Nathalie Elgrably (page 10 Où est le gros bon sens? )
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Re: Nathalie Elgrably (page 8 Le président Obama)
Le roi déchu
Le Journal de Montréal, p. 24 / Nathalie Elgrably-Lévy, 04 juin 2009
Albert Camus nous enseignait que «Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde». On pourrait également dire que c’est une pratique sournoise visant à détourner l’attention, voire même à occulter la réalité. Le cas de GM en est la preuve.
Le constructeur a demandé au tribunal sa mise sous chapitre 11. Théoriquement, cette mesure devrait lui permettre de rester en possession de tous ses actifs, et de négocier les demandes des créanciers, les échéances de ses paiements et le montant de sa dette, tout cela afin d’assurer le retour à la rentabilité. Or, dans le cas de GM, son plan de restructuration donnera naissance à une nouvelle entité détenue à 72% par les gouvernements américain et canadien. Ne serait-il donc pas plus approprié de parler de nationalisation? À moins, bien entendu, qu’on évite d’employer le mot juste pour camoufler l’agenda socialiste de la nouvelle administration!
Évidemment, Washington a promis de rester à l’écart des décisions de gestion. Mais on peut raisonnablement douter qu’il respectera son engagement. L’administration Obama a déjà renvoyé le PDG de GM et a fixé un objectif de vente de 10 millions de voitures annuellement. Récemment, elle s’est réservé le droit de voter sur les questions de gouvernance qu’elle juge fondamentales, mais sans jamais les définir précisément. On peut donc s’attendre à ce qu’elle impose certains choix, comme la construction de voitures propres qui répondront à son souci écologique, ou l’interdiction de construire des véhicules ailleurs qu’aux États-Unis.
Mais indépendamment de l’ingérence de Washington, il faut s’interroger sur l’utilité de la nationalisation.
Tout d’abord, vu les montants investis, il faudrait que la nouvelle entité vende 14 millions de véhicules annuellement pour que l’État commence à récupérer son argent. Or, on voit mal pourquoi la nationalisation inciterait les Américains à accorder leur préférence aux véhicules GM alors qu’ils les boudent depuis longtemps. Le fait que l’entreprise appartienne à l’État serait-il devenu un argument de vente?
Ensuite, il faut se demander comment cette nationalisation affectera la capacité de financement de Ford. Comme Washington possède 60% de GM, il pourrait être tenté d’adopter des mesures ou de voter des lois qui avantageraient la nouvelle société d’État au détriment de ses rivales, créant ainsi une concurrence déloyale contre laquelle personne n’aura de recours. Le nouvel actionnariat public place tous les constructeurs en position de faiblesse par rapport à GM. Dans ce contexte, quel investisseur serait désormais disposé à prêter à Ford? Or, si ce dernier est incapable de trouver les fonds nécessaires à l’achat de capital physique ou de nouvelles technologies, il deviendra moins compétitif et pourrait à son tour recourir au chapitre 11. En voulant «sauver» GM, l’administration Obama est donc peut-être en train de fragiliser davantage les piliers d’une industrie déjà en crise.
Finalement, puisque GM et Chrysler bénéficient des largesses de l’État, ne serait-il pas logique que Ford tente également d’obtenir des fonds publics? Pouvons-nous vraiment espérer qu’elle s’évertue à assainir son bilan si le contribuable peut payer la note à sa place?
Certains diront que cette nationalisation vaut la peine au regard des emplois qu’elle permet de préserver. Or, un calcul rapide montre que, jusqu’à maintenant, chaque emploi maintenu chez GM a coûté 427 000$ aux contribuables américains, et 1,4 million $ aux contribuables canadiens. Pour les raisons invoquées ci-dessus, le coût total sera nettement plus important. On veut sauver l’industrie automobile. Soit! Mais qui sauvera le contribuable?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
© 2009 IEDM |
Le Journal de Montréal, p. 24 / Nathalie Elgrably-Lévy, 04 juin 2009
Albert Camus nous enseignait que «Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde». On pourrait également dire que c’est une pratique sournoise visant à détourner l’attention, voire même à occulter la réalité. Le cas de GM en est la preuve.
Le constructeur a demandé au tribunal sa mise sous chapitre 11. Théoriquement, cette mesure devrait lui permettre de rester en possession de tous ses actifs, et de négocier les demandes des créanciers, les échéances de ses paiements et le montant de sa dette, tout cela afin d’assurer le retour à la rentabilité. Or, dans le cas de GM, son plan de restructuration donnera naissance à une nouvelle entité détenue à 72% par les gouvernements américain et canadien. Ne serait-il donc pas plus approprié de parler de nationalisation? À moins, bien entendu, qu’on évite d’employer le mot juste pour camoufler l’agenda socialiste de la nouvelle administration!
Évidemment, Washington a promis de rester à l’écart des décisions de gestion. Mais on peut raisonnablement douter qu’il respectera son engagement. L’administration Obama a déjà renvoyé le PDG de GM et a fixé un objectif de vente de 10 millions de voitures annuellement. Récemment, elle s’est réservé le droit de voter sur les questions de gouvernance qu’elle juge fondamentales, mais sans jamais les définir précisément. On peut donc s’attendre à ce qu’elle impose certains choix, comme la construction de voitures propres qui répondront à son souci écologique, ou l’interdiction de construire des véhicules ailleurs qu’aux États-Unis.
Mais indépendamment de l’ingérence de Washington, il faut s’interroger sur l’utilité de la nationalisation.
Tout d’abord, vu les montants investis, il faudrait que la nouvelle entité vende 14 millions de véhicules annuellement pour que l’État commence à récupérer son argent. Or, on voit mal pourquoi la nationalisation inciterait les Américains à accorder leur préférence aux véhicules GM alors qu’ils les boudent depuis longtemps. Le fait que l’entreprise appartienne à l’État serait-il devenu un argument de vente?
Ensuite, il faut se demander comment cette nationalisation affectera la capacité de financement de Ford. Comme Washington possède 60% de GM, il pourrait être tenté d’adopter des mesures ou de voter des lois qui avantageraient la nouvelle société d’État au détriment de ses rivales, créant ainsi une concurrence déloyale contre laquelle personne n’aura de recours. Le nouvel actionnariat public place tous les constructeurs en position de faiblesse par rapport à GM. Dans ce contexte, quel investisseur serait désormais disposé à prêter à Ford? Or, si ce dernier est incapable de trouver les fonds nécessaires à l’achat de capital physique ou de nouvelles technologies, il deviendra moins compétitif et pourrait à son tour recourir au chapitre 11. En voulant «sauver» GM, l’administration Obama est donc peut-être en train de fragiliser davantage les piliers d’une industrie déjà en crise.
Finalement, puisque GM et Chrysler bénéficient des largesses de l’État, ne serait-il pas logique que Ford tente également d’obtenir des fonds publics? Pouvons-nous vraiment espérer qu’elle s’évertue à assainir son bilan si le contribuable peut payer la note à sa place?
Certains diront que cette nationalisation vaut la peine au regard des emplois qu’elle permet de préserver. Or, un calcul rapide montre que, jusqu’à maintenant, chaque emploi maintenu chez GM a coûté 427 000$ aux contribuables américains, et 1,4 million $ aux contribuables canadiens. Pour les raisons invoquées ci-dessus, le coût total sera nettement plus important. On veut sauver l’industrie automobile. Soit! Mais qui sauvera le contribuable?
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Re: Nathalie Elgrably (page 8 Le président Obama)
Quelle déréglementation?
Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 11 juin 2009
La déréglementation tous azimuts, nous le savons tous, est l'élément déclencheur de la crise économique. Et si le Canada est moins touché, c'est grâce à un système bancaire rigoureusement contrôlé. C'est du moins ce que tout le monde répète de manière mécanique depuis des mois, comme si c'était une vérité formelle. Lundi, c'était au tour de Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, d'y aller d'une déclaration similaire.
Mais de quelle déréglementation s'agit-il? Voilà bien une question à laquelle les partisans de la théorie de la déréglementation sont incapables de répondre!
Et pour cause: il n'y a eu aucune déréglementation importante. Certes, il y a eu la suppression graduelle du Glass-Steagall Act de 1933 qui imposait une séparation entre les banques de dépôt et les banques d'investissement. Mais il serait illogique et malhonnête de lui attribuer les déboires du système bancaire, car il n'a fait que consentir aux banques américaines les mêmes droits que ceux dont jouissent les institutions canadiennes et européennes qui, elles, se portent bien.
Il y a eu également le Riegle-Neal Act de 1994 qui visait à libérer les banques des contraintes géographiques en leur permettant d'ouvrir des succursales n'importe où aux États-Unis. Toutefois, cette nouvelle liberté ne peut être tenue responsable de la crise. D'une part, loin de perturber l'équilibre du système bancaire, le Riegle-Neal Act en augmente la stabilité, car il permet aux institutions de répartir leurs risques sur un plus grand territoire. D'autre part, les banques canadiennes ont toujours été libres d'opérer n'importe où au pays, sans que cela compromette la santé du système bancaire.
En revanche, les budgets alloués aux agences de réglementation augmentent depuis plus de 20 ans. Aujourd'hui, plus de 12 000 fonctionnaires s'affairent à faire respecter les centaines de milliers de pages de réglementation dont les marchés financiers font l'objet.
Notons également qu'en 1995, afin d'augmenter l'accès à la propriété, Washington renforce le Community Reinvestment Act pour contraindre les banques à octroyer des prêts hypothécaires aux minorités défavorisées, et particulièrement aux communautés noire et hispanique. Aussi absurde que cela puisse paraître, les banques devaient abandonner leurs critères de sélection traditionnels et prêter à des clients à risque pour éviter d'être accusées de discrimination et d'être poursuivies par le gouvernement fédéral.
Pour encourager les banques à prêter, Fannie Mae et Freddie Mac, deux sociétés créées par le gouvernement américain, étaient chargées d'acheter les hypothèques à risque auprès des banques, de les assembler et de les revendre sur le marché mondial. Or, en permettant aux établissements financiers de se débarrasser facilement de leurs créances douteuses, on les déresponsabilise. Il ne faut donc pas être surpris qu'ils aient multiplié les prêts à des clients insolvables.
Finalement, la Réserve fédérale réduit son taux directeur à 1% en 2004. Mais, après avoir été incités à s'endetter au maximum de leur capacité, beaucoup d'Américains ont été étranglés par le poids de leurs dettes dès que les taux d'intérêt ont commencé à augmenter.
Il est de bon ton de répéter comme un perroquet que la déréglementation et le capitalisme sauvage sont à l'origine de la crise. Mais quand on oblige les banques à prêter contre leur gré, où est la déréglementation? Quand Fannie Mae et Freddie Mac inondent la planète d'actifs toxiques, où est la déréglementation? Quand la politique monétaire de la Fed pousse à l'endettement, où est la déréglementation? Se pourrait-il que nous nous soyons trompés de coupable?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 11 juin 2009
La déréglementation tous azimuts, nous le savons tous, est l'élément déclencheur de la crise économique. Et si le Canada est moins touché, c'est grâce à un système bancaire rigoureusement contrôlé. C'est du moins ce que tout le monde répète de manière mécanique depuis des mois, comme si c'était une vérité formelle. Lundi, c'était au tour de Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, d'y aller d'une déclaration similaire.
Mais de quelle déréglementation s'agit-il? Voilà bien une question à laquelle les partisans de la théorie de la déréglementation sont incapables de répondre!
Et pour cause: il n'y a eu aucune déréglementation importante. Certes, il y a eu la suppression graduelle du Glass-Steagall Act de 1933 qui imposait une séparation entre les banques de dépôt et les banques d'investissement. Mais il serait illogique et malhonnête de lui attribuer les déboires du système bancaire, car il n'a fait que consentir aux banques américaines les mêmes droits que ceux dont jouissent les institutions canadiennes et européennes qui, elles, se portent bien.
Il y a eu également le Riegle-Neal Act de 1994 qui visait à libérer les banques des contraintes géographiques en leur permettant d'ouvrir des succursales n'importe où aux États-Unis. Toutefois, cette nouvelle liberté ne peut être tenue responsable de la crise. D'une part, loin de perturber l'équilibre du système bancaire, le Riegle-Neal Act en augmente la stabilité, car il permet aux institutions de répartir leurs risques sur un plus grand territoire. D'autre part, les banques canadiennes ont toujours été libres d'opérer n'importe où au pays, sans que cela compromette la santé du système bancaire.
En revanche, les budgets alloués aux agences de réglementation augmentent depuis plus de 20 ans. Aujourd'hui, plus de 12 000 fonctionnaires s'affairent à faire respecter les centaines de milliers de pages de réglementation dont les marchés financiers font l'objet.
Notons également qu'en 1995, afin d'augmenter l'accès à la propriété, Washington renforce le Community Reinvestment Act pour contraindre les banques à octroyer des prêts hypothécaires aux minorités défavorisées, et particulièrement aux communautés noire et hispanique. Aussi absurde que cela puisse paraître, les banques devaient abandonner leurs critères de sélection traditionnels et prêter à des clients à risque pour éviter d'être accusées de discrimination et d'être poursuivies par le gouvernement fédéral.
Pour encourager les banques à prêter, Fannie Mae et Freddie Mac, deux sociétés créées par le gouvernement américain, étaient chargées d'acheter les hypothèques à risque auprès des banques, de les assembler et de les revendre sur le marché mondial. Or, en permettant aux établissements financiers de se débarrasser facilement de leurs créances douteuses, on les déresponsabilise. Il ne faut donc pas être surpris qu'ils aient multiplié les prêts à des clients insolvables.
Finalement, la Réserve fédérale réduit son taux directeur à 1% en 2004. Mais, après avoir été incités à s'endetter au maximum de leur capacité, beaucoup d'Américains ont été étranglés par le poids de leurs dettes dès que les taux d'intérêt ont commencé à augmenter.
Il est de bon ton de répéter comme un perroquet que la déréglementation et le capitalisme sauvage sont à l'origine de la crise. Mais quand on oblige les banques à prêter contre leur gré, où est la déréglementation? Quand Fannie Mae et Freddie Mac inondent la planète d'actifs toxiques, où est la déréglementation? Quand la politique monétaire de la Fed pousse à l'endettement, où est la déréglementation? Se pourrait-il que nous nous soyons trompés de coupable?
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 déréglementation et crise économ)
En avoir pour son argent (1)
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably-Lévy, 18 juin 2009
Crise financière oblige, cela fait plusieurs mois que les médias nous bombardent de termes jusqu'ici méconnus: papier commercial adossé à des actifs; titrisation; subprime; dérivé de crédit; actif toxique; etc.
Récemment, une autre expression spécifique aux banques centrales a fait son entrée dans notre vocabulaire usuel. Il s'agit de l'«assouplissement quantitatif» en vertu duquel une Banque centrale achète des obligations gouvernementales et/ou corporatives afin d'injecter de l'argent neuf sur les marchés financiers. En termes simples, ceci signifie qu'elle fait fonctionner la planche à billets. La Réserve fédérale, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne sont d'ailleurs bien familières avec ce genre de mesure. Au Canada, M. Mark Carney, gouverneur de la Banque centrale, a récemment laissé entendre qu'il envisage également le recours à l'impression de monnaie.
Évidemment, on nous dit que l'assouplissement quantitatif permet de lutter contre la crise économique et de stimuler la croissance. Si c'était réellement le cas, le Zimbabwe, qui fait intensivement fonctionner sa planche à billets, devrait être aujourd'hui le pays le plus riche de la planète. Or, il vit un cataclysme économique sans précédent. Selon les dernières statistiques, ce pays enregistre un taux d'inflation de 231 000 000%, tandis que la base de production est anéantie!
Ce résultat découle d'une confusion entre l'argent et la richesse. On s'imagine qu'il suffit de mettre davantage de monnaie entre les mains des consommateurs pour que le pays prospère. C'est une erreur! La richesse, c'est notre capacité à produire des biens et services. La monnaie n'est qu'un outil pour faciliter les échanges. On est riche, non pas parce qu'on possède beaucoup d'argent, mais bien parce qu'on produit quelque chose que la société valorise.
L'assouplissement quantitatif n'étant pas synonyme de production, il ne contribue en rien à la prospérité. Par contre, comme il augmente la quantité de monnaie en circulation, il réduit la valeur de l'argent. Certes, les partisans de cette mesure prétendent que si les gens dépensent davantage, la production augmente. Ce n'est pas si simple, car nous sommes limités par notre capacité de production.
Ainsi, même si la Banque centrale versait un million de dollars dans le compte bancaire de chacun d'entre nous, nous ne serions pas plus riches. Nous aurions temporairement une illusion de richesse, mais lorsque les magasins seront incapables de répondre à la demande des millions de consommateurs frénétiques, les prix augmenteront. Au bout du compte, notre portefeuille sera plus épais, mais nous ne consommerons pas plus qu'avant. Les Zimbabwéens ont tous des valises pleines de billets de 100 milliards, mais c'est à peine suffisant pour acheter quelques produits d'épicerie! Ce qui importe, ce n'est ni la quantité de billets dont nous disposons ni leur valeur nominale, mais bien le pouvoir d'achat de chacun d'eux.
En conséquence, si l'assouplissement quantitatif ne nous rend pas plus productifs, il est en revanche annonciateur d'inflation. En effet, plus on injecte de liquidités, plus les prix augmentent. L'inflation n'est donc pas un phénomène naturel face auquel nous sommes impuissants. Milton Friedman, Prix Nobel d'économie, affirmait que «l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire», ce qui signifie que c'est la Banque centrale, et elle seule, qui est responsable des augmentations soutenues du niveau moyen des prix.
Mais quelles sont les conséquences de l'inflation sur nos vies? Une inflation faible, comme celle que préconise Mark Carney, n'est-elle pas souhaitable pour le bon fonctionnement de l'économie? C'est ce qu'on tente de nous faire croire, mais est-ce réellement le cas? C'est ce que nous examinerons la semaine prochaine.
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
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Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably-Lévy, 18 juin 2009
Crise financière oblige, cela fait plusieurs mois que les médias nous bombardent de termes jusqu'ici méconnus: papier commercial adossé à des actifs; titrisation; subprime; dérivé de crédit; actif toxique; etc.
Récemment, une autre expression spécifique aux banques centrales a fait son entrée dans notre vocabulaire usuel. Il s'agit de l'«assouplissement quantitatif» en vertu duquel une Banque centrale achète des obligations gouvernementales et/ou corporatives afin d'injecter de l'argent neuf sur les marchés financiers. En termes simples, ceci signifie qu'elle fait fonctionner la planche à billets. La Réserve fédérale, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne sont d'ailleurs bien familières avec ce genre de mesure. Au Canada, M. Mark Carney, gouverneur de la Banque centrale, a récemment laissé entendre qu'il envisage également le recours à l'impression de monnaie.
Évidemment, on nous dit que l'assouplissement quantitatif permet de lutter contre la crise économique et de stimuler la croissance. Si c'était réellement le cas, le Zimbabwe, qui fait intensivement fonctionner sa planche à billets, devrait être aujourd'hui le pays le plus riche de la planète. Or, il vit un cataclysme économique sans précédent. Selon les dernières statistiques, ce pays enregistre un taux d'inflation de 231 000 000%, tandis que la base de production est anéantie!
Ce résultat découle d'une confusion entre l'argent et la richesse. On s'imagine qu'il suffit de mettre davantage de monnaie entre les mains des consommateurs pour que le pays prospère. C'est une erreur! La richesse, c'est notre capacité à produire des biens et services. La monnaie n'est qu'un outil pour faciliter les échanges. On est riche, non pas parce qu'on possède beaucoup d'argent, mais bien parce qu'on produit quelque chose que la société valorise.
L'assouplissement quantitatif n'étant pas synonyme de production, il ne contribue en rien à la prospérité. Par contre, comme il augmente la quantité de monnaie en circulation, il réduit la valeur de l'argent. Certes, les partisans de cette mesure prétendent que si les gens dépensent davantage, la production augmente. Ce n'est pas si simple, car nous sommes limités par notre capacité de production.
Ainsi, même si la Banque centrale versait un million de dollars dans le compte bancaire de chacun d'entre nous, nous ne serions pas plus riches. Nous aurions temporairement une illusion de richesse, mais lorsque les magasins seront incapables de répondre à la demande des millions de consommateurs frénétiques, les prix augmenteront. Au bout du compte, notre portefeuille sera plus épais, mais nous ne consommerons pas plus qu'avant. Les Zimbabwéens ont tous des valises pleines de billets de 100 milliards, mais c'est à peine suffisant pour acheter quelques produits d'épicerie! Ce qui importe, ce n'est ni la quantité de billets dont nous disposons ni leur valeur nominale, mais bien le pouvoir d'achat de chacun d'eux.
En conséquence, si l'assouplissement quantitatif ne nous rend pas plus productifs, il est en revanche annonciateur d'inflation. En effet, plus on injecte de liquidités, plus les prix augmentent. L'inflation n'est donc pas un phénomène naturel face auquel nous sommes impuissants. Milton Friedman, Prix Nobel d'économie, affirmait que «l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire», ce qui signifie que c'est la Banque centrale, et elle seule, qui est responsable des augmentations soutenues du niveau moyen des prix.
Mais quelles sont les conséquences de l'inflation sur nos vies? Une inflation faible, comme celle que préconise Mark Carney, n'est-elle pas souhaitable pour le bon fonctionnement de l'économie? C'est ce qu'on tente de nous faire croire, mais est-ce réellement le cas? C'est ce que nous examinerons la semaine prochaine.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 déréglementation et crise économ)
En avoir pour son argent (2)
Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 25 juin 2009
J’ai consacré ma chronique de la semaine dernière à l’assouplissement quantitatif. Nous avons vu que par ce terme pseudo-scientifique, il faut simplement entendre que la Banque Centrale injecte de la monnaie dans l’économie sous forme de billets ou de virements électroniques.
Or, quand on augmente la quantité de monnaie en circulation, l’argent perd de sa valeur et il faut offrir une quantité de monnaie toujours plus grande pour se procurer les biens convoités. L’injection de liquidités occasionne une dévaluation de la monnaie et est donc responsable de la hausse généralisée du niveau des prix, communément appelée inflation.
Néanmoins, Ben Bernanke, le président de la Fed, a injecté à plusieurs reprises des sommes importantes. Quant à Mark Carney, le gouverneur de notre Banque Centrale, il a récemment déclaré qu’il envisage l’assouplissement quantitatif. Selon eux, et selon la plupart des économistes de l’école keynésienne, un taux d’inflation modéré serait nécessaire au bon fonctionnement de l’économie. La Banque du Canada s’évertue d’ailleurs à maintenir le taux d’inflation dans une fourchette de 1% à 3%.
Quel que soit son taux, l’inflation fait des gagnants et des perdants. Les gagnants sont ceux qui disposent en premier du nouvel argent, car ils peuvent le dépenser avant qu’il ne se déprécie. Ainsi, l’État qui monétise son déficit, ses fournisseurs et les bénéficiaires des plans de relance s’enrichissent. Ils ont les moyens de dépenser davantage, mais il n’y a pas nécessairement une hausse de la production. C’est alors que les prix se mettent à augmenter. Et plus on injecte des liquidités, plus les prix grimpent.
La classe moyenne, les épargnants, les démunis, et ceux qui vivent de revenus fixes sont les grands perdants. Comme ils n’entretiennent pas une relation privilégiée avec l’État ou la Banque Centrale, ils ne profitent pas de l’injection de monnaie. Pis encore : ils s’appauvrissent, car ils se trouvent à posséder des billets dont le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer. Par exemple, même si un taux d’inflation annuel de 2,5% paraît insignifiant, il occasionne une réduction de 50% du pouvoir d’achat en moins de trente ans. L’inflation est donc une taxe cachée qui redistribue la richesse des plus pauvres vers l’État et ses partenaires. C’est un vol!
On prétend que l’inflation est nécessaire et bénéfique à la croissance économique. Pourtant, entre 1800 et 1913, il n’y eut pratiquement aucune inflation aux États-Unis. Non seulement les prix étaient-ils stables pour l’essentiel de la période, mais ils avaient même diminué vers la fin du 19e siècle. Malgré tout, l’Oncle Sam s’est industrialisé et a été prospère.
Alors pourquoi provoquer de l’inflation? Tout simplement parce qu’elle bénéfice fortement à celui qui est endetté, car elle réduit la valeur réelle de sa créance.
Et quel pays a vu sa dette doubler au cours de la dernière année, et la doublera encore au cours de la prochaine décennie? Qui est contraint d’emprunter 1300 milliards $ cette année uniquement? Les États-Unis!
Dans les faits, l’inflation nuit à ceux qui travaillent dur pour leur argent, et permet à des gouvernements qui se sont endettés de manière suicidaire d’alléger subtilement le fardeau de leurs engagements. Manifestement, l’administration Obama privilégie une vision à court terme en tentant de régler ses problèmes financiers en profitant des politiques inflationnistes de la Fed, même si cela doit appauvrir des millions d’Américains. Est-il donc vraiment nécessaire que notre Banque Centrale imite les initiatives lamentables de nos voisins du Sud?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 25 juin 2009
J’ai consacré ma chronique de la semaine dernière à l’assouplissement quantitatif. Nous avons vu que par ce terme pseudo-scientifique, il faut simplement entendre que la Banque Centrale injecte de la monnaie dans l’économie sous forme de billets ou de virements électroniques.
Or, quand on augmente la quantité de monnaie en circulation, l’argent perd de sa valeur et il faut offrir une quantité de monnaie toujours plus grande pour se procurer les biens convoités. L’injection de liquidités occasionne une dévaluation de la monnaie et est donc responsable de la hausse généralisée du niveau des prix, communément appelée inflation.
Néanmoins, Ben Bernanke, le président de la Fed, a injecté à plusieurs reprises des sommes importantes. Quant à Mark Carney, le gouverneur de notre Banque Centrale, il a récemment déclaré qu’il envisage l’assouplissement quantitatif. Selon eux, et selon la plupart des économistes de l’école keynésienne, un taux d’inflation modéré serait nécessaire au bon fonctionnement de l’économie. La Banque du Canada s’évertue d’ailleurs à maintenir le taux d’inflation dans une fourchette de 1% à 3%.
Quel que soit son taux, l’inflation fait des gagnants et des perdants. Les gagnants sont ceux qui disposent en premier du nouvel argent, car ils peuvent le dépenser avant qu’il ne se déprécie. Ainsi, l’État qui monétise son déficit, ses fournisseurs et les bénéficiaires des plans de relance s’enrichissent. Ils ont les moyens de dépenser davantage, mais il n’y a pas nécessairement une hausse de la production. C’est alors que les prix se mettent à augmenter. Et plus on injecte des liquidités, plus les prix grimpent.
La classe moyenne, les épargnants, les démunis, et ceux qui vivent de revenus fixes sont les grands perdants. Comme ils n’entretiennent pas une relation privilégiée avec l’État ou la Banque Centrale, ils ne profitent pas de l’injection de monnaie. Pis encore : ils s’appauvrissent, car ils se trouvent à posséder des billets dont le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer. Par exemple, même si un taux d’inflation annuel de 2,5% paraît insignifiant, il occasionne une réduction de 50% du pouvoir d’achat en moins de trente ans. L’inflation est donc une taxe cachée qui redistribue la richesse des plus pauvres vers l’État et ses partenaires. C’est un vol!
On prétend que l’inflation est nécessaire et bénéfique à la croissance économique. Pourtant, entre 1800 et 1913, il n’y eut pratiquement aucune inflation aux États-Unis. Non seulement les prix étaient-ils stables pour l’essentiel de la période, mais ils avaient même diminué vers la fin du 19e siècle. Malgré tout, l’Oncle Sam s’est industrialisé et a été prospère.
Alors pourquoi provoquer de l’inflation? Tout simplement parce qu’elle bénéfice fortement à celui qui est endetté, car elle réduit la valeur réelle de sa créance.
Et quel pays a vu sa dette doubler au cours de la dernière année, et la doublera encore au cours de la prochaine décennie? Qui est contraint d’emprunter 1300 milliards $ cette année uniquement? Les États-Unis!
Dans les faits, l’inflation nuit à ceux qui travaillent dur pour leur argent, et permet à des gouvernements qui se sont endettés de manière suicidaire d’alléger subtilement le fardeau de leurs engagements. Manifestement, l’administration Obama privilégie une vision à court terme en tentant de régler ses problèmes financiers en profitant des politiques inflationnistes de la Fed, même si cela doit appauvrir des millions d’Américains. Est-il donc vraiment nécessaire que notre Banque Centrale imite les initiatives lamentables de nos voisins du Sud?
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 déréglementation et crise économ)
Le triomphe de l’émotion sur la raison
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 02 juillet 2009
Pendant que la planète pleurait la mort de Michael Jackson, la nouvelle administration, qui avait pourtant promis d’être un modèle en matière de transparence, a adopté en toute hâte la loi Waxman-Markey sur le plafonnement et l’échange d’émissions de GES (Cap and Trade) sans que personne n’ait lu le texte de 1500 pages.
Mais faut-il en être surpris? Après tout, n’est-ce pas cette même administration qui a accepté également de dépenser 787 milliards $ en faveur d’un plan de relance de 1000 pages dont personne n’avait pris connaissance?
Pour justifier son empressement, Washington invoque l’urgence de lutter contre les changements climatiques. Pourtant, la température a diminué depuis 1998, et plus de 35 000 scientifiques mondialement reconnus contestent la contribution de l’activité humaine à l’augmentation des CO2. Mais cela semble insuffisant pour inciter Washington à reconsidérer sa politique environnementale. À moins que ce ne soit précisément la croissance rapide du nombre de sceptiques qui motive la Maison Blanche à agir vite avant que le mouvement de contestation ne paralyse son agenda.
Et puis, pourquoi un texte de 1500 pages? Ne pouvait-on pas exprimer cette loi en quelques pages? Pour être aussi long, elle doit certainement contenir une série d’exceptions, de cas particuliers et, surtout, de privilèges spéciaux. Or, ceci ouvre la voie aux traitements de faveur et à la corruption, autant de comportements qui ne peuvent que nuire au bon fonctionnement de l’économie.
Comme cette loi permet à l’Oncle Sam d’imposer des tarifs douaniers sur les importations en provenance de pays qui n’imposent pas des normes environnementales similaires, Ottawa risque de se sentir forcé d’emboiter le pas afin d’éviter une guerre commerciale. Mais cette loi est coûteuse. Elle constitue la plus importante augmentation d’impôt de l’histoire des États-Unis. Chaque ménage devra débourser entre 1500$ et 3000$ de plus annuellement pour ses besoins énergétiques uniquement. À cela, il faut ajouter les coûts importants que devront supporter les entreprises, et qui seront très certainement refilés aux consommateurs.
En revanche, Barack Obama promet que cette loi permettra la création de nombreux «emplois verts» et cite en exemple le modèle espagnol dont il s’est inspiré. Or, le professeur espagnol Gabriel Calzada de l’Universidad Rey Juan Carlos, a récemment publié une étude sur les coûts qu’une telle politique environnementale a occasionnés à son pays. Il conclut que la création d’«emplois verts» n’est que temporaire, mais excessivement coûteuse: entre 752 000$ et 1,4 million $ pour chaque emploi créé. Il constate également que chaque «emploi vert» fait disparaître 2,2, emplois traditionnels.
Malgré tout, Washington défend la politique de plafonnement et d’échange, car elle contribuerait à sauver la planète. Or, en se basant sur le modèle MAGICC (Model for the Asessment of Greenhouse-gas Induced climate Change) employé par Washington, l’adoption d’une telle loi permettrait de réduire la température d’à peine 0.2ºF d’ici 2100. Quand on sait que les variations annuelles et naturelles de la température moyenne sont du même ordre, les résultats ne peuvent qu’être décevants.
Même dans l’hypothèse extravagante où tous les pays qui ont ratifié Kyoto adoptent une loi identique à celle concoctée par Washington, la température diminuerait de 0.4ºF d’ici la fin du siècle: un effort titanesque pour un résultat insignifiant.
Que l’activité humaine soit responsable ou non des émissions de CO2, la protection de l’environnement demeure une valeur universelle incontestable. Toutefois, la loi Waxman-Markey est difficilement justifiable. Son adoption atteste du triomphe de l’émotion sur la raison. Espérons qu’Ottawa fera preuve de plus de sagesse!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 02 juillet 2009
Pendant que la planète pleurait la mort de Michael Jackson, la nouvelle administration, qui avait pourtant promis d’être un modèle en matière de transparence, a adopté en toute hâte la loi Waxman-Markey sur le plafonnement et l’échange d’émissions de GES (Cap and Trade) sans que personne n’ait lu le texte de 1500 pages.
Mais faut-il en être surpris? Après tout, n’est-ce pas cette même administration qui a accepté également de dépenser 787 milliards $ en faveur d’un plan de relance de 1000 pages dont personne n’avait pris connaissance?
Pour justifier son empressement, Washington invoque l’urgence de lutter contre les changements climatiques. Pourtant, la température a diminué depuis 1998, et plus de 35 000 scientifiques mondialement reconnus contestent la contribution de l’activité humaine à l’augmentation des CO2. Mais cela semble insuffisant pour inciter Washington à reconsidérer sa politique environnementale. À moins que ce ne soit précisément la croissance rapide du nombre de sceptiques qui motive la Maison Blanche à agir vite avant que le mouvement de contestation ne paralyse son agenda.
Et puis, pourquoi un texte de 1500 pages? Ne pouvait-on pas exprimer cette loi en quelques pages? Pour être aussi long, elle doit certainement contenir une série d’exceptions, de cas particuliers et, surtout, de privilèges spéciaux. Or, ceci ouvre la voie aux traitements de faveur et à la corruption, autant de comportements qui ne peuvent que nuire au bon fonctionnement de l’économie.
Comme cette loi permet à l’Oncle Sam d’imposer des tarifs douaniers sur les importations en provenance de pays qui n’imposent pas des normes environnementales similaires, Ottawa risque de se sentir forcé d’emboiter le pas afin d’éviter une guerre commerciale. Mais cette loi est coûteuse. Elle constitue la plus importante augmentation d’impôt de l’histoire des États-Unis. Chaque ménage devra débourser entre 1500$ et 3000$ de plus annuellement pour ses besoins énergétiques uniquement. À cela, il faut ajouter les coûts importants que devront supporter les entreprises, et qui seront très certainement refilés aux consommateurs.
En revanche, Barack Obama promet que cette loi permettra la création de nombreux «emplois verts» et cite en exemple le modèle espagnol dont il s’est inspiré. Or, le professeur espagnol Gabriel Calzada de l’Universidad Rey Juan Carlos, a récemment publié une étude sur les coûts qu’une telle politique environnementale a occasionnés à son pays. Il conclut que la création d’«emplois verts» n’est que temporaire, mais excessivement coûteuse: entre 752 000$ et 1,4 million $ pour chaque emploi créé. Il constate également que chaque «emploi vert» fait disparaître 2,2, emplois traditionnels.
Malgré tout, Washington défend la politique de plafonnement et d’échange, car elle contribuerait à sauver la planète. Or, en se basant sur le modèle MAGICC (Model for the Asessment of Greenhouse-gas Induced climate Change) employé par Washington, l’adoption d’une telle loi permettrait de réduire la température d’à peine 0.2ºF d’ici 2100. Quand on sait que les variations annuelles et naturelles de la température moyenne sont du même ordre, les résultats ne peuvent qu’être décevants.
Même dans l’hypothèse extravagante où tous les pays qui ont ratifié Kyoto adoptent une loi identique à celle concoctée par Washington, la température diminuerait de 0.4ºF d’ici la fin du siècle: un effort titanesque pour un résultat insignifiant.
Que l’activité humaine soit responsable ou non des émissions de CO2, la protection de l’environnement demeure une valeur universelle incontestable. Toutefois, la loi Waxman-Markey est difficilement justifiable. Son adoption atteste du triomphe de l’émotion sur la raison. Espérons qu’Ottawa fera preuve de plus de sagesse!
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 Washington et la loi sur les GES)
Deux poids, deux mesures
Le Journal de Montréal, p. 28 / Nathalie Elgrably-Lévy, 08 juillet 2009
Les maisons de crédit sont dans la mire des gouvernements. Il y cinq semaines, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, annonçait neuf mesures de réglementation pour protéger les détenteurs de cartes. Puis, jeudi dernier, le Comité sénatorial des banques et du commerce déclare qu'il faut davantage réglementer les fournisseurs de cartes de crédit en créant un comité de surveillance qui aurait le pouvoir d'imposer un plafonnement des frais et des taux d'intérêt.
Une telle réglementation parait nécessaire, nous dit-on, car les maisons de crédit exigent des taux de l'ordre de 18% à 19%, et se rendent coupables de manipuler, voire d'abuser des détenteurs de cartes, en plus d'accompagner leurs produits de contrats compliqués et confus. Soit! Alors appliquons ce raisonnement jusqu'au bout.
Comment réagir face à une institution qui, en plus de réclamer des intérêts sur les montants dus, impose une pénalité de 5% du solde impayé, plus 1% du solde impayé par mois de retard? Et que dire du fait que cette pénalité augmente à 10%, plus 2% par mois de retard dès la deuxième offense? N'est-ce pas abusif, voire usuraire?
Quant au «contrat» auquel cette institution se réfère, il est si hermétique et l'information y est si dense que seuls des professionnels l'ayant étudié pendant plusieurs années peuvent espérer y voir clair. Si l'État a raison d'imposer aux maisons de crédit plus de clarté et de transparence, ne devrait-il pas être tout aussi exigeant envers une telle institution?
C'est ce que dicte la logique. Mais alors pourquoi n'en est-il rien? Tout simplement parce que cette institution, c'est le fisc: les frais en question sont des pénalités fiscales, et le contrat fait référence à la loi de l'impôt sur le revenu. Ainsi, le contribuable qui déposerait aujourd'hui ses déclarations avec un an de retard serait contraint de payer des pénalités et des frais d'intérêt de l'ordre de 24% au provincial et de 23% au fédéral. Certes, il suffit de respecter les échéances pour éviter de telles pénalités. Mais n'en est-il pas de même pour les cartes de crédit? L'État ne devrait-il donc pas prêcher par l'exemple en révisant ses façons de faire? Les défenseurs de la justice, de l'équité et de la solidarité sociale ne devraient-ils pas être scandalisés face à une politique à de deux poids deux mesures?
À cette incohérence vient s'en ajouter une autre qui pourrait être lourde de conséquences. Nous savons maintenant que la crise du crédit trouve ses origines dans des politiques obligeant les banques à abandonner leurs critères de sélection et à prêter à des clients à risque. En voulant aider les moins nantis à accéder à la propriété, on a déclenché une gigantesque bulle immobilière pour laquelle nous payons maintenant le prix.
Aujourd'hui, on s'apprête à reproduire le même scénario en voulant faire plafonner les taux d'intérêt exigés par les fournisseurs de cartes. Les sentiments qui motivent une telle politique sont certainement nobles, mais il reste que plus le crédit est abordable, plus les gens y ont recours, plus l'endettement augmente, et plus on attire de clients insolvables. Or, dans un contexte où l'endettement à la consommation n'a pas cessé d'augmenter pour atteindre maintenant 9691$ par Québécois, cette mesure est certainement risquée, voir kamikaze.
Nous sommes en train d'assembler les conditions nécessaires à la création d'une bulle du crédit. Et comme toute bulle, elle finira par exploser. N'avons-nous donc rien appris des erreurs du passé?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
Le Journal de Montréal, p. 28 / Nathalie Elgrably-Lévy, 08 juillet 2009
Les maisons de crédit sont dans la mire des gouvernements. Il y cinq semaines, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, annonçait neuf mesures de réglementation pour protéger les détenteurs de cartes. Puis, jeudi dernier, le Comité sénatorial des banques et du commerce déclare qu'il faut davantage réglementer les fournisseurs de cartes de crédit en créant un comité de surveillance qui aurait le pouvoir d'imposer un plafonnement des frais et des taux d'intérêt.
Une telle réglementation parait nécessaire, nous dit-on, car les maisons de crédit exigent des taux de l'ordre de 18% à 19%, et se rendent coupables de manipuler, voire d'abuser des détenteurs de cartes, en plus d'accompagner leurs produits de contrats compliqués et confus. Soit! Alors appliquons ce raisonnement jusqu'au bout.
Comment réagir face à une institution qui, en plus de réclamer des intérêts sur les montants dus, impose une pénalité de 5% du solde impayé, plus 1% du solde impayé par mois de retard? Et que dire du fait que cette pénalité augmente à 10%, plus 2% par mois de retard dès la deuxième offense? N'est-ce pas abusif, voire usuraire?
Quant au «contrat» auquel cette institution se réfère, il est si hermétique et l'information y est si dense que seuls des professionnels l'ayant étudié pendant plusieurs années peuvent espérer y voir clair. Si l'État a raison d'imposer aux maisons de crédit plus de clarté et de transparence, ne devrait-il pas être tout aussi exigeant envers une telle institution?
C'est ce que dicte la logique. Mais alors pourquoi n'en est-il rien? Tout simplement parce que cette institution, c'est le fisc: les frais en question sont des pénalités fiscales, et le contrat fait référence à la loi de l'impôt sur le revenu. Ainsi, le contribuable qui déposerait aujourd'hui ses déclarations avec un an de retard serait contraint de payer des pénalités et des frais d'intérêt de l'ordre de 24% au provincial et de 23% au fédéral. Certes, il suffit de respecter les échéances pour éviter de telles pénalités. Mais n'en est-il pas de même pour les cartes de crédit? L'État ne devrait-il donc pas prêcher par l'exemple en révisant ses façons de faire? Les défenseurs de la justice, de l'équité et de la solidarité sociale ne devraient-ils pas être scandalisés face à une politique à de deux poids deux mesures?
À cette incohérence vient s'en ajouter une autre qui pourrait être lourde de conséquences. Nous savons maintenant que la crise du crédit trouve ses origines dans des politiques obligeant les banques à abandonner leurs critères de sélection et à prêter à des clients à risque. En voulant aider les moins nantis à accéder à la propriété, on a déclenché une gigantesque bulle immobilière pour laquelle nous payons maintenant le prix.
Aujourd'hui, on s'apprête à reproduire le même scénario en voulant faire plafonner les taux d'intérêt exigés par les fournisseurs de cartes. Les sentiments qui motivent une telle politique sont certainement nobles, mais il reste que plus le crédit est abordable, plus les gens y ont recours, plus l'endettement augmente, et plus on attire de clients insolvables. Or, dans un contexte où l'endettement à la consommation n'a pas cessé d'augmenter pour atteindre maintenant 9691$ par Québécois, cette mesure est certainement risquée, voir kamikaze.
Nous sommes en train d'assembler les conditions nécessaires à la création d'une bulle du crédit. Et comme toute bulle, elle finira par exploser. N'avons-nous donc rien appris des erreurs du passé?
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 Washington et la loi sur les GES)
C’était prévisible!
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably-Lévy, 15 juillet 2009
Les lecteurs habitués à lire cette chronique savent que j’ai régulièrement dénoncé les plans de relance. Je les trouve inutiles, voire contreproductifs. En janvier dernier j’avais déclaré que «quand nous constaterons l’échec des plans de relance, nos bien-pensants argueront que nous n’avons pas dépensé suffisamment, qu’il faudrait en faire davantage».
C’est exactement ce qui se produit actuellement! Récemment, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, déclarait que le plan de relance du gouvernement fédéral exercerait un effet modeste sur l’emploi, la production, et les revenus des Canadiens. Chez nos voisins du sud, Washington reconnaît, du bout des lèvres, certes, que le plan de relance de 787 milliards ne semble pas répondre aux attentes. L’économie tarde à renouer avec la croissance, et le taux de chômage atteindra bientôt 10%. Même son de cloche chez les dirigeants du G8 qui déclarent de concert que les multiples mesures de relance n’ont pas encore produit les effets escomptés. Comme on pouvait s’y attendre, des voix s’élèvent de partout pour réclamer une intensification des efforts de relance.
Que les plans de relance soient stériles n’est pas surprenant. C’est leur efficacité qui aurait été étonnante. Ils s’inscrivent dans la logique keynésienne selon laquelle les dépenses constituent le moteur de l’économie. On part du principe que si Pierre dépense, Paul obtient un revenu. Et lorsque Paul dépensera à son tour, il procurera à Jean une rentrée d’argent qui lui permettra de consommer, etc. Toujours selon la même logique, les récessions se produisent lorsque les individus réduisent leurs achats, d’où la nécessité pour l’État de prendre la relève. Dépenser, voire s’endetter, serait nécessaire pour «faire rouler l’économie» et s’enrichir.
Or, cette prémisse est fausse. Au niveau individuel, personne ne peut faire fortune en vivant au-dessus de ses moyens, en consommant de manière compulsive sans jamais mettre d’argent de côté, et en payant des intérêts sur un actif qui se déprécie. Pour s’enrichir, il faut dépenser en fonction de son revenu, épargner, faire fructifier son argent, et acquérir du capital productif. C’est le gros bon sens! Et comme une société n’est qu’un regroupement d’individus, ce qui est valable pour une personne ou une famille, l’est nécessairement pour la collectivité.
Les plans de relance keynésiens ne fonctionneront jamais tout simplement parce qu’ils défient le gros bon sens. D’ailleurs, s’ils produisaient réellement un feu d’artifice économique, pourquoi ne doublerait-on pas les sommes en jeu? Pourquoi Washington refuse-t-il d’adopter un second plan de relance comme le réclament certains? Pourquoi se contenter de mesures ponctuelles alors qu’on pourrait les reconduire annuellement et ainsi éviter les ralentissements? Si la consommation est effectivement le moteur de l’économie, pourquoi ne pas envoyer tout simplement un chèque de 50 millions $ à chaque citoyen qui le dépensera pour satisfaire tous ses caprices? Et, surtout, pourquoi les mesures adoptées semblent-elles vaines?
Certains affirment que l’économie se portera mieux dans quelques mois, qu’il faut être patient. Quelle révélation! Statistiquement, les récessions durent entre 6 et 24 mois. Avec et, surtout, sans intervention massive de l’État, l’orage finira par passer. Toutefois, ceux qui ont adopté d’ambitieux plans de relance se trouveront avec une dette colossale à rembourser, ce qui prolongera la récession et ralentira la reprise.
John Maynard Keynes se plaisait à dire: «À long terme, nous serons tous morts.» Il avait raison! En mettant en pratique ses recommandations, nous mourrons tous… ensevelis sous une montagne de dettes!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably-Lévy, 15 juillet 2009
Les lecteurs habitués à lire cette chronique savent que j’ai régulièrement dénoncé les plans de relance. Je les trouve inutiles, voire contreproductifs. En janvier dernier j’avais déclaré que «quand nous constaterons l’échec des plans de relance, nos bien-pensants argueront que nous n’avons pas dépensé suffisamment, qu’il faudrait en faire davantage».
C’est exactement ce qui se produit actuellement! Récemment, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, déclarait que le plan de relance du gouvernement fédéral exercerait un effet modeste sur l’emploi, la production, et les revenus des Canadiens. Chez nos voisins du sud, Washington reconnaît, du bout des lèvres, certes, que le plan de relance de 787 milliards ne semble pas répondre aux attentes. L’économie tarde à renouer avec la croissance, et le taux de chômage atteindra bientôt 10%. Même son de cloche chez les dirigeants du G8 qui déclarent de concert que les multiples mesures de relance n’ont pas encore produit les effets escomptés. Comme on pouvait s’y attendre, des voix s’élèvent de partout pour réclamer une intensification des efforts de relance.
Que les plans de relance soient stériles n’est pas surprenant. C’est leur efficacité qui aurait été étonnante. Ils s’inscrivent dans la logique keynésienne selon laquelle les dépenses constituent le moteur de l’économie. On part du principe que si Pierre dépense, Paul obtient un revenu. Et lorsque Paul dépensera à son tour, il procurera à Jean une rentrée d’argent qui lui permettra de consommer, etc. Toujours selon la même logique, les récessions se produisent lorsque les individus réduisent leurs achats, d’où la nécessité pour l’État de prendre la relève. Dépenser, voire s’endetter, serait nécessaire pour «faire rouler l’économie» et s’enrichir.
Or, cette prémisse est fausse. Au niveau individuel, personne ne peut faire fortune en vivant au-dessus de ses moyens, en consommant de manière compulsive sans jamais mettre d’argent de côté, et en payant des intérêts sur un actif qui se déprécie. Pour s’enrichir, il faut dépenser en fonction de son revenu, épargner, faire fructifier son argent, et acquérir du capital productif. C’est le gros bon sens! Et comme une société n’est qu’un regroupement d’individus, ce qui est valable pour une personne ou une famille, l’est nécessairement pour la collectivité.
Les plans de relance keynésiens ne fonctionneront jamais tout simplement parce qu’ils défient le gros bon sens. D’ailleurs, s’ils produisaient réellement un feu d’artifice économique, pourquoi ne doublerait-on pas les sommes en jeu? Pourquoi Washington refuse-t-il d’adopter un second plan de relance comme le réclament certains? Pourquoi se contenter de mesures ponctuelles alors qu’on pourrait les reconduire annuellement et ainsi éviter les ralentissements? Si la consommation est effectivement le moteur de l’économie, pourquoi ne pas envoyer tout simplement un chèque de 50 millions $ à chaque citoyen qui le dépensera pour satisfaire tous ses caprices? Et, surtout, pourquoi les mesures adoptées semblent-elles vaines?
Certains affirment que l’économie se portera mieux dans quelques mois, qu’il faut être patient. Quelle révélation! Statistiquement, les récessions durent entre 6 et 24 mois. Avec et, surtout, sans intervention massive de l’État, l’orage finira par passer. Toutefois, ceux qui ont adopté d’ambitieux plans de relance se trouveront avec une dette colossale à rembourser, ce qui prolongera la récession et ralentira la reprise.
John Maynard Keynes se plaisait à dire: «À long terme, nous serons tous morts.» Il avait raison! En mettant en pratique ses recommandations, nous mourrons tous… ensevelis sous une montagne de dettes!
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 Washington et la loi sur les GES)
Si tu coûtes trop cher...
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably-Lévy, 06 août 2009
En juin dernier, une jeune femme accouche sans assistance médicale à l'hôpital Royal Victoria. Quelques semaines plus tôt, des tests pathologiques du cancer du sein erronés sèment la panique chez des milliers de femmes. Chaque jour, les urgences débordent, des diagnostics sont retardés, des chirurgies sont reportées, des traitements contre le cancer sont annulés et des patients s'expatrient pour se faire soigner. Après avoir rencontré un généraliste, un malade doit attendre en moyenne 18,7 semaines avant de recevoir les soins nécessaires. À l'Hôpital de Montréal pour enfants, on m'a informé que je devrais patienter au minimum neuf mois avant de pouvoir jouir de l'immense privilège de rencontrer un ophtalmologiste! Neuf mois!
La maladie est une épreuve difficile. Comme si c'était insuffisant, les délais imposés par le système déclenchent en nous un sentiment d'impuissance qui frustre, angoisse et révolte. Le plus désolant, c'est que cela fait bien trente ans que notre réseau de la santé se détériore en dépit des promesses électorales et d'un budget en constante augmentation qui représente aujourd'hui 45% des dépenses de programmes.
À l'heure où la recherche de solutions efficaces s'impose, plusieurs voix s'élèvent, mais elles entonnent toutes le même refrain: il faut injecter des fonds et mieux orchestrer les services!
L'exemple britannique
Pour vérifier la pertinence d'une telle affirmation, lorgnons du côté du système de santé du Royaume-Uni où la majorité des soins est dispensée gratuitement par le National Health Service (NHS). Créé en 1948, le NHS a servi de modèle à l'élaboration du système canadien.
En dix ans, le budget du NHS a augmenté de 128%. En Angleterre uniquement, c'est près de 1,1 million de personnes qui travaillent dans le réseau de la santé, faisant de l'État le quatrième plus important employeur au monde. Avec une telle machine à l'œuvre, le Royaume-Uni devrait pouvoir s'enorgueillir d'offrir les meilleurs soins de la planète.
Recherche de rentabilité
Or, le système est au bord de l'implosion. Les coûts explosent et les listes d'attente s'allongent. Pour y remédier, l'État crée en 1999 le National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) afin de déterminer la rentabilité de certains traitements et de faire la promotion de certaines pratiques.
Par souci d'«efficacité», le NICE a déterminé que l'État ne dépenserait pas plus de 22,000$ pour des traitements permettant de prolonger la vie de 6 mois. Ainsi, des médicaments tels le Lapatinib et le Stutent, qui permettent de prolonger la vie dans certains cas de cancers, ne sont pas prescrits, car ils sont jugés trop coûteux. L'Aricept contre l'alzheimer, le Magucen contre la dégénérescence maculaire, ou encore le Lenalidomide pour les cas de myélome multiple ne sont pas administrés pour la même raison. Quant aux interventions chirurgicales, le NICE se réserve le droit d'en limiter le recours. Le Nice a également abolis les tests de dépistage du cancer de l'utérus pour les femmes de moins de 25 ans. Résultat? Des jeunes femmes ont dû combattre un cancer avancé alors que leur état aurait pu être détecté plus tôt. Clairement, la devise inavouée du NICE est «si tu coûtes trop cher, on te laisse crever».
Le réseau québécois de la santé est en difficulté. Des solutions s'imposent, certes, mais l'expérience britannique devrait tout au moins nous renseigner sur les avenues à éviter. Malgré tout, certains affirment que le recours à l'État est incontournable. Pour eux, la santé n'étant pas un service comme les autres, on ne peut se fier au marché. Vraiment? C'est ce que nous vérifierons la semaine prochaine.
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En juin dernier, une jeune femme accouche sans assistance médicale à l'hôpital Royal Victoria. Quelques semaines plus tôt, des tests pathologiques du cancer du sein erronés sèment la panique chez des milliers de femmes. Chaque jour, les urgences débordent, des diagnostics sont retardés, des chirurgies sont reportées, des traitements contre le cancer sont annulés et des patients s'expatrient pour se faire soigner. Après avoir rencontré un généraliste, un malade doit attendre en moyenne 18,7 semaines avant de recevoir les soins nécessaires. À l'Hôpital de Montréal pour enfants, on m'a informé que je devrais patienter au minimum neuf mois avant de pouvoir jouir de l'immense privilège de rencontrer un ophtalmologiste! Neuf mois!
La maladie est une épreuve difficile. Comme si c'était insuffisant, les délais imposés par le système déclenchent en nous un sentiment d'impuissance qui frustre, angoisse et révolte. Le plus désolant, c'est que cela fait bien trente ans que notre réseau de la santé se détériore en dépit des promesses électorales et d'un budget en constante augmentation qui représente aujourd'hui 45% des dépenses de programmes.
À l'heure où la recherche de solutions efficaces s'impose, plusieurs voix s'élèvent, mais elles entonnent toutes le même refrain: il faut injecter des fonds et mieux orchestrer les services!
L'exemple britannique
Pour vérifier la pertinence d'une telle affirmation, lorgnons du côté du système de santé du Royaume-Uni où la majorité des soins est dispensée gratuitement par le National Health Service (NHS). Créé en 1948, le NHS a servi de modèle à l'élaboration du système canadien.
En dix ans, le budget du NHS a augmenté de 128%. En Angleterre uniquement, c'est près de 1,1 million de personnes qui travaillent dans le réseau de la santé, faisant de l'État le quatrième plus important employeur au monde. Avec une telle machine à l'œuvre, le Royaume-Uni devrait pouvoir s'enorgueillir d'offrir les meilleurs soins de la planète.
Recherche de rentabilité
Or, le système est au bord de l'implosion. Les coûts explosent et les listes d'attente s'allongent. Pour y remédier, l'État crée en 1999 le National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) afin de déterminer la rentabilité de certains traitements et de faire la promotion de certaines pratiques.
Par souci d'«efficacité», le NICE a déterminé que l'État ne dépenserait pas plus de 22,000$ pour des traitements permettant de prolonger la vie de 6 mois. Ainsi, des médicaments tels le Lapatinib et le Stutent, qui permettent de prolonger la vie dans certains cas de cancers, ne sont pas prescrits, car ils sont jugés trop coûteux. L'Aricept contre l'alzheimer, le Magucen contre la dégénérescence maculaire, ou encore le Lenalidomide pour les cas de myélome multiple ne sont pas administrés pour la même raison. Quant aux interventions chirurgicales, le NICE se réserve le droit d'en limiter le recours. Le Nice a également abolis les tests de dépistage du cancer de l'utérus pour les femmes de moins de 25 ans. Résultat? Des jeunes femmes ont dû combattre un cancer avancé alors que leur état aurait pu être détecté plus tôt. Clairement, la devise inavouée du NICE est «si tu coûtes trop cher, on te laisse crever».
Le réseau québécois de la santé est en difficulté. Des solutions s'imposent, certes, mais l'expérience britannique devrait tout au moins nous renseigner sur les avenues à éviter. Malgré tout, certains affirment que le recours à l'État est incontournable. Pour eux, la santé n'étant pas un service comme les autres, on ne peut se fier au marché. Vraiment? C'est ce que nous vérifierons la semaine prochaine.
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 Washington et la loi sur les GES)
Un traitement de chien
Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 13 août 2009
Dans ma chronique de la semaine dernière, j'attirais l'attention sur le système de santé britannique, car il nous renseigne sur l'ampleur du rationnement des soins que nous pourrions subir si, à l'instar du Royaume-Uni, nous préservons notre médecine étatisée. Or, même si les pronostics sont terrifiants, certains affirment que nous n'avons rien à craindre, que le système britannique est un cas extrême auquel nous n'arriverons jamais.
Or, rien n'est moins sûr. Cette semaine encore, on nous annonce que les hôpitaux fermeront 800 lits de soins de longue durée. Combien de mauvaises nouvelles nous faudra-t-il avant d'admettre que nous nous enfonçons chaque jour davantage dans les sables mouvants du rationnement des soins? Quel martyre les patients devront-ils subir, et combien de vies devront être sacrifiées pour que l'on comprenne que notre modèle est insoutenable?
Malgré tout, on nous dit que le monopole public doit être préservé, car la santé n'étant pas un bien comme les autres, on ne peut s'en remettre au marché. Mais cette affirmation est-elle fondée?
N'est-ce pas au marché que nous devons les médicaments, les pansements, les chaises roulantes, les lits d'hôpitaux, les prothèses auditives, les lunettes, etc? Les pharmacies ouvertes 24 heures par jour ne sont-elles pas le produit du secteur privé? Et n'est-ce pas lui qui conçoit et fabrique tout l'équipement médical, du stéthoscope le plus rudimentaire jusqu'à l'appareil de radiothérapie ultrasophistiqué? Or, s'il repousse chaque fois les limites de la technologie pour nous offrir des équipements toujours plus performants, pourquoi serait-il incapable de dispenser efficacement des soins médicaux? N'est-ce pas également ce même secteur qui nous fournit la nourriture de manière tout à fait convenable? Pourtant, ne constitue-t-elle pas une forme de soin de santé dans la mesure où elle est indispensable à notre survie?
Certes, l'appât du gain motive l'entrepreneur. Et après? Qu'importe qu'une clinique fasse des profits, l'important n'est-il pas d'être soigné vite et bien, et de sauver des vies? Il suffit de quelques jours pour subir une chirurgie de la cataracte en clinique privée alors qu'un hôpital impose plusieurs mois d'attente. Aujourd'hui, les traitements de correction de l'œil et les chirurgies esthétiques sont plus abordables et plus accessibles qu'elles ne l'ont jamais été. Nous pouvons choisir notre dentiste et la date de notre rendez-vous. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi pour les soins médicaux?
Alors qu'un hôpital impose des délais d'attente de 10, 20 et 50 semaines pour passer un test de résonnance magnétique, subir une chirurgie de la hanche, ou encore une neurochirurgie, la revue Maclean's nous apprenait récemment qu'on peut obtenir ce type de soins en quelques heures à peine à condition d'être … un chien, et de se présenter chez le vétérinaire! Est-il donc justifié de diaboliser la médecine privée alors qu'elle réussit à donner un nouveau sens à l'expression «un traitement de chien»!
Le marché n'est pas parfait, c'est indéniable, mais rien ne justifie la hantise que nous éprouvons à son égard. En revanche, l'État est responsable de l'entretien des routes et des réseaux d'aqueducs, et nous voyons les résultats. Il perd nos épargnes, gère l'argent de nos impôts de manière plus que douteuse, s'endette de manière compulsive, et peine à offrir des places en garderies et des logements sociaux. Et il faudrait lui faire aveuglement confiance en matière de soins de santé uniquement parce que le profit est un concept tabou!?!
Notre système de santé est malade. Tristement, rien ne changera tant que notre haine du profit l'emportera sur notre amour de la vie!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 13 août 2009
Dans ma chronique de la semaine dernière, j'attirais l'attention sur le système de santé britannique, car il nous renseigne sur l'ampleur du rationnement des soins que nous pourrions subir si, à l'instar du Royaume-Uni, nous préservons notre médecine étatisée. Or, même si les pronostics sont terrifiants, certains affirment que nous n'avons rien à craindre, que le système britannique est un cas extrême auquel nous n'arriverons jamais.
Or, rien n'est moins sûr. Cette semaine encore, on nous annonce que les hôpitaux fermeront 800 lits de soins de longue durée. Combien de mauvaises nouvelles nous faudra-t-il avant d'admettre que nous nous enfonçons chaque jour davantage dans les sables mouvants du rationnement des soins? Quel martyre les patients devront-ils subir, et combien de vies devront être sacrifiées pour que l'on comprenne que notre modèle est insoutenable?
Malgré tout, on nous dit que le monopole public doit être préservé, car la santé n'étant pas un bien comme les autres, on ne peut s'en remettre au marché. Mais cette affirmation est-elle fondée?
N'est-ce pas au marché que nous devons les médicaments, les pansements, les chaises roulantes, les lits d'hôpitaux, les prothèses auditives, les lunettes, etc? Les pharmacies ouvertes 24 heures par jour ne sont-elles pas le produit du secteur privé? Et n'est-ce pas lui qui conçoit et fabrique tout l'équipement médical, du stéthoscope le plus rudimentaire jusqu'à l'appareil de radiothérapie ultrasophistiqué? Or, s'il repousse chaque fois les limites de la technologie pour nous offrir des équipements toujours plus performants, pourquoi serait-il incapable de dispenser efficacement des soins médicaux? N'est-ce pas également ce même secteur qui nous fournit la nourriture de manière tout à fait convenable? Pourtant, ne constitue-t-elle pas une forme de soin de santé dans la mesure où elle est indispensable à notre survie?
Certes, l'appât du gain motive l'entrepreneur. Et après? Qu'importe qu'une clinique fasse des profits, l'important n'est-il pas d'être soigné vite et bien, et de sauver des vies? Il suffit de quelques jours pour subir une chirurgie de la cataracte en clinique privée alors qu'un hôpital impose plusieurs mois d'attente. Aujourd'hui, les traitements de correction de l'œil et les chirurgies esthétiques sont plus abordables et plus accessibles qu'elles ne l'ont jamais été. Nous pouvons choisir notre dentiste et la date de notre rendez-vous. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi pour les soins médicaux?
Alors qu'un hôpital impose des délais d'attente de 10, 20 et 50 semaines pour passer un test de résonnance magnétique, subir une chirurgie de la hanche, ou encore une neurochirurgie, la revue Maclean's nous apprenait récemment qu'on peut obtenir ce type de soins en quelques heures à peine à condition d'être … un chien, et de se présenter chez le vétérinaire! Est-il donc justifié de diaboliser la médecine privée alors qu'elle réussit à donner un nouveau sens à l'expression «un traitement de chien»!
Le marché n'est pas parfait, c'est indéniable, mais rien ne justifie la hantise que nous éprouvons à son égard. En revanche, l'État est responsable de l'entretien des routes et des réseaux d'aqueducs, et nous voyons les résultats. Il perd nos épargnes, gère l'argent de nos impôts de manière plus que douteuse, s'endette de manière compulsive, et peine à offrir des places en garderies et des logements sociaux. Et il faudrait lui faire aveuglement confiance en matière de soins de santé uniquement parce que le profit est un concept tabou!?!
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* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 Washington et la loi sur les GES)
La bulle automobile
Le Journal de Montréal, p. 19 / Nathalie Elgrably-Lévy, 20 août 2009
L'administration Obama a récemment introduit le programme «prime à la casse» qui consiste à verser jusqu'à 4500$ à quiconque met au rebut son véhicule et le remplace par un neuf qui sera moins énergivore et moins polluant. On prétend que cette initiative vise à stimuler l'industrie automobile et à protéger l'environnement. On ajoute qu'elle remporte un tel succès qu'Ottawa aurait intérêt à prendre exemple sur Washington ou, tout au moins, à bonifier son programme «Adieu Bazou».
Que les automobilistes aient répondu favorablement à la subvention n'a rien de surprenant. Qui n'aime pas les cadeaux en argent? Mais cet engouement ne reflète ni la pertinence de l'initiative ni le gros bon sens.
D'ailleurs, est-il raisonnable d'employer l'argent des contribuables pour encourager les automobilistes à détruire des véhicules en état de fonctionnement et à s'endetter pour acheter un modèle récent? Et comment peut-on logiquement inviter les gens à envoyer leurs autos au dépotoir alors qu'on leur martèle, depuis des années, qu'il n'est point de salut en dehors du recyclage et de la réutilisation.
Pour défendre cette logique schizophrénique, on nous dit que les «primes à la casse» dynamisent l'économie en créant ou en protégeant de nombreux emplois dans l'industrie automobile. Autrement dit, la prospérité passerait par la destruction de richesses. Démolir des actifs pour s'enrichir. Ce n'est pas seulement farfelu, c'est tout simplement démentiel!
Si envoyer des autos à la casse est bénéfique pour l'économie, pourquoi ne pas y expédier également les électroménagers et les télévisions? Pourquoi ne pas brûler vêtements, livres et équipements de sport? Mieux encore, pourquoi ne pas sortir les bulldozers et raser les maisons? Voilà qui pourrait sérieusement relancer le secteur de l'immobilier et créer des milliers d'emplois, n'est-ce pas?
Mais au fait, d'où provient l'argent qui permet d'acheter les nouveaux véhicules? La subvention gouvernementale est évidemment assumée par le contribuable: Pierre aide Paul à acheter une auto neuve! Or, chaque dollar payé en impôt n'est plus disponible pour la consommation. Quant à l'acheteur, il devra consacrer une partie de son budget aux paiements des mensualités de sa nouvelle voiture, ce qui l'obligera à réduire ses autres postes de dépenses. En somme, il n'y a aucune création de richesse, seulement un déplacement de l'activité économique d'une industrie vers une autre. L'État avantage délibérément une industrie au détriment des autres, tout en faisant croire qu'il agit dans l'intérêt de tous. C'est du favoritisme! Et le favoritisme, c'est de la corruption!
Malgré tout, le programme bénéficie d'un préjugé favorable, car il s'accompagne d'une dimension écologique. Or, même en matière environnementale, il défie la raison.
Selon les estimations du gouvernement américain, le remplacement de 700,000 véhicules devrait permettre une réduction des émissions de CO2 équivalente à 57 minutes par an, et une réduction de la consommation annuelle d'essence de 72 millions de gallons, ce qui correspond à la quantité d'or noir consommée aux États-Unis en 4,5 heures!
Or, il faut de l'énergie pour détruire les vieilles guimbardes, et pour construire les nouveaux modèles. Il en faut pour transformer les matières brutes en pièces d'autos, pour opérer les usines, pour transporter les nouveaux véhicules vers les concessionnaires, etc. Pour de nombreux chercheurs, dont Henry Jacoby, professeur au MIT et ardent défenseur de l'environnement, ce programme n'est pas aussi vert qu'on l'imagine.
Les «primes à la casse» sont économiquement absurdes et écologiquement aberrantes. Elles ne font que créer une bulle automobile qui, à l'instar de toutes les autres, finira par éclater. Réfléchissons-donc avant de calquer les mauvaises idées de Washington!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
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Le Journal de Montréal, p. 19 / Nathalie Elgrably-Lévy, 20 août 2009
L'administration Obama a récemment introduit le programme «prime à la casse» qui consiste à verser jusqu'à 4500$ à quiconque met au rebut son véhicule et le remplace par un neuf qui sera moins énergivore et moins polluant. On prétend que cette initiative vise à stimuler l'industrie automobile et à protéger l'environnement. On ajoute qu'elle remporte un tel succès qu'Ottawa aurait intérêt à prendre exemple sur Washington ou, tout au moins, à bonifier son programme «Adieu Bazou».
Que les automobilistes aient répondu favorablement à la subvention n'a rien de surprenant. Qui n'aime pas les cadeaux en argent? Mais cet engouement ne reflète ni la pertinence de l'initiative ni le gros bon sens.
D'ailleurs, est-il raisonnable d'employer l'argent des contribuables pour encourager les automobilistes à détruire des véhicules en état de fonctionnement et à s'endetter pour acheter un modèle récent? Et comment peut-on logiquement inviter les gens à envoyer leurs autos au dépotoir alors qu'on leur martèle, depuis des années, qu'il n'est point de salut en dehors du recyclage et de la réutilisation.
Pour défendre cette logique schizophrénique, on nous dit que les «primes à la casse» dynamisent l'économie en créant ou en protégeant de nombreux emplois dans l'industrie automobile. Autrement dit, la prospérité passerait par la destruction de richesses. Démolir des actifs pour s'enrichir. Ce n'est pas seulement farfelu, c'est tout simplement démentiel!
Si envoyer des autos à la casse est bénéfique pour l'économie, pourquoi ne pas y expédier également les électroménagers et les télévisions? Pourquoi ne pas brûler vêtements, livres et équipements de sport? Mieux encore, pourquoi ne pas sortir les bulldozers et raser les maisons? Voilà qui pourrait sérieusement relancer le secteur de l'immobilier et créer des milliers d'emplois, n'est-ce pas?
Mais au fait, d'où provient l'argent qui permet d'acheter les nouveaux véhicules? La subvention gouvernementale est évidemment assumée par le contribuable: Pierre aide Paul à acheter une auto neuve! Or, chaque dollar payé en impôt n'est plus disponible pour la consommation. Quant à l'acheteur, il devra consacrer une partie de son budget aux paiements des mensualités de sa nouvelle voiture, ce qui l'obligera à réduire ses autres postes de dépenses. En somme, il n'y a aucune création de richesse, seulement un déplacement de l'activité économique d'une industrie vers une autre. L'État avantage délibérément une industrie au détriment des autres, tout en faisant croire qu'il agit dans l'intérêt de tous. C'est du favoritisme! Et le favoritisme, c'est de la corruption!
Malgré tout, le programme bénéficie d'un préjugé favorable, car il s'accompagne d'une dimension écologique. Or, même en matière environnementale, il défie la raison.
Selon les estimations du gouvernement américain, le remplacement de 700,000 véhicules devrait permettre une réduction des émissions de CO2 équivalente à 57 minutes par an, et une réduction de la consommation annuelle d'essence de 72 millions de gallons, ce qui correspond à la quantité d'or noir consommée aux États-Unis en 4,5 heures!
Or, il faut de l'énergie pour détruire les vieilles guimbardes, et pour construire les nouveaux modèles. Il en faut pour transformer les matières brutes en pièces d'autos, pour opérer les usines, pour transporter les nouveaux véhicules vers les concessionnaires, etc. Pour de nombreux chercheurs, dont Henry Jacoby, professeur au MIT et ardent défenseur de l'environnement, ce programme n'est pas aussi vert qu'on l'imagine.
Les «primes à la casse» sont économiquement absurdes et écologiquement aberrantes. Elles ne font que créer une bulle automobile qui, à l'instar de toutes les autres, finira par éclater. Réfléchissons-donc avant de calquer les mauvaises idées de Washington!
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 Washington et la loi sur les GES)
Fausse joie
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 27 août 2009
Avez-entendu la bonne nouvelle? La récession est terminée! C'est du moins ce qu'affirment Newsweek, Ben Bernanke et l'administration Obama.
Je suis de nature optimiste et j'estime que toutes les bonnes nouvelles méritent d'être célébrées … à condition d'être fondées! Avant de sabler le champagne, il faut donc répondre à une question fondamentale: les éléments déclencheurs de la crise ont-ils été maîtrisés?
Il y a 18 mois, les consommateurs américains et Washington étaient surendettés. L'épargne était inexistante. Les politiques de la Fed encourageaient la consommation excessive et l'emprunt irresponsable, ce qui a alimenté la bulle immobilière. Mais les bulles, qui sont des périodes de croissance artificielle, sont insoutenables et éclatent fatalement entraînant dans leur sillage d'autres pans de l'économie.
En réaction aux troubles économiques, l'Oncle Sam a adopté plusieurs mesures: plans de relance; plans de sauvetage; nationalisation de constructeurs automobiles et de banques; hausse des dépenses de Washington; taux d'intérêt de la Fed pratiquement nul et injection de monnaie dans des proportions historiques; programmes d'incitation à la consommation, etc.
Résultat? Le gouvernement américain s'est tellement endetté qu'on peut raisonnablement décréter qu'il est en faillite. La dette actuelle s'élève à 11,6 billions $ (soit 11600 milliards)! Si l'on tient compte de la dette du Medicare et de la sécurité sociale uniquement, on atteint rapidement 118 billions $. Ce chiffre n'inclut pas les budgets alloués à la défense et à une quantité d'autres programmes mais, déjà là, quelques calculs élémentaires jettent un éclairage assassin sur les finances de l'État américain. Washington enregistre chaque année des recettes de l'ordre de 2,5 billions, ce qui indique un ratio dette/revenus égal à 47! C'est comme si un travailleur qui touche un revenu annuel de 50 000$ avait une dette de 2,3 millions $. Inutile d'être comptable ou banquier pour comprendre qu'il est impossible d'honorer un tel engagement.
De plus, les diverses interventions de la Fed se sont traduites par une augmentation spectaculaire et suicidaire de la quantité de monnaie en circulation. En avril dernier, j'avais écrit qu'une telle politique risque d'occasionner une résurgence de l'inflation, et de transformer les États-Unis en une république de bananes. À l'instar d'un nombre grandissant d'analystes, le célèbre financier Warren Buffet exprimait les mêmes inquiétudes dans un texte publié dans le New York Times du 18 août dernier.
Ainsi, pour résoudre un problème causé par un endettement extrême et une injection de monnaie excessive, les États-Unis ont choisi d'augmenter davantage leur dette et d'injecter encore plus de monnaie. C'est aussi absurde que de prétendre régler un problème d'obésité en mangeant davantage. Et si dévorer un gâteau à la crème procure incontestablement une satisfaction immédiate, il n'en aggrave pas moins la situation.
Il est donc fort peu probable que le cauchemar américain soit terminé. Bien au contraire! D'ailleurs, si l'économie américaine s'améliorait, comment expliquer la faiblesse du dollar US?
Quant à l'augmentation des cours boursiers, beaucoup y voient la preuve que la récession achève. C'est une erreur! Fin 2007, à l'aube de la récession, le Dow Jones atteignait des sommets historiques. Si la bourse n'a pas vu venir la crise actuelle, pourquoi serait-elle en mesure d'en annoncer la fin?
Les conditions à l'origine de la crise sont toujours présentes. Le rebond américain est artificiel et temporaire, car les fondements de l'économie sont inchangés. Et comme la performance du Canada est affectée par la conjoncture américaine, ne nous réjouissons pas trop vite! Empressons-nous plutôt de développer de nouveaux marchés et de réduire notre dépendance économique envers les États-Unis.
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 27 août 2009
Avez-entendu la bonne nouvelle? La récession est terminée! C'est du moins ce qu'affirment Newsweek, Ben Bernanke et l'administration Obama.
Je suis de nature optimiste et j'estime que toutes les bonnes nouvelles méritent d'être célébrées … à condition d'être fondées! Avant de sabler le champagne, il faut donc répondre à une question fondamentale: les éléments déclencheurs de la crise ont-ils été maîtrisés?
Il y a 18 mois, les consommateurs américains et Washington étaient surendettés. L'épargne était inexistante. Les politiques de la Fed encourageaient la consommation excessive et l'emprunt irresponsable, ce qui a alimenté la bulle immobilière. Mais les bulles, qui sont des périodes de croissance artificielle, sont insoutenables et éclatent fatalement entraînant dans leur sillage d'autres pans de l'économie.
En réaction aux troubles économiques, l'Oncle Sam a adopté plusieurs mesures: plans de relance; plans de sauvetage; nationalisation de constructeurs automobiles et de banques; hausse des dépenses de Washington; taux d'intérêt de la Fed pratiquement nul et injection de monnaie dans des proportions historiques; programmes d'incitation à la consommation, etc.
Résultat? Le gouvernement américain s'est tellement endetté qu'on peut raisonnablement décréter qu'il est en faillite. La dette actuelle s'élève à 11,6 billions $ (soit 11600 milliards)! Si l'on tient compte de la dette du Medicare et de la sécurité sociale uniquement, on atteint rapidement 118 billions $. Ce chiffre n'inclut pas les budgets alloués à la défense et à une quantité d'autres programmes mais, déjà là, quelques calculs élémentaires jettent un éclairage assassin sur les finances de l'État américain. Washington enregistre chaque année des recettes de l'ordre de 2,5 billions, ce qui indique un ratio dette/revenus égal à 47! C'est comme si un travailleur qui touche un revenu annuel de 50 000$ avait une dette de 2,3 millions $. Inutile d'être comptable ou banquier pour comprendre qu'il est impossible d'honorer un tel engagement.
De plus, les diverses interventions de la Fed se sont traduites par une augmentation spectaculaire et suicidaire de la quantité de monnaie en circulation. En avril dernier, j'avais écrit qu'une telle politique risque d'occasionner une résurgence de l'inflation, et de transformer les États-Unis en une république de bananes. À l'instar d'un nombre grandissant d'analystes, le célèbre financier Warren Buffet exprimait les mêmes inquiétudes dans un texte publié dans le New York Times du 18 août dernier.
Ainsi, pour résoudre un problème causé par un endettement extrême et une injection de monnaie excessive, les États-Unis ont choisi d'augmenter davantage leur dette et d'injecter encore plus de monnaie. C'est aussi absurde que de prétendre régler un problème d'obésité en mangeant davantage. Et si dévorer un gâteau à la crème procure incontestablement une satisfaction immédiate, il n'en aggrave pas moins la situation.
Il est donc fort peu probable que le cauchemar américain soit terminé. Bien au contraire! D'ailleurs, si l'économie américaine s'améliorait, comment expliquer la faiblesse du dollar US?
Quant à l'augmentation des cours boursiers, beaucoup y voient la preuve que la récession achève. C'est une erreur! Fin 2007, à l'aube de la récession, le Dow Jones atteignait des sommets historiques. Si la bourse n'a pas vu venir la crise actuelle, pourquoi serait-elle en mesure d'en annoncer la fin?
Les conditions à l'origine de la crise sont toujours présentes. Le rebond américain est artificiel et temporaire, car les fondements de l'économie sont inchangés. Et comme la performance du Canada est affectée par la conjoncture américaine, ne nous réjouissons pas trop vite! Empressons-nous plutôt de développer de nouveaux marchés et de réduire notre dépendance économique envers les États-Unis.
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 Washington et la loi sur les GES)
La vraie question
Le Journal de Montréal, p. 21 / Nathalie Elgrably-Lévy, 03 septembre 2009
Il y a eu la commission d’enquête sur le viaduc de la Concorde, la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements raisonnables, la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire, et celle sur les conditions de vie des aînés. À ces commissions s’ajoutent les groupes de travail qui ont produit les rapports Castonguay, Montmarquette et Gagné.
Maintenant, Jean Charest nous annonce son intention de tenir une «vaste consultation» sur les mesures à adopter pour revenir à l’équilibre budgétaire. Il ne nous a pas consultés lorsqu’un de ses FIER (Fonds d’intervention économique régional) a versé une généreuse subvention pour la construction d’un hôtel de luxe pour chiens. Il n’a pas cherché notre approbation avant d’accorder à Alcoa des tarifs d’électricité ridiculement bas, ni avant d’engager plus de 50 millions $ dans l’édification d’un nouveau Colisée à Québec. Quand il s’agit de dépenser notre argent, Québec s’estime capable de décider.
Mais maintenant que les finances publiques se détériorent dangereusement, notre premier ministre cherche conseil auprès de la population. En apparence, il veut que l’on fasse le travail qui incombe au ministère des Finances et qu’on lui souffle ce qu’un gouvernement responsable devrait faire. Mais en vérité, il espère par-dessus tout pouvoir éviter l’odieux des mesures impopulaires qu’il concocte en les attribuant aux travaux de la prochaine commission.
Entre autres mesures, il a déjà annoncé que des hausses de tarifs sont à prévoir. En soi, l’idée est défendable, car le principe de l’utilisateur-payeur permet de freiner la surconsommation et de réduire le gaspillage. Mais pour qu’une nouvelle tarification soit justifiable et équitable, elle doit s’accompagner d’une réduction équivalente des impôts. Après tout, l’État s’approprie chaque année une partie du fruit de notre travail pour financer divers programmes dont il s’enorgueillit. Une hausse de tarif sans allégement fiscal reviendrait à nous faire payer deux fois pour le même service. Certes, ce serait une bénédiction pour les finances publiques, mais pour les Québécois, ce serait tout simplement du vol manifeste!
Il a également affirmé souhaiter un retour à l’équilibre budgétaire. Quelle arrogance que de parler d’un «retour» à l’équilibre, alors que le déficit zéro n’a jamais existé, si ce n’est grâce à de douteuses contorsions comptables! Jean Charest ignore-t-il que nous ne sommes pas dupes, et que nous savons pertinemment que seule l’existence d’un déficit budgétaire récurrent permet d’expliquer l’augmentation constante de la dette du Québec?
Ne sait-il pas que nous sommes également conscients qu’un État interventionniste qui taxe et subventionne est condamné à enregistrer des déficits? C’est une conséquence normale, car plus on taxe un comportement, plus les gens tentent de l’éviter, ce qui réduit l’assiette fiscale. Parallèlement, plus on subventionne un comportement, plus les gens sont nombreux à l’adopter, ce qui accroît les dépenses. Un déficit n’est donc que la manifestation visible de l’intervention de l’État dans une société.
Dans un tel contexte, une réflexion sur les finances publiques est inutile, car s’attaquer au symptôme ne règle rien. Il faut remonter à la source du problème et amorcer un débat sérieux sur le rôle de l’État dans la société québécoise. Que veulent les Québécois? Un État omni-présent qui souffre de boulimie fiscale? Ou un État moins interventionniste qui fait la promotion de la responsabilité individuelle et qui encourage le travail et l’entrepreneurship? Seules ces questions méritent une «vaste consultation». Mais Québec ne s’aventurera jamais sur ce terrain. On ne pose pas les questions pour lesquelles on ne veut pas entendre la réponse!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Le Journal de Montréal, p. 21 / Nathalie Elgrably-Lévy, 03 septembre 2009
Il y a eu la commission d’enquête sur le viaduc de la Concorde, la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements raisonnables, la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire, et celle sur les conditions de vie des aînés. À ces commissions s’ajoutent les groupes de travail qui ont produit les rapports Castonguay, Montmarquette et Gagné.
Maintenant, Jean Charest nous annonce son intention de tenir une «vaste consultation» sur les mesures à adopter pour revenir à l’équilibre budgétaire. Il ne nous a pas consultés lorsqu’un de ses FIER (Fonds d’intervention économique régional) a versé une généreuse subvention pour la construction d’un hôtel de luxe pour chiens. Il n’a pas cherché notre approbation avant d’accorder à Alcoa des tarifs d’électricité ridiculement bas, ni avant d’engager plus de 50 millions $ dans l’édification d’un nouveau Colisée à Québec. Quand il s’agit de dépenser notre argent, Québec s’estime capable de décider.
Mais maintenant que les finances publiques se détériorent dangereusement, notre premier ministre cherche conseil auprès de la population. En apparence, il veut que l’on fasse le travail qui incombe au ministère des Finances et qu’on lui souffle ce qu’un gouvernement responsable devrait faire. Mais en vérité, il espère par-dessus tout pouvoir éviter l’odieux des mesures impopulaires qu’il concocte en les attribuant aux travaux de la prochaine commission.
Entre autres mesures, il a déjà annoncé que des hausses de tarifs sont à prévoir. En soi, l’idée est défendable, car le principe de l’utilisateur-payeur permet de freiner la surconsommation et de réduire le gaspillage. Mais pour qu’une nouvelle tarification soit justifiable et équitable, elle doit s’accompagner d’une réduction équivalente des impôts. Après tout, l’État s’approprie chaque année une partie du fruit de notre travail pour financer divers programmes dont il s’enorgueillit. Une hausse de tarif sans allégement fiscal reviendrait à nous faire payer deux fois pour le même service. Certes, ce serait une bénédiction pour les finances publiques, mais pour les Québécois, ce serait tout simplement du vol manifeste!
Il a également affirmé souhaiter un retour à l’équilibre budgétaire. Quelle arrogance que de parler d’un «retour» à l’équilibre, alors que le déficit zéro n’a jamais existé, si ce n’est grâce à de douteuses contorsions comptables! Jean Charest ignore-t-il que nous ne sommes pas dupes, et que nous savons pertinemment que seule l’existence d’un déficit budgétaire récurrent permet d’expliquer l’augmentation constante de la dette du Québec?
Ne sait-il pas que nous sommes également conscients qu’un État interventionniste qui taxe et subventionne est condamné à enregistrer des déficits? C’est une conséquence normale, car plus on taxe un comportement, plus les gens tentent de l’éviter, ce qui réduit l’assiette fiscale. Parallèlement, plus on subventionne un comportement, plus les gens sont nombreux à l’adopter, ce qui accroît les dépenses. Un déficit n’est donc que la manifestation visible de l’intervention de l’État dans une société.
Dans un tel contexte, une réflexion sur les finances publiques est inutile, car s’attaquer au symptôme ne règle rien. Il faut remonter à la source du problème et amorcer un débat sérieux sur le rôle de l’État dans la société québécoise. Que veulent les Québécois? Un État omni-présent qui souffre de boulimie fiscale? Ou un État moins interventionniste qui fait la promotion de la responsabilité individuelle et qui encourage le travail et l’entrepreneurship? Seules ces questions méritent une «vaste consultation». Mais Québec ne s’aventurera jamais sur ce terrain. On ne pose pas les questions pour lesquelles on ne veut pas entendre la réponse!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 vaste consultation de M Charest)
Choisir ses batailles
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 10 septembre 2009
À l'instar de l'Europe et de l'Amérique, le Canada profite de la crise économique et des scandales financiers pour déclencher une offensive sans précédent contre le secret bancaire qu'il tient responsable des maux qui nous touchent et des malversations des financiers véreux. Ottawa a d'ailleurs déjà signé des ententes de divulgation de renseignements privés avec la Suisse et les Pays-Bas, et espère convaincre d'autres pays d'en faire autant.
Certes, l'escroquerie est indéfendable et impardonnable. Mais partir en guerre contre les paradis fiscaux, c'est s'opposer à la concurrence fiscale entre États souverains. Est-il donc logique que certains États, qui choisissent d'offrir des lois fiscales avantageuses et de respecter la propriété privée, capitulent pour permettre à d'autres de préserver un régime fiscal oppressif? Surtout, la disparition des paradis fiscaux rendra-t-elle aux délinquants de la finance leur sens de l'éthique? On peut en douter!
Malgré tout, on applaudit les efforts du ministre Blackburn car, nous dit-on, ils permettent de réduire l'évasion fiscale. C'est oublier qu'elle n'est que le symptôme d'un trouble plus profond. Si les paradis fiscaux existent, c'est parce qu'il y a des enfers fiscaux. Les chercheurs ont montré que le principal déterminant de l'évasion fiscale, c'est le taux de taxation. L'OCDE a publié une étude qui le confirme, et Friedrich Schneider, expert en matière de fiscalité et professeur à l'Université Johannes Kepler en Autriche, abonde dans le même sens. Quand le contribuable sent qu'on le prend pour une piñata, il va naturellement tenter de protéger le fruit de son travail. Plutôt que de pointer du doigt les «juridictions non coopératives», le ministre du Revenu devrait donc faire un exercice d'introspection et se pencher sur la nature même du régime fiscal canadien qui, manifestement, est jugé non compétitif par bon nombre de citoyens.
Mais un tel exercice n'intéresse pas Ottawa qui défend sa position en affirmant que l'évasion fiscale force les gouvernements à taxer plus lourdement les contribuables incapables de se soustraire à l'impôt. Cet argument est grotesque! Un commerçant qui perd des clients au profit d'un concurrent augmente-t-il ses prix pour récupérer les revenus perdus? Évidemment pas! Le principe est le même dans le cas de l'évasion fiscale. Si l'État alourdit son fardeau fiscal pour compenser le manque à gagner, il ne fait qu'encourager les autres contribuables à chercher des échappatoires.
Contrairement à ce qu'on entend, la concurrence fiscale, au même titre que la concurrence entre les entreprises, est saine et bénéfique. Elle permet au contribuable de ne plus être une proie captive, ce qui contraint les gouvernements à contrôler leurs pulsions confiscatoires, et à dépenser les deniers publics de manière plus prudente. Elle permet aux travailleurs de conserver une portion plus importante de leurs revenus, ce qui favorise une hausse de l'épargne et de l'investissement, lesquels sont indispensables à la croissance économique. Elle attire la main-d'œuvre qualifiée ainsi que les capitaux financiers nécessaires au développement et à la création de richesse.
On peut comprendre qu'Ottawa n'apprécie pas la concurrence des paradis fiscaux. Mais les ententes de délation et la répression ne sont pas des solutions. Si certains pays ne garantissent plus le secret bancaire, d'autres sauteront sur l'occasion pour occuper cette niche. Si les épargnants ne peuvent plus faire confiance aux banques, ils trouveront d'autres moyens pour échapper à la dictature fiscale. La lutte sera vaine!
M. Blackburn choisit mal ses batailles. Il devrait plutôt travailler pour faire du Canada le plus attrayant des paradis fiscaux. Nous y gagnerons tous.
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 10 septembre 2009
À l'instar de l'Europe et de l'Amérique, le Canada profite de la crise économique et des scandales financiers pour déclencher une offensive sans précédent contre le secret bancaire qu'il tient responsable des maux qui nous touchent et des malversations des financiers véreux. Ottawa a d'ailleurs déjà signé des ententes de divulgation de renseignements privés avec la Suisse et les Pays-Bas, et espère convaincre d'autres pays d'en faire autant.
Certes, l'escroquerie est indéfendable et impardonnable. Mais partir en guerre contre les paradis fiscaux, c'est s'opposer à la concurrence fiscale entre États souverains. Est-il donc logique que certains États, qui choisissent d'offrir des lois fiscales avantageuses et de respecter la propriété privée, capitulent pour permettre à d'autres de préserver un régime fiscal oppressif? Surtout, la disparition des paradis fiscaux rendra-t-elle aux délinquants de la finance leur sens de l'éthique? On peut en douter!
Malgré tout, on applaudit les efforts du ministre Blackburn car, nous dit-on, ils permettent de réduire l'évasion fiscale. C'est oublier qu'elle n'est que le symptôme d'un trouble plus profond. Si les paradis fiscaux existent, c'est parce qu'il y a des enfers fiscaux. Les chercheurs ont montré que le principal déterminant de l'évasion fiscale, c'est le taux de taxation. L'OCDE a publié une étude qui le confirme, et Friedrich Schneider, expert en matière de fiscalité et professeur à l'Université Johannes Kepler en Autriche, abonde dans le même sens. Quand le contribuable sent qu'on le prend pour une piñata, il va naturellement tenter de protéger le fruit de son travail. Plutôt que de pointer du doigt les «juridictions non coopératives», le ministre du Revenu devrait donc faire un exercice d'introspection et se pencher sur la nature même du régime fiscal canadien qui, manifestement, est jugé non compétitif par bon nombre de citoyens.
Mais un tel exercice n'intéresse pas Ottawa qui défend sa position en affirmant que l'évasion fiscale force les gouvernements à taxer plus lourdement les contribuables incapables de se soustraire à l'impôt. Cet argument est grotesque! Un commerçant qui perd des clients au profit d'un concurrent augmente-t-il ses prix pour récupérer les revenus perdus? Évidemment pas! Le principe est le même dans le cas de l'évasion fiscale. Si l'État alourdit son fardeau fiscal pour compenser le manque à gagner, il ne fait qu'encourager les autres contribuables à chercher des échappatoires.
Contrairement à ce qu'on entend, la concurrence fiscale, au même titre que la concurrence entre les entreprises, est saine et bénéfique. Elle permet au contribuable de ne plus être une proie captive, ce qui contraint les gouvernements à contrôler leurs pulsions confiscatoires, et à dépenser les deniers publics de manière plus prudente. Elle permet aux travailleurs de conserver une portion plus importante de leurs revenus, ce qui favorise une hausse de l'épargne et de l'investissement, lesquels sont indispensables à la croissance économique. Elle attire la main-d'œuvre qualifiée ainsi que les capitaux financiers nécessaires au développement et à la création de richesse.
On peut comprendre qu'Ottawa n'apprécie pas la concurrence des paradis fiscaux. Mais les ententes de délation et la répression ne sont pas des solutions. Si certains pays ne garantissent plus le secret bancaire, d'autres sauteront sur l'occasion pour occuper cette niche. Si les épargnants ne peuvent plus faire confiance aux banques, ils trouveront d'autres moyens pour échapper à la dictature fiscale. La lutte sera vaine!
M. Blackburn choisit mal ses batailles. Il devrait plutôt travailler pour faire du Canada le plus attrayant des paradis fiscaux. Nous y gagnerons tous.
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 vaste consultation de M Charest)
Écolocratie
Le Journal de Montréal, p. 21 / Nathalie Elgrably-Lévy, 17 septembre 2009
Pendant des siècles, et jusqu’à la Révolution Tranquille, les comportements humains et les relations interpersonnelles étaient sous les diktats de l’Église. Aujourd’hui, les hommes en soutane exercent peu d’influence, et les valeurs religieuses s’effacent au profit de celles de l’extrémisme écologique.
Certes, éviter le gaspillage et veiller à la protection de l’environnement sont des principes incontestables que nous devrions tous respecter. Toutefois, un nombre croissant de fondamentalistes de l’environnement s’affairent à baliser nos gestes les plus banals, à nous dicter nos comportements et à imposer graduellement une écolocratie.
Pour faire preuve d’écocivisme, recycler, composter, et se servir de sacs réutilisables est jugé maintenant insuffisant. Il faut manger des produits bios cultivés localement, marcher ou prendre les transports en commun, éviter les voyages en avion, réduire le chauffage en hiver et la climatisation en été, s’éclairer avec des fluocompactes, sécher ses cheveux et son linge à l’air libre, boycotter les papiers mouchoirs, les serviettes de papier et les essuie-tout, remiser sa brosse à dents électrique, s’équiper d’un réveille-matin mécanique, passer le balai plutôt que l’aspirateur, faire son ménage avec du bicarbonate de soude, choisir les textiles bios, devenir végétarien, acheter usagé , limiter le nombre de fois qu’on tire la chasse d’eau, etc. Une ONG brésilienne a même lancé une campagne publicitaire pour convaincre les gens de faire pipi sous la douche!
Les commandements que doit observer l’éco-citoyen responsable sont multiples et touchent tous les aspects de la vie quotidienne, mais ils seraient, semble-t-il, indispensables pour sauver la planète. Il est évident qu’aucun sacrifice n’est trop important lorsque l’avenir de l’humanité et de son habitacle sont en jeu. À l’instar de la majorité des gens, je renoncerais au confort qu’offre la vie moderne et j’adopterais un style de vie qui rappelle celui de nos ancêtres si la vie sur terre en dépend. Mais avant de faire de l’écologie un principe supérieur auquel nous devons respect et obéissance inconditionnels, les sectateurs de la religion verte pourraient-ils répondre au préalable à quelques questions ?
1) Si l’être humain est responsable du réchauffement climatique, comment expliquer que la planète Mars se réchauffe alors qu’elle est inhabitée?
2) Si l’activité solaire est responsable de l’augmentation de la température sur Mars, pourquoi ne serait-elle pas également la cause des phénomènes observés sur Terre?
3) Comment expliquer les cycles de réchauffement et de refroidissement enregistrés bien avant l’avènement du moteur à combustion?
4) Comment expliquer que le niveau de CO2 était 8 fois plus élevé à l’époque des dinosaures qu’il ne l’est aujourd’hui?
5) Pourquoi les données des Nations-Unies ne révèlent-elles aucun réchauffement depuis 1995?
6) Que penser des scientifiques qui sont nombreux à annoncer un refroidissement de la planète?
7) Pourquoi persister à dire que le débat est clos alors que des centaines de scientifiques contestent la thèse du réchauffement?
Poser de telles questions, ce n’est pas attaquer l’écologie. Au contraire, c’est vouloir séparer le grain de l’ivraie, et éviter les dérives idéologiques qui engendrent des réglementations inutiles, absurdes et coûteuses. Et puis, n’est-ce pas au questionnement que nous devons l’avancement des connaissances?
En revanche, invoquer un pseudo consensus pour étouffer les voies discordantes, c’est assassiner la science pour entretenir une croyance. C’est mépriser la vérité au profit d’une écolocratie déterminée à imposer l’idéologie de la décroissance. Notre niveau de confort actuel est le résultat de milliers d’années de travail et d’efforts. Allons-nous vraiment y renoncer sans réel débat?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Le Journal de Montréal, p. 21 / Nathalie Elgrably-Lévy, 17 septembre 2009
Pendant des siècles, et jusqu’à la Révolution Tranquille, les comportements humains et les relations interpersonnelles étaient sous les diktats de l’Église. Aujourd’hui, les hommes en soutane exercent peu d’influence, et les valeurs religieuses s’effacent au profit de celles de l’extrémisme écologique.
Certes, éviter le gaspillage et veiller à la protection de l’environnement sont des principes incontestables que nous devrions tous respecter. Toutefois, un nombre croissant de fondamentalistes de l’environnement s’affairent à baliser nos gestes les plus banals, à nous dicter nos comportements et à imposer graduellement une écolocratie.
Pour faire preuve d’écocivisme, recycler, composter, et se servir de sacs réutilisables est jugé maintenant insuffisant. Il faut manger des produits bios cultivés localement, marcher ou prendre les transports en commun, éviter les voyages en avion, réduire le chauffage en hiver et la climatisation en été, s’éclairer avec des fluocompactes, sécher ses cheveux et son linge à l’air libre, boycotter les papiers mouchoirs, les serviettes de papier et les essuie-tout, remiser sa brosse à dents électrique, s’équiper d’un réveille-matin mécanique, passer le balai plutôt que l’aspirateur, faire son ménage avec du bicarbonate de soude, choisir les textiles bios, devenir végétarien, acheter usagé , limiter le nombre de fois qu’on tire la chasse d’eau, etc. Une ONG brésilienne a même lancé une campagne publicitaire pour convaincre les gens de faire pipi sous la douche!
Les commandements que doit observer l’éco-citoyen responsable sont multiples et touchent tous les aspects de la vie quotidienne, mais ils seraient, semble-t-il, indispensables pour sauver la planète. Il est évident qu’aucun sacrifice n’est trop important lorsque l’avenir de l’humanité et de son habitacle sont en jeu. À l’instar de la majorité des gens, je renoncerais au confort qu’offre la vie moderne et j’adopterais un style de vie qui rappelle celui de nos ancêtres si la vie sur terre en dépend. Mais avant de faire de l’écologie un principe supérieur auquel nous devons respect et obéissance inconditionnels, les sectateurs de la religion verte pourraient-ils répondre au préalable à quelques questions ?
1) Si l’être humain est responsable du réchauffement climatique, comment expliquer que la planète Mars se réchauffe alors qu’elle est inhabitée?
2) Si l’activité solaire est responsable de l’augmentation de la température sur Mars, pourquoi ne serait-elle pas également la cause des phénomènes observés sur Terre?
3) Comment expliquer les cycles de réchauffement et de refroidissement enregistrés bien avant l’avènement du moteur à combustion?
4) Comment expliquer que le niveau de CO2 était 8 fois plus élevé à l’époque des dinosaures qu’il ne l’est aujourd’hui?
5) Pourquoi les données des Nations-Unies ne révèlent-elles aucun réchauffement depuis 1995?
6) Que penser des scientifiques qui sont nombreux à annoncer un refroidissement de la planète?
7) Pourquoi persister à dire que le débat est clos alors que des centaines de scientifiques contestent la thèse du réchauffement?
Poser de telles questions, ce n’est pas attaquer l’écologie. Au contraire, c’est vouloir séparer le grain de l’ivraie, et éviter les dérives idéologiques qui engendrent des réglementations inutiles, absurdes et coûteuses. Et puis, n’est-ce pas au questionnement que nous devons l’avancement des connaissances?
En revanche, invoquer un pseudo consensus pour étouffer les voies discordantes, c’est assassiner la science pour entretenir une croyance. C’est mépriser la vérité au profit d’une écolocratie déterminée à imposer l’idéologie de la décroissance. Notre niveau de confort actuel est le résultat de milliers d’années de travail et d’efforts. Allons-nous vraiment y renoncer sans réel débat?
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 vaste consultation de M Charest)
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Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 24 septembre 2009
À Ottawa comme à Québec, les élus s’enorgueillissent de voler à la rescousse d’entreprises au bord de la faillite. Au fil des décennies, des milliards ont ainsi été pris dans la poche des contribuables pour les injecter dans les coffres d’entreprises déficitaires dans l’espoir de leur épargner une mort imminente.
Certes, les opérations de sauvetage sont motivées par de bons sentiments: on veut protéger une industrie et conserver des emplois. Mais les résultats importent plus que les intentions. Or, les résultats sont décevants! En voici quelques exemples:
- Usine Papiers Gaspésia à Chandler. Investissements : 300 millions $. Statut : fermée.
- Norsk Hydro à Bécancour. Investissements: 250 millions. Statut: fermée.
- Usine Magnola à Asbestos. Investissements: plus d’un milliard. Statut: fermée.
- GM à Boisbriand. Investissements: près de 100 millions. Statut: fermée.
- Usine Hyundai à Bromont. Investissements: 200 millions. Statut: fermée.
- Hippodrome de Montréal. Investissements: 400 millions. Statut: en faillite.
À cette liste, on peut ajouter les pertes de 143 millions $ occasionnées par la faillite de 3500 entreprises dont les prêts avaient été garantis par la Société de développement industriel après l’instauration du tristement célèbre «Plan Paillé».
Et ce n’est là que la pointe de l’iceberg. Qui sait combien coûtent aux contribuables les 1800 programmes d’aide gérés par les deux paliers de gouvernement?
Nos élus auraient dû rapidement comprendre qu’on ne gagne rien à subventionner des activités déficitaires. Mais comme c’est l’argent des contribuables qu’ils ont dilapidé et non le leur, ils n’ont pas retenu la leçon. Il faut dire qu’il est toujours facile d’être généreux avec l’argent des autres! Aujourd’hui, la papetière AbitibiBowater est en faillite. Elle a accumulé une dette de 8 milliards et, entre avril et juin, ses revenus ont chuté de 44% tandis que ses pertes ont atteint 510 millions.
Pour aider l’entreprise, Québec a déjà accordé une garantie de prêt de 100 millions, et de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une contribution plus substantielle, notamment d’Ottawa. Mais, on s’en doute, à l’instar des opérations de sauvetage énoncées plus haut, celle-ci se soldera également par un échec.
La raison en est fort simple: l’injection de fonds publics est une mauvaise solution à un faux problème. Si Abitibibowater est déficitaire, c’est parce la demande et le prix du papier diminuent. Les journaux disparaissent, et ceux qui résistent ont réduit leurs tirages; l’utilisation de papier, sous quelque forme que ce soit, a diminué en raison des nouvelles technologies et des préoccupations environnementales. Les conditions qui permirent la croissance du secteur forestier aux 19ième et 20ième siècles ne se reproduiront probablement jamais, et aucune subvention gouvernementale ne pourra rien y faire. Au mieux, l’aide prolongera l’agonie d’Abitibibowater, mais elle ne pourra pas lui rendre sa rentabilité.
L’histoire abonde d’exemples. Le métier de fabricant de chandelles s’est éteint avec l’avènement de l’électricité; l’automobile a occasionné la quasi-disparition du métier de maréchal-ferrant; l’imprimerie a rendu inutiles les scribes et les moines copistes; le prêt-à-porter a dépouillé les tailleurs d’habits; etc. Selon le contexte et l’époque, des industries naissent, et d’autres disparaissent. C’est l’histoire de l’humanité. C’est le prix de l’évolution.
Certes, il est triste de voir des travailleurs perdre leur emploi, et il est de notre devoir de leur faciliter la transition vers d’autres entreprises ou d’autres industries. Mais subventionner un secteur en déclin, c’est se battre contre des moulins à vent et reproduire les fiascos du passé. Le papier n’a plus la cote? Tournons la page!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 24 septembre 2009
À Ottawa comme à Québec, les élus s’enorgueillissent de voler à la rescousse d’entreprises au bord de la faillite. Au fil des décennies, des milliards ont ainsi été pris dans la poche des contribuables pour les injecter dans les coffres d’entreprises déficitaires dans l’espoir de leur épargner une mort imminente.
Certes, les opérations de sauvetage sont motivées par de bons sentiments: on veut protéger une industrie et conserver des emplois. Mais les résultats importent plus que les intentions. Or, les résultats sont décevants! En voici quelques exemples:
- Usine Papiers Gaspésia à Chandler. Investissements : 300 millions $. Statut : fermée.
- Norsk Hydro à Bécancour. Investissements: 250 millions. Statut: fermée.
- Usine Magnola à Asbestos. Investissements: plus d’un milliard. Statut: fermée.
- GM à Boisbriand. Investissements: près de 100 millions. Statut: fermée.
- Usine Hyundai à Bromont. Investissements: 200 millions. Statut: fermée.
- Hippodrome de Montréal. Investissements: 400 millions. Statut: en faillite.
À cette liste, on peut ajouter les pertes de 143 millions $ occasionnées par la faillite de 3500 entreprises dont les prêts avaient été garantis par la Société de développement industriel après l’instauration du tristement célèbre «Plan Paillé».
Et ce n’est là que la pointe de l’iceberg. Qui sait combien coûtent aux contribuables les 1800 programmes d’aide gérés par les deux paliers de gouvernement?
Nos élus auraient dû rapidement comprendre qu’on ne gagne rien à subventionner des activités déficitaires. Mais comme c’est l’argent des contribuables qu’ils ont dilapidé et non le leur, ils n’ont pas retenu la leçon. Il faut dire qu’il est toujours facile d’être généreux avec l’argent des autres! Aujourd’hui, la papetière AbitibiBowater est en faillite. Elle a accumulé une dette de 8 milliards et, entre avril et juin, ses revenus ont chuté de 44% tandis que ses pertes ont atteint 510 millions.
Pour aider l’entreprise, Québec a déjà accordé une garantie de prêt de 100 millions, et de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une contribution plus substantielle, notamment d’Ottawa. Mais, on s’en doute, à l’instar des opérations de sauvetage énoncées plus haut, celle-ci se soldera également par un échec.
La raison en est fort simple: l’injection de fonds publics est une mauvaise solution à un faux problème. Si Abitibibowater est déficitaire, c’est parce la demande et le prix du papier diminuent. Les journaux disparaissent, et ceux qui résistent ont réduit leurs tirages; l’utilisation de papier, sous quelque forme que ce soit, a diminué en raison des nouvelles technologies et des préoccupations environnementales. Les conditions qui permirent la croissance du secteur forestier aux 19ième et 20ième siècles ne se reproduiront probablement jamais, et aucune subvention gouvernementale ne pourra rien y faire. Au mieux, l’aide prolongera l’agonie d’Abitibibowater, mais elle ne pourra pas lui rendre sa rentabilité.
L’histoire abonde d’exemples. Le métier de fabricant de chandelles s’est éteint avec l’avènement de l’électricité; l’automobile a occasionné la quasi-disparition du métier de maréchal-ferrant; l’imprimerie a rendu inutiles les scribes et les moines copistes; le prêt-à-porter a dépouillé les tailleurs d’habits; etc. Selon le contexte et l’époque, des industries naissent, et d’autres disparaissent. C’est l’histoire de l’humanité. C’est le prix de l’évolution.
Certes, il est triste de voir des travailleurs perdre leur emploi, et il est de notre devoir de leur faciliter la transition vers d’autres entreprises ou d’autres industries. Mais subventionner un secteur en déclin, c’est se battre contre des moulins à vent et reproduire les fiascos du passé. Le papier n’a plus la cote? Tournons la page!
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 vaste consultation de M Charest)
Assez, c’est assez!
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 01 octobre 2009
Les politiciens sont difficiles à suivre. Et pour cause! Ils sont capables de défendre tout et son contraire!
Il y a quelques mois à peine, on attribuait les troubles économiques à la faiblesse des dépenses de consommation. Tout irait mieux si les consommateurs déliaient les cordons de leurs bourses, disait-on.
La première prémisse largement véhiculée est donc fort simple: pour que l’économie prospère, il faut que les Québécois dépensent. Et s’ils ne sont pas d’humeur dépensière? Dans ce cas, l’État doit se substituer aux consommateurs et augmenter ses dépenses publiques. On disait même que les déficits étaient l’antidote à la crise économique. Admettons!
Comme il fallait s’y attendre, cette logique a mis le Québec dans le rouge, et le gouvernement Charest doit maintenant trouver des moyens pour remettre la province sur la voie de l’équilibre. Son parti s’est d’ailleurs réuni le week-end dernier pour évaluer l’effort financier supplémentaire qui sera demandé aux contribuables. Implicitement, la seconde prémisse est donc que la santé des finances publiques passe par les poches des Québécois. Un classique!
Or, les deux prémisses sont incompatibles. D’une part, l’État nous dit de dépenser plus pour relancer l’économie, et d’autre part il veut réduire notre pouvoir d’achat en augmentant tarifs et impôts. Bravo pour la cohérence!
Ce n’est pas tout. Québec a récemment affirmé s’endetter pour stimuler l’économie. Maintenant, pour contrer l’endettement, il veut augmenter les impôts et les tarifs, ce qui aura pour effet de ralentir l’économie. Un ralentissement qu’il voudra plus tard maîtriser par une hausse de l’endettement, lequel l’obligera encore à alourdir le fardeau fiscal, etc. En somme, plus l’État veut soutenir l’économie, plus il est contraint de l’affaiblir.
Le véritable problème, ce n’est donc ni le coût trop bas de l’électricité ni le niveau de la taxe de vente. C’est surtout que nos élus sont prisonniers d’une logique schizophrénique héritée de la Révolution tranquille alors qu’on entretenait l’idéal de l’État-providence. Un demi-siècle plus tard, le Québec est l’une des régions les plus pauvres et les moins productives en Amérique du Nord. Et bien que nous soyons parmi les contribuables les plus taxés, Québec enregistre une dette importante qui augmente dangereusement. Après des décennies d’excès, on se réveille avec la gueule de bois.
Aujourd’hui, Québec vit aux crochets des travailleurs et leur en demande toujours plus. Il a été fiscalement indiscipliné et compte sur les contribuables pour regarnir ses coffres. Mais une hausse des tarifs et des taxes ne changera rien, car la mentalité keynésienne a amené Québec a développé une dépendance face à la dépense. Nos élus sont devenus des «accros du shopping»! Et plus on leur donnera d’argent, plus ils en dépenseront. Tout comme ce n’est pas en fournissant de la drogue au toxicomane qu’il pourra se libérer de sa dépendance, ce n’est pas en faisant les frais des extravagances budgétaires de Québec que la province retrouvera la santé fiscale.
Les Québécois travaillent dur pour gagner leur argent, et il est fondamentalement injuste qu’ils doivent se priver parce que le grand argentier est incapable de boucler son budget. Jean Charest compte tenir une «vaste consultation» sur les mesures à adopter pour revenir à l’équilibre budgétaire. Saisissons donc l’occasion pour lui faire comprendre clairement que nous contribuons déjà plus que notre juste part, qu’il est indécent de nous en demander davantage, et que son gouvernement devrait s’inspirer de la population… et apprendre à vivre selon ses moyens. Assez, c’est assez!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
© 2009 IEDM |
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 01 octobre 2009
Les politiciens sont difficiles à suivre. Et pour cause! Ils sont capables de défendre tout et son contraire!
Il y a quelques mois à peine, on attribuait les troubles économiques à la faiblesse des dépenses de consommation. Tout irait mieux si les consommateurs déliaient les cordons de leurs bourses, disait-on.
La première prémisse largement véhiculée est donc fort simple: pour que l’économie prospère, il faut que les Québécois dépensent. Et s’ils ne sont pas d’humeur dépensière? Dans ce cas, l’État doit se substituer aux consommateurs et augmenter ses dépenses publiques. On disait même que les déficits étaient l’antidote à la crise économique. Admettons!
Comme il fallait s’y attendre, cette logique a mis le Québec dans le rouge, et le gouvernement Charest doit maintenant trouver des moyens pour remettre la province sur la voie de l’équilibre. Son parti s’est d’ailleurs réuni le week-end dernier pour évaluer l’effort financier supplémentaire qui sera demandé aux contribuables. Implicitement, la seconde prémisse est donc que la santé des finances publiques passe par les poches des Québécois. Un classique!
Or, les deux prémisses sont incompatibles. D’une part, l’État nous dit de dépenser plus pour relancer l’économie, et d’autre part il veut réduire notre pouvoir d’achat en augmentant tarifs et impôts. Bravo pour la cohérence!
Ce n’est pas tout. Québec a récemment affirmé s’endetter pour stimuler l’économie. Maintenant, pour contrer l’endettement, il veut augmenter les impôts et les tarifs, ce qui aura pour effet de ralentir l’économie. Un ralentissement qu’il voudra plus tard maîtriser par une hausse de l’endettement, lequel l’obligera encore à alourdir le fardeau fiscal, etc. En somme, plus l’État veut soutenir l’économie, plus il est contraint de l’affaiblir.
Le véritable problème, ce n’est donc ni le coût trop bas de l’électricité ni le niveau de la taxe de vente. C’est surtout que nos élus sont prisonniers d’une logique schizophrénique héritée de la Révolution tranquille alors qu’on entretenait l’idéal de l’État-providence. Un demi-siècle plus tard, le Québec est l’une des régions les plus pauvres et les moins productives en Amérique du Nord. Et bien que nous soyons parmi les contribuables les plus taxés, Québec enregistre une dette importante qui augmente dangereusement. Après des décennies d’excès, on se réveille avec la gueule de bois.
Aujourd’hui, Québec vit aux crochets des travailleurs et leur en demande toujours plus. Il a été fiscalement indiscipliné et compte sur les contribuables pour regarnir ses coffres. Mais une hausse des tarifs et des taxes ne changera rien, car la mentalité keynésienne a amené Québec a développé une dépendance face à la dépense. Nos élus sont devenus des «accros du shopping»! Et plus on leur donnera d’argent, plus ils en dépenseront. Tout comme ce n’est pas en fournissant de la drogue au toxicomane qu’il pourra se libérer de sa dépendance, ce n’est pas en faisant les frais des extravagances budgétaires de Québec que la province retrouvera la santé fiscale.
Les Québécois travaillent dur pour gagner leur argent, et il est fondamentalement injuste qu’ils doivent se priver parce que le grand argentier est incapable de boucler son budget. Jean Charest compte tenir une «vaste consultation» sur les mesures à adopter pour revenir à l’équilibre budgétaire. Saisissons donc l’occasion pour lui faire comprendre clairement que nous contribuons déjà plus que notre juste part, qu’il est indécent de nous en demander davantage, et que son gouvernement devrait s’inspirer de la population… et apprendre à vivre selon ses moyens. Assez, c’est assez!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 incohérence du gouv. Charest)
Un tissu de contradictions
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 08 octobre 2009
Périodiquement, la question de l'eau revient au coeur de l'actualité et nous replonge dans l'éternel débat: l'eau est-elle un bien marchand ou une ressource commune?
Il y a quelques jours, deux voix se sont élevées pour prendre position. Il s'agit de Maude Barlow, présidente du Conseil des Canadiens et ex-conseillère principale en matière d'eau auprès des Nations Unies, et de Riccardo Petrella, politicologue, économiste et président de l'Institut européen de recherche sur la politique de l'eau.
Pour l'un comme pour l'autre, l'humanité vivra bientôt une crise hydrique majeure. Madame Barlow affirme que l'eau est un bien commun qui devrait n'être ni embouteillée, ni exportée, ni tarifée. Quant à monsieur Petrella, il réclame que «l'accès à l'eau soit reconnu comme un droit humain, universel, indivisible, inaliénable et imprescriptible par les Nations Unies». En d'autres termes, tous deux refusent de considérer l'eau comme une marchandise, et défendent l'idée qu'elle est un «don du ciel», qu'elle appartient à tout le monde, et qu'elle doit être distribuée gratuitement.
Leur discours est passionné; leur plaidoyer, poétique. Si leur vision du monde est incontestablement séduisante, en revanche, le raisonnement logique sur lequel ils se basent est troublant.
Pour eux, l'eau n'étant disponible qu'en quantité limitée, il faut la distribuer gratuitement. Mais si une ressource est précieuse, est-il bien raisonnable de la donner? La gratuité n'encourage-t-elle pas le gaspillage? Alors que personne n'arroserait son gazon avec de l'eau embouteillée, beaucoup laissent couler sans scrupules leur tuyau d'arrosage. N'est-ce pas la preuve qu'on gaspille ce qui ne coûte rien? Moins c'est cher, plus on en achète: c'est là la célèbre loi de la demande que l'on enseigne dans les cours d'économie 101 et que M. Petrella devrait connaître mieux que quiconque puisqu'on le dit économiste! Si madame Barlow et monsieur Petrella souhaitent que l'on réduise notre consommation d'eau, la gratuité est-elle vraiment la solution?
De plus, ils invoquent le fait que l'eau est source de vie pour justifier leur position. Mais l'alimentation n'est-elle pas tout aussi essentielle? Et ne risque-t-on pas de mourir de froid en l'absence d'un moyen de chauffage adéquat? Alors, pourquoi n'ont-ils jamais réclamé la gratuité de la nourriture ou celle du mazout? Parallèlement à son intérêt pour l'eau, madame Barlow est une fervente militante antimondialisation. Or, les obstacles au commerce réduisent la concurrence, ce qui force les consommateurs à payer plus cher les produits importés, y compris les denrées alimentaires. Madame Barlow réclame donc à la fois la gratuité de l'eau et des politiques qui ont pour effet d'augmenter le coût de l'alimentation. C'est comme chercher la quadrature du cercle!
Madame Barlow dénonce le fait que des populations entières manquent cruellement d'eau. Mais, du même souffle, elle s'oppose à l'embouteillage et à l'exportation du précieux liquide et réclame même une interdiction formelle et pancanadienne. Elle accuse le secteur agricole de gaspiller l'or bleu, mais milite pour que les exploitants continuent d'être approvisionnés gratuitement. Elle déclare que «nous assistons à un vol de l'eau par les entreprises privées», mais elle désapprouve l'idée de leur faire payer une redevance. Elle affirme que l'eau appartient à tous et que son accès est un droit fondamental, mais elle se bat pour empêcher le Canada de faire bénéficier d'autres pays de ce cadeau divin. Voilà de quoi donner le tournis!
Formules ronflantes, déclarations sensationnalistes, et phraséologie pompeuse, les gourous de la question de l'eau maîtrisent à la perfection l'art de la rhétorique. Dommage que leurs discours soient un tissu de contradictions!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably-Lévy, 08 octobre 2009
Périodiquement, la question de l'eau revient au coeur de l'actualité et nous replonge dans l'éternel débat: l'eau est-elle un bien marchand ou une ressource commune?
Il y a quelques jours, deux voix se sont élevées pour prendre position. Il s'agit de Maude Barlow, présidente du Conseil des Canadiens et ex-conseillère principale en matière d'eau auprès des Nations Unies, et de Riccardo Petrella, politicologue, économiste et président de l'Institut européen de recherche sur la politique de l'eau.
Pour l'un comme pour l'autre, l'humanité vivra bientôt une crise hydrique majeure. Madame Barlow affirme que l'eau est un bien commun qui devrait n'être ni embouteillée, ni exportée, ni tarifée. Quant à monsieur Petrella, il réclame que «l'accès à l'eau soit reconnu comme un droit humain, universel, indivisible, inaliénable et imprescriptible par les Nations Unies». En d'autres termes, tous deux refusent de considérer l'eau comme une marchandise, et défendent l'idée qu'elle est un «don du ciel», qu'elle appartient à tout le monde, et qu'elle doit être distribuée gratuitement.
Leur discours est passionné; leur plaidoyer, poétique. Si leur vision du monde est incontestablement séduisante, en revanche, le raisonnement logique sur lequel ils se basent est troublant.
Pour eux, l'eau n'étant disponible qu'en quantité limitée, il faut la distribuer gratuitement. Mais si une ressource est précieuse, est-il bien raisonnable de la donner? La gratuité n'encourage-t-elle pas le gaspillage? Alors que personne n'arroserait son gazon avec de l'eau embouteillée, beaucoup laissent couler sans scrupules leur tuyau d'arrosage. N'est-ce pas la preuve qu'on gaspille ce qui ne coûte rien? Moins c'est cher, plus on en achète: c'est là la célèbre loi de la demande que l'on enseigne dans les cours d'économie 101 et que M. Petrella devrait connaître mieux que quiconque puisqu'on le dit économiste! Si madame Barlow et monsieur Petrella souhaitent que l'on réduise notre consommation d'eau, la gratuité est-elle vraiment la solution?
De plus, ils invoquent le fait que l'eau est source de vie pour justifier leur position. Mais l'alimentation n'est-elle pas tout aussi essentielle? Et ne risque-t-on pas de mourir de froid en l'absence d'un moyen de chauffage adéquat? Alors, pourquoi n'ont-ils jamais réclamé la gratuité de la nourriture ou celle du mazout? Parallèlement à son intérêt pour l'eau, madame Barlow est une fervente militante antimondialisation. Or, les obstacles au commerce réduisent la concurrence, ce qui force les consommateurs à payer plus cher les produits importés, y compris les denrées alimentaires. Madame Barlow réclame donc à la fois la gratuité de l'eau et des politiques qui ont pour effet d'augmenter le coût de l'alimentation. C'est comme chercher la quadrature du cercle!
Madame Barlow dénonce le fait que des populations entières manquent cruellement d'eau. Mais, du même souffle, elle s'oppose à l'embouteillage et à l'exportation du précieux liquide et réclame même une interdiction formelle et pancanadienne. Elle accuse le secteur agricole de gaspiller l'or bleu, mais milite pour que les exploitants continuent d'être approvisionnés gratuitement. Elle déclare que «nous assistons à un vol de l'eau par les entreprises privées», mais elle désapprouve l'idée de leur faire payer une redevance. Elle affirme que l'eau appartient à tous et que son accès est un droit fondamental, mais elle se bat pour empêcher le Canada de faire bénéficier d'autres pays de ce cadeau divin. Voilà de quoi donner le tournis!
Formules ronflantes, déclarations sensationnalistes, et phraséologie pompeuse, les gourous de la question de l'eau maîtrisent à la perfection l'art de la rhétorique. Dommage que leurs discours soient un tissu de contradictions!
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* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 incohérence du gouv. Charest)
L’orchestre du Titanic
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably-Lévy, 15 octobre 2009
Barack Obama s'était engagé à créer ou à préserver des emplois. C'est d'ailleurs sur la base de cette promesse que le Congrès a adopté un plan de relance de 787 milliards $US, le plus important de l'histoire de l'humanité. Certes, le président Bush s'était également lancé dans d'importantes dépenses, toutefois ce sont les mesures prises par son successeur qui ont fait quadrupler le déficit, et qui feront doubler la dette au cours des prochaines années.
Mais cet endettement était un mal nécessaire, nous dit-on. Pour nous en convaincre, on invoque la hausse des cours boursiers, la baisse de l'indice des prix à la consommation, la hausse des mises en chantier, ou encore le regain de confiance des consommateurs. Quant à la hausse du taux de chômage, il ne faudrait pas s'en inquiéter puisque, selon de nombreux observateurs parmi lesquels figure le Fonds monétaire international (FMI), l'Oncle Sam connaîtrait une «reprise sans emploi».
Une reprise sans emploi????? Quel magnifique oxymoron! C'est comme avancer sans bouger. Pour que la production augmente en dépit des pertes d'emplois, il aurait fallu que la productivité décuple, ce qui n'a pas été le cas. À 9,8%, le taux de chômage est à son plus haut niveau depuis 26 ans. Selon le Bureau of Labor Statistics, une agence gouvernementale américaine, le véritable taux de chômage atteint 17% si l'on tient compte du temps partiel involontaire et des chômeurs découragés qui échappent aux calculs officiels. Parler de «reprise sans emploi», ce n'est pas uniquement une contradiction dans les termes, c'est carrément une fraude intellectuelle pour masquer une réalité qui dérange.
Et la réalité est que l'économie américaine va bien mal. Certes, les consommateurs dépensent plus, mais leurs revenus ont stagné, ce qui signifie nécessairement qu'ils se sont endettés. Or, endettement n'est pas synonyme de croissance!
D’ailleurs, plusieurs signaux trahissent la précarité de l’économie américaine. Par exemple, la suprématie du dollar US est de plus en plus contestée. Depuis 2002, le billet vert a perdu 33% de sa valeur, tandis que l’injection astronomique de monnaie attribuable aux récents plans de relance fait craindre une recrudescence de l’inflation et une dépréciation encore plus marquée du dollar américain. Aujourd’hui, le prix de l’or augmente de façon soutenue, plusieurs chefs d’État réclament l’abandon du dollar US comme monnaie de réserve, et de nombreux pays planifient de mettre fin à la facturation du pétrole en dollars. Bref, c’est la déconfiture totale!
Malgré tout, on nous parle de reprise. Le parallèle avec l’histoire du célèbre Titanic est incontournable. Pendant que le navire coulait, l’orchestre continuait à jouer pour rassurer la foule. Alors que le dollar US perd ses plus loyaux supporteurs et qu’il est devenu clair que cette devise vaudra bientôt autant que l’argent de Monopoly, on persiste à nous dire que tout va mieux. Mais le moment viendra où la vérité ne pourra plus être dissimulée. C’est alors que le Canada pourrait être gagnant.
En effet, l’économie canadienne montre des signes encourageants : l’emploi et les salaires augmentent, et on peut espérer une croissance de la production pour le 3e trimestre. Ceci signifie que la Banque centrale du Canada pourrait bientôt être contrainte d’augmenter ses taux d’intérêt malgré son engagement à les maintenir constants jusqu’en avril 2010. Prospérité économique et taux d’intérêt alléchants au Canada, voilà autant de raisons pour inciter les Américains à fuir leur économie moribonde, et à venir placer leur argent chez nous! Après la bulle technologique et la bulle immobilière, assisterons-nous à la bulle canadienne?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
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Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably-Lévy, 15 octobre 2009
Barack Obama s'était engagé à créer ou à préserver des emplois. C'est d'ailleurs sur la base de cette promesse que le Congrès a adopté un plan de relance de 787 milliards $US, le plus important de l'histoire de l'humanité. Certes, le président Bush s'était également lancé dans d'importantes dépenses, toutefois ce sont les mesures prises par son successeur qui ont fait quadrupler le déficit, et qui feront doubler la dette au cours des prochaines années.
Mais cet endettement était un mal nécessaire, nous dit-on. Pour nous en convaincre, on invoque la hausse des cours boursiers, la baisse de l'indice des prix à la consommation, la hausse des mises en chantier, ou encore le regain de confiance des consommateurs. Quant à la hausse du taux de chômage, il ne faudrait pas s'en inquiéter puisque, selon de nombreux observateurs parmi lesquels figure le Fonds monétaire international (FMI), l'Oncle Sam connaîtrait une «reprise sans emploi».
Une reprise sans emploi????? Quel magnifique oxymoron! C'est comme avancer sans bouger. Pour que la production augmente en dépit des pertes d'emplois, il aurait fallu que la productivité décuple, ce qui n'a pas été le cas. À 9,8%, le taux de chômage est à son plus haut niveau depuis 26 ans. Selon le Bureau of Labor Statistics, une agence gouvernementale américaine, le véritable taux de chômage atteint 17% si l'on tient compte du temps partiel involontaire et des chômeurs découragés qui échappent aux calculs officiels. Parler de «reprise sans emploi», ce n'est pas uniquement une contradiction dans les termes, c'est carrément une fraude intellectuelle pour masquer une réalité qui dérange.
Et la réalité est que l'économie américaine va bien mal. Certes, les consommateurs dépensent plus, mais leurs revenus ont stagné, ce qui signifie nécessairement qu'ils se sont endettés. Or, endettement n'est pas synonyme de croissance!
D’ailleurs, plusieurs signaux trahissent la précarité de l’économie américaine. Par exemple, la suprématie du dollar US est de plus en plus contestée. Depuis 2002, le billet vert a perdu 33% de sa valeur, tandis que l’injection astronomique de monnaie attribuable aux récents plans de relance fait craindre une recrudescence de l’inflation et une dépréciation encore plus marquée du dollar américain. Aujourd’hui, le prix de l’or augmente de façon soutenue, plusieurs chefs d’État réclament l’abandon du dollar US comme monnaie de réserve, et de nombreux pays planifient de mettre fin à la facturation du pétrole en dollars. Bref, c’est la déconfiture totale!
Malgré tout, on nous parle de reprise. Le parallèle avec l’histoire du célèbre Titanic est incontournable. Pendant que le navire coulait, l’orchestre continuait à jouer pour rassurer la foule. Alors que le dollar US perd ses plus loyaux supporteurs et qu’il est devenu clair que cette devise vaudra bientôt autant que l’argent de Monopoly, on persiste à nous dire que tout va mieux. Mais le moment viendra où la vérité ne pourra plus être dissimulée. C’est alors que le Canada pourrait être gagnant.
En effet, l’économie canadienne montre des signes encourageants : l’emploi et les salaires augmentent, et on peut espérer une croissance de la production pour le 3e trimestre. Ceci signifie que la Banque centrale du Canada pourrait bientôt être contrainte d’augmenter ses taux d’intérêt malgré son engagement à les maintenir constants jusqu’en avril 2010. Prospérité économique et taux d’intérêt alléchants au Canada, voilà autant de raisons pour inciter les Américains à fuir leur économie moribonde, et à venir placer leur argent chez nous! Après la bulle technologique et la bulle immobilière, assisterons-nous à la bulle canadienne?
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 incohérence du gouv. Charest)
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La pointe de l’iceberg
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably-Lévy, 22 octobre 2009
Plus que jamais, les affaires de corruption accaparent la scène médiatique. Après la célèbre saga Mulroney-Schreiber, c'est au tour de Sylvie St-Jean, de Frank Zampino et de Benoit Labonté de faire la une des quotidiens.
Bien que les questions d'éthique soient au cœur de l'actualité, les comportements douteux, les malversations, les pots-de-vin et autres comportements illicites ne datent pas d'hier. En 1872, John A. Macdonald, premier ministre du Canada, a été contraint de démissionner à la suite du scandale du Canadien Pacifique. En 1892, Honoré Mercier, premier ministre du Québec, fut démis de ses fonctions en raison de l'affaire de la Baie des Chaleurs. Plus ça change…
Pourquoi tant de corruption? Pourquoi les élus et les fonctionnaires fricotent-ils avec les gens d'affaires? On nous dit qu'il faudrait plus de gens honnêtes en politique et dans le secteur public. On nous dit également qu'on devrait voter des lois plus strictes, resserrer les mécanismes de contrôle, revoir la loi sur le financement des activités politiques, etc. Peut-être… mais est-ce la solution?
Pour combattre efficacement la corruption, il faut d'abord identifier ce qui l'engendre. Or, personne ne résume le phénomène mieux que Lord Acton, un historien britannique du 19e siècle. Son travail d'observation l'avait amené à déclarer que si «le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument».
Politiciens et fonctionnaires n'ont jamais eu autant de pouvoir qu'actuellement. Ils ont la liberté de voter des lois, de protéger des marchés, d'accorder des privilèges et, bien entendu, de dépenser des fonds publics. Ils peuvent permettre ou interdire. Ils peuvent exproprier, taxer, subventionner et réglementer. Cette année, la Ville de Montréal va dépenser 4,1 milliards $. À l'échelle provinciale, ce chiffre augmente à 57,4 milliards $, tandis qu'il atteint 237 milliards $ à l'échelle fédérale. Argent, pouvoir et arbitraire créent d'irrésistibles occasions de corruption. Faut-il donc être surpris si quelques personnes tentent d'obtenir des faveurs en recourant à des moyens immoraux?
Certains jouent les vierges offensées face aux récents scandales. D'autres nous parlent d'enquêtes policières ou réclament une commission d'enquête. Ces efforts permettront sans doute de punir les coupables, mais ils n'enrayeront jamais le phénomène, car ils s'attaquent au symptôme et non à la racine du problème. Au mieux, ils forceront les délinquants à raffiner leurs tactiques et à user d'imagination pour éviter de se faire prendre. Mais dans les faits, tant que le monde politique aura le pouvoir de s'immiscer dans les affaires, les gens d'affaires voudront s'immiscer dans le monde politique, et aucune enquête ne rompra cette symbiose!
Les malversations qui occupent actuellement les médias sont désolantes, mais il y a pire encore. Il y a la corruption légale et officielle qui se produit sur une base quotidienne et qui devrait nous scandaliser tout autant, sinon plus! Quand des milliers de lobbyistes travaillent à temps plein pour influencer en leur faveur les décisions de politiciens et obtenir l'argent des contribuables, n'est-ce pas de la corruption? Quand ils subordonnent leurs votes à un quelconque traitement de faveur, n'est-ce pas de la corruption? Quand le Trésor québécois dilapide les fonds publics pour financer des projets qui n'avantagent que quelques intérêts particuliers, n'est-ce pas de la corruption? Et la Loi de l'impôt sur le revenu canadienne, qui compte 2848 pages parce qu'elle contient une série de privilèges, d'exceptions et de cas particuliers, n'est-elle pas une forme de corruption?
Dénoncer les comportements illégaux, d'accord! Mais ne perdons pas de vue la corruption légale engendrée par les immenses pouvoirs que l'État possède, car c'est elle le véritable cancer de l'économie!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
La pointe de l’iceberg
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably-Lévy, 22 octobre 2009
Plus que jamais, les affaires de corruption accaparent la scène médiatique. Après la célèbre saga Mulroney-Schreiber, c'est au tour de Sylvie St-Jean, de Frank Zampino et de Benoit Labonté de faire la une des quotidiens.
Bien que les questions d'éthique soient au cœur de l'actualité, les comportements douteux, les malversations, les pots-de-vin et autres comportements illicites ne datent pas d'hier. En 1872, John A. Macdonald, premier ministre du Canada, a été contraint de démissionner à la suite du scandale du Canadien Pacifique. En 1892, Honoré Mercier, premier ministre du Québec, fut démis de ses fonctions en raison de l'affaire de la Baie des Chaleurs. Plus ça change…
Pourquoi tant de corruption? Pourquoi les élus et les fonctionnaires fricotent-ils avec les gens d'affaires? On nous dit qu'il faudrait plus de gens honnêtes en politique et dans le secteur public. On nous dit également qu'on devrait voter des lois plus strictes, resserrer les mécanismes de contrôle, revoir la loi sur le financement des activités politiques, etc. Peut-être… mais est-ce la solution?
Pour combattre efficacement la corruption, il faut d'abord identifier ce qui l'engendre. Or, personne ne résume le phénomène mieux que Lord Acton, un historien britannique du 19e siècle. Son travail d'observation l'avait amené à déclarer que si «le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument».
Politiciens et fonctionnaires n'ont jamais eu autant de pouvoir qu'actuellement. Ils ont la liberté de voter des lois, de protéger des marchés, d'accorder des privilèges et, bien entendu, de dépenser des fonds publics. Ils peuvent permettre ou interdire. Ils peuvent exproprier, taxer, subventionner et réglementer. Cette année, la Ville de Montréal va dépenser 4,1 milliards $. À l'échelle provinciale, ce chiffre augmente à 57,4 milliards $, tandis qu'il atteint 237 milliards $ à l'échelle fédérale. Argent, pouvoir et arbitraire créent d'irrésistibles occasions de corruption. Faut-il donc être surpris si quelques personnes tentent d'obtenir des faveurs en recourant à des moyens immoraux?
Certains jouent les vierges offensées face aux récents scandales. D'autres nous parlent d'enquêtes policières ou réclament une commission d'enquête. Ces efforts permettront sans doute de punir les coupables, mais ils n'enrayeront jamais le phénomène, car ils s'attaquent au symptôme et non à la racine du problème. Au mieux, ils forceront les délinquants à raffiner leurs tactiques et à user d'imagination pour éviter de se faire prendre. Mais dans les faits, tant que le monde politique aura le pouvoir de s'immiscer dans les affaires, les gens d'affaires voudront s'immiscer dans le monde politique, et aucune enquête ne rompra cette symbiose!
Les malversations qui occupent actuellement les médias sont désolantes, mais il y a pire encore. Il y a la corruption légale et officielle qui se produit sur une base quotidienne et qui devrait nous scandaliser tout autant, sinon plus! Quand des milliers de lobbyistes travaillent à temps plein pour influencer en leur faveur les décisions de politiciens et obtenir l'argent des contribuables, n'est-ce pas de la corruption? Quand ils subordonnent leurs votes à un quelconque traitement de faveur, n'est-ce pas de la corruption? Quand le Trésor québécois dilapide les fonds publics pour financer des projets qui n'avantagent que quelques intérêts particuliers, n'est-ce pas de la corruption? Et la Loi de l'impôt sur le revenu canadienne, qui compte 2848 pages parce qu'elle contient une série de privilèges, d'exceptions et de cas particuliers, n'est-elle pas une forme de corruption?
Dénoncer les comportements illégaux, d'accord! Mais ne perdons pas de vue la corruption légale engendrée par les immenses pouvoirs que l'État possède, car c'est elle le véritable cancer de l'économie!
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Re: Nathalie Elgrably (page 9 incohérence du gouv. Charest)
Une question de volonté
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably-Lévy, 29 octobre 2009
Les déficits sont la préoccupation de l’heure tant au niveau provincial que fédéral. Face aux chiffres qui gonflent rapidement, nos ministres des Finances commencent par prendre un air étonné, puis s’agitent dans tous les sens, comme des poules sans tête, dans l’espoir de trouver un coupable et une solution.
Traditionnellement, quand les finances publiques se portent bien, c’est grâce à la sagesse, à la prudence et à la grande capacité de discernement des ministres des Finances, mais quand elles vont mal, c’est à cause de l’économie, des paradis fiscaux ou du travail au noir. Aujourd’hui encore, Ottawa et Québec s’efforcent de nier toute responsabilité et attribuent les résultats financiers pitoyables à la crise économique. Certes, les recettes fiscales diminuent en période de récession, mais les gouvernements ne sont pas d’innocentes et frêles victimes d’une conjoncture assassine.
En dépit des discours creux qu’on nous sert, il est clair que si nos finances publiques se détériorent, c’est principalement en raison de choix budgétaires médiocres. Quand les coffres de l’État sont vides, c’est la faute à ceux qui ont le pouvoir de dépenser!
Les déficits sont donc le produit d’une volonté politique. En l’occurrence, l’État fédéral a adopté le Plan d’action économique dont la facture dépassera 30 milliards, il a dépensé 10,6 milliards pour «sauver» l’industrie automobile, 3,4 milliards pour acheter des hélicoptères Chinook, 5 milliards pour une nouvelle flotte de combat pour l’armée de terre, 1 milliard pour aider les producteurs de «liqueur noire», sans compter les subventions et autre formes d’aide accordées aux innombrables groupes de pression.
Quant à la fonction publique fédérale, son effectif a augmenté de 4,5% depuis un an, tandis que les salaires qu’elle verse grimpent plus rapidement que dans le reste de l’économie. Tout cela est-il bien raisonnable? Au niveau provincial, le bilan n’est guère plus reluisant. D’une part, nous savons que l’équilibre budgétaire n’a jamais existé. C’était un mirage résultant d’entourloupes fiscales savamment imaginées. D’autre part, le budget légué par madame Jérôme-Forget ainsi que les autres initiatives de relance de l’économie coûteront 15 milliards $!
Malgré tout, le ministre provincial Raymond Bachand tente de minimiser la gravité de la situation en citant l’exemple de l’Ontario dont le déficit atteindra 24,7 milliards. Quand on se compare, on se console, nous dit-on. Certes! Mais dans ce cas-ci, quand on se compare, on se désole, car il faut préciser que la dette nette de la belle province atteint 42% du PIB, contre seulement 25% en Ontario. En fait, seule Terre-Neuve affiche un ratio plus élevé que le Québec. Monsieur le ministre n’a donc vraiment pas de quoi pavoiser!
À Ottawa, on tente également de manipuler bassement l’opinion publique en comparant la dette fédérale à celle de Washington. Quelle imposture! L’Oncle Sam est techniquement en faillite, et c’est à lui qu’on se compare?!
Maintenant, pour éponger les déficits qu’ils ont générés, nos ministres des Finances lorgnent en direction de nos poches. Le ministre Bachand a même déclaré que les Québécois devront «mettre l’épaule à la roue». Ah, oui? Et pourquoi devrions-nous accepter? Pourquoi est-ce encore à nous de faire les frais d’excès budgétaires destinés en partie à satisfaire les intérêts égoïstes des lobbies?
Messieurs les ministres des Finances, vous avez trop dépensé? Soit! Mais ne touchez pas à nos poches. Comment voulez-vous que les Québécois dépensent pour faire «rouler» l’économie si leurs portefeuilles sont vides? Faites donc la seule chose qu’un gouvernement responsable devrait faire: couper les dépenses! Quand on veut, on peut …
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
© 2009 IEDM |
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably-Lévy, 29 octobre 2009
Les déficits sont la préoccupation de l’heure tant au niveau provincial que fédéral. Face aux chiffres qui gonflent rapidement, nos ministres des Finances commencent par prendre un air étonné, puis s’agitent dans tous les sens, comme des poules sans tête, dans l’espoir de trouver un coupable et une solution.
Traditionnellement, quand les finances publiques se portent bien, c’est grâce à la sagesse, à la prudence et à la grande capacité de discernement des ministres des Finances, mais quand elles vont mal, c’est à cause de l’économie, des paradis fiscaux ou du travail au noir. Aujourd’hui encore, Ottawa et Québec s’efforcent de nier toute responsabilité et attribuent les résultats financiers pitoyables à la crise économique. Certes, les recettes fiscales diminuent en période de récession, mais les gouvernements ne sont pas d’innocentes et frêles victimes d’une conjoncture assassine.
En dépit des discours creux qu’on nous sert, il est clair que si nos finances publiques se détériorent, c’est principalement en raison de choix budgétaires médiocres. Quand les coffres de l’État sont vides, c’est la faute à ceux qui ont le pouvoir de dépenser!
Les déficits sont donc le produit d’une volonté politique. En l’occurrence, l’État fédéral a adopté le Plan d’action économique dont la facture dépassera 30 milliards, il a dépensé 10,6 milliards pour «sauver» l’industrie automobile, 3,4 milliards pour acheter des hélicoptères Chinook, 5 milliards pour une nouvelle flotte de combat pour l’armée de terre, 1 milliard pour aider les producteurs de «liqueur noire», sans compter les subventions et autre formes d’aide accordées aux innombrables groupes de pression.
Quant à la fonction publique fédérale, son effectif a augmenté de 4,5% depuis un an, tandis que les salaires qu’elle verse grimpent plus rapidement que dans le reste de l’économie. Tout cela est-il bien raisonnable? Au niveau provincial, le bilan n’est guère plus reluisant. D’une part, nous savons que l’équilibre budgétaire n’a jamais existé. C’était un mirage résultant d’entourloupes fiscales savamment imaginées. D’autre part, le budget légué par madame Jérôme-Forget ainsi que les autres initiatives de relance de l’économie coûteront 15 milliards $!
Malgré tout, le ministre provincial Raymond Bachand tente de minimiser la gravité de la situation en citant l’exemple de l’Ontario dont le déficit atteindra 24,7 milliards. Quand on se compare, on se console, nous dit-on. Certes! Mais dans ce cas-ci, quand on se compare, on se désole, car il faut préciser que la dette nette de la belle province atteint 42% du PIB, contre seulement 25% en Ontario. En fait, seule Terre-Neuve affiche un ratio plus élevé que le Québec. Monsieur le ministre n’a donc vraiment pas de quoi pavoiser!
À Ottawa, on tente également de manipuler bassement l’opinion publique en comparant la dette fédérale à celle de Washington. Quelle imposture! L’Oncle Sam est techniquement en faillite, et c’est à lui qu’on se compare?!
Maintenant, pour éponger les déficits qu’ils ont générés, nos ministres des Finances lorgnent en direction de nos poches. Le ministre Bachand a même déclaré que les Québécois devront «mettre l’épaule à la roue». Ah, oui? Et pourquoi devrions-nous accepter? Pourquoi est-ce encore à nous de faire les frais d’excès budgétaires destinés en partie à satisfaire les intérêts égoïstes des lobbies?
Messieurs les ministres des Finances, vous avez trop dépensé? Soit! Mais ne touchez pas à nos poches. Comment voulez-vous que les Québécois dépensent pour faire «rouler» l’économie si leurs portefeuilles sont vides? Faites donc la seule chose qu’un gouvernement responsable devrait faire: couper les dépenses! Quand on veut, on peut …
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
© 2009 IEDM |
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