Re: Course à la succession à l'ADQ
Publié : dim. oct. 18, 2009 6:12 am
Jeux de pouvoir
Un devoir de crédibilité
michel hébert
17/10/2009 04h00
Nouvelle Commentaires
Michel Hébert Tout le monde le sait, le risque est grand de voir l’ADQ
disparaître du paysage politique québécois aux prochaines élections générales. Ce serait dommage. La droite, si tant est qu’elle veuille un jour s’exprimer là où ça compte, aura besoin de députés à l’Assemblée nationale.
Si la gauche peut espérer des jours meilleurs avec Amir Khadir, de Québec solidaire, la droite doit garder son droit de cité au salon de la race. Simple question d’équilibre.
Mais pour cela, évidemment, il faut d’abord que l’ADQ sorte de la déprime qui la mine depuis décembre 2008, se réorganise et reprenne les thèmes qui ont fait son succès, notamment la remise en question du modèle administratif québécois. C’était son fonds de commerce, rappelez-vous. Et si cela plaît toujours à Québec, cela peut séduire ailleurs.
Il est plutôt simple de faire comprendre que, si des « économies d’échelle » sont accomplies chaque jour dans le secteur privé depuis des années, il doit être possible d’en obtenir aussi dans le secteur public sans tout démolir ou mettre la population en péril, surtout après les centaines de millions dépensés dans les technologies et la formation du personnel dans le but d’alléger la gestion. Le gouvernement sait qu’il ne peut plus multiplier les programmes et les organismes au détriment de la richesse collective. En cessant de planter des fonctionnaires, peut-être récolterons-nous autre chose que des impôts. Et des tarifs.
Zone de confort
La tentation des adéquistes de diluer leurs positions traditionnelles pour se tasser au centre est forte; c’est la zone de confort des partis politiques. Mais l’ADQ irait y rejoindre les partisans du statu quo et n’avancerait à rien, à court terme du moins. De toute manière, la place est occupée, le PQ et le PLQ sont associés dans la « défense » du modèle québécois, où ils ont des « amis » partout.
Ce modèle nourrit une résistance acharnée au changement et favorise le clientélisme. Le Québec qui inspirerait l’ADQ n’a pas changé. C’est celui des films de Denys Arcand : surgouverné, passif, régimenté par une technocratie maternante. Sauf, bien sûr, dans la construction où la FTQ et les libéraux tolèrent avec une étrange sérénité la présence d’une mafia moins subtile.
Course déprimante
L’Action démocratique du Québec se choisira un nouveau chef, demain. Il était grand temps de mettre fin à cette course déprimante pour laquelle la population a eu un intérêt distant et, au mieux, mitigé. Les médias l’ont suivie de loin en loin, mais, outre un épisode tapageur où les insultes ont été nombreuses et mesquines, elle n’a pas eu d’écho favorable dans l’électorat.
Par un vote électronique, les militants choisiront donc entre Gilles Taillon et Éric Caire, cela dit en tout respect pour Christian Lévesque, qui s’est montré étonnamment persévérant. Si le premier l’emporte, il devra refaire son entrée à l’Assemblée nationale plus tôt que tard. M. Taillon ne pourrait tarder à le faire comme René Lévesque ou Robert Bourassa qui, en leur temps, comptaient sur des organisations plus puissantes que ne l’est l’ADQ aujourd’hui. M. Taillon aura besoin des médias et les médias sont tous à l’hôtel du Parlement…
Marc Picard, qui souffre lui aussi d’un cancer de la prostate, voudra peut-être faire œuvre utile en lui cédant son siège de Chutes-de-la-Chaudière. Saint-Nicolas, après tout, c’est un peu Gatineau…
Avec Éric Caire, les adéquistes éviteraient ce genre de problèmes. Mais le député de La Peltrie aura un autre défi, plus délicat : conquérir le caucus adéquiste où on le trouve cassant, autoritaire, hautain. Comme le sont habituellement les chefs…
Repositionner le parti
Mais Taillon et Caire devront repositionner le parti rapidement. En regard des accommodements religieux, de la réduction de la taille de l’État, du privé en santé et en éducation, etc. Ils devront aussi peaufiner la position autonomiste de l’ADQ. On ne sait guère à quoi cela rime. Ici, comme ailleurs dans le monde, on ne peut pas être à la fois indépendantiste et favorable au statu quo. S’il y avait un référendum, demain, l’ADQ serait dans le camp du Oui ou dans celui du Non?
Les adéquistes recommencent demain à jouer son avenir. Si, dans l’année qui vient, ils n’ont pas repris confiance en eux et démontré que leur formation est une solution de rechange sérieuse, ils ne leur restera plus qu’à renvoyer Sylvie Roy à Jérusalem. Pour prier.
Un devoir de crédibilité
michel hébert
17/10/2009 04h00
Nouvelle Commentaires
Michel Hébert Tout le monde le sait, le risque est grand de voir l’ADQ
disparaître du paysage politique québécois aux prochaines élections générales. Ce serait dommage. La droite, si tant est qu’elle veuille un jour s’exprimer là où ça compte, aura besoin de députés à l’Assemblée nationale.
Si la gauche peut espérer des jours meilleurs avec Amir Khadir, de Québec solidaire, la droite doit garder son droit de cité au salon de la race. Simple question d’équilibre.
Mais pour cela, évidemment, il faut d’abord que l’ADQ sorte de la déprime qui la mine depuis décembre 2008, se réorganise et reprenne les thèmes qui ont fait son succès, notamment la remise en question du modèle administratif québécois. C’était son fonds de commerce, rappelez-vous. Et si cela plaît toujours à Québec, cela peut séduire ailleurs.
Il est plutôt simple de faire comprendre que, si des « économies d’échelle » sont accomplies chaque jour dans le secteur privé depuis des années, il doit être possible d’en obtenir aussi dans le secteur public sans tout démolir ou mettre la population en péril, surtout après les centaines de millions dépensés dans les technologies et la formation du personnel dans le but d’alléger la gestion. Le gouvernement sait qu’il ne peut plus multiplier les programmes et les organismes au détriment de la richesse collective. En cessant de planter des fonctionnaires, peut-être récolterons-nous autre chose que des impôts. Et des tarifs.
Zone de confort
La tentation des adéquistes de diluer leurs positions traditionnelles pour se tasser au centre est forte; c’est la zone de confort des partis politiques. Mais l’ADQ irait y rejoindre les partisans du statu quo et n’avancerait à rien, à court terme du moins. De toute manière, la place est occupée, le PQ et le PLQ sont associés dans la « défense » du modèle québécois, où ils ont des « amis » partout.
Ce modèle nourrit une résistance acharnée au changement et favorise le clientélisme. Le Québec qui inspirerait l’ADQ n’a pas changé. C’est celui des films de Denys Arcand : surgouverné, passif, régimenté par une technocratie maternante. Sauf, bien sûr, dans la construction où la FTQ et les libéraux tolèrent avec une étrange sérénité la présence d’une mafia moins subtile.
Course déprimante
L’Action démocratique du Québec se choisira un nouveau chef, demain. Il était grand temps de mettre fin à cette course déprimante pour laquelle la population a eu un intérêt distant et, au mieux, mitigé. Les médias l’ont suivie de loin en loin, mais, outre un épisode tapageur où les insultes ont été nombreuses et mesquines, elle n’a pas eu d’écho favorable dans l’électorat.
Par un vote électronique, les militants choisiront donc entre Gilles Taillon et Éric Caire, cela dit en tout respect pour Christian Lévesque, qui s’est montré étonnamment persévérant. Si le premier l’emporte, il devra refaire son entrée à l’Assemblée nationale plus tôt que tard. M. Taillon ne pourrait tarder à le faire comme René Lévesque ou Robert Bourassa qui, en leur temps, comptaient sur des organisations plus puissantes que ne l’est l’ADQ aujourd’hui. M. Taillon aura besoin des médias et les médias sont tous à l’hôtel du Parlement…
Marc Picard, qui souffre lui aussi d’un cancer de la prostate, voudra peut-être faire œuvre utile en lui cédant son siège de Chutes-de-la-Chaudière. Saint-Nicolas, après tout, c’est un peu Gatineau…
Avec Éric Caire, les adéquistes éviteraient ce genre de problèmes. Mais le député de La Peltrie aura un autre défi, plus délicat : conquérir le caucus adéquiste où on le trouve cassant, autoritaire, hautain. Comme le sont habituellement les chefs…
Repositionner le parti
Mais Taillon et Caire devront repositionner le parti rapidement. En regard des accommodements religieux, de la réduction de la taille de l’État, du privé en santé et en éducation, etc. Ils devront aussi peaufiner la position autonomiste de l’ADQ. On ne sait guère à quoi cela rime. Ici, comme ailleurs dans le monde, on ne peut pas être à la fois indépendantiste et favorable au statu quo. S’il y avait un référendum, demain, l’ADQ serait dans le camp du Oui ou dans celui du Non?
Les adéquistes recommencent demain à jouer son avenir. Si, dans l’année qui vient, ils n’ont pas repris confiance en eux et démontré que leur formation est une solution de rechange sérieuse, ils ne leur restera plus qu’à renvoyer Sylvie Roy à Jérusalem. Pour prier.