Page 2 sur 2

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : dim. sept. 26, 2010 6:37 pm
par Anya
Suite à la controverse
Le Maclean's à court d'exemplaires
Agence QMI
26/09/2010 18h06

MONTRÉAL - Ne cherchez plus le magazine torontois Maclean's à Montréal ou à Québec. L’édition qui titrait en page couverture que «Le Québec est la province la plus corrompue au Canada» est à court d’exemplaires. Une enquête menée par l'Agence QMI révèle que les présentoirs sont vides dans les différents kiosques de Montréal où le magazine est en vente.

La situation est semblable dans la Vieille Capitale. «Vous allez avoir de la difficulté à trouver un exemplaire du magazine Maclean's en raison de la controverse», a indiqué une commis dans un kiosque à journaux.

Les tablettes de six endroits visités par Le Journal de Québec samedi après-midi avaient été dépouillées du magazine qui fait tant jaser depuis sa sortie. À la succursale de la Maison de la Presse internationale de la rue Saint-Jean, dans le Vieux-Québec, un employé a indiqué que les exemplaires s’étaient envolés en moins de deux heures vendredi.

Des demandes pour obtenir des exemplaires supplémentaires ont été faites auprès des distributeurs. Ceux-ci devraient être en vente au cours de la semaine.

Dans sa plus récente édition, Maclean's tire à boulets rouges sur la machine gouvernementale québécoise, affirmant que la province est «la plus corrompue au Canada». L’article passe en revue les scandales de corruption passés et présents de la Belle Province.

L’article soutient, entre autres allégations, que les dernières accusations de favoritisme qui touchent l’administration Charest ne sont qu’un scandale de plus à survenir au Québec.

Ces déclarations ont fait grandement réagir dans la province. Le Carnaval de Québec a même exigé des excuses publiques du magazine canadien en raison de la présence du célèbre Bonhomme Carnaval sur la couverture.

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/a ... 80623.html" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : dim. sept. 26, 2010 6:40 pm
par Anya
Publié le 26 septembre 2010 à 05h00 | Mis à jour à 13h21
Dossier controversé du Maclean's: les Bleu Poudre à la rescousse
Ian Bussières
Le Soleil

(Québec) Après lui avoir lancé des oeufs, l'avoir décapité et utilisé sa tête comme crachoir, lui avoir donné des coups de balai et de pelle, l'avoir enfermé dans le coffre d'une automobile et, surtout, l'avoir frappé à coups de poêle à frire à plusieurs reprises durant les années 90, Les Bleu Poudre volent maintenant au secours du Bonhomme Carnaval, illustré en une du magazine Maclean's avec une mallette pleine d'argent.

«Nous, nous sommes des clowns, et tout le monde le savait que ce n'était pas sérieux! Par contre, Maclean's est considéré comme un magazine sérieux, alors ce n'est pas la même chose. Et je ne trouve pas ça drôle du tout qu'on présente le Québec comme une province corrompue. C'est encore une occasion d'écoeurer les Québécois», a confié au Soleil l'humoriste Jacques Chevalier, l'un des membres des Bleu Poudre responsable de plusieurs des sévices infligés au porte-parole du Carnaval de Québec.

Son collègue Ghislain Taschereau abonde dans le même sens, malgré le fait qu'il considère le Bonhomme Carnaval comme un personnage dont il fait bon se moquer. «Je trouve ça ridicule de la part de Maclean's. [...] Ils auraient pu utiliser un chantier de construction, ou alors Jean Charest. Ce n'est tout de même pas Bonhomme Carnaval qui est soupçonné de corruption! Qu'ils fassent leur une avec ça, ça en dit long. Encore une façon de cracher sur les francophones», commente l'interprète de Bob Binette.

Jamais de poursuites

Avec le traitement qu'ils infligeaient à la mascotte, Les Bleu Poudre avaient fait enrager l'organisation du Carnaval de Québec à l'époque, mais n'avaient cependant jamais été menacés de poursuites.

«On ne nous a jamais poursuivis, car il n'y aurait pas eu d'angle de toute manière. Ce n'était pas le vrai costume du Bonhomme Carnaval, c'était simplement un costume de mascotte qui lui ressemblait. Au départ, on cherchait un costume de Youppi, mais on n'a pu trouver mieux que celui-là! Mais j'avoue que le Bonhomme Carnaval est une bonne tête de Turc, car c'est la seule mascotte au Québec qui parle. On pouvait lui faire faire des gags», signale Jacques Chevalier.

«La première fois que nous l'avons utilisé, c'était pour un sketch dans une étable où Jacques prétendait m'avoir trompé avec Bonhomme. Ça finissait qu'il lui lançait un oeuf. On l'a ensuite intégré dans une parodie de Scoop et on l'a frappé. Les téléspectateurs trouvaient ça drôle, alors on a continué», reprend Taschereau.

Celui-ci rappelle toutefois que Les Bleu Poudre ne faisaient jamais allusion au Carnaval de Québec dans leurs parodies. «Pour nous, l'idée était surtout de se moquer de cette mascotte qui n'était visiblement pas interprétée par des comédiens très expérimentés et qui s'exprimait avec une voix saccadée et caverneuse.»

«Ceci étant dit, je ne suis pas surpris des menaces de poursuite contre Maclean's, puisque pour le Carnaval de Québec, Bonhomme est une marque de commerce au même titre que Pepsi, par exemple. Ils défendent leur marque de commerce et veulent la garder pure», conclut Taschereau.

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/act ... cousse.php" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : dim. sept. 26, 2010 11:55 pm
par Anya
26 Septembre 2010
Permalink 08:43 am, Richard Martineau
La leçon d'éthique du Maclean's

Quand on regarde ce que les médias canadiens anglais pensent de nous, on se demande pourquoi ils veulent nous garder dans la fédération.

Non, c’est vrai : si on est si pire que ça, si vous pensez vraiment qu’on est raciste, braillard, paresseux et corrompu, pourquoi vous nous sacrez pas dehors ?

Pourquoi vous prenez le train et venez nous embrasser chaque fois qu’on menace de partir ?


LE MACLEAN’S N’A PAS TOUT À FAIT TORT

Remarquez, concernant la corruption au Québec, le Maclean’s n’a pas tout à fait tort.

Juste comme le magazine sortait dans les kiosques, notre Premier ministre disait haut et fort qu’il ne voyait aucun problème à ce qu’un collecteur de fonds du parti aide une de ses proches collaboratrices à faire le tri dans la liste des nominations !!!

Comme symbole de manque d’éthique, on ne peut faire mieux. C’est encore plus parlant que le Bonhomme Carnaval avec une valise bourrée de fric.

Comment pouvez-vous dire, après ça : « Non, nous sommes honnêtes, ici, au Québec » ?

Notre Premier ministre lui-même hausse les épaules devant des preuves flagrantes de conflit d’intérêt !


SERVIR LA CAUSE

Ce qui m’agace, dans l’article du Maclean’s, ce n’est pas qu’on dise que le Québec est une province corrompue — c’est vrai.

C’est qu’on dise que le Québec est la province LA PLUS corrompue du pays !

Comment peut-on affirmer une telle chose ?

Si je me souviens bien, le scandale des commandites impliquait le gouvernement fédéral, non ?

Comme m’a écrit Benoît Saint-Jean, un lecteur :

« Le Maclean’s dit que les Québécois sont tellement obsédés par le débat national qu'ils en ont oublié la bonne gouvernance. L’auteur n'a pas tort, mais il se trompe de cible !

« En effet, cette analyse colle d'abord au clan fédéraliste. Les fédéralistes sont tellement obsédés par la lutte contre les méchants souverainistes qu’ils excusent tous les dérapages, en autant qu'ils servent la cause. »


PAS DE LEÇON À DONNER

Le scandale des commandites ? Pas de problème, c’était pour une bonne cause !

Le « Love Fest » du référendum de 1995, qui contournait la loi sur le financement ? On n’avait pas le choix, c’était pour lutter contre les séparatistes !

La naturalisation accélérée de milliers d’immigrants avant le référendum pour renforcer le clan du Non ? Il faut ce qu’il faut !

Et après ça, VOUS venez nous donner des leçons d’éthique ?

Pour qui vous prenez-vous, calvaire ?


BLANCS COMME NEIGE

Vous pensez vraiment que le milieu de la construction n’est pas corrompu dans le reste du Canada ?

Que les partis politiques des autres provinces sont blancs comme neige ?

La seule différence entre le Québec et le reste du pays est qu’ici, les histoires de corruption finissent toujours par sortir. Alors que chez vous, c’est caché.

Vous préférez enterrer ou manger vos vidanges plutôt que les laisser traîner sur le bord de la rue…


EXCUSATUM

Petite note concernant les médias canadiens anglais…

Il y a quelques jours, je disais que le Globe and Mail avait ridiculisé la sortie de Pierre Curzi sur le Canadien.

Erreur : c’était le National Post.

Le Globe, lui, avait publié la chronique délirante de Jan Wong sur les liens entre le massacre de Poly et la loi 101.

Désolé, mais avec toutes ces insultes qui fusent de partout, on s’y perd…

http://martineau.blogue.canoe.ca/2010/0 ... _maclean_s" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : lun. sept. 27, 2010 12:12 pm
par Anya
Corruption ou habilités politiques ?
À tort, Maclean’s met tous les Québécois dans le même collimateur
Marius Morin
Tribune libre de Vigile
lundi 27 septembre 2010

De nombreuses personnalités québécoises ont vivement dénoncé la dernière édition du magazine torontois Maclean’s, qui titrait en page couverture : « La province la plus corrompue du Canada », faisant référence au Québec. De prime abord, la revue Maclean’s m’a choqué vivement. Je me suis dit : de la corruption, il y en a partout.

Nonobstant en toute franchise, je dois avouer qu’avec l’arrivée du Parti libéral au pouvoir, le Québec ne donne pas sa place sur la scène canadienne, en matière de corruption. En suivant les évènements des dernières semaines, j’ai l’impression que CORRUPTION rime avec HABILETÉS POLITIQUES.

Selon Jean Charest et le gouvernement libéral, un bon gouvernement est celui qui est suffisamment habile à déjouer la population et les stratagèmes de l’opposition, par exemple :

1) Un gouvernement qui devance les élections de 2008 en cachant à la population le déficit structurel des 40 milliards de la Caisse de Dépôt.

2) Un gouvernement qui présente de faux budgets équilibrés grâce à la manipulation comptable et qu’il les fait voter sous bâillon.

3) Un gouvernement qui veut changer la carte électorale (projet de loi 78, sur la loi électorale et le financement des partis) en découpant l’électorat à son avantage.

4) Un gouvernement qui refuse que le vérificateur général enquête sur les allégations concernant l’octroi de garderies à des amis du Parti libéral.

5) Un gouvernement qui accorde à sa fonction publique de généreux régimes de prestation sachant très bien que dans le futur il n’aura pas les moyens de payer.

6) Un gouvernement qui a vendu, à des prix ridicules, des permis d’exploration et d’exploitation des gaz de schiste à de grandes entreprises, sans que la population concernée en soit informée, donc pas de moratoire possible.

7) Un gouvernement qui ne respecte même plus les recommandations du vérificateur général et du directeur général des élections.

8) Un gouvernement qui refuse une commission d’enquête demandée par les partis d’opposition et le peuple québécois (83%) face à la corruption, collusion et influence indue des syndicats et des entrepreneurs de la construction.

9) Un gouvernement qui a su cacher pendant une dizaine d’années le double salaire de son premier ministre de l’ordre de 75,000$ dollars par année. Et si c’était plus.

10) Un gouvernement qui sert mal l’intérêt public en mettant sur pied l’escouade Marteau et qui instaure la commission Bastarache pour protéger ses élus et amis libéraux.

11) Un gouvernement qui ferme les yeux sur le dépassement des coûts des travaux d’infrastructure de l’ordre des 30% à 40%, ce qui représente 12 à 16 milliards payés en trop.

12) Un gouvernement qui a consenti à des grandes sociétés des hausses de tarifs comme à Hydro-Québec, Gaz-Métro, S.A.Q., S.AA.Q., etc., au lieu d’exiger de couper dans leurs dépenses.

13) Un gouvernement qui refuse de faire appel à la clause dérogatoire en proposant le projet de loi 103, permettant à des francophones et allophones de fréquenter l’école anglaise publique après trois ans dans une école anglaise privée non subventionnée.

14) Un gouvernement qui est prêt à changer le calendrier scolaire pour répondre à des demandes d’accommodements déraisonnables de la communauté juive.

15) Un gouvernement qui exige de ses ministres de ramasser systématiquement 100,000$ par année pour la caisse du Parti libéral.

16) Un gouvernement qui tente d’imposer un ticket modérateur en matière de santé publique.

17) Un gouvernement qui permet à des bailleurs de fonds du Parti libéral d’avoir régulièrement accès aux listes des nominations de la fonction publique et au bureau du premier ministre.

18) Un gouvernement qui se cache derrière la R.I.O. pour la construction d’un quatrième toit du stade olympique de l’ordre de 400 millions de dollars.

19) Et la liste continue…

Ce gouvernement peut-il éthiquement continuer à gouverner en toute légitimité ? Les Québécois ne sont pas dupes et ne veulent pas être poussés de force dans ce collimateur de politiciens qui bafouent la démocratie et ne respectent pas la volonté populaire. "Ce gouvernement est en train de briser le Québec" écrivait Michel Venne, le 24 novembre 2003 dans le Devoir : « Les politiques qu’il veut imposer auront pour conséquence d’affaiblir la société, d’accroître l’insécurité économique, de conforter le pouvoir des groupes qui sont déjà les plus puissants et de semer la haine entre les classes sociales. ».

C’est ce qui est en train de se passer présentement au Québec. Et le magazine Maclean ne fait que révéler au grand jour cette corruption qui nous assaille jour après jour ! Nous touchons les hauts fonds de la corruption. À quand une mobilisation populaire pour signifier notre ras-le-bol de la politique libérale ?

http://www.vigile.net/Corruption-ou-hab ... politiques" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : mar. sept. 28, 2010 4:48 pm
par Anya
Michel David
Le Devoir
mardi 28 septembre 2010

Jean Charest avait vu juste en disant que son témoignage devant la commission Bastarache ne changerait pas de façon significative la perception de la population. Même s’il a offert une solide performance, elle ne le croit pas plus qu’avant, ou si peu.

Selon le sondage Angus Reid dont La Presse a dévoilé les résultats hier, il y a toujours trois fois plus de Québécois qui accordent foi à la version de Marc Bellemare (51 %) plutôt qu’à celle du premier ministre (17 %).

Autrement dit, ils croient M. Charest parfaitement capable d’ordonner à son ministre de la Justice de nommer juges les candidats pistonnés par les collecteurs de fonds du PLQ. Si c’est le cas, il s’agit bel et bien de corruption.

Pourquoi la population réclamerait-elle à grands cris une enquête sur la corruption dans l’industrie de la construction si elle ne croyait pas à une véritable gangrène ? Et pourquoi le gouvernement refuse-t-il aussi obstinément d’en tenir une, sinon qu’il craint ce qu’on pourrait découvrir ?

Que dire encore d’un ministre de la Famille qui distribuait systématiquement les nouvelles places en garderies aux gros contributeurs à la caisse de son parti et qui doit démissionner après avoir été surpris à utiliser une carte de crédit appartenant à une agence de sécurité qui faisait affaire avec l’État ?

Certes, il était vicieux de la part du magazine Maclean’s d’y voir les diverses manifestations d’une tare génétique dont la société québécoise serait affligée. Si rien ne permet d’affirmer aussi catégoriquement que la situation est pire ici qu’ailleurs, la corruption des uns n’excuse cependant pas celle des autres.

Malgré la malveillance de cet article, il faut reconnaître que son auteur n’a pas eu à chercher l’inspiration bien loin. Le gouvernement Charest porte une très lourde responsabilité pour l’image négative qu’il projette depuis deux ans.

***

Même Pierre Elliott Trudeau avait constaté, dès 1958, que « les Canadiens anglais se sont pendant longtemps comportés, en politique nationale, comme s’ils croyaient que la démocratie n’était pas faite pour les Canadiens français ». D’ailleurs, lui-même avait fini par le croire.

Si le Quebec bashing est devenu un genre journalistique aussi prisé dans le ROC, c’est que cet avis y demeure largement partagé. Aux yeux de plusieurs, la Charte de la langue française est toujours une législation fasciste, voire carrément nazie. Ils sont également convaincus que seule la Loi sur la clarté peut empêcher ces coquins de séparatistes d’essayer de tricher encore une fois en tripotant la question référendaire.

Peu importe la mise en veilleuse du référendum et l’élection du gouvernement le plus fédéraliste du Québec contemporain, le ver de la corruption était dans la pomme, semble-t-il. Voyez-vous, notre fixation sur la question constitutionnelle nous a apparemment fait oublier ce qu’est un bon gouvernement.

Quand il s’agit de déblatérer sur le Québec, on peut toujours compter sur Andrew Coyne. Cet ardent partitionniste, qui avait jadis apporté un soutien enthousiaste à la croisade de Guy Bertrand pour faire déclarer inconstitutionnelle une éventuelle déclaration d’indépendance, n’allait certainement pas négliger un filon aussi prometteur.

Tout le monde sait que le pouvoir corrompt, mais l’impuissance qui nous caractérise a le même effet, a découvert M. Coyne. Ainsi, notre réflexe de voter « en bloc » aux élections fédérales serait à l’origine d’un « ensemble particulier de pathologies ».

Contrairement à ce qui se passe dans les « cultures politiques saines », où le débat est plus serein, la question nationale aurait donné naissance à une véritable « mentalité de guerre » qui permet de justifier tous les moyens. Bien entendu, le modèle québécois, caractérisé par une forte intervention de l’État dans l’économie, offre un terreau particulièrement propice à la magouille. Bref, peu importe l’angle sous lequel on nous examine, le diagnostic s’impose : nous sommes une bande de ripoux.

***

Dans une entrevue accordée au Los Angeles Times en décembre 1994, au moment où il entreprenait les grandes manoeuvres devant mener au référendum, Jacques Parizeau avait déclaré avec sa franchise habituelle : « Donnez-moi une demi-douzaine d’Ontariens qui piétinent le drapeau du Québec et ça y est. »

Aujourd’hui comme hier, les stratèges péquistes comptent moins sur l’appétit de souveraineté des Québécois que sur l’antipathie du Canada anglais pour faire éclore les « conditions gagnantes ».

L’article de Maclean’s n’aura sans doute pas l’impact de l’incident de Brockville évoqué par M. Parizeau, quand une poignée d’orangistes avaient piétiné le fleurdelisé devant les caméras de télévision, mais tout ce qui peut attiser le ressentiment envers le Québec au Canada anglais, et vice-versa, ne peut qu’apporter de l’eau au moulin souverainiste.

Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que le nouveau « plan pour un Québec souverain » de Pauline Marois soulève un grand enthousiasme. Si M. Coyne et ses amis veulent faire une contribution, elle n’y verra certainement aucune objection.

http://www.ledevoir.com/politique/quebe ... les-ripoux" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : dim. oct. 10, 2010 2:41 pm
par Placeress
Maclean’s et la ponctuation


par Carole Beaulieu
27 Septembre 2010

La rédactrice en chef et éditrice de L'actualité, Carole Beaulieu, réagit à la couverture et au dossier du dernier numéro de Maclean's qui présente le Québec comme « la province canadienne la plus corrompue ».


Mes professeurs de journalisme de l'Université Carleton - un des bastions de l'orthodoxie et de la rigueur journalistiques canadiennes-anglaises - auraient mis un gros zéro au titre de la couverture du dernier Maclean's : « The Most Corrupt Province in Canada ».

L'article cite un professeur américain qui a estimé, en 1968, que « le Québec est peut-être la région la plus corrompue de l'Australie, de la Grande-Bretagne, des États-Unis et du Canada » ? Parfait. La règle voudrait qu'on mette sa phrase entre guillemets, sans oublier le mot « peut-être », et en la lui attribuant. C'est son opinion. Pas un fait avéré. Ce sera graphiquement moins joli, mais peut-être tout aussi vendeur.

Les Québécois ont-ils des raisons de s'inquiéter des cas récents de corruption et de népotisme dans le milieu de la construction, du syndicalisme et du gouvernement ? Oui. Et ils s'en inquiètent. Tous les sondages montrent qu'ils sont furax.

Si le Québec est la pire province, Maclean's peut-il nous indiquer laquelle est la meilleure ? Ou nous faire part de la méthodologie employée de façon que nous puissions en juger ?

Si les causes de la corruption sont l'existence d'un État plus interventionniste ou d'un mouvement nationaliste, comme l'affirme le chroniqueur Andrew Coyne, on se demande comment les pays scandinaves ont pu se hisser au sommet du classement de Transparency International.

Puisque dans l'histoire récente, les gouvernements du Parti québécois sont ceux qui ont la meilleure réputation en matière de lutte contre la corruption, on se demande comment M. Coyne arrive à associer nationalisme et corruption, alors que le fédéral a commis des actes inélégants pour empêcher la sécession.

Quant à proposer que c'est dans la nature des Québécois d'être corrompus, disons qu'on cherche encore le scientifique qui découvrira le gène de la corruption et prouvera que les Québécois en sont porteurs, tandis que les autres Canadiens ne le sont pas.

Au Québec, des partis d'opposition, des militants sociaux, des policiers et des journalistes déterminés travaillent à mettre au jour la corruption et à l'endiguer. Peut-être pas assez vite au goût de tout le monde. Mais ils y travaillent.

Malheureusement, Maclean's - qui fait partie du même groupe que L'actualité - semble avoir fait sienne, cette fois-ci, cette maxime ironique : « Do not let the facts get in the way of a good story. »

La discussion se poursuivra dans le blogue de Jean-François Lisée, qui signera aussi une réplique dans le prochain numéro du magazine Maclean's.

Lien: http://www.lactualite.com/societe/carol ... onctuation" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : dim. oct. 10, 2010 2:46 pm
par Placeress
Le blogue de Jean-François Lisée

30 septembre 2010
Bonhomme strikes back / La réplique
Publié dans | Canada Devoir de mémoire Identité Médias


(Voici le texte intégral de ma réplique à Maclean’s. Elle est sur le site de Maclean’s et une version plus courte mais non moins cinglante apparaît dans le magazine anglophone en kiosque depuis ce jeudi.)

I was more amused than shocked by Maclean’s cover naming Quebec “the most corrupt province in Canada.” It certainly feels that way these days, and Martin Patriquin’s only challenge was to cram in a single story all the strands of allegations and shady shenanigans surrounding Quebec’s current Jean Charest government. All the facts in the story are public knowledge, and for the most part brought to light by an aggressive Quebec media and no less insistent opposition parties.

Granted, the blow—being named most corrupt province—was not as painful for me to take as for most of my brethren, since I am aware of Maclean’s penchant for take-no-prisoners covers. Thanks to the weekly’s headline writers, I have been informed these past few months that Lawyers are Rats, Hitler is Back, Toronto Sucks, New York is a Land of Constant Terror, Hillary Adopted an Alien Baby, and Bush was a new Saddam.

No wait! Maybe one of those titles came from another magazine. No matter. Having been a journalist for a couple of decades, I did try to find in last week’s issue the methodology used to grant Quebec its number one spot on the corruption scale. I was curious to know who was number two, and how wide the margin was—as in Maclean’s yearly university rankings. Did the writers use the number of corruption convictions of elected officials in each province since 2000? The cash amount proven to have changed hands illegally? Or, since no conviction is to be found in Quebec (yet?), the number of police inquiries in play? I was disappointed. Maclean’s has no comparison metrics whatsoever. The whole cover is based on opinion and perception alone. Hopes for a Pulitzer on this one are dim.

So, what is the fuss about? A screaming headline loosely based on facts? They’re a dime a dozen. They sell. And Maclean’s is in the selling business. So all would be forgiven, if it were not for Andrew Coyne’s scoop that Quebecer’s are impervious to “constructive criticism.” Let’s try.

Coyne to Quebec: I have some constructive criticism for you.

Quebec: Great, let’s hear it

Coyne: You are pathologically corrupt.

Quebec: Gee, thanks!

The story is not about the trifecta of: 1) alleged and probably rampant political-donation-for-contracts schemes of the current Quebec government; 2) alleged and demonstrably occurring strong-arm tactics and graft culture of one major element of one of many Quebec unions; and of 3) alleged and probably rife bidding-rigging system of a group of contractors (dubbed «the fabulous fourteen») in the Montreal area since earlier in the decade. That would have been sufficient for a cover.

No, Maclean’s writers purport to show—and clearly affirm—that Quebecers as a people are inherently, historically and systemically corrupt. “Deeply entrenched,” “inevitable” lack of ethics, with “roots of corruption [that] run deep,” “a pattern,” “a peculiar set of pathologies,” writes Coyne. “A long line of made-in-Quebec corruption that has affected the province’s political culture at every level,” writes Patriquin. (Yes, “every” level!)

Two arguments are marshaled to explain why Quebec stands “in a league of its own” in the corruption sweepstakes. The first is the size of government. The second is the corrupting impact of a nationalist culture intent on getting “loot” or “booty” from Ottawa.

Let’s deal with the voodoo economics first. According to Maclean’s, the bigger the size of government in the economy, the badder, and the sleazier. Quebec being the most left-of-centre government on the continent it should, of course, be the most corrupt. Am I allowed to use comparative figures in this rebuttal? Transparency International tracks corruption in the world. People are asked if they had to pay a bribe or if they feel that private companies have to. The last report, like the previous ones, does show correlation between size of government and graft: reverse correlation. European governments and the greatest spenders, Scandinavian governments, are deemed significantly cleaner than North American governments, who leave more of the economy to the private sector. Haliburton, anyone ? (A contender in my “best quote ever” file is from David Frum’s recent report on a major Republican consultant commenting on the last small-government Republican administration: “I thought we would get more done before becoming completely corrupt!”)

Then there is the “booty” paradigm. Here Quebec’s incessant requests combine with Canada’s victimization as the benevolent provider faced with ingrates. Pierre Trudeau can be thanked for having conceived and pushed this narrative. In 1950 he wrote that Quebecers “are turning into a disgusting bunch of blackmailers.” Ripping into the Meech Lake Accord 42 years later, he revisited the quote, in Maclean’s: “Things have changed since then, but for the worse.”

The “bidding war” [between federal parties to win over Quebec votes] tenet is now entrenched into the Canadian psyche. It will stay there, I am sure. But let me explain why it is wrong. Equalisation: yes, Quebec gets more in the aggregate—and less per person—than any other province. But newsflash: for decades we told Ottawa that we would rather have jobs than dole. And we tired of explaining that if the federal investment in the economy (capital, purchases, research, grants) were distributed in proportion to the population, Quebec would instantaneously knock off one point of unemployment off the chart, more so over the years, and get less equalisation.

Take energy. According to Stéphane Dion’s count, the federal purse sank $40 billion into Alberta’s tar sands industry. Fourteen of these billions came from Quebec. Add in the billions for Ontario’s CANDUs and Newfoundland’s sweet deal on Hibernia and you get quite a tab, a quarter of which was paid by the booty-hunters. Now let’s compare that with federal investment in Quebec’s hydro-power in the last, say, hundred years. The answer is zilch. (But we got Mirabel. Don’t get me started.)

There is an impact on Quebec. Call it blowback. According to a recent university study (not from a Quebec university), the loonie’s overvaluation, driven by oil gushing from Alberta and Newfoudland, has destroyed 55,000 jobs in Quebec manufacturing in just five years. A sign of things to come. But, not to worry, equalization growth has been capped for the future, so future oil damage to Quebec (and Ontario’s) manufacturing base will hardly be offset anymore.

The narrative is most entertaining when it comes to “buying” votes in Quebec. The Mulroney government will never shake the very political decision to grant Quebec’s Canadair, rather than Manitoba’s Bristol, the 1986 CF-18 maintenance contract. But does that reflect the whole picture? In November 1991, anti-booty nastiness in Parliament reached unprecedented heights. Then-Treasury Board President Gilles Loiselle, charts in hand, felt compelled to admit to MPs that transfers to other provinces had grown 7 to 10% in the previous 15 years, but only 4% for Quebec. Only in Ottawa would a Quebec politician have to pledge to be stingy towards his home province.

Figures are clear for the referendum period. Yes, Ottawa illegally funded shady pro-Canada outfits during the campaign—that much has been proven. But the sums were paltry. Let’s look at the real figures. From its 1994 high point to the 1998 low point, federal capital investment—Ottawa’s most direct input—was reduced, overall, by 31 per cent in Canada. These were the dark days of deficit reduction. In Ontario, the reduction was 19 per cent. In Québec, 33 per cent. That makes Bonhomme Carnaval a pretty inept booty hunter.

But we’ve still got the dole, right? Consider this: In the same period, Ottawa moved to rein-in the financial flow to Quebec, over and above the severe across-the-board cuts in health, education and welfare funding. Respected economist Pierre Fortin figures that the EI reforms added a $100 million per year burden on Quebec. And the 1999 surprise reform of transfers wiped-out Quebec’s (and Newfoundland’s) redistributive advantage and reduced Quebec’s expected share of new funding by $1.8 billion over five years. And forget about compensation for GST harmonization or for the ice storm damage, where other provinces in strangely similar circumstances, and whose characters are not sullied on front pages, fared way, way better.

I lived these days from the inside (full disclosure: I was an adviser to Lucien Bouchard). We didn’t find no booty. We found a stubborn willingness on the part of the Chretien government to make things as hard as they could and to impede our (in the end successful) attempt at balancing our own books. Their take was that separatist politics hurt our economy—and they tried to make that happen. Our take was that a fiscally sound Quebec would be in better shape to become independent.

Among the Maclean’s issue’s most preposterous assertions is that Chrétien’s sponsorship scandal is a sign of Quebecers’ intrinsic black soul. Shouldn’t it be remembered that the Chrétien government was never elected by Quebecers? That was Ontario’s doing. We voted for something called the Bloc. For a long while, Chrétien’s only Quebec MPs were elected in non-francophone ridings, Chrétien himself having trouble keeping his own. When the sponsorship scandal broke, we coalesced around candidates whose slogan was “A clean party for Quebec,” and that was not the Liberals. In fact, in 2005, Quebeckers were so incensed about this scandalous Ottawa-based attempt at buying their loyalty, and grease the wheels of the rejected federal Liberal party in the process, that 55% were willing to secede from the corrupting machine right then and there. (Sadly, separatists were not in power in Quebec City at that point to make it happen.)

I have a great idea for a Maclean’s cover. Picture a Bonhomme Carnaval with a halo. No, better yet, a crowd of such Bonhommes as far as the eye can see. The title: Quebecers: Canada’s resilient corruption-busters.

The story would go like this. Eliot Ness-type figures battling corruption are a staple of Quebec culture. It seems to be in the national Quebec genome to rise up against graft and sleaze. Not that they haven’t been duped. In the forties, they loved Maurice Duplessis because he denounced and ridiculed the corruption of the preceding Liberal government. But he then became an even greater corrupter himself. In the 1950s, they turned to the incorruptible inspector Pax Plante and crusader Jean Drapeau, who cleaned-up Montreal’s Mob and brothels with a vengeance. Drapeau became a hero, then an autocratic, visionary, and at times inept—but never corrupt—mayor. In the 1960s, the new white knight was René Lévesque, who championed procurement reform in a Liberal “équipe du tonnerre” that equipped Quebec for the modern world. The decade was nearly scandal-free. In the early 1970s collusion between a mob-related union, the Construction wing of the FTQ, and the Quebec Liberal government saw the rise of new corruption-busters in a commission that was followed more closely than hockey night. Brian Mulroney and Lucien Bouchard’s careers take their roots in this largely successful cleansing effort. (One of those lost his way on the road to power and large envelopes with cash. The other did not and remains a symbol of integrity, even stinginess.)

In 1976, scandal odours polluted Robert Bourassa’s government. That factor contributed to his being named Quebec’s most despised politician (he would recover). He was replaced by Quebec’s most revered (to this day) politician, René Lévesque, who would shield Quebec politics from graft with the then-tightest financing law on the continent. In time, both France and Canada would copy its path-charting vision. It would take 15 years for the corrupt to find ways around it, which they did.

But from 1976 to the early 2000s, the ingrained, visceral, culturally nurtured aversion of Quebecers to graft prevailed, and only low-level, small-scale lobbying mischief was to be reported from Quebec City or Montreal. This quarter-century of relative cleanliness must have weakened the collective antibodies of honest Quebecers. They have been reawakened by the new slew of corruption described above.

How are Quebecers reacting? They are angry as hell. Over 80 per cent want a full inquiry, 58 per cent want Charest out, and fast. Engineers, policemen, attorneys associations, the Montreal city council, all scream for an inquiry and a robust clean-up. Journalists are all on the prowl, cheered ahead by readers and viewers. Like an endless crowd of furious holy Bonhommes, Quebecers can’t wait to throw the rascals out, and the corrupt in jail. If elections had been held any time in the last 18 months, they would have had their wish. It is only a question of time before the long history of integrity of Quebec prevails, once again.

In reacting to the corrupt-Bonhomme cover, Gilles Duceppe quoted a definition of xenophobia from the European Council: “a systematic or irrational hostility towards one or many individuals, mainly motivated by their nationality, culture, gender, religion, ideology or geographic origin.” So. Let’s address the core question. Are Maclean’s writers, Coyne in particular, and its editors who have published his piece as sound journalism and commentary, xenophobic about Quebec? The answer lies in this question: Had Coyne written that Jews were pathologically greedy, Blacks pathologically lazy or Newfoundlanders pathologically goofy, the copy would have been thrown out the window.

I will not win this argument in the English Canadian media because the standard for anti-Quebec writing has been lowered since 1990 to make Quebecers fair game for wholesale put-downs.

Jan Wong famously wrote in The Globe and Mail that the Dawson and Polytechnique killings found their roots in Quebec’s language laws. That prejudiced nonsense was backed by The Globe’s editors (to Jean Charest’s very great chagrin). Lawrence Martin based part of his book demonizing Lucien Bouchard on a psychologist’s opinion that the separatist leader was mentally deranged. (Wait—aren’t those synonyms: separatist and deranged?) Mordecai Richler’s book about Quebec, at 85 000 copies sold the most widely read treatise on Quebec in the ROC, asserted that 66 per cent of my fellow tribesmen were “highly anti-semitic.” More than in Germany in the early 1930s. Even Peter Gzowski defended him. Diane Francis lamented that separatist leaders couldn’t be arrested and hanged. She was named Woman of The Year by the Toronto version of Chatelaine.

These are not rednecks mumbling about the devilish threat of bilingualism and of the metric system in farms out west. These are mainstream, respected writers in Canada’s major media. And they jumped in, earlier this month, denouncing Quebec for attempting to blackmail the Harper government for a stake in a sports arena. The request is debatable—I criticized it on my blog—but the knee-jerk and accepted reaction in the Canadian press and political elites is not to reject the claim on its merits, but to insult Quebecers’ character as a whole.

This is where we are. This is xenophobia. This is what Maclean’s salesmanship rides on and perpetuates as we speak. Yes, I am in favour of the independence of Quebec. Like about half of my fellow francophones these days, I want my nation to be fully responsible for its successes and failures—equalisation payments be damned. But on the too-long road towards that day, I sometimes tire. Then, I simply pick up the Toronto press and smell the now run-of-the-mill disdain and contempt routinely showered upon Quebec, to remember another reason why I want out. I dream of living in a country that respects me. That, I do not have.

*****

Jean-François Lisée is the executive director of the International Studies Center of the Université de Montréal since its inception in 2004. Apart from having been an advisor to the Antichrist (Jacques Parizeau) and to the equally devilish Lucien Bouchard, he is a journalist and author. His last book (with Eric Montpetit) is entitled Imaginer l’après-crise. Although written by mere Quebecers, the book uses a good number of long words. Not only has Lisée received Quebec journalism awards—bestowed upon for, to quote Jeffrey Simpson “what passes for journalism in Quebec”—but sure-fire Canadian ones, too, like the Governor General’s award for non fiction and a number of Canadian magazine awards. Including a silver award this past year for excellence in column writing for, among others, a column on corruption in Quebec. And he actually wrote this rebuttal, himself, in English. Hard to believe !

(PS: N’ayez crainte, c’est moi qui ai écrit cette condescendante bio. Je voulais rester dans le ton!)

(PS2. Une version remaniée, francophone, améliorée, de ce texte paraîtra dans le prochain numéro de L’actualité, avec une Une qui sera une pièce de collection !)


Lien: http://www2.lactualite.com/jean-francoi ... ique/4971/" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : dim. oct. 10, 2010 11:49 pm
par Anya
Patriquin, du Maclean’s, au box des accusés
Agence QMI
Vincent Gauthier
10/10/2010 22h33

Image

Martin Patriquin a subi les foudres de Jean-François Lisée au sujet de la une controversée du magazine Maclean’s. Un travail que ce dernier a qualifié de «mauvais journalisme» et de «faute professionnelle grave».

De passage à l’émission Tout le monde en parle, dimanche soir, l’auteur de l’article fort médiatisé mentionnant que le Québec est la province la plus corrompue au Canada a ainsi été confronté à son collègue de L’actualité.

Prenant pratiquement toute la place sur le plateau, M. Lisée a surtout remis en question la méthode utilisée par Maclean’s pour arriver à une telle conclusion.

«Si c’est LA province la plus corrompue? En tant que journaliste, je le pense. Mais je l’aurais écrit seulement si j’avais pu en faire la démonstration. Et j’aurais dit qui est la deuxième et qui est la 10e plus corrompue. Affirmer ça, sans méthodologie, c’est une faute professionnelle grave», a martelé le collaborateur de L’actualité.

Ce dernier a aussi soulevé que le magazine Maclean’s avait flirté avec la xénophobie dans ce dossier.

«Du mauvais journalisme, j’aurais pu vivre avec. Il y en a partout. Il y en a tout le temps. Mais on dit que, non seulement c’est majeur, mais c’est dans la pathologie de l’existence du Québec que de sécréter de la corruption. Que ça fait partie de leur façon d’être politiquement», a décrié M. Lisée.

Couvertures frappantes

Étant lui-même québécois, M. Patriquin a tenu à expliquer que son magazine ne cherchait pas à s’attaquer au Québec en montrant le Bonhomme Carnaval avec une valise pleine d’argent.

«Généralement, Maclean’s fait des couvertures qui frappent. Ce n’est pas qu’on vise le Québec. On frappe fort à chaque semaine», s’est défendu le journaliste de Maclean’s, qui arborait pour l’occasion un t-shirt disant: «Don’t fuck with Quebec, tabarnak».

«On a fait ça (des recherches) partout au Canada et la plupart des scandales se sont passés au Québec», a également souligné M. Patriquin, ajoutant que la région des Maritimes arriverait au deuxième rang des endroits les plus corrompus au pays.

Précisons que les magazines Maclean's et L'Actualité sont tous les deux des propriétés de la société Rogers.

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/a ... 23353.html" onclick="window.open(this.href);return false;

Entrevue avec Jean-François Lisée et Martin Patriquin.
http://www.radio-canada.ca/emissions/to ... Doc=121299" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Maclean’s « Le Québec est la province la plus corrompue »

Publié : mar. oct. 12, 2010 12:04 am
par Anya
Le Québec selon Maclean's - Petite histoire d'une manchette savante
Jean-Claude Leclerc 12 octobre 2010 Québec


Le trafic d'influence dont le cabinet de Jean Charest est accusé est juste le dernier gâchis à survenir dans la province, affirmait le Maclean's du 4 octobre. Pourquoi autant de scandales politiques arrivent au Québec, ajoutait le magazine, en page couverture et sans point d'interrogation, avec Quebec imprimé en rouge. Mais où donc l'éditeur avait-il trouvé la manchette — The most corrupt province in Canada — accompagnant Bonhomme Carnaval?

Plus d'un critique trouve que ce titrage exprime un racisme qui persisterait ailleurs au pays contre le Québec. Pourtant, s'il se trouve aussi dans l'article en question, ce superlatif infamant n'est pas de l'auteur, Martin Patriquin, mais d'un historien qu'il cite, Samuel Huntington. Cet universitaire américain, qui a étudié la corruption politique en 1968, est surtout connu, depuis 1996, pour son best-seller The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order.

Ainsi, une analyse scientifique appuierait le dossier journalistique. Patriquin écrit que Huntington singularisait alors la province comme le territoire «peut-être le plus corrompu» comparé à l'Australie, la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Canada. (Maclean's aura supprimé du titre le «peut-être», délaissé les trois autres pays et fait du Québec le champion des scandales politiques au Canada.) Or, ce jugement plutôt prudent de Huntington provenait en fait d'un autre auteur américain, Robert R. Alford.

On le trouve du reste en référence, en bonne et due forme, dans l'ouvrage de Huntington (Political Order in Changing Societies, Yale University Press, p. 65), à un ouvrage d'Alford, également remarqué en son temps (Party and Society, Rand McNally, 1963, p. 298), et paru cinq ans auparavant. Alford y décrivait le comportement électoral des Québécois comme «tribal», un mot sans doute alors utilisé au Québec, mais aussi contesté. Apparemment, Maclean's n'a pas exploré cette piste.

Une qualification inappropriée ?

Si le magazine avait daigné s'y employer, il aurait fait une découverte intéressante. En 1971, en effet, parmi les étudiants du professeur Alford, un Québécois qui avait lu Party and Society trouvait inappropriée la qualification qu'on y trouve du comportement de ses compatriotes. Fort des travaux des sociologues Marcel Rioux, Fernand Dumont et autres, il s'en est ouvert à Alford. Un phénomène qui semblait «tribal» aux yeux d'un Anglo-Saxon, lui a-t-il expliqué, était plutôt un comportement de «classe sociale».

«Marc, you may have a point», répondit le professeur. (Voilà déjà qui dénotait chez lui plus d'ouverture que chez Huntington.) Et Alford d'ajouter: «You should develop a better world-wide understanding of this — as well as a "predictive" model.» (Pareil conseil aurait pu s'adresser aussi à un journaliste, surtout quand il s'avise de dresser un bilan comparatif des moeurs politiques entre groupes sociaux ou entre pays.)

Cette information n'est pas secrète. On trouve ces réflexions d'Alford dans l'émouvant témoignage que lui a rendu, à sa mort en 2003, le sociologue québécois Marc Renaud, alors président du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, et qui a paru dans le Canadian Journal of Sociology Online (mars-avril 2003).

Mais même Huntington fournissait d'intéressants indices de recherche à qui aurait voulu comparer les moeurs politiques entre les provinces ou les cultures au Canada. Bien qu'il date de plus de 40 ans, Political Order in Changing Societies comporte en matière de corruption des distinctions qui pourraient être utiles encore aujourd'hui. On y trouve différents comportements d'ordre moral ou culturel observables suivant les régimes et les époques. La prévalence du phénomène accompagnerait souvent la modernisation rapide de la vie économique et sociale. Une société en changement — dans l'économie comme dans les valeurs — y serait plus vulnérable.

Ainsi, de nouveaux riches ont pu s'acheter des postes d'ambassadeur ou de sénateur, qui seraient allés autrement à des favoris désargentés, rarement plus compétents qu'eux. Des politiciens ont aussi accédé au pouvoir grâce à des électeurs pauvres n'ayant que leurs votes à vendre. Huntington n'avait guère prévu toutefois qu'on peut en pays démocratique acheter des électorats aisés, à la ville comme à la campagne, avec de rondelettes subventions.

De même, observe Huntington, la modernisation des lois peut entraîner des changements qui auront pour conséquence d'avantager les uns et de défavoriser les autres. Les premiers vont profiter en toute légalité de la situation nouvelle, alors que les autres, pour n'avoir pas à choisir entre la misère ou la prison, se résoudront à soudoyer le pouvoir. Qui est le plus corrompu, le pouvoir qui obtient des appuis grâce au favoritisme légalisé, ou bien l'individu sans influence et marginalisé qui achète son immunité?

Un rappel

Au Québec, la plus forte dénonciation de la corruption politique est survenue à la fin du régime Duplessis. Dans la revue Ad Usum Sacerdotum, Gérard Dion et Louis O'Neill, deux prêtres catholiques, avaient décrit et stigmatisé les moeurs électorales du scrutin de 1956. Le Devoir en avait publié le texte le 7 août, une révélation sensationnelle reprise par la presse anglophone dans le reste du pays.

Ainsi, le Citizen d'Ottawa, tout en signalant quelques particularités québécoises, ne manquera pas de signaler des abus dans les autres provinces et au fédéral. L'Ottawa Journal écrit: «N'allons pas nous croire supérieurs.» Et le Toronto Star trouvait que ces tactiques condamnables «existent à un certain degré dans toutes les provinces» et souhaitait qu'on établisse «un plus rigoureux code de moralité publique dans tout le Canada».

Quel journal fera un jour le bilan contemporain de la corruption politique partout au Canada et aura l'intelligence d'en rechercher les conséquences et surtout les causes?

***

redaction@ledevoir.com

***

Jean-Claude Leclerc enseigne le journalisme à l'Université de Montréal.

http://www.ledevoir.com/politique/quebe ... te-savante" onclick="window.open(this.href);return false;