L’étoile du match à Isabelle Gaston
Richard Therrien
5 février 2012
D’une sobriété et d’une grande profondeur, l’inspirante entrevue qu’Isabelle Gaston a accordée hier à Tout le monde en parle a bouché tous ceux qui dénonçaient sa sortie publique. Aucune question à se poser: c’est elle qui mérite notre étoile du match cette semaine.
Si la mère endeuillée sort au grand jour, ce n’est pas pour donner un spectacle mais pour dénoncer les injustices que vivent les victimes. «La cause est plus grande que l’individu», a dit Isabelle Gaston, ébranlée mais d’une très grand force durant toute l’entrevue. On pouvait entendre une mouche voler et les silences parlaient énormément.
Personne n’a repris le flambeau selon elle pour qu’on soutienne davantage les victimes. «On ne peut pas passer sous silence des psychiatres qui vont justifier les gestes commis par la maladie mentale.»
C’est lorsqu’elle a raconté pourquoi elle a souhaité revoir ses enfants après leur mort et qu’elle a touché chacune des plaies que le ton de l’entrevue est devenu presque insoutenable. «De savoir ça m’a permis d’être un peu plus lucide.»
Malgré le drame, elle se dit contre la peine de mort, et croit qu’on peut réhabiliter les criminels. Y compris Guy Turcotte. En autant que chacun paie équitablement sa dette à la société, ce qui n’est pas encore le cas de son ex-conjoint. «Y’a personne qui va me convaincre que cette personne-là n’est pas dangereuse. Moi, j’ai peur que s’il a sa libération, ce ne sera pas terminé. Je ne vois pas quelqu’un qui a cheminé, je vois quelqu’un qui a passé trois ans à se défendre.»
Elle a songé quitter le Québec, mais a choisi d’y rester pour y exercer sa profession d’urgentologue. Aujourd’hui, elle essaie d’avoir un autre enfant par fécondation in vitro et a formulé une demande à la DPJ pour épauler un enfant en difficulté. «Je sens qu’ensemble, on peut faire avancer notre société», a-t-elle dit à un auditoire qu’on sentait captif et compatissant.
L’ambiance s’est allégée avec l’arrivée de
Nanette Workman, qui a toujours autant de mordant à son 21e album. Très drôle ce récit où elle dit avoir essayé des lits d’eau, sur l’acide, avec la femme de Roger Waters de Pink Floyd. Revenir sur l’épisode de sa relation «autodestructrice» avec Johnny Hallyday a semblé délicat. Elle sait qu’il est présentement à Montréal mais ne lui a pas parlé depuis très longtemps.
À Dany Turcotte qui s’est moqué de ses chirurgies esthétiques, Nanette a répondu que son médecin, le Dr Taché, ne pratique plus. Faut dire que dans son cas, c’est assez bien réussi.
Si
Alexandre Barrette exerce aujourd’hui le métier d’humoriste, c’est parce qu’il a vu Patrick Huard en spectacle. Il a ainsi renoncé à une carrière au tennis même s’il figurait parmi les meilleurs joueurs au Québec dans sa catégorie.
Bernard Drainville ne pouvait avoir l’air plus calme et serein qu’hier soir. Comme s’il profitait d’un léger répit. «L’esprit d’équipe [au PQ] n’a jamais été aussi fort que ce qu’il est présentement», a-t-il dit.
Le député sent qu’Amir Khadir montre plus d’ouverture que Françoise David à une alliance du PQ avec Québec solidaire. Et il réouvre la porte à Gilles Duceppe, qui ne connaît qu’«un accident de parcours» selon lui en ce moment. «Gilles Duceppe n’est pas un rival, il est toujours le bienvenu.»
En plus de réclamer des référendums d’initiatives populaires, Drainville s’est opposé à ce qu’on punisse les jeunes contrevenants comme s’ils étaient des adultes. «Mettre un jeune en dedans, c’est choisir ses amis pour la vie.»
Dans un court questionnaire, il s’est dit en faveur de la légalisation du pot, du financement public des amphithéâtres de Québec et de Laval, mais contre le péage sur les routes et l’enseignement de l’anglais plus tôt au primaire.
Aride, cette discussion sur l’affaire Shafia avec l’avocate en immigration
Sabine Venturelli et le professeur
Hadi Qaderi. En ressortait toutefois le réel manque d’information fournie aux nouveaux arrivants sur leurs droits et leurs devoirs au Canada. «Le choc culturel est très fort, il faut leur expliquer les règles, ce qu’on ne peut pas tolérer», a dit Me Venturelli.
Celle-ci a rencontré deux des trois enfants Shafia qui ont survécu au drame familial. «Ils vivent dans la crainte, ils ont peur des médias, mais si on essaie de les entourer, ils vont s’en sortir», croit-elle.
L’anthropologue
Serge Bouchard se décrit comme un baby boomer raté. «Je n’ai pas pu en profiter!»
Pour lui, le débat gauche-droite, relève d’une «paralysie intellectuelle» qui empêche d’avancer. «C’est comme s’il y avait deux sortes de monde dans le monde: ceux des Cantons de l’Est et ceux des Laurentides!»
Il croit au Plan Nord, en autant qu’il profite aussi aux Première nations, qu’il défend bec et ongle. Il dénonce une ancienne loi raciste qui affirme que «les Sauvages n’ont pas assez de capacités intellectuelles pour être civilisées», et qui est toujours en vigueur au pays.
Entrevue extrêmement sympathique avec le violoncelliste
Stéphane Tétreault, qui joue sur un Stradivarius de plus de six millions$. Le jeune homme l’a reçu d’une généreuse mécène, que Le Devoir a identifiée comme étant Jacqueline Desmarais, mais qu’il n’a pas voulu nommer hier. «Elle a l’habitude de rester discrète», a-t-il dit.
On a parlé plus de l’instrument que de musique au cours de cette entrevue. Stéphane Tétreault doit d’ailleurs acheter un billet supplémentaire à plein prix pour avoir son Stradivarius à côté de lui dans l’avion.
À 14 ans, le virtuose a donné un concert dans un avion qui transportait nul autre que Jean Chrétien.
«Enwèye, cale-ça, on va avoir du fun!» a lancé Guy A., pointant le verre de vin au jeune homme qui a tout juste 18 ans.
Il sera intéressant de voir les chiffres d’audience cet après-midi, puisqu’avec le Super Bowl et Star Académie, il y avait un trafic inhabituel à notre télé.
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