La chronique de Richard Martineau
Une question de symbole
Richard Martineau
06/04/2010 04h46
A lors, comment se passe votre lendemain de veille du budget ?
Avez-vous encaissé le coup, ou êtes-vous toujours aussi furieux contre le gouvernement ?
UN MESSAGE CONTRADICTOIRE
Si je me fie aux courriels que j'ai reçus, votre grogne est toujours aussi vive.
Vous ne comprenez pas pourquoi on vous demande de payer davantage alors que l'État n'hésite pas à donner de généreux bonis aux employés d'Hydro-Québec.
On est-tu dans le trou, oui ou non ?
Si oui, voulez-vous me dire pourquoi on paie des ateliers de yoga à des fonctionnaires ?
Et pourquoi on donne des bonis au rendement à 15 000 cadres des réseaux de la santé et de l'éducation ?
Le gouvernement ne devrait-il pas faire le ménage dans sa propre maison avant de nous demander d'ouvrir (encore une fois) notre portefeuille ?
AU-DELÀ DES CHIFFRES
Chaque fois qu'ils entendent ces arguments, les experts en économie répondent toujours la même chose :
«Oui, l'État devrait mieux gérer ses dépenses, mais ce n'est pas en allant chercher 100 000 $ ici ou 200 000 $ là qu'on va remettre les finances publiques du Québec sur les rails. Il faut utiliser des moyens plus radicaux, comme la hausse de la TVQ...»
Effectivement, ce ne sont pas les quelques centaines de milliers de dollars que nous payons en formation de toutes sortes qui vont faire une différence.
Mais il ne faut pas sous-estimer l'importance des symboles.
Après tout, l'homme est un être symbolique. C'est ce qui nous différencie des animaux, nous accordons une valeur morale à certains gestes.
C'est bien beau, les chiffres, mais les symboles sont tout aussi importants, sinon plus. Ce sont des représentations porteuses de sens.
FRAPPER L'IMAGINAIRE
Or, c'est ce qui manque dans ce budget: du sens.
Un jour, le gouvernement demande aux citoyens de payer une taxe Santé.
Le lendemain, le Journal nous apprend que des fonctionnaires du ministère de la Santé ont suivi un atelier destiné à leur apprendre à «lire le langage des gestes».
Il est où, le sens, là-dedans ? Nulle part.
«Les gestes symboliques, ça donne bonne conscience, mais c'est nourrissant pour personne», disait le musicien punk Jim Carroll.
C'est vrai. Ce n'est pas avec des gestes symboliques qu'on va réussir à sortir le Québec de la dèche.
Par contre, il n'y a rien comme un symbole pour faire passer un message. Ça donne le ton, ça frappe l'imaginaire.
LE RÊVE AVANT TOUT
Voilà où le gouvernement Charest s'est planté, voilà pourquoi son message ne passe pas.
Il aurait dû être accompagné d'un geste symbolique fort. Comme annuler tous les bonis promis aux cadres, par exemple.
C'est plate à dire, mais l'implacable vérité des chiffres n'est pas suffisante pour démontrer la valeur d'un budget, aussi courageux fût-il...
Surtout au Québec, où le rêve a toujours compté davantage que les mathématiques, comme le prouve l'état pitoyable de nos finances personnelles...
QUE LA NEIGE A NEIGÉ
Une petite réflexion, en terminant...
Il y a deux ans, ma compagnie de déneigement m'a demandé de payer un surplus parce qu'il avait neigé plus que prévu.
Or, cette année, il n'est presque pas tombé de neige. Pourtant, je n'ai pas eu droit à un rabais...
Ça ne joue pas dans les deux sens, cette affaire-là ?
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