La chronique de Richard Martineau
L'homme qui a vu l'ours
Richard Martineau
09/07/2009 05h55
Pour revenir sur l'histoire du gars qui s'est fait mordre par un ours, à l'ancien Zoo de Québec...
Un lecteur, Patrice Dessureault, a eu une sacrée bonne idée. Pourquoi on n'inscrit pas ce zigoto aux Stella Awards?
Je suis sûr qu'il pourrait gagner un prix et faire honneur à sa famille.
LE TEMPLE DE LA RENOMMÉE DES TAPONS
Pour ceux qui l'ignorent, les Stella Awards (nommés ainsi en hommage à Stella Liebeck, une dame de 81 ans qui avait poursuivi MacDonald's après s'être renversé du café chaud sur les genoux) récompensent les poursuites les plus grotesques et les plus ridicules d'Amérique.
Nicolas Lemoine n'a pas encore décidé de poursuivre les propriétaires de l'ancien parc zoologique de Québec. Mais s'il décidait d'écouter sa mère et «de ne pas laisser cette histoire-là», il pourrait devenir la grande vedette des pro-chains Stella Awards.
Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici quelques-uns des anciens lauréats. Vous allez voir, l'Amérique profonde manque peut-être de génies, mais rayon tapons, elle est équipée pour veiller tard...
FRAPPÉ PAR LA FOUDRE
Premier champion: Robert Hornbeck.
Cet ancien combattant de la guerre en Irak a remporté un Stella Award en 2007.
Après s'être saoulé la gueule avec des amis, il a décidé de ramper dans les bouches d'aération d'un hôtel de Savannah. Malheureusement pour lui, l'hélice du climatiseur a tailladé son bras droit et le soldat est mort au bout de son sang. On a retrouvé son corps deux jours plus tard!
Sa famille a décidé de poursuivre l'hôtel pour 10 millions de dollars--cela, même si des panneaux indiquaient clairement qu'il ne fallait pas s'aventurer dans le système de climatisation de l'hôtel !
Shawn Perkins n'est pas plus brillant. Récipiendaire d'un Stella en 2004, ce citoyen de Laurel, en Indiana, a été frappé par la foudre alors qu'il visitait un parc d'attraction. Il a poursuivi les propriétaires du parc parce qu'aucun employé ne lui a dit qu'il était dangereux de se promener dehors lors d'un orage électrique !
Les publications juridiques regorgent d'histoires du genre...
JOUER AVEC LE FEU
Connaissez-vous Burning Man?
Ce Festival hippie qui se déroule chaque année dans le désert du Nevada se termine toujours de la même façon: les participants mettent le feu à une sculpture en bois de 60 pieds de long.
En 2005, un résident de Los Angeles s'est approché du brasier pour jeter la photo d'un ami récemment décédé dans les flammes. Mal lui en prit : il a trébuché, est tombé dans le feu et s'est gravement brûlé les deux mains.
Fâché, le gars a décidé de poursuivre les promoteurs du Festival pour ne pas l'avoir protégé.
Vous savez ce que le juge a fait ? Il a rejeté sa poursuite, sous prétexte que «les gens qui participent à des activités potentiellement dangereuses, comme le ski ou l'escalade, le font en toute connaissance de cause.»
«En s'approchant du brasier, a dit le juge, le demandeur a assumé le risque qu'il pouvait trébucher et tomber...»
ASSUMER SES ACTES
On devrait envoyer ce jugement à tous les tapons qui s'approchent de la cage d'un ours, font des acrobaties sur le toit d'un véhicule en marche, refusent de porter un casque quand ils font du ski ou s'aventurent en montagne avec leur femme dans des sentiers hors-pistes.
Tu as décidé de prendre des risques? Assumes-en les conséquences.
Et cesse de blâmer tout le monde pour ton imprudence.
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