fafard au cinéma. Il concède aujourd'hui que le film n'est pas parfait mais que ce n'est pas par manque d'efforts ou d'énergie. " On s'est tous défoncés jusqu'aux oreilles sur le plateau, mais on a manqué d'argent et de jours de tournage. À un moment donné, après avoir fait tout ce qu'il était possible de faire avec nos moyens, il a fallu se résoudre à croire à cet enfant un peu croche mais attachant à qui on avait tout donné. "
Claude Legault aime tellement son enfant qu'il lui arrive encore de se glisser incognito dans les salles de cinéma pour sonder le pouls du public. Il en ressort immanquablement fier comme un père ou comme un capitaine d'équipe. Après quoi il file au bureau de Zone 3 se remettre à l'écriture, avec Jean-Yves, d'une nouvelle série sur les videurs de club.
Au moment de notre rencontre, il n'osait pas encore trop croire au succès d'une Galaxie ni au fait qu'il y aurait une suite. Trop souvent déçu par le passé, il préférait croire, comme Fabien, son alter ego, qu'il ne faut jamais vendre la peau de l'ours, surtout si celui-ci n'est pas d'accord avec le prix.
DERNIER FILM:Le Seigneur des anneaux 3 et Gaz Bar Blues de Louis Bélanger.
DERNIER LIVRE: la biographie de Jules César par Max Gallo (Cesar Imperator, XOéditions).
DERNIER DISQUE:Le Décor, de Stefie Shock.
DERNIER SPECTACLE: David Bowie au Centre Bell
UN AIR EN TÊTE:A Day in the Life, des Beatles, quand ça va mal ou quand ça va bien.
OEUVRE CHOC:La Révolte des nonnes, de Régine Des forges, lu à 14 ans, et le film Blue Velvet, de David Lynch
UN ARTISTE INSPIRANT: Jean Leloup parce qu'il est complètement fou.
PERSONNAGE QUI LUI RESSEMBLE: Indiana Jones mais avec une tuque.
je savais pas que Claude aimait porter une tuque comme Marc dans Minuit le soir! lol
La Presse
Arts et spectacles, dimanche 25 avril 2004, p. ARTS SPECTACLES1
Nathalie Petrowski rencontre
Claude Legault
Esprit d'équipe
Petrowski, Nathalie
Si Claude Legault mesurait 6 pieds, il ne serait pas auteur ni comédien. Il serait joueur de hockey. Mais comme il ne mesure que 5 pieds 7, le coscénariste de Dans une galaxie près de chez vous, mieux connu sous le nom de Fabien, a choisi de marquer des buts en écrivant. Au menu, une nouvelle série sur les videurs de clubs et la suite pour le cinéma des folles aventures de l'équipage du Romano-Fafard. Portait d'un auteur aussi sportif que prolifique.
Chaque jeudi soir que le bon Dieu amène, Claude Legault retrouve sa ligue de garage de Laval. Chaque dimanche après-midi, sa ligue de hockey-bottine du Plateau. Mais pendant les séries éliminatoires du hockey professionnel, inutile de l'inviter ou de l'appeler. Legault est soit rivé à sa télé pour les matchs à l'extérieur de Montréal, soit en train de s'égosiller au Centre Bell. C'est d'ailleurs la première chose qu'il m'a annoncée en prenant ses aises dans la cafétéria de TVA, sa tuque enfoncée jusqu'aux oreilles comme un ado de 39 ans.
"J'ai tous mes billets pour les éliminatoires! Les 16 au complet! Que le Canadien perde ou gagne, j'y serai. Pas question de manquer ça!"
Le ton était donné par cette moitié d'extraterrestre, répondant parfois au nom de Fabien, autrefois à celui de Dieu et à l'occasion, au prénom de Claude, dernier des quatre enfants de Jean et Ginette Legault, un soudeur et une femme de ménage de Montréal-Nord.
Moins connu que Guy A. Lepage mais plus reconnaissable dans la rue que François Avard, l'auteur des Bougon, Claude Legault vit en ce moment ses plus belles années. Pas sentimentalement puisqu'il est retombé célibataire à 39 ans, mais professionnellement, sans aucun doute. Son premier scénario pour le cinéma, écrit avec Pierre-Yves Bernard, son complice depuis 17 ans, marche au delà de toutes ses attentes. À peine cinq jours après sa sortie, Dans une galaxie près de chez vous avait déjà fait 1 million de recettes. Si la tendance se maintient, le film se classera sans problème parmi les 10 plus plus grands succès de box-office de l'année. Pour Legault, ce succès rime avec suite. Idéalement, Legault aimerait scénariser deux autres épisodes de la Galaxie pour le cinéma. "Pas plus, précise-t-il, parce que si t'en fais trop, ça se dilue, ça fait de la bouette et ça devient juste un truc pour alimenter la machine à fric, ce qui nem'intéresse pas."
Gauchiste, Claude Legault? L'étiquette le fait sourciller. "Disons qu'en général je suis à gauche mais jamais complètement parce que ça serait trop dogmatique et fermé. Parfois, je dois être au centre, d'autres fois, je ne sais pas trop. Chose certaine, le réveil de l'humour de gauchiste comme celui des Zapartistes me rassure. Ça fait du bien de les voir aller."
Tête de cochon un brin rebelle
Si le terme gauchiste ne lui colle pas complètement, celui de tête de cochon un brin rebelle lui va mieux. Deux événements en témoignent avec éloquence. D'abord l'émission Dieu reçoit, dont il était le concepteur, scrïpteur et personnage principal. Parodiant la formule des talk-shows, Legault avait imaginé pour TQS une émission où Dieu, arborant la barbe et la toge blanche, recevrait chaque semaine une poignée d'invités. L'émission fit scandale dès sa première diffusion et fut retirée au bout de quelques semaines sous la pression d'un lobby de curés et de catholiques. Legault ne l'a jamais digéré.
"Oui, je l'ai mal pris, tu peux en être sûre. Surtout de la part de certains journalistes qui n'arrêtaient pas de chiâler contre l'émission.Àmon avis, ce sont eux qui ont encouragé les curés à sortir l'émission des ondes. Et ça, à mes yeux, ça ne se fait pas. Personne ne semble s'être rendu compte que Dieu c'était un prétexte pour dénoncer ceux qui profitent de la foi des autres pour les mener à l'abattoir.
" Et je visais autant les curés que tous les pourris d'industriels qui récupèrent Dieu pour faire du fric ", ajoute le comédien.
L'incident Dieu nous a montré le visage anticlérical de Claude Legault. Quelques années plus tard, sa démission du National d'improvisation Juste pour rire, dont il était un joueur étoile, nous révéla qu'il était un homme de principes. Pour protester contre l'embauche de feu Micheline Charest par le Groupe Juste pour rire et par solidarité avec les auteurs qui avaient été ses victimes, Legault se retira du National d'impro en mai 2002. Il accompagna le geste d'une lettre ouverte à La Presse où il écrivait: " Étant moi-même auteur, je ressens un profond malaise à défendre les couleurs de Juste pour rire en sachant que madame Charest fait désormais partie de cette équipe. Malgré les excellents rapports que j'entretiens avec l'équipe du National, je me vois dans l'obligation de me retirer de cet événement. "
Deux ans plus tard, mais quelques semaines avant la mort de Micheline Charest, je l'ai interrogé sur le sujet. Legault, qui fut le seul artiste à s'élever publiquement contre la nomination de Micheline Charest même si tous les autres n'en pensaient pas moins, ne trouve toujours pas qu'il a été particulièrement courageux.
" J'avais les moyens de le faire, ce qui n'était pas le cas de plusieurs de mes camarades qui étaient des monoparentales qui n'avaient pas un sou. Pour ma part, je trouvais ça fort d'avoir engagé cette dame qui avait utilisé des prête-noms pour détourner des droits d'auteur qui n'étaient pas les miens, mais qui auraient très bien pu l'être. Sachant cela, j'ai vu que j'étais dans une position où je pouvais les envoyer chier et je l'ai fait. C'est tout. "
Le miracle de l'impro
Cette position privilégiée, on peut dire que Claude Legault l'a âprement gagnée. Issu d'un milieu modeste, trop petit pour être un joueur de hockey, refusé en théâtre à l'UQAM où on le trouvait pourri en impro, pas assez branché pour avoir des contacts dans les milieux culturels, Claude Legault a longtemps vivoté sans trop savoir ce qu'il ferait quand il serait grand. Tour à tour serveur, plongeur, cuisinier (à La Java de Laval), ouvrier dans une usine de chapeaux, peintre en bâtiment, démolisseur, déchargeur de camions, il a vécu de mille métiers, convaincu qu'il n'avait pas le talent ni les capacités pour faire autre chose. Sa rencontre avec Pierre-Yves Bernard, qui le recruta dans la ligue d'impro universitaire, fut déterminante.
" L'impro a carrément changé ma vie. À jamais. Des fois quand je vais dans les écoles, je dis aux jeunes: faites comme moi, lâchez la drogue et improvisez. Parce qu'avant de tomber dans l'impro, j'étais gelé tout le temps et semblable au bouchon qui flotte dans la chanson de Michel Rivard. Avec l'impro, je suis devenu un chevalier avec un étendard. C'est là que le théâtre est venu me chercher comme il faut et avec autant d'intensité qu'autrefois le hockey. "
Vivre d'impro et d'eau fraîche est peut-être agréable mais malheureusement ça n'aide pas toujours à payer le loyer.
Avec comme seul bureau les couloirs de l'UQAM, Legault et son désormais complice Pierre-Yves Bernard, membres éminents de la défunte génération X, ont donc décidé un jour de créer leur propre emploi. " On n'avait pas le choix. On était des no future mais plutôt que de verser dans le cynisme qui était très en vogue à l'époque, on a décidé de réagir. Un jour, on a envoyé nos CV dans 100 boîtes de production à travers la ville: 100. "
Résultat: pas le plus petit accusé de réception et une seule réponse signée Josée Fortier, la scrïpte-éditrice, à l'époque, des émissions de télé d'Yvon Deschamps. Après une brève rencontre, elle les engage pour écrire des sketches pour Samedi PM puis pour CTYVON. Le dynamique duo, reconnu pour son humour tôton, commence lentement mais sûrement à se faire un nom dans le milieu et à écrire pour Le Club des 100 watts.
Parallèment à l'écriture, Legault peaufine ses talents d'improvisateur à la LNI de Robert Gravel.
" Robert Gravel a été mon maître et mon école: une école où on refuse de souffrir pour faire du théâtre parce que, pour nous, quand on a du plaisir, ça nous rend meilleurs comme acteurs, moi en tous cas. "
Dans une galaxie
Avec Dieu reçoit, où il réunissait pour la première fois ses deux talents d'acteur et d'auteur, Claude Legault a cru un instant qu'il était parti pour la gloire. L'instant suivant, il a compris que la route serait plus longue que prévu. Plutôt que de s'apitoyer sur son sort, il s'est rabattu sur le projet Dans une galaxie près de chez vous.
" Au début, on manquait d'être flushés tous les quatre mois. Mais quand Canal Famille est devenu VRAK-TV, ils nous ont retiré la bride de la bouche et la fuse a pété. On s'est amusés comme des malades à faire cette émission. "
Tellement amusés qu'au bout de quatre ans, Legault, en bon puriste, a choisi brusquement d'en finir. " Pour ne pas devenir poches ", dit-il.
Pas fou, Legault savait déjà qu'il voulait entraîner l'équipage du Romano-Fafard au cinéma. Il concède aujourd'hui que le film n'est pas parfait mais que ce n'est pas par manque d'efforts ou d'énergie. " On s'est tous défoncés jusqu'aux oreilles sur le plateau, mais on a manqué d'argent et de jours de tournage. À un moment donné, après avoir fait tout ce qu'il était possible de faire avec nos moyens, il a fallu se résoudre à croire à cet enfant un peu croche mais attachant à qui on avait tout donné. "
Claude Legault aime tellement son enfant qu'il lui arrive encore de se glisser incognito dans les salles de cinéma pour sonder le pouls du public. Il en ressort immanquablement fier comme un père ou comme un capitaine d'équipe. Après quoi il file au bureau de Zone 3 se remettre à l'écriture, avec Jean-Yves, d'une nouvelle série sur les videurs de club.
Au moment de notre rencontre, il n'osait pas encore trop croire au succès d'une Galaxie ni au fait qu'il y aurait une suite. Trop souvent déçu par le passé, il préférait croire, comme Fabien, son alter ego, qu'il ne faut jamais vendre la peau de l'ours, surtout si celui-ci n'est pas d'accord avec le prix.
DERNIER FILM:Le Seigneur des anneaux 3 et Gaz Bar Blues de Louis Bélanger.
DERNIER LIVRE: la biographie de Jules César par Max Gallo (Cesar Imperator, XOéditions).
DERNIER DISQUE:Le Décor, de Stefie Shock.
DERNIER SPECTACLE: David Bowie au Centre Bell
UN AIR EN TÊTE:A Day in the Life, des Beatles, quand ça va mal ou quand ça va bien.
OEUVRE CHOC:La Révolte des nonnes, de Régine Des forges, lu à 14 ans, et le film Blue Velvet, de David Lynch
UN ARTISTE INSPIRANT: Jean Leloup parce qu'il est complètement fou.
PERSONNAGE QUI LUI RESSEMBLE: Indiana Jones mais avec une tuque.
je savais pas que Claude aimait porter une tuque comme Marc dans Minuit le soir! lol