Voici l'intégrale de la lettre que Michel Trottier a écrit pour Natasha Cournoyer suite à l'annonce de son décès.
Patrick Lagacé, Cyberpresse.
Le Mercredi 7 Octobre 2009 | Mise en ligne à 17h41
L’intégrale de sa lettre :
Nous avions retroussés nos manches, bombés nos torses fragilisés par l’émotion, nous étions prêts pour un long et courageux combat. Aux barricades nous avions brandis nos poings serrés, nous étions prêts…
Hélas, la bataille n’a jamais eu lieu. Les fla…mmes ont laissé place aux larmes, les cris se sont dissipés. Nos hurlements de douleur raisonnent encore sur le champs de bataille qui n’était en fait qu’un champs de détresse.
Natasha, toi, qui de ton sourire me rendait la vie si joyeuse. Toi, qui de ta tendresse m’apportait amour et bonheur. Toi qui hélas n’est plus, toi que j’aimerai toujours. Mon cœur ce soir n’est plus, il est vide de cette présence qui m’apportait jadis réconfort et confiance. Mes mots ce soir me manquent, mes maux ce soir m’infligent une douleur immense. Que cette douleur n’est rien comparée a la peur que tu as surement eu ce jeudi. Mes mains tremblent sur ce clavier, les lettres se griffonnent maladroitement sur cette page, mais pour toi et pour moi je dois noircir cette feuille. Je tente de fermer les yeux et de croire que tout cela n’est en fait que mirage. Que ton départ en réalité n’est qu’une illusion. En vain.
Je tente de comprendre comment on pu a t’enlever ce que nous avons de si précieux, soit la vie. Comment se fait-il qu’un homme (ou plusieurs) puisse a ce point répandre autant de cruauté. Prendre la vie d’une aussi jolie femme avec tant de violence, quelle lâcheté, quelle façon ignoble de vivre. Ma rage saigne mes gencives, elle me glace le sang et me transperce le cœur. Une haine si gratuite envers un ange sans défense, quelle honte. Je pleure tes larmes, je hurle ma souffrance et celle de tes proches. Je tente de retenir mon corps qui se crispe et le souffle qui me manque. Bien égoïste je me sens de partager avec toi ma légère blessure, toi qui a connu la noirceur, toi qui repose désormais au côté de ton papa bien aimé qui nous avait salué il y a a peine six mois.
J’avais fait de l’échec et de l’abandon des notions impensables. Pendant ces jours qui parurent des siècles, j’ai découvert en moi une force surhumaine. Cette puissance se nommait Natasha. On a vanté mon courage et ma force d’avoir combattu pour toi. On a souligné ma bravoure d’avoir engendré tout ce mouvement médiatique. Dupés, ces gens l’ont été car entre toi et moi ma chérie nous savons très bien que c’est a toi que revient toute cette bravoure. Tu auras été l’essence même de cet engagement et de cette persévérance. Mes paroles étaient tiennes et l’espoir de te retrouver était le vecteur premier de cette croisade.
Étrangement ce soir, la nuit me semble plus sombre qu’a l’habitude. La lune m’observe d’un air désolé tandis que le vent glacial m’annonce que l’automne sera souffrance. Devant cet écran, j’angoisse a l’idée de te savoir endormie a jamais, sur un lit qui n’est pas tien, dans l’attente qu’on t’accompagne vers nous, pour une dernière fois. J’aimerais tant me blottir contre ta peau meurtrie et de couvrir de baisers tes blessures si cruellement infligées. J’aimerais te prendre contre moi et te dire tout l’amour que j’ai pour toi. Déposés mes lèvres doucement sur tes paupières et te laisser dormir doucement.
Nous avions retroussés nos manches, bombés nos torses fragilisés par l’émotion, nous étions prêts pour un long et courageux combat. Aux barricades nous avions brandis nos poings serrés, nous étions prêts…
Puisque le combat n’a jamais eu lieu, que nous reste-t-il ? Les bras baissés, saurons-nous triompher de ce mal qui nous habite a jamais. Ces sanglots qui noues nos gorges, ces yeux rougies par nos larmes, ce sourire disparue, aurons-nous la force d’oublier ?
C’est bien étrange, en t’écrivant ceci, j’écoute un morceau classic de Tomasso Adagio in G Minor par Albinoni … le son des violons me bercent, ils t’accompagnent avec mélancolies. Les cordes stridentes semblent partager ta souffrance. La mélodie est tristesse. Elle frisonne en moi, me déchire, elle m’oblige a vider mon cœur de cette souffrance. Elle me parle, elle me guide vers demain, car demain sera souffrance et douleur. Elle est aussi résiliation elle me supplie de m’abandonner.
La force d’oublier, jamais. La force de poursuivre surement.
Natasha, bien qu’il y a une telle distance entre le ciel et la terre, sache que je serai toujours près de toi. L’amour est immortel, la douceur de tes lèvres sur les miennes ne peut s’oublier et l’odeur de ton corps est en moi a jamais.
A tous ceux qui ont connu Natasha ou qui on partagé avec moi cette souffrance et qui la vivrons encore longtemps, je vous dis ceci :
D’abord merci. Tous les mots d’encouragements m’ont fait chaud au cœur. Ils m’ont aidé a garder la tête haute et de poursuivre.
Je veux simplement vous dire d’aimer la vie, aimer ce que vous êtes, croyez en vous. Il n’y a jamais de petit rêve. Aimer ceux qui partagent vos vies. N’ayez jamais peur de chanter vos émotions. Criez au gens que vous aimez toute l’affection que vous avez pour eux.
Natasha je t’aime a jamais
Michel
PS : lorsque ton père nous avais quitté il y a 6 mois, je lui avais demandé de nous garder une bonne table là-haut. Nat, enfile ta plus belle robe mon ange, fais-toi jolie comme tu l’as toujours été et va retrouver Jean-claude. Il t’attend. Sers-le dans tes bras et dis-lui combien tu l’aimes. S’il-te-plaît, gardez-moi une place car le jour venu je vous retrouverai.
Will always love you !
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