CLAUDE LÉVEILLÉ | ADIEUX
Sa complice se battra pour lui
Agnès Gaudet
14-06-2011 | 06h02
La communauté culturelle était déçue, hier. Claude Léveillée n’aura pas de funérailles nationales, comme celles auxquelles ont eu récemment droit Gilles Carle et le ministre Claude Béchard.
« C’est très triste, de constater que les récents décès de grands artistes, comme mon ami Claude Léveillée, n’ont pas de funérailles nationales, a commenté, au Journal, Jean-Pierre Ferland. C’est un privilège réservé aux gens de la politique.
Je vais leur jouer un tour et mourir demain, d’ajouter le chanteur. Ils vont être mal pris avec ça!»
«Claude Léveillée mérite des funérailles digne d’un premier ministre, croit, pour sa part, Guy Latraverse, qui a été l’impresario de l’auteur-compositeur durant 20 ans. Il n’y en a pas 50, des Gilles Vigneault et des Jean-Pierre Ferland. Quand ils ne seront plus là, ce ne sera plus pareil.
L’état n’a pas le respect, pour ces héros qui ont gardé vivantes notre langue et notre culture. Un drapeau en berne, on fait ça pour beaucoup de gens, pour tous ceux qui reviennent d’Afghanistan. On l’a fait pour Alys Roby. C’est bien, mais ça ne suffit pas. »
Selon Guy Latraverse la France fait beaucoup mieux les choses, pour ses artistes disparus.
« Ici, on les traite du revers de la main. En France, les Piaf et Montand ont eu droit au Panthéon, aux côtés de Napoléon.»
Une salle à son nom
Pour sa part, la complice et biographe du défunt, Marie-Josée Michaud, ne cachait pas sa déception.
« Nous sommes déçus, c’est certain, a-telle confié à notre directrice Michelle Coudé-Lord, mais Claude n’en voudrait pas, de ces funérailles nationales, qui créent de profonds malaises. Il n’aurait pas voulu voir cela.
Le gouvernement avait créé un précédent, avec Gilles Carle ; toutefois, on ne doit pas juger un artiste selon ses funérailles, mais, plutôt, par ses oeuvres. Nous allons plutôt nous battre pour que la Cinquième salle de la Place des Arts porte son nom. Ça, je sais qu’il y tenait ».
Qui décide ?
Qui décide si on offre ou non des funérailles nationales à une personnalité ? Voilà la question que tout le monde se posait, hier, deux jours après que le Journal de Montréal a annoncé que Claude Léveillée n’y aura pas droit.
Au bureau de la ministre de la Culture et des Communications Christine Saint- Pierre, on nous a envoyés au Bureau du protocole du ministère des Relations Internationales du Québec (MRI).
« À ce stade, il y a discussion entre le gouvernement et la famille », nous a seulement précisé l’attachée de presse Geveniève Villemure-Denis.
On sait que le communiqué de presse concernant les funérailles d’Alys Robi provenait du bureau du premier ministre Jean Charest.
Sur le site du MRI, il est clair que le gouvernement a le dernier mot.
« Lorsqu'une personnalité québécoise décède, le gouvernement du Québec peut décider de souligner l'apport du défunt à la société québécoise en offrant à la famille de tenir des funérailles d'État ou des funérailles nationales, peut-on y lire. (...)»
Les critères quant au choix du genre de cérémonies sont, apprend-on, très flexibles.
« On ne peut comparer les funérailles d'une personnalité avec les funérailles d'une autre, parce que les familles font des choix différents, trouve-t-on aussi à lire. (...)
Parmi ceux qui ont eu droit à des funérailles nationales ou d’État, on compte René Lévesque, Claude Ryan, Louis Laberge, Jean-Paul Riopelle, Maurice Richard, Camille Laurin, Gaston Miron, Claude Béchard et Gilles Carle.
Funérailles et soirée funèbre
Funérailles et soirée funèbre
Les funérailles de Claude Léveillée seront célébrées samedi à 10 h 30 par l’abbé Raymond Gravel à la Basilique Notre-Dame de Montréal, où plusieurs artistes pourraient être présents, dont Gilles Vigneault, Jean-Pierre Ferland, Isabelle Boulay et Dan Bigras.
Une soirée funèbre ouverte au public aura également lieu la veille, vendredi, à la Place des Arts, grâce à Guy Latraverse qui a tout organisé, donnant un coup de main à la complice et biographe de Claude Léveillée, Marie-Josée Michaud. L’événement se tiendra dans le hall d’entrée de la Cinquième salle de la Place des Arts, vendredi de 19 h à 23 h.
Livre d’or
La dépouille de l’auteur-compositeur sera exposée en chapelle ardente dans son cercueil, fermé, entouré de candélabres, de photos et d’images projetées, « comme lors des décès de François Mitterrand et Staline », indique Latraverse. Aucun hommage artistique n'est prévu ce soir-là.
En venant lui rendre hommage, le public pourra aussi signer le livre d’or.
« En signant à mon tour, j’ai lu quelques messages. C’est fabuleux, a commenté M. Latraverse. Les gens ne signent pas que leur nom, ils écrivent de belles choses, des phrases touchantes, comme s’ils le connaissaient. »
Selon Guy Latraverse, ce livre d’or sera remis à sa veuve, Hélène Letendre, ou à sa complice, Marie-Josée Michaud.
Claude Léveillée, mort à l’âge de 78 ans jeudi dernier d’une hémorragie cérébrale à son domicile, avait été le premier artiste québécois à se produire à la Place des Arts en 1964.
En ce qui concerne une quelconque nomination d’un lieu en l’honneur de Claude Léveillée, il semble qu’il y ait des discussions en ce moment, mais aucune confirmation.
Funérailles nationales
Les funérailles nationales sont réservées aux personnalités qui ont marqué la vie politique, culturelle ou sociale du Québec, selon une décision du gouvernement. (...) L'exposition du défunt peut se faire dans une maison funéraire ou à tout autre endroit jugé adéquat, comme un musée, une salle communautaire, etc. Ce choix se fait en tenant compte du secteur d'activité marqué par l'action du défunt. Les drapeaux sont mis en berne le jour des funérailles, de l’aube au crépuscule. √ Dans tous les cas, la famille peut s'en tenir à des funérailles privées et refuser l'offre du gouvernement, ou opter pour une formule adaptée. Elle peut aussi refuser l'entrée des médias aux cérémonies.
Source: Ministère des Relations Internationales du Québec
http://fr.canoe.ca/divertissement/celeb ... 6-jdm.html" onclick="window.open(this.href);return false;