clue a écrit : Sur l'autel de sa colère
Éric Thibault/Journal de Montréal
08/06/2011 09h15
Se percevant comme la «victime de son ex-conjointe», Guy
Turcotte savait ce qu'il faisait lorsqu'il a tué leurs enfants d'un acte «désespéré mais délibéré ».
C'est ce qu'a fait valoir le Dr Sylvain Faucher, l'expert en psychiatrie de la Couronne, hier, au 33e jour du procès du cardiologue inculpé des meurtres prémédités de son fils Olivier, 5 ans, et de sa fille Anne-Sophie, 3 ans.
«Débordé» par la colère, la frustration et la tristesse,
l'accusé aurait utilisé cet «exutoire massif» en guise de représailles contre la mère des victimes , l'urgentologue Isabelle Gaston.
Colère «nourrie»
Contrairement aux experts de la défense, le psychiatre de Québec a soutenu que
le trouble mental dont souffrait Turcotte n'a pas détraqué son cerveau au point de l'empêcher de pouvoir juger le bien du mal, le 20 février 2009.
Le soir du drame,
l'homme de 39 ans a d'ailleurs «nourri sa colère» en relisant des courriels passionnés entre son exconjointe et son nouvel amoureux, Martin Huot, «
pour l'aider à justifier ses sentiments contre ceux qui étaient prêts à tout lui enlever ».
«La difficulté à gérer ses émotions est le point faible de M. Turcotte. Il avait tout misé sur sa famille. En voyant l'un de ses rares amis le remplacer dans sa maison et auprès des enfants, il croyait tout perdre. Lorsqu'il a déclaré la guerre à son exconjointe, dans l'après-midi du 20 février 2009, ç'a été la cerise sur le sundae», a argué le Dr Faucher.
Un moyen «excessif»
Aussi, l'expert avait une tout autre thèse que la folie pour expliquer les 46 coups de couteau que l'accusé a donnés à ses enfants.
"Selon la littérature scientifique,
plus la violence utilisée pour tuer est excessive, plus il y a de chances que le crime soit motivé par la peur, la colère ou le sadisme.
«Comme M.
Turcotte n'est pas sadique, il a agi soit par crainte de ne pas réussir à les tuer ou sous le coup de la colère qu'il ressentait.»
Sa réalisation qu'il leur «faisait mal» compte parmi les nombreux exemples cités par le psychiatre pour démontrer que
l'accusé «comprenait la nature et la qualité de ses gestes» , malgré sa crise suicidaire et son intoxication au lave-glace.
Fâché contre son psy
Le psychiatre Jacques Talbot, qui a soigné Turcotte à l'Institut Pinel après la tragédie, a aussi témoigné pour la poursuite. Il a relaté que
l'accusé lui a souvent exprimé «sa colère liée à l'infidélité de son épouse». Turcotte s'est même emporté contre lui après que le psychiatre eut refusé qu'il rencontre l'abbé Raymond Gravel en vue de la préparation de son homélie pour les funérailles des victimes. «Il était fâché parce que j'avais décidé à sa place.
Ce texte dit tout à mon avis

C'est une possibilité intéressante, mais je ne suis pas de cet avis.
Soit dit en passant, le doc Mailloux est d'avis que la rage ne permet pas d'arriver à un verdict de préméditation...
Pour ma part, je crois que ce serait lui donner beaucoup de "crédibilité"de penser que Guy Turcotte a "décidé" de tuer ses enfants et est passé à l'acte.
De façon bien documentée et non contredite au procès, il est fait état de la personnalité de GT à l'effet qu'il est incapable ou éprouve beaucoup de difficultés à prendre des décisions. Que ce soit pour la déco de la maison, les activités de la famille ou autre chose, il n'a jamais démontré d'initiative. Bien sûr, il était un cardiologue et ce "rôle" lui allait bien. Ses diplômes et son titre lui donnait de la crédibilité et il évoluait aisément dans cet environnement. C'est ce que l'on s'attendait de lui. Il n'avait rien à prouver. Sans pression, il était excellent. Comme un rôle fait sur mesure pour lui. Sauf que pour le reste de sa vie personnelle, ca semblait pas mal plus difficile. Il adulait sa conjointe et cela avait débuté dès leur première rencontre. Il ne se voyait pas à la hauteur, de ses propres dires. Très haut intellect, mais basse estime de lui-même; cela l'empechait de décider et créait probablement en lui énormément de frustration. Il se sentait supérieur mais n'arrivait pas à le démontrer. Il nouait difficilement des amitiés alors que c'était tout le contraire de sa conjointe.
Le soir du 20 février, il était hautement suicidaire, mais, encore là, il n'a pas été capable d'aller jusqu'au bout avec le couteau et de s'enlever la vie. Décision trop drastique. Il a trouvé LA méthode la plus passive qui soit, soit celle à l'éthanol (lui qui n'avait pas l'habitude des effets de l'alcool...). De cette façon, il n'avait pas l'impression de prendre la décision de se donner la mort; le temps allait faire son effet. Décision passive...
Son historique ne laisse pas croire que c'était un homme d'action. Je n'achète pas la thèse qu'il ait pris, pour une fois, une décision importante, la pire de toute, la tête froide, soit celle d'amener ses enfants avec lui. Bien sûr, cela est arrivé et je crois qu'il n'avait pas sa tête à ce moment.
L'avocate de la couronne me tirerait probablement des grenades...
Colère et rage? Je vous ramène à l'avis du Doc Mailloux...