Publié : mar. janv. 24, 2012 5:04 pm
La patrie, le parti, la personne
J.Jacques Samson
24/01/2012 10h28
Les apparences sont très mauvaises en cette période de cynisme sur l'absence d'intégrité de toute la classe politique, mais cette histoire publiée samedi, du directeur général du Bloc québécois payé à même le budget réservé pour le cabinet du chef parlementaire, se terminera en queue de poisson.
De toute façon, la personne en question aurait en effet été rémunérée avec des fonds publics. La Chambre des communes alloue un budget pour l'aile parlementaire de chaque parti et l'État verse un autre budget pour le fonctionnement des partis, basé sur le nombre de votes recueillis par chacun. L'argent vient évidemment dans les deux cas des poches des contribuables.
De plus, il n'y a pas de frontière étanche entre le travail du personnel politique des cabinets issu du parti et le parti. Le directeur général du Bloc assistait par exemple aux réunions du caucus des députés; il participait, dit-on, à la rédaction de certains discours, etc.
Gilles Duceppe affirme par ailleurs qu'il a toujours agi en toute transparence et dans les normes. Mais l'occasion est trop belle, et les partis adverses, tout comme les pro-Marois au Parti québécois, n'allaient pas le ménager sur son intégrité douteuse et ils ont vite promis une litanie de procédures au cours desquelles il serait discrédité et devrait prouver son honnêteté et sa bonne foi.
Le coup est à la fois vicieux et très habile : il a projeté Gilles Duceppe hors piste. Il est hors du chemin de Pauline Marois. L'effet à court terme est un certain répit pour la chef péquiste, mais le Parti québécois est encore plus amoché dans l'opinion publique qu'il ne l'était. Il a supplanté le Canadien en tête du palmarès des cibles de la moquerie populaire.
Des paroles de l'ex-chef du parti et ex-premier ministre Bernard Landry trouvent toute leur signification dans les présentes circonstances. « La patrie avant le parti et le parti avant les personnes », a-t-il ainsi résumé l'ordre idéal des choses, le 6 juin dernier, lorsque les démissions concertées de Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Pierre Curzi ont déclenché cette crise de leadership. M. Landry appelait alors à un recentrage du Parti québécois sur son objectif de réaliser la souveraineté, ce qui est son ciment depuis sa fondation.
Ce recentrage ne s'est jamais fait et, d'un épisode à l'autre, la carrière d'une personne, Mme Marois, passe avant le parti et la patrie.
Pas un putschiste
Gilles Duceppe a annoncé dimanche qu'il lui était « impossible d'envisager un retour en politique active ». Il ne l'écartait donc pas jusque-là, mais on ne peut l'accuser pour autant d'avoir orchestré le putsch contre Pauline Marois.
Il était simplement réclamé par certains pour prendre la direction du Parti québécois sur la base de sondages indiquant que ce parti ferait bien meilleure figure aux prochaines élections avec M. Duceppe à sa tête et par la petite cellule syndicaliste du SPQ-libre qui grenouille en permanence au Parti québécois. Celle-ci a droit à une attention disproportionnée de la part des médias. M. Duceppe n'est pas allé plus loin que de se montrer disponible si le poste s'ouvrait.
Gilles Duceppe est disqualifié pour un temps indéterminé; le problème du Parti québécois demeure cependant entier : un programme et une chef qui ne répondent pas au goût du jour.
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journ ... 02827.html" onclick="window.open(this.href);return false;
J.Jacques Samson
24/01/2012 10h28
Les apparences sont très mauvaises en cette période de cynisme sur l'absence d'intégrité de toute la classe politique, mais cette histoire publiée samedi, du directeur général du Bloc québécois payé à même le budget réservé pour le cabinet du chef parlementaire, se terminera en queue de poisson.
De toute façon, la personne en question aurait en effet été rémunérée avec des fonds publics. La Chambre des communes alloue un budget pour l'aile parlementaire de chaque parti et l'État verse un autre budget pour le fonctionnement des partis, basé sur le nombre de votes recueillis par chacun. L'argent vient évidemment dans les deux cas des poches des contribuables.
De plus, il n'y a pas de frontière étanche entre le travail du personnel politique des cabinets issu du parti et le parti. Le directeur général du Bloc assistait par exemple aux réunions du caucus des députés; il participait, dit-on, à la rédaction de certains discours, etc.
Gilles Duceppe affirme par ailleurs qu'il a toujours agi en toute transparence et dans les normes. Mais l'occasion est trop belle, et les partis adverses, tout comme les pro-Marois au Parti québécois, n'allaient pas le ménager sur son intégrité douteuse et ils ont vite promis une litanie de procédures au cours desquelles il serait discrédité et devrait prouver son honnêteté et sa bonne foi.
Le coup est à la fois vicieux et très habile : il a projeté Gilles Duceppe hors piste. Il est hors du chemin de Pauline Marois. L'effet à court terme est un certain répit pour la chef péquiste, mais le Parti québécois est encore plus amoché dans l'opinion publique qu'il ne l'était. Il a supplanté le Canadien en tête du palmarès des cibles de la moquerie populaire.
Des paroles de l'ex-chef du parti et ex-premier ministre Bernard Landry trouvent toute leur signification dans les présentes circonstances. « La patrie avant le parti et le parti avant les personnes », a-t-il ainsi résumé l'ordre idéal des choses, le 6 juin dernier, lorsque les démissions concertées de Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Pierre Curzi ont déclenché cette crise de leadership. M. Landry appelait alors à un recentrage du Parti québécois sur son objectif de réaliser la souveraineté, ce qui est son ciment depuis sa fondation.
Ce recentrage ne s'est jamais fait et, d'un épisode à l'autre, la carrière d'une personne, Mme Marois, passe avant le parti et la patrie.
Pas un putschiste
Gilles Duceppe a annoncé dimanche qu'il lui était « impossible d'envisager un retour en politique active ». Il ne l'écartait donc pas jusque-là, mais on ne peut l'accuser pour autant d'avoir orchestré le putsch contre Pauline Marois.
Il était simplement réclamé par certains pour prendre la direction du Parti québécois sur la base de sondages indiquant que ce parti ferait bien meilleure figure aux prochaines élections avec M. Duceppe à sa tête et par la petite cellule syndicaliste du SPQ-libre qui grenouille en permanence au Parti québécois. Celle-ci a droit à une attention disproportionnée de la part des médias. M. Duceppe n'est pas allé plus loin que de se montrer disponible si le poste s'ouvrait.
Gilles Duceppe est disqualifié pour un temps indéterminé; le problème du Parti québécois demeure cependant entier : un programme et une chef qui ne répondent pas au goût du jour.
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journ ... 02827.html" onclick="window.open(this.href);return false;