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Publié : mer. avr. 20, 2005 3:57 am
par NetRoll
CONTRATS À LA FIRME EARNSCLIFFE
Pressions du bureau de Martin sur Dingwall
Gilles Toupin et Joël-Denis Bellavance

La Presse

Ottawa

Le bureau de Paul Martin aurait exercé des pressions sur le président de la Monnaie royale canadienne, David Dingwall, pour qu'il contredise le témoignage explosif de Warren Kinsella au comité des comptes publics des Communes lundi, a appris La Presse hier.

Dans son témoignage, M. Kinsella, ancien adjoint exécutif de M. Dingwall au moment où ce dernier était ministre des Travaux publics, entre 1993 et 1995, a affirmé sous serment que M. Martin est intervenu, lorsqu'il était ministre des Finances, pour favoriser l'octroi de contrats à la firme de communications Earnscliffe, d'Ottawa.

Plusieurs proches collaborateurs de Paul Martin ont travaillé pour cette firme au moment où il mettait sur pied une organisation pour forcer l'ancien premier ministre Jean Chrétien à tirer sa révérence dans les années 90. Parmi eux, on dénombre David Herle, conjoint de Terrie O'Leary, qui était chef de cabinet de M. Martin aux Finances, ainsi que Scott Reid, actuel directeur des communications du premier ministre.

M. Herle est d'ailleurs toujours au service de M. Martin puisqu'il coprésidera à nouveau la campagne nationale du Parti libéral aux prochaines élections.

«Le bureau du premier ministre a exercé des pressions sur M. Dingwall pour qu'il répudie le témoignage (de M. Kinsella)», a déclaré une source libérale digne de foi sous le couvert de l'anonymat.


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Au cours de son témoignage devant le comité des comptes publics, M. Kinsella a révélé qu'un peu avant sa comparution, il avait reçu une mise en garde. «Il y a visiblement des gens un peu nerveux, puisque j'ai reçu un appel me prévenant que tout ce que j'allais dire serait contredit par M. Dingwall, mon ancien ministre. J'ai trouvé cela déplacé, c'est de l'intimidation», a lancé Warren Kinsella devant les députés estomaqués.

Hier, M. Kinsella affirmait sur son blogue qu'un employé de l'édifice Langevin, où se trouve les bureaux du premier ministre, avait entrepris de faire pression sur un employé de l'État pour qu'il répudie publiquement son témoignage.

Depuis quelques années, M. Kinsella, allié indéfectible de Jean Chrétien, ne cache pas son inimitié face à Paul Martin et ses proches collaborateurs.

Selon des informations obtenues hier par La Presse, M. Kinsella a été averti que le bureau du premier ministre exerçait des pressions sur M. Dingwall par Frank Schiller, ami des deux hommes. Ce dernier a envoyé un courriel à M. Kinsella environ une demi-heure avant son témoignage pour l'informer de la situation.

Finalement, M. Dingwall, qui empoche un salaire annuel d'environ 250 000 $, semble avoir résisté jusqu'ici aux pressions, n'ayant exprimé aucun commentaire contredisant son ancien adjoint. Il a été impossible de joindre M. Dingwall, hier.

Interrogé à ce sujet, hier soir, le bureau du premier ministre a nié avec véhémence avoir tenté d'intimider M. Kinsella. «Le bureau du premier ministre n'a pas parlé directement ou indirectement à M. Kinsella. Commenter davantage sur ce dossier serait faire ce que veut M. Kinsella, c'est-à-dire lui accorder de l'attention», a déclaré Marc Roy, porte-parole du premier ministre.

Les allégations de M. Kinsella ont eu un grand retentissement aux Communes hier, d'autant plus que Paul Martin, au grand dam de l'opposition, ne s'est pas présenté pour la deuxième journée consécutive pour répondre aux questions. M. Martin a en effet passé une partie de la journée à rencontrer des ambassadeurs pour leur expliquer la nouvelle politique de son gouvernement en matière d'affaires étrangères, rendue publique hier.

«Compte tenu que le premier ministre est empêtré dans le plus grand scandale de l'histoire du pays, ne devrait-il pas être ici sur le parquet de la Chambre pour répondre aux questions?» a tonné le chef du Parti conservateur, Stephen Harper.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a aussi attaqué la crédibilité du premier ministre en utilisant le témoignage de M. Kinsella. Selon M. Duceppe, les propos de ce dernier démontrent que Paul Martin a favorisé une firme appuyant sa campagne au leadership.

«Warren Kinsella témoignait sous serment, preuves à l'appui. Il ne faut pas seulement qu'il n'y ait pas conflit d'intérêts, il faut qu'il n'y ait pas apparence de conflit d'intérêts. Or, voilà la chef de cabinet du ministre des Finances de l'époque, aujourd'hui premier ministre, s'adonne à être l'épouse d'une personne qui travaille à la firme Earnscliffe et que le contrat est accordé à Earnscliffe. Est-ce qu'il n'y a pas là un conflit d'intérêts?» a demandé Gilles Duceppe.

Le ministre des Finances, Ralph Goodale, a balayé d'un revers de main les accusations de l'opposition, affirmant que la vérificatrice générale Sheila Fraser avait déjà enquêté sur cette affaire et qu'elle n'avait rien trouvé d'anormal.

Riposte de l'opposition

Parallèlement à ces attaques soutenues contre Paul Martin, hier, les trois partis de l'opposition ont préparé leur riposte à la décision controversée du gouvernement libéral de reporter les jours de séance aux Communes réservés à l'opposition, bloquant ainsi la possibilité d'élections printanières.

Hier, le Parti conservateur a contré cette manoeuvre unilatérale en déposant au comité de la procédure et des affaires de la Chambre une motion obligeant les libéraux à restituer une journée de l'opposition avant le 18 mai pour qu'un vote ait lieu au plus tard le 19 mai. Cette motion contraignante sera facilement adoptée par le comité, dominé par l'opposition, demain après-midi, et sera mise aux voix aux Communes le mardi 3 mai.

Résultat: le Parti conservateur pourra déposer une motion de blâme dans les jours suivants afin de forcer la tenue d'élections générales en juin. Les dates possibles du scrutin sont les 20 et 27 juin. D'ici à l'adoption de la fameuse motion, les trois partis de l'opposition ont promis de paralyser les travaux du Parlement.

EARNCLIFFE

Earnscliffe Strategy Group est une firme de communication d'Ottawa dont plusieurs dirigeants et employés ont travaillé à la course de Paul Martin à la direction du Parti libéral. David Herle, proche de Paul Martin qui l'a conseillé, fut l'un des dirigeants de Earnscliffe. Il est actuellement coprésident de la prochaine campagne électorale libérale, poste qu'il occupait aussi lors des élections de 2004.

Publié : mer. avr. 20, 2005 3:58 am
par NetRoll
Une maudite chance que Paul Martin n'est pas impliqué!

Publié : mer. avr. 20, 2005 10:12 am
par funny36
Sur RDI ils viennent d'annoncer que Paul Martin s'adressera a la nation demain soir concernant le scandale des commandites.



Hate d'entendre ce qu'il a a dire.

Publié : mer. avr. 20, 2005 10:37 am
par Beppo
Il fera sûrement porter le blâme d'une élection hâtive sur le dos des partis de l'opposition tout en spécifiant que des élections ne sont pas nécessaires pour le moment.

Il sent la soupe chaude et aussi advenant une élection prochaine, il sait fort bien qu'il se retrouvera dans l'opposition et sans doute ne jouera-t-il pas le rôle du chef de cette opposition. Le BQ a déjà été l'opposition officielle à  Ottawa.

Aussi, la dernière déclaration de Gagliano n'est pas sans l'irriter un peu.


Publié : ven. avr. 22, 2005 5:02 am
par NetRoll
Martin à la défense du juge Gomery
Mise à jour le vendredi 22 avril 2005 à 10 h 34

Le gouvernement fédéral va s'adresser à un tribunal pour obtenir que la commission Gomery puisse finir ses travaux si l'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien arrive à convaincre la cour fédérale de procéder à son interruption.

Le premier ministre Paul Martin a pris cet engagement vendredi matin lors d'une entrevue au réseau CTV.

Jean Chrétien soutient que le juge Gomery est biaisé à son endroit et qu'il devrait être remplacé. La cour fédérale doit se pencher sur la question le 7 juin.

La nomination d'un nouveau juge pourrait forcer la Commission à reprendre en entier ses travaux.

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Hmmm...

-Chrétien a nommé beaucoup de juges qui sont en place
-Le tribunal déboute le juge Gomery
-Martin nomme un autre juge
-Les travaux recommencent du début

C'est quand donc 30 jours après les résultats de la commission Gomery?? Ceux qui se sont fait convaincre par Ti-Paul Martin hier...

Publié : ven. avr. 22, 2005 5:12 am
par fleurtropicale

Publié : ven. avr. 22, 2005 6:47 am
par fleurtropicale
J'ai tant de questions  


Peut-t'on faire confiance au juge Gomery? Qui nous dit qu'il n'est pas corrompu lui aussi?

Pourquoi Martin dit qu'il a confiance au juge Gomery? ( pourtant me semble que Martin est trempé  dans ce scandale lui aussi, non? )

Pourquoi Chrétien ne veut plus de Gomery?

Il se sent biaisé pour qu'elles raisons?

Est-ce que je pose des questions connes   ? --Message edité par fleurtropicale le 2005-04-22 13:25:08--

Publié : ven. avr. 22, 2005 7:37 am
par fleurtropicale
Mise à jour le jeudi 21 avril 2005 à 22 h 22

Boulay aurait suggéré à Brault de mentir

Afin de cacher la véritable fin d'un chèque de 50 000 $ fait par Jean Brault à Groupe Everest, et destiné apparemment à Jean Charest, Claude Boulay aurait suggéré à Jean Brault de mentir.

La procureure de la commission Gomery a interrogé jeudi le fondateur du Groupe Everest, Claude Boulay, sur une proposition qu'il aurait faite à Jean Brault, il y a une dizaine de jours, pour camoufler la destination d'un chèque de 50 000 $ qui aurait été remis à la campagne de Jean Charest, en 1998.


M. Boulay aurait proposé à Jean Brault, alors sur le point de témoigner devant la commission Gomery, de dire que les 50 000 $ n'étaient, en fait, qu'un solde de vente.

L'avocat de Jean Brault, Harvey Yarosky, aurait été témoin de cette proposition.

Claude Boulay a formellement nié ces allégations lors de son passage devant la commission, jeudi. Selon lui, la facture envoyée à Jean Brault en novembre 1998 ne visait que le remboursement du solde de la vente d'un immeuble quelques mois plus tôt.

Devant l'insistance de la procureure, M. Boulay a affirmé que « Me Yarosky était à dix pieds derrière [MM. Brault et Boulay] », suggérant que l'avocat n'aurait pas pu entendre la conversation.

Mecredi, la procureure Marie Cossette a fait allusion à un segment du témoignage de Jean Brault qui faisait l'objet d'un interdit de publication.

Selon ce témoignage, le responsable du programme des commandites, Charles Guité, aurait demandé à Jean Brault, président de Groupaction, d'envoyer un chèque de 50 000 $ à Jean Charest.

Pour faire parvenir les fonds, Guité aurait suggéré à Jean Brault de faire transiter l'argent par la firme de Claude Boulay, Groupe Everest.

M. Boulay n'aurait eu ensuite qu'à envoyer une facture fictive à Groupaction pour se faire rembourser.

Par la suite, la commission a levé l'interdit de publication sur ce segment précis du témoignage de Jean Brault.

Double facturation payante

Le président de Groupe Everest, Claude Boulay, a eu recours à la double facturation dans plusieurs dossiers de commandites. C'est ce qui est ressorti de la première journée de son témoignage, mercredi, devant la commission Gomery.




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Ainsi, un catalogue sur l'oeuvre du peintre Jean-Paul Riopelle, qui avait fait l'objet d'une commandite fédérale de 75 000 $, a rapporté à Groupe Everest une commission de 12 % versée par Travaux publics, et une commission de 10 % récoltée auprès de l'éditeur du catalogue, Hibou Éditions. L'éditeur du catalogue ignorait l'existence de la première commission.

Dans le cas de la Société du Parc des îles, Groupe Everest a exigé 20 % de la commandite la première année (en 1997) et 15 % les années subséquentes (jusqu'en 2001), en plus de la commission octroyée par Travaux publics. Au total, Groupe Everest a touché 658 000 $ en commissions, en plus d'une série de billets d'entrée d'une valeur de 277 000 $.

Pour les Jeux du Québec de Lachine, en 2001, Groupe Everest a touché une première commission de 12 % de Travaux publics pour la gestion de la commandite de 150 000 $, et une autre de 20 % du commandité.

En juin 2001, quelques mois avant la tenue des Jeux, le fonctionnaire responsable du programme des commandites, Pierre Tremblay, avait pourtant transmis un avis au comité organisateur pour indiquer qu'« aucune rémunération supplémentaire ne devrait être payée à la firme Everest ». --Message edité par fleurtropicale le 2005-04-22 13:38:59--

Publié : ven. avr. 22, 2005 7:45 am
par tuberale
Non, elle ne sont pas idiotes....on se pose les mêmes  

Si Chrétien ne veut pas de Gomery on peut penser que celui-ci ne fait pas partie de "sa gang".....aurions-ns affaire à un des seuls  non-corrompus de cette histoire ..donc il veut le faire récuser parce que ce juge risque d'aller au fond des choses...

Ou encore, il veut faire semblant de le faire récuser pour lui donner un semblant de légimité qui ns ferait croire que le juge est honnête


Martin a nommé Gomery.....mais là la commission creuse creux, on risque de faire un lien avec son implication possible, il se doute bien pour  X raisons que Gomery va être débouté donc que la commission va reprendre à zéro et par le fait même avec sa promesse de 30 jrs, il obtient un méchant délai

ou encore en disant qu'il nommerait un autre juge, il donne un message à Chrétien qu'il ne viendra pas à bout de faire faire le silence sur ces scandales.....


la seule chose que j,espère être vrai c,est que Gomery est impartial......bon c'est quand même un juge fédéral...mais j'ose croire à le voir que sa démarche est loyale........à partir de là, on peut élaborer à peu près tous les scénarios possibles.......une seule chose d,évident.........ils se foutent tous de nous les citoyens.....

Publié : ven. avr. 22, 2005 8:08 am
par fleurtropicale
Merci tubérale  

Quand on parle la même langue que moi ( comme toi et monsieur Facal hier soir en autres, ) Je saisi davantage.

Ça me fait pensé qu'en j'étais au secondaire et même au Cegep..Les foutus examens à choix multiples( a,b,c,d) ..Je trouvais la réponse( la bonne) beaucoup trop simple.. que je me disais que ça ne pouvait pas être la bonne. Donc je ne la choisissais pas et je me gourrais dans tout l'examen. Par contre, pour les examens traditionnels à développement alors là j'allais me chercher des 90, 100%.
Bizarre comment fonctionne mon esprit..

Donc tout ça pour dire que j'ai ben de la misère à me faire confiance en ce qui concerne ma compréhension --Message edité par fleurtropicale le 2005-04-22 14:10:44--

Publié : ven. avr. 22, 2005 9:15 am
par NetRoll
Option Canada: le Bloc veut savoir
Mise à jour le vendredi 22 avril 2005 à 14 h 12

Le Bloc québécois veut savoir où sont passés les 4,8 millions de dollars d'Option Canada qui n'ont pas été comptabilisés par le camp du NON, lors du référendum de 1995.

Le chef du Bloc, Gilles Duceppe, a demandé au premier ministre Paul Martin de confirmer qu'il avait également fait preuve de négligence, en 1995, dans l'octroi des 4,8 millions qui auraient servi au financement du grand rassemblement de Montréal, quelques heures à peine avant le référendum du 30 octobre 1995.

M. Duceppe se référait alors aux déclarations de l'ancien directeur exécutif de la section québécoise du Parti libéral du Canada, Benoît Corbeil.

Le chef du Bloc a repris les mots de Paul Martin dans sa déclaration télévisée, lorsqu'il a reconnu qu'il avait manqué de vigilance et que l'argent des commandites avait été mal utilisé. « M. Martin peut-il faire le même constat au sujet de l'argent d'Option Canada, qui a violé la loi québécoise? », a-t-il demandé.

Michel Guimond, du Bloc, a ajouté qu'Option Canada, organisme créé par le Conseil de l'unité canadienne, identifié par Benoit Corbeil comme se situant au coeur du « réseau libéral », avait illégalement utilisé les 4,8 millions en faveur des forces du NON.

« Le premier ministre, a demandé M.Guimond, peut-il confirmer qu'Option Canada a été le véhicule utilisé pour violer et bafouer la loi référendaire québécoise? »

En l'absence du premier ministre, c'est le ministre des Finances Ralph Goodale qui a répondu aux questions du Bloc.

Il a répondu que le ministère des Finances avait accordé les contrats en respectant les règles et que si des questions se posent toujours, la commission Gomery verra ce qu'il en est.

Il a ajouté que si M. Corbeil a des allégations à faire dans ce dossier, il devra les faire au moment de sa comparution devant le juge Gomery, qui tranchera.

Agitation

Dès l'ouverture de cette autre période des questions agitée, le Parti conservateur a cherché à savoir la nature exacte des relations entre Paul Martin et l'ancien président de Groupe Everest Claude Boulay et sa femme Diane Deslauriers.

Faisant écho au témoignage de Mme Deslauriers devant la commission Gomery, les conservateurs ont souligné qu'elle avait affirmé avoir travaillé avec Paul Martin tous les jours de la campagne de 1999 et qu'« ils faisaient presque partie de la même famille. »

Le ministre des Travaux publics, Scott Brison, a répondu que M. Martin avait raison quand il dit ne pas bien connaître M. Boulay et sa femme, cette dernière ayant dit qu'elle avait rencontré l'actuel premier ministre lors d'un brunch en 1993. Quant à M. Boulay, Scott Brison rappelle que Paul Martin a toujours dit ne l'avoir rencontré qu'à l'occasion d'activités partisanes.

Publié : ven. avr. 22, 2005 1:24 pm
par Chanelle
La conjointe de Boulay a la mémoire défaillante : elle allait chez Chrétien mais ne se souvient pas pourquoi

Journal de Montréal

Sans commentaires  

Publié : sam. avr. 23, 2005 2:42 am
par tuberale
Un texte de celle que vous aimez tant haïr, SVP se concentrer sur le texte et non la personne

Chut!
Denise Bombardier
Édition du samedi 23 et du dimanche 24 avril 2005




À la commission Gomery, le verbe «taire» se conjugue à tous les temps. Il y a d'abord ceux qui se taisent au présent. Ils jurent de dire la vérité et, en se taisant, ils ne racontent pas de mensonges. Ils sont plutôt rares dans cette catégorie car, inévitablement, sous la pression des interrogatoires, plusieurs finissent par répondre qu'ils ignorent ce qu'ils savent, ce qui les transforme derechef en menteurs. Et non seulement ils mentent mais ils se parjurent. Faut-il s'étonner que, pour eux, mettre la main dans leur poche ait plus de sens que la poser sur la Bible ou que le fait de jurer sur leur honneur ne prendrait son sens que s'ils étaient honorables? D'autres devraient se taire plutôt que d'accuser leur mémoire défaillante car c'est fou ce que la mémoire est malmenée devant le juge Gomery. Dans tous ces trous de mémoire, le mensonge se tapit au point où la vérité devient introuvable. D'ailleurs, il faut se demander si ces menteurs haut de gamme n'ont pas réussi à se taire à eux-mêmes la vérité. En d'autres mots, ils croiraient leurs mensonges et auraient oublié la vérité, donc ils diraient vrai.



  Plusieurs menteurs témoins sont des séducteurs nés. Ils ont de la faconde, ils manient l'humour, s'expriment élégamment et dégagent ce charme empoisonné des fourbes de bonne famille. C'est peu dire que la culpabilité est un sentiment qui leur est étranger. L'ambition effrénée, l'obsession de l'argent et une conviction politique rebaptisée «fédéralisme rentable» (pour eux) excluent la culpabilité. On ne commet pas de faute quand on est du bon bord et lorsqu'on s'en met plein les poches avec la bénédiction lointaine de fantômes rôdant au bord de la rivière des Outaouais. Ils auraient même pu se taire à moindre coût dans la mesure où ils avaient l'assurance que la manne continuerait de tomber.

***

Il y a une autre catégorie, celle de ceux qui se sont tus mais qui s'attablent désormais parce que coincés et lâchés par ceux-là mêmes qui les nourrissaient. Ce sont d'anciens menteurs reconvertis car il leur a bien fallu mentir pour maintenir une façade de légalité et de légitimité. Ils parlent et, parce qu'ils n'ont rien à perdre, ils laissent surgir la vérité, cette arme qui, l'espèrent-ils, détruira ceux qui les ont trahis. Et c'est ainsi que nous savons peu à peu ce que nous soupçonnions, ce que nous imaginions, ce que nous redoutions.

La commission Gomery, que les cyniques tentent de banaliser pour mieux la discréditer, nous en apprend plus que nous ne le croyons. Elle est une scène exceptionnelle où se jouent des classiques : L'Avare, Le Joueur, Le Bourgeois gentilhomme, L'Idiot, Le Malade (non) imaginaire, Les Fourberies de Scapin. Et on notera au passage que les femmes y sont quasi absentes. Non qu'elles ne sachent pas mentir, mais l'appât du gain et la cupidité demeurent apparemment un domaine réservé aux mâles. Pour les témoins de la commission Gomery, l'égalité des sexes, qu'ils doivent certainement défendre une main sur le coeur et le programme du Parti libéral dans l'autre, ne s'étend pas aux commandites, ses ristournes et ses commissions. On est entre hommes étant dans le gros cash.



***




Un scandale comme celui qui nous occupe n'est pas le fait que de premiers rôles. On y trouve des rôles secondaires, des figurants, des voix hors champ (souvent au téléphone) et des observateurs dont la passivité renforce le système. Tous ces gens se sont tus, ont détourné le regard ou attendu que ça passe. Sauf de rares exceptions, comme cette pauvre Myriam Bédard, qui doit croire qu'il eût mieux valu pour elle qu'elle se taise compte tenu des malheurs qui l'ont par la suite accablée. Puisqu'on peut mentir par omission, il faut en conclure que le nombre de personnes impliquées dans cette machine à imprimer de fausses factures, à distribuer par intermédiaires véreux de vrais chèques alimentés par notre argent, est beaucoup plus imposant qu'on le laisse croire.



Pour que la démocratie soit une réalité vivante, cela suppose que chaque citoyen se perçoive comme un chien de garde de celle-ci. Cela exige un minimum d'implication personnelle et le sentiment que sa voix peut faire la différence. En démocratie, on ne peut pas se taire, fermer les yeux sur des exactions, des injustices, des illégalités, sans se transformer en complice. En ce sens, ce qu'on appelle la majorité silencieuse est une force d'inertie. Le «je me mêle de mes affaires» ou «j'aime mieux me taire» sont des phrases assassines de la démocratie. Tout au long de ce scandale, des centaines de gens ont su, mais des centaines d'autres n'ont pas voulu savoir. Savoir qu'on nous ment et faire semblant qu'on l'ignore est une autre façon de mentir. En ce sens, les menteurs ne défilent pas tous devant la commission Gomery. Chut ! Il ne faut pas le dire !

denbombardier@videotron.ca





 

Publié : sam. avr. 23, 2005 3:20 am
par fleurtropicale
J'adore ce texte.
Qu'il soit écrit par cette femme ou par Pierre-Jean-jacques, ce texte résume très bien ma pensée et certainement la pensée du peuple québécois.


Publié : sam. avr. 23, 2005 3:22 am
par NetRoll
J'ai vu l enom au début... Impossible d'en faire abstraction.

Alors je vais taire mes commentaires, puisqu'ils ne sont pas constructifs. Autre que... elle vient juste de s'en rendre compte?

Son adresse email!!!!  gna gna gna gna... --Message edité par NetRoll le 2005-04-23 09:22:55--

Publié : sam. avr. 23, 2005 3:25 am
par fleurtropicale
NetRoll  a écritJ'ai vu l enom au début... Impossible d'en faire abstraction.

Alors je vais taire mes commentaires, puisqu'ils ne sont pas constructifs. Autre que... elle vient juste de s'en rendre compte?

Son adresse email!!!!  gna gna gna gna...  


  tut tut tut NetRoll, tu es de mauvaise foi  
   

Publié : sam. avr. 23, 2005 3:28 am
par NetRoll
fleurtropicale  a écrit


  tut tut tut NetRoll, tu es de mauvaise foi  
     


je sais    

Publié : sam. avr. 23, 2005 3:29 am
par NetRoll
Mais c'est quand même rien de nouveau que les gens se taisent

Publié : sam. avr. 23, 2005 3:32 am
par fleurtropicale
'Tit question comme ça, en ce samedi...Je dors encore debout..

Si on va en élection j'ai cru entendre que la comission Gomery sera arrêté. Pourquoi? C'est donc dire qu'il se peut que nous sachions jamais la vérité  

Publié : sam. avr. 23, 2005 3:33 am
par orve
Hey c'est mon téléroman préféré c'est temps çi,   même que j'ai un scoop, la semaine prochaine JR et Sue helen, vienne témoigner