Les «Janette» ont choqué les «Inclusives
Agnès Chapsal et Ève Lévesque
17-10-2013 | 08h26
MONTRÉAL - Les propos de l'auteure et féministe Janette Bertrand sur la charte des valeurs québécoises ont déclenché de vives réactions et la diffusion d'une lettre de réplique aux «Janette» du collectif «Pour un Québec inclusif».
«J'ai été très étonnée des propos de Mme Bertrand, a dit Aurélie Lanctôt, blogueuse et porte-parole du collectif Pour un Québec Inclusif. Je peux tout à fait admettre qu'une "Janette" ait une position différente de la mienne, mais on n'endure pas le discours paternaliste de Janette qui nous dit: "Vous devez suivre le féminisme de cette manière".»
Dans leur lettre, les «Inclusives» - les membres du collectif - avouent «leur sincère déception». «Selon nous, l'émancipation des femmes ne peut se faire par l'imposition d'une mesure paternaliste comme l'interdiction des signes religieux ostentatoires», écrivent-elles.
«Bien qu'on puisse critiquer les positions sexistes et patriarcales adoptées par les grandes religions, cela ne justifie pas pour autant qu'on s'attaque au droit de chacun d'exprimer ses croyances religieuses», peut-on lire dans la lettre postée sur le site du collectif.
Parmi les inclusives, on retrouve notamment la chroniqueuse et blogueuse Judith Lussier, Dalida Awada, jeune musulmane voilée, qui est intervenue à plusieurs reprises dans les médias, et des étudiantes.
Colère
«Je suis tellement en colère, a souligné l'historienne Micheline Dumont, spécialisée dans l'histoire des femmes. Je trouve que les gens profitent de leur notoriété médiatique pour dire des énormités. Ça nuit énormément à la cause des femmes en ce moment.»
«Mme Bertrand ne parle pas de la bonne chose, lorsqu'elle dit: "Devant la perspective d'un retour en arrière je sens le besoin de prendre la parole". Un retour en arrière, c'est toujours possible», a ajouté la professeure Dumont.
«Un vrai recul pour les femmes, c'est lorsqu'on ferme un centre de femmes, c'est lorsqu'on met en danger le droit à l'avortement, lorsque Stephen Harper coupe dans les budgets destinés à la santé des femmes. Ça, c'est dangereux», a-t-elle expliqué.
Le voile
Au sujet de l'interdiction du port du voile, l'historienne n'a pas caché son désaccord. «Si j'étais discriminée comme ça, comme toutes ces femmes qui portent le voile le sont en ce moment, je le porterais pour affirmer mon identité, affirmer qui je suis», a-t-elle affirmé.
«Il y en a qui le portent par identité politique, d'autres par religion, d'autres par soumission. Chacune a sa raison de le faire et on n'a pas le droit de décider. La raison est unique à chacune», a-t-elle ajouté.
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