Le samedi 19 juillet 2008
Yan Rompré visite les Colocs
Yan Rompré a trouvé son métier sur les planches de l'école secondaire Montfort de Shawinigan.
Linda Corbo
Trois-Rivières
Au départ, l’univers de Dédé Fortin n’était résolument pas au palmarès de ses préférences musicales. Le comédien Yan Rompré, qui est originaire de Trois-Rivières, avait même hésité avant de se rendre aux auditions du film Dédé à travers les brumes.
Sauf qu’après des mois de tournage et ses propres recherches sur le regretté chanteur des Colocs, il est ressorti du plateau totalement gagné par l’oeuvre, et par l’homme.
«C’était un héros incompris, que moi je n’avais pas compris.»
Pour Yan Rompré, il s’agissait d’une première expérience du genre au cinéma, lui que l’on voit régulièrement à la télévision depuis quatre ans pour son rôle de Benoît Pilon dans Providence, ou encore pour son personnage de Stéphane Bouchard, dans le téléroman L’Auberge du chien noir.
Au grand écran, il sera le coloré Mononc Serge.
Le comédien avait d’abord auditionné pour le rôle de Dédé, mais de son propre aveu, on ne pouvait trouver meilleur choix que Sébastien Ricard (Loco Locass).
Même que c’est au moment où il a vu Ricard en Dédé qu’il a eu envie de se joindre à l’aventure.
«Il colle trop au personnage», souffle-t-il, admiratif.
«C’est rare aujourd’hui d’avoir des artistes aussi engagés.»
Il sera donc Mononc Serge, un profil qui colle bien au comédien, dans la désinvolture notamment.
Jusque-là, on l’avait plutôt choisi pour jouer les amants de service, les bad boys, la tourmente, mais avec Mononc Serge, il joue la légèreté.
«J’ai un cahier plein de photos de Mononc Serge, de ses impressions. Il est très pipi-caca-poil-pouit-pouit ce gars-là, mais vraiment. C’est l’fun à jouer. C’était quelqu’un qui bougeait constamment sur scène. Les gars recevaient des coups de basse en show.»
Reconnu comme étant un joyeux luron, rappelons que Mononc Serge a connu sa part de démêlées avec Dédé Fortin.
Invariablement, il était porté à prendre beaucoup de place et à vouloir d’abord et avant tout s’éclater sur scène, parfois au détriment d’un répertoire signé Dédé Fortin qui n’appelait pas toujours la fête. Mononc Serge a évolué au sein de Colocs entre 1988 et 1995.
Assis sur la terrasse du Café Morgane, Rompré raconte que l’équipe du film a rencontré les gars des Colocs, mais pas Mononc Serge.
«Il n’était pas super chaud à l’idée de ce film... Et je peux très bien le comprendre», dit-il.
«Si quelqu’un venait me voir pour me dire qu’il allait me jouer dans un film, je serais peut-être froid aussi.»
Qu’à cela ne tienne, le comédien s’est rendu à quelques reprises voir ses shows, ne serait-ce que pour comprendre son essence, son énergie sur scène.
«Il joue à plusieurs niveaux. C’est un clown triste ce gars-là, je l’aime beaucoup, il me fascine complètement. »
Le comédien a vu le chanteur notamment au Café Nord-Ouest de Trois-Rivières, là où leurs regards se sont accrochés un long moment, relate Yan Rompré, qui se demandait alors si le fameux mononc se doutait de son identité.
Ses doutes se sont confirmés à une autre occasion, lorsque Mononc Serge est venu chanter à quelques centimètres de son visage.
«Il savait...»
Pour camper ce personnage, Yan Rompré a perdu 15 livres et a appris quelques rudiments de basse et de contrebasse, pour jouer les vraies notes en tournage.
Quant à sa voix, il la fera entendre une fois seulement, sur «Je chante comme une casserole». Sans grand problème.
«À l’école de théâtre, on apprend à chanter. On est comme des petites bêtes de foire, on apprend à tout faire, la claquette, le ballet jazz, le ballet, les cours d’impro...», sourit-il.
Pour le bien du film, on a recréé quelques concerts des Colocs, ce qui a permis aux artistes de goûter un peu à ce qui se vit sur de telles scènes.
«Quand les 800 figurants sont arrivés, se sont mis à danser et à chanter les tounes, on s’est retrouvé en plein «high» d’un show des Colocs. C’était une vague! T’as juste le goût de donner. J’ai vraiment vécu ce que c’était que d’être une rock star», souffle Yan Rompré.
«Et moi, je l’ai vécu en habit carotté...»
La sortie de ce film est prévue au printemps 2009 et devrait permettre aux cinéphiles de bien cerner Dédé, observe le comédien.
Au départ, le réalisateur Jean-Philippe Duval devait en faire un documentaire, mais le projet s’est transformé en long-métrage.
«Ça donne l’essence du band. C’est un film sur la création, les idées, les amours de Dédé, sa tourmente, son énergie», dit-il.
«Je suis vraiment fier de ce que j’ai fait, de ce qu’on a fait.»
Ses débuts sur la scène de l’école secondaire Montfort
Il a beau vivre aujourd’hui sur le fameux Plateau, à Montréal, Yan Rompré ne peut pas se rentrer dans la tête que l’école secondaire Montfort, SON école, ferme ses portes.
«Ça me rend triste. J’ai eu des profs formidables là-bas et c’est sur cette scène-là que j’ai fait mon premier sketch. C’était un numéro d’Edmond Ratté (personnage de Daniel Lemire), et encore là, j’avais des pantalons carottés. Tu vois comme la vie est cyclique...»
C’est à cet endroit que le déclic s’est fait.
«J’étais quand-même quelqu’un de gêné, très low-profile, que personne ne connaissait», raconte-t-il.
«À la fin de mon numéro, j’ai eu une ovation et ça a fait paf-paf», souligne-t-il pour illustrer son coup de foudre pour le métier.
«Après ça, tout a explosé pour moi. J’étais dans le journal étudiant, en improvisation...»
Yan Rompré a bien tenté une brève incursion dans le domaine du droit et des sciences politiques au Collège Laflèche de Trois-Rivières mais de toute évidence, l’école de théâtre était davantage faite pour lui, et ce, même si les risques sont grands de ne pas se trouver du boulot rapidement.
«Quand on sort de l’école, on est comme des petits chiots. Achète-moi... Certains vont être adoptés, d’autres non, ou seulement dans dix ans», image-t-il.
«On te prend pour ton look, ton image, ton énergie, c’est très guidoune tout ça.»
Sur cet aspect, Yan Rompré a été chanceux.
Sorti de l’école en mai , il a été adopté par l’équipe de Providence le mois suivant.
Aujourd’hui non seulement il participe à deux téléromans mais il fera aussi partie prochainement des Boys.
Dans cet univers, il sera infirmier et deviendra l’amant d’un des personnages.
«Ce n’est que trois jours de tournage au mois d’août mais c’est un très beau cadeau», sourit-il.
«C’est la première fois que je joue un métier libéral, j’ai sauté là-dessus! On demande juste ça, nous, à être transformés.»
Autrement, il demeure actif sur scène avec le théâtre.
Or actuellement, c’est le chapeau de metteur en scène qu’il apprivoise en montant rien d’autre que Macbeth.
Et pour s’évader un peu, il décape des meubles, s’adonne à la photo, jardine et enseigne l’improvisation au secondaire I et II, au Collège Durocher à Longueuil.
«Au secondaire j’ai eu des gens qui m’ont appris, c’est à mon tour. C’est la transmission.»•
source:
http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... OUVELLISTE --Message edité par nick11f le 2008-07-19 13:18:20--