Bertrant Cantat au TNM

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lucide
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par lucide »

Thewinneris a écrit : Et comme disait Serge Decnoncourt Wajdi Mouawad aurait du venir expliquer sa démarche dès le départ plutot que laisser Lauraine Pintal faire la politicienne! Monsieur se terrait et maintenant il va venir nous dire qu'on a rien compris!

Je vois vraiment pas quelle grande explication il peut avoir a donner... Cantant est son grand ami, il est simplement le premier a avoir essayé de lui donner la chance de retourner sur la scene... comme n'importe quel chum qui aurait donné un job a son ami sorti de prison.
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Placeress
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Placeress »

Thewinneris a écrit : [...]



Oui, en effet, il a démontré que c'est tout aussi divertifié côté réaction dans le milieu artistique!

On peut dire aussi qu'il y a eu un débat intéressant mais je n'ai pas aimé la façon dont il s'est imposé! D'une violente façon, sans égare pour la sensibilité des victimes et semblant viser à culpabiliser ceux qui priorise cet aspect délicat envers ceux et celles-ci, comme si on était toute une gang de pas ouverts qui veulent le retour de la pendaison! On a l'audace de nous poser en coupable d'être sensible à la peine des victimes!!

Bien, en même temps, un débat n'aurait pas eu lieu si cela n'avait pas été exactement la situation actuelle qui se serait produite. Je suis contente perso du débat de société. Autant ici qu'ailleurs. Personnellement, tout en ayant confirmé certaines de mes positions, je me suis assoupli à la lecture des gens ici qui avaient de très bons arguments qui viennent chercher une autre gamme de valeur que je partage. Ce n'est pas un débat tranché pour ma part, c'est très moral et éthique, difficile que ça le soit en ce qui me concerne.

Hier j'ai aimé la partie que Decnoncourt a faite, par contre, j'aurais arrêté ça là. Je sais que la majorité des artistes qui allaient à TMEP jeudi voulaient certainement se positionner, mais on dirait que perso mon malaise à eu lieu là, quand les 5 autres en ont parlé. Il me semble j'en avait eu assez avec Decnoncourt.
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laeticia_29
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par laeticia_29 »

lucide a écrit : [...]



Comme je n'écoute jamais cet émission je suis aller voir l'entrevue sur le net....

Effectivement plutot d'accord avec la premiere partie de son entrevue, il aurait du en rester là mais apres... j'ai eu l'impression d'une grosse crise de jalousie envers un collegue que l'on percoit plus talentueux que lui...

Ca m'a rappellé pourquoi j'écoutais jamais cet émission....

De plus le genre de petite crise qui coupe tout forme de discussions et d'échanges . La communauté artistique est divisée comme la population ... mais lui il est le gentil monsieur soucieux de la violence faite aux femmes et les autres deviennent les méchants insensibles aux victimes... ils vont donc se fermer.
As-tu déjà vu certaines des pièces qu'il a monté? Moi quand j'étais abonnée à Qc il y a de ça un grand nombre d'années, je peux te dire que chaque fois qu'il mettait en scène une pièce c'était extraordinaire. Je ne peux pas dire que c'Est le meilleur (ça fait des années que je ne suit plus ce qu'il fait), mais je peux te dire qu'à ma connaissance, il n'avait rien à envier à personne... Un peu facile comme réflexion de parler de jalousie. J'ai eu les mêmes reflexions que lui et ça n'avait rien à voir avec la jalousie... En tk...
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laeticia_29
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par laeticia_29 »

lucide a écrit : [...]



Je vois vraiment pas quelle grande explication il peut avoir a donner... Cantant est son grand ami, il est simplement le premier a avoir essayé de lui donner la chance de retourner sur la scene... comme n'importe quel chum qui aurait donné un job a son ami sorti de prison.

un peu bcp facile messemble...
Voir s'il ne se doutait pas du tollé que ça allait faire... ;)
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laeticia_29
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par laeticia_29 »

d'accord avec toi PLaceress sur l'apport des 5 autres...

Je m'en serais aussi passé car je ne trouve pas qu'ils ont apportés plus d'éléments intéressants.
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fleurissimo
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par fleurissimo »

Denoncourt est un bon metteur en scène, Mouawad aussi, sauf que le second est plus reconnu et je pense que le premier est un ptit brin jaloux.

Mais sa phrase: Le théâtre n'est pas pour donner des leçons mais pour poser des questions.
C'est très vrai.

Faudra voir si Mouawad avait cette intention de faire la leçon, parce que pour poser les questions, on peut pas dire qu'il y a manqué. La pièce n'est même pas encore jouée et tout un chacun a déjà trouvé sa réponse.
[color=#0000FF][b]le hasard ne fait toujours que la moitié du chemin[/b][/color]
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Nikki
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Nikki »

Peut-être aussi n'avait-il pas des intentions aussi nobles que tenter de provoquer un débat social, mais peut-être plus de faire parler de lui et de sa pièce?...

Perso, je pense que je suis bien trop cynique pour croire à la grandeur d'âme de l'artiste qui cherche à faire évoluer la société... Il est comme tout le monde, parlez-en bien, parlez-en mal, mais parlez en...
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Placeress
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Placeress »

Personnellement j'ai pas mal toujours trouvé que d'accusé une autre personne de jalousie parce qu'elle n'est pas en accord avec le propos ou l'oeuvre d'une autre est un peu simpliste quand même.

Au nombre de gens qui ne sont pas en accord avec le projet de Mouawad avec Cantat sur scène, me semble qu'on aurait une gang de jaloux dans le dossier...

Mais bon, Wadji sera à 24 heures en 60 minutes vendredi, j'ai hâte de l'écouter, peut-être que je vais comprendre des choses.
Dernière modification par Placeress le lun. avr. 11, 2011 12:38 pm, modifié 1 fois.
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Nikki
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Nikki »

Quant au fait que l'équipe de Ladies nights s'est prononcée sur la chose, je vois mal pourquoi eux n'auraient pu donner leur opinion alors que Denoncourt l'a fait...

Moi j'ai bien aimé la sensibilité de chacun sur la question... Personne d'enragé, mais des gens sûrs de leurs convictions...
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Nikki
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Nikki »

Placeress a écrit : Personnellement j'ai pas mal toujours trouvé que d'accusé une autre personne de jalousie parce qu'elle n'est pas en accord avec le propos ou l'oeuvre d'une autre est un peu simpliste quand même.

Au nombre de gens qui ne sont pas en accord avec le projet de Mouawad avec Cantat sur scène, me semble qu'on aurait une gang de jaloux dans le dossier...

Mais bon, Wadji sera à 24 heures en 60 minutes vendredi, j'ai hâte de l'écouter, peut-être que je vais comprendre des choses.
Je suis d'accord avec toi... Denoncourt m'a semblé être un passionné dans tout ce qu'il fait, alors je ne vois pas pourquoi il aurait été différent quand on lui demande de se prononcer à ce sujet...
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Malike
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Malike »

laeticia_29 a écrit : [...]


J'ai dit que tu cherchais la bête noire (j'ai édité mon message j'admets que c'était malpoli et indélicat) parce que je trouvais que tu jouais sur les mots. Comme si je ne savais pas que je n'avis pas à être celle qui pardonne. Beepo venait de me rappeler que je n'étais pas maître absolue de l'absolution, je croyais avoir été clair que je le savais...

Je suis bien d'accord que j'aimerais que tous déchirent leur chemise sur le cas des femmes, des enfants ou de toutes victime de crime. Mais ça prend souvent des images fortes ou des exemples médiatiques pour soulever les foules.

Dernierement, j'ai lu l'histoire d'un homme de 20 ans qui a enculé un bébé et qui ne s'en tirait pas si mal avec la justice (sans parler du fait que l'homme pouvait rester anonyme). Oui oui tu as bien lu. J'étais dans un tel état de panique de penser à ça que je me rappelle avoir dit a mon chum "comment ça personne ne sort dans la rue!", comment peut-on faire une marche bleue et laisser crever sans rien des enfants aux mains de salauds qui n'auront presque pas de sentence? Comment ça la société accepte ça sans hurler!? Sommes nous si blasés de la violence!? Est-ce dire qu'un enfant n'a pas de valeur aux yeux de la société et qu'une équipe de hockey vaut plus la peine qu'on se batte pour elle? Gros dégoût quant à moi sur les priorités des gens.

Que puis-je faire seule dans mon coin? Comment ça les gens n'ont pas tous un cri du coeur à l'unisson?

J'ai presque honte de le dire car je ne suis pas pour ça, mais j'ai pensé alors: réintégrons la peine capitale.

Et malgré ce que plusieurs en pense ici, je ne pense pas que l'on puisse se faire justice. Je ne crois pas que le pardon m'appartient et je crois qu'un criminel puisse être pardonné. Mais quand je vois des histoires de bb sodomisé ou battus à mort sans que personne ne lève le petit doigt, une forte nausée me prend.
C'est exactement ma positition et autant avant j'étais contre la peine capitale, autant c'est devenu pour moi l'alternative à la récidive. Ne laissons plus des gens dangeureux revenir dans la rue c'est tout et protégeons les gens au lieu de donner des chances et croire que des sadiques peuvent être réhabilité alors qu'il n'en est rien.
Qu'on se le dise : Chacun sa connerie!! - Claude Dubois ;)
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par NainDeJardin »

Ça vaut ce que ça vaut mais j'ai une amie qui a rencontré Wadji v'la une dizaine d'années et ça l'air que déjà, il ne se prenait vraiment pas pour de la marde... :gla: Il incarnait pas mal la totale côté artiste gossant, du genre moi je suis au-dessus de vous pauvres mortels, j'ai saisi le sens de l'univers, etc. :gla: :gla: :gla:

Bref, c'est le genre d'attitude qui peut finir par taper, et ce, même s'il est ben talentueux... C'est peut-être une explication à la montée de lait de Denoncourt sur le donnage de leçons. :)
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Placeress
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Placeress »

Nikki a écrit : [...]


Je suis d'accord avec toi... Denoncourt m'a semblé être un passionné dans tout ce qu'il fait, alors je ne vois pas pourquoi il aurait été différent quand on lui demande de se prononcer à ce sujet...

Exactement... ça semble être un homme bouillant... simplement...
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Placeress
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Placeress »

NainDeJardin a écrit : Ça vaut ce que ça vaut mais j'ai une amie qui a rencontré Wadji v'la une dizaine d'années et ça l'air que déjà, il ne se prenait vraiment pas pour de la marde... :gla: Il incarnait pas mal la totale côté artiste gossant, du genre moi je suis au-dessus de vous pauvres mortels, j'ai saisi le sens de l'univers, etc. :gla: :gla: :gla:

Bref, c'est le genre d'attitude qui peut finir par taper, et ce, même s'il est ben talentueux... C'est peut-être une explication à la montée de lait de Denoncourt sur le donnage de leçons. :)

Ça s'peux aussi, c'est un p'tit monde... ils se connaissent pas mal....


Des nouvelles de ta soeur ? :p :p
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lucide
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par lucide »

laeticia_29 a écrit : [...]


As-tu déjà vu certaines des pièces qu'il a monté? Moi quand j'étais abonnée à Qc il y a de ça un grand nombre d'années, je peux te dire que chaque fois qu'il mettait en scène une pièce c'était extraordinaire. Je ne peux pas dire que c'Est le meilleur (ça fait des années que je ne suit plus ce qu'il fait), mais je peux te dire qu'à ma connaissance, il n'avait rien à envier à personne... Un peu facile comme réflexion de parler de jalousie. J'ai eu les mêmes reflexions que lui et ça n'avait rien à voir avec la jalousie... En tk...

J'ai jamais dit qu'il n'était pas un bon producteur...

Un paquet de gens ici et dans les médias ont exprimé la même chose que lui et ils ont pas eu besoin de faire de montée de lait ou deblaterer sur l'intégrité des autres...

Personnellement j'aime pas ce genre de personnage....
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lucide
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par lucide »

Bertrand Cantat bienvenu en Belgique
Agence France-Presse
Bruxelles


L'ex-chanteur du groupe de rock français Noir Désir, Bertrand Cantat, condamné pour avoir battu à mort sa compagne en 2003, pourra se produire comme prévu en Belgique début 2012 dans une pièce de théâtre, alors qu'il a renoncé à le faire à Avignon et au Canada.

Le directeur du Théâtre de Namur, où la pièce doit être jouée, Patrice Copé, a justifié lundi le maintien de la participation de Bertrand Cantat notamment par la nécessité de contribuer à la réinsertion des personnes ayant fait de la prison.

Dans une entrevue à la chaîne de télévision RTL-TVi, il a jugé les «notions de réinsertion comme des notions extrêmement importantes dans nos sociétés, par rapport à des gens qui ont commis des délits et qui doivent après être de nouveau des citoyens à temps plein et pouvoir travailler et exister en tant que citoyens».

Le chanteur avait prévu de se produire dans plusieurs représentations de la pièce Des femmes - Les Trachiniennes, Antigone et Electre de Sophocle, mise en scène par le Québécois d'origine libanaise Wajdi Mouawad. Cet ami l'a chargé de composer la musique pour apporter une touche rock au spectacle.


Le metteur en scène libano-québécois avait déjà fait participer Bertrand Cantat à son précédent spectacle créé en 2009 à Avignon, Ciels, où le chanteur interprétait la voix off.

Bertrand Cantat a déjà renoncé à monter sur scène au prochain festival d'Avignon en juillet pour la pièce Des femmes, après que l'acteur Jean-Louis Trintignant, père de l'ex-compagne décédée du chanteur, Marie Trintignant, eut lui même décidé de ne pas venir à Avignon en signe de protestation.

La participation du chanteur à des représentations prévues au Canada, à Montréal et Ottawa, a aussi été annulée la semaine dernière.

Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison en Lituanie. Transféré en France, il a été remis en liberté en 2007.

Outre Namur, le spectacle de Wajdi Mouawad est aussi programmé à Athènes.
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Capuchino
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Capuchino »

NainDeJardin a écrit : Ça vaut ce que ça vaut mais j'ai une amie qui a rencontré Wadji v'la une dizaine d'années et ça l'air que déjà, il ne se prenait vraiment pas pour de la marde... :gla: Il incarnait pas mal la totale côté artiste gossant, du genre moi je suis au-dessus de vous pauvres mortels, j'ai saisi le sens de l'univers, etc. :gla: :gla: :gla:

Bref, c'est le genre d'attitude qui peut finir par taper, et ce, même s'il est ben talentueux... C'est peut-être une explication à la montée de lait de Denoncourt sur le donnage de leçons. :)
Là dessus je donne raison à Denoncourt que les artistes n'ont pas de leçons à donner à personne.
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Skarhet
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Skarhet »

Un autre metteur en scène y met son grain de sel.

Wajdi Mouawad et le principe d’infaillibilité
Michel Monty
11 avril 2011

Dans la foulée de la polémique provoquée par la présence de Bertrand Cantat à titre de musicien dans une mise en scène de Wajdi Mouawad, l'homme de théâtre Michel Monty nous a fait parvenir ces mots résumant ce qu'il pense de ce dernier.

Je profite de l’affaire Bertrand Cantat au TNM pour m’exprimer sur le personnage de Monsieur Wajdi Mouawad qui, depuis trop longtemps, nous fait la leçon avec ses spectacles bien pensants et ses formules incendiaires. Monsieur Mouawad est un intouchable. Tout ce qu’il fait est nécessairement ‘génial’ et tout ce qu’il dit est pris comme une parole d’évangile. À entendre ses admirateurs parler de lui, on a littéralement l’impression de voir des disciples parler d’un gourou ou d’un prophète. C’est très gênant. En prêchant aux convertis une morale somme toute assez convenu, Monsieur Mouawad a habilement gravi les échelons de sa fulgurante carrière. À ma connaissance, jamais on ne mentionne qu’il fait un théâtre criard, moraliste et manichéen qui nous infantilise en nous disant quoi penser et comment penser. D’un spectacle à l’autre (ou presque) c’est le même message simpliste et gna gna qui est martelé : la guerre c’est pas gentil. On ne mentionne pas non plus qu’il se fait un capital financier important en faisant de la guerre le centre de son discours. Qu’il ait vécu un traumatisme dans l’enfance, je veux bien. Mais exploiter cela de manière systématique laisse perplexe. Mais, au delà de ces considérations, ce qui est vraiment dérangeant, c’est qu’on lui confère le principe d’infaillibilité, comme le Pape. Ainsi, quand il insulte ceux qui financent son travail, on vante sa pureté artistique. Quand il engage Cantat, on dit qu’il est magnanime de pardonner à un meurtrier, etc, etc. Y-a-t-il une fin a tant de complaisance? C’est quand même aberrant notre manière de courber l’échine. Monsieur Mouawad s’est créé un personnage qui est devenu plus important que son oeuvre. C’est d’un narcissisme évident on alimente ce culte de la personnalité. Quand j’entends Monsieur Mouawad en entrevue, je suis outré par sa prétention et sa manière de se mettre moralement au dessus de la mêlée. Lui seul connait la guerre, la souffrance humaine et il est là pour nous en faire la leçon. Pourtant Monsieur Mouawad a grandi dans le confort de Paris et Montréal, pas sur le champs de bataille ou dans une ville assiégée !!! Est-ce que la seule consonance de son nom lui donne une autorité morale sur ‘la guerre’? Il serait pertinent de creuser un peu son passé et ses allégations au lieu de boire ses paroles comme une eau bénite. Comment peut-on se laisser berner par un tel discours? Le fait qu’il choisisse Cantat pour un spectacle sur les femmes révèle soit sa stupidité et son manque de jugement ou, alors, son sens de la provocation opportuniste. Quoiqu’il en soit, j’espère que cette fois-ci on ne va pas se laisser avoir en acceptant qu’il se terre dans un silence lâche comme il le fait actuellement. Et si il ose nous dire une formule du genre ‘l’artiste n’a pas à se justifier’, et bien je saurai alors à qui nous avons vraiment affaire. Et, plus que jamais, je me méfierai de cet homme et de son discours.

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Beppo
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par Beppo »

Publié le 11 avril 2011 à 09h14 | Mis à jour à 09h14

Noir délire

Nathalie Petrowski
La Presse

Est-ce qu'un artiste peut tuer la femme qu'il aime et continuer de créer malgré tout? Est-ce qu'on peut être à la fois un tueur et un créateur? C'est la question que je posais dans cette chronique en octobre 2007. Bertrand Cantat venait d'être libéré après quatre ans de prison. L'homme était libre, mais pas entièrement puisque le juge qui a signé sa libération l'a aussi condamné au silence pendant deux ans. Interdiction de parler aux médias de la terrible nuit à Vilnius, en Lituanie, où ses coups d'homme ivre et jaloux, décuplés par la force de ses poings et par le poids de ses bagues de vedette rock, ont plongé sa compagne dans le coma, puis la mort. Interdiction de diffuser des chansons, des disques, des livres ou des films sur le sujet.

Plusieurs avaient applaudi cette mesure salutaire qui empêchait l'exploitation éhontée de la tragédie par les médias, en oubliant une chose: sa date de péremption en juillet 2010.

Longtemps, je me suis demandé ce qui pouvait bien pousser Bertrand Cantat à vouloir revenir sous les feux des projecteurs. Ce n'était certainement pas par manque d'argent. Noir Désir a vendu des millions de disques. Pourquoi alors? Pour ne pas mourir de désoeuvrement? Pour faire la seule chose qu'il sait faire? Pour goûter à nouveau au miel des applaudissements? J'ai compris, cette semaine, dans la déferlante de l'opinion publique québécoise, que ce que Cantat recherchait en remontant sur scène, c'était le pardon, l'absolution, la preuve douloureuse que son geste fatal ne l'a pas dépouillé entièrement de son humanité et rangé à jamais dans le camp des monstres. Mais ce que Bertrand Cantat recherche importe peu. À la limite, c'est anecdotique. Car tant que personne ne lui tendait une perche, tant que personne ne lui offrait une scène, ses attentes demeuraient dans l'ordre du désir.

En invitant Cantat à remonter sur scène, Wajdi Mouawad a renversé cet ordre intangible pour le rendre réel. C'est donc son geste, et non la présence ou non de Cantat, qui est le détonateur du tumulte qui nous a secoués toute la semaine. C'est Wajdi qui a choisi l'arme, Wajdi qui a tendu la perche, Wajdi qui a posé la bombe. Il l'a fait, j'en suis convaincue, par provocation, au sens le plus pur. Sans égard pour la publicité, le marketing ou la vente des billets. Il l'a fait parce qu'il croit ardemment au théâtre qui secoue, qui dérange et qui fait mal; un théâtre jusqu'au-boutiste qui teste continuellement nos limites. Sauf que... Lorsqu'on joue ce jeu dangereux, la moindre des choses c'est de l'assumer et de le défendre.

J'ai suivi Wajdi jusqu'à maintenant et je l'aurais probablement suivi encore s'il avait eu la décence de revendiquer son geste et le courage de s'en expliquer. Malheureusement, depuis que sa bombe a éclaté, Wajdi se tait, se terre et se cache. Confortablement planqué dans son silence, à l'abri du carnage qu'il a provoqué, il a regardé ses amis du TNM s'enfoncer toute la semaine dans la vase de la controverse sans leur prêter assistance. Il nous a vus, nous, ses éternels spectateurs, nous entre-déchirer sur la place publique et nous diviser en factions ennemies et hystériques au milieu du noir délire qu'il a créé. Il n'a rien fait. N'a rien dit sinon qu'il refusait de prendre la parole dans le tumulte. Qu'importe s'il est le grand responsable de ce tumulte, il a refusé non seulement de nous donner les clés pour comprendre, mais de défendre celui qu'il considère comme son jumeau émotif et qu'il a, pratiquement, balancé dans la fosse aux lions. Au lieu de faire face à la tempête, il a fui comme un maître de jeu capricieux, un dieu tout puissant qui ne daigne pas descendre de son Olympe et s'abaisser à rendre des comptes.

Ceux qui connaissent et pratiquent son théâtre savent à quel point Wajdi est obsédé par le pardon et la rémission. À travers la présence de Cantat sur scène, il cherchait sans doute à nous confronter aux démons de notre intolérance. Mais il a voulu faire trop vite, trop tôt et trop gros. Il a raté sa cible. Tout le monde est perdant dans cette triste affaire, Wajdi le premier. Saura-t-on lui pardonner? La question reste entière.

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Au plaisir!


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GI.Joe
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Re: Bertrant Cantat au TNM

Message par GI.Joe »

http://www.lepoint.fr/archives/article.php/117196" onclick="window.open(this.href);return false;

Le Point.fr - Publié le 11/03/2004 à 00:00

Un amour dévastateur

Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et Olivia Recasens

Bertrand et Marie s'aimaient. Personne n'en doute. Pourtant, mardi 16 mars, Bertrand Cantat sera jugé pour le meurtre de Marie Trintignant. Le chanteur de Noir Désir, le plus populaire groupe de rock français, s'assiéra dans le box des accusés de la salle d'audience n° 7 du tribunal de Vilnius, un imposant bâtiment en pierre de taille qui faisait office de prison pour le KGB. Trois juges lituaniens tenteront de comprendre pourquoi l'actrice française est morte à la suite des coups portés par Bertrand Cantat, le 27 juillet 2003, dans la chambre n° 35 de l'hôtel Domina Plaza. Un drame passionnel qui apparaît aujourd'hui plus complexe que la trajectoire d'une femme fragile et sensible, brisée par un rocker macho. Aussi jaloux et possessifs l'un que l'autre, Bertrand et Marie, comme deux atomes qui se télescopent, ont enclenché une réaction en chaîne qui a tué l'une et détruit l'autre.

La rencontre

Tout commence le 3 juillet 2002 à Vaison-la-Romaine. Noir Désir donne un concert dans le théâtre antique. Marie Trintignant est là dans le public, à côté d'Anne Cantat. La soeur cadette du chanteur, âgée de 33 ans, d'apparence frêle mais tout aussi énergique que son frère, est allée en voiture chercher l'actrice dans sa maison de campagne, à Flaux, dans le Gard. L'amitié entre les deux femmes s'est nouée au printemps 2001 à Marseille, sur le tournage de « Total Khéops », l'adaptation du roman de Jean-Claude Izzo. Anne y était première assistante de réalisation et Marie y tenait le rôle principal. Lorsque l'actrice a appris qu'Anne était la soeur de Bertrand Cantat, cela l'a amusée : « Moi, je ne connais pas Noir Désir, mais à la maison il y a tous les disques. Mon mari est un fan. » Ce soir-là à Vaison, Marie souffle à l'oreille d'Anne : « Ton frère, il est magnifique ! » Après le concert, Anne entraîne Marie dans la loge occupée par le groupe. « On a tout de suite vu qu'il se passait quelque chose entre eux. Ils n'osaient pas se regarder dans les yeux » , se rappelle Anne Cantat, que Le Point a rencontrée à Vilnius.

C'est par un texto espiègle que Marie relance Bertrand. Elle est en vacances à Flaux, lui en tournée. L'actrice invite Bertrand à venir dîner chez elle, sous prétexte qu'il faut l'aider à finir les côtes-du-rhône de sa cave. La bergerie de pierres blanches et de tuiles romaines qu'elle a retapée avec son ancien mari, l'acteur François Cluzet, n'a rien d'une propriété de star.

Le repas se déroule dehors, à la bougie. Autour de la table, il y a Marie, Bertrand, Jean-Paul, le bassiste du groupe, et Jeannette, l'assistante technique. Ils évoquent le film « Janis et John », que l'actrice s'apprête à tourner avec son mari, Samuel Benchetrit, dont elle a eu un fils. Bertrand lui donne des conseils pour son rôle. A la sortie du film en octobre 2003, on s'apercevra que le personnage de Janis, jouée par Marie Trintignant, s'inspire plus de Bertrand Cantat que de la chanteuse de rock américaine. Puis Bertrand amène la conversation sur ses terrains favoris : la poésie et la littérature. Marie et lui se découvrent un auteur en commun : Louis-Ferdinand Céline. Les invités quittent Flaux à l'aube. Le 27 juillet, Bertrand revoit Marie lors d'un concert dans les arènes d'Arles. Les jours suivants, une relation à distance s'installe, par textos interposés. Au bout de huit ans de vie commune, les liens amoureux entre Marie Trintignant et le réalisateur Samuel Benchetrit se sont transformés en « tendre affection » , de l'aveu même de celui-ci. L'actrice cherche un nouvel amour. Elle est intriguée et attirée par Bertrand Cantat, qui tranche avec les hommes qu'elle a connus jusque-là. Le rocker, lui, est flatté par l'insistance de l'actrice, qui appartient à l'une des grandes familles du cinéma français, les Marquand-Trintignant. Les textos qu'elle lui envoie le touchent. Personne ne lui a jamais écrit ainsi.

Bertrand Cantat vit depuis dix ans avec Kristina Rady, une traductrice hongroise rencontrée lors d'une tournée à Budapest. C'est elle qui était venue l'accueillir à l'aéroport de la ville. Le chanteur, qui vit à l'époque avec Emmanuelle, une jeune Bordelaise, se laisse séduire. Kristina lui a donné un garçon, Milo, et attend un deuxième enfant. Au fil du temps, l'intensité de ses sentiments envers la belle Hongroise a faibli, mais Bertrand voue une véritable passion à son fils, pour lequel il a écrit l'une de ses plus belles chansons : « L'enfant roi ».

Début septembre, Marie invite Bertrand à venir passer un week-end à Flaux. Le chanteur est tiraillé entre son envie de voir l'actrice et son devoir qui le retient auprès de sa femme sur le point d'accoucher. Bertrand assiste à la naissance de sa fille, Alice, fin septembre à Bordeaux. Mais son esprit est ailleurs, à guetter sur son portable les textos de Marie. C'est Kristina qui finit par lui demander de partir. Le chanteur quitte Bordeaux en octobre et s'installe dans une chambre d'hôtel à Paris. C'est là que Marie et lui vont être amants pour la première fois.

D'octobre à décembre 2002, ils vont s'aimer comme deux adolescents, se collant l'un à l'autre, se donnant des rendez-vous à Paris quand lui n'est pas en tournée et qu'elle ne joue pas. Ils communiquent par textos. Des messages souvent poétiques ou érotiques, qu'ils notent sur un cahier commun aujourd'hui entre les mains de la police lituanienne. « Bertrand était sans arrêt penché sur son téléphone portable, j'ai compris qu'il avait une autre femme dans sa vie » , a raconté au Point le guitariste du groupe, Serge Teyssot-Gay, un quadra aux cheveux ras et à l'allure sportive.

Bertrand redoute la réaction de ses proches et de son groupe, qui apprécient Kristina. Il ne se confie qu'à de très rares personnes. Pas toujours avec bonheur. Ainsi, un soir, le chanteur appelle Corinne, une amie vendéenne qui l'a initié au yoga. « Je suis fou amoureux, c'est un amour lumineux » , confie-t-il. Elle désapprouve son comportement. Il s'emporte : « Tu es prisonnière de tes idées judéo-chrétiennes. » Il aura plus de succès auprès de Lilli, l'épouse de son ami Didier Estèbe, premier manager du groupe : « J'ai enfin compris ce qu'est l'amour » , dit-il au téléphone. Durant cette période, Lilli et Didier recevront trois fois le couple en secret chez eux à Bordeaux. « C'est la première fois que j'entendais Bertrand dire "nous" », raconte Didier, avec son accent du Sud-Ouest. Ce n'est que fin décembre, lors du dernier concert à Evry (Essonne), que Bertrand Cantat présente Marie Trintignant au groupe. « Il était comme un enfant qui a peur d'être réprimandé après une grosse bêtise », se souvient le batteur, Denis Barthe.

Pour Noël, l'actrice part à Flaux avec ses enfants, Bertrand chez sa soeur à Marseille, avec son fils de 7 ans, Milo. Kristina, elle, est dans sa famille en Hongrie avec la petite dernière, Alice. Chaque nuit, Bertrand, après avoir couché son fils, saute dans sa Saab noire d'occasion et avale les 150 kilomètres qui le séparent de Flaux. Il est de retour à l'aube. Mais, un soir, l'enfant découvre le manège. Il appelle sa mère au téléphone pour lui dire : « Je veux connaître la chérie de papa. » S'ensuit une explication entre Bertrand et le petit garçon. De son côté, Marie Trintignant demande au chanteur de venir vivre à Paris avec elle.

Bertrand s'installe chez Marie

Un sac de sport rempli de vêtements et une guitare, c'est tout ce que Bertrand emporte avec lui lorsqu'il s'installe en janvier 2003 chez Marie, rue de la Mare, dans le 20e arrondissement de Paris. Un loft de plain-pied, cerné d'un jardin et situé au fond d'une impasse. C'en est fini de l'amour semi-clandestin. Désormais, Bertrand habitera chez Marie au vu et au su de tous. Les premières tensions vont apparaître. Cantat ne saisit pas la façon dont Marie Trintignant fonctionne. Le fait qu'elle se lève rarement avant midi alors que lui dort quatre heures par nuit l'agace. De même que la nounou yougoslave qui emmène les enfants à l'école le matin, quand lui, figé dans ses principes, répugne à employer une femme de ménage.

Marie et Bertrand ne vivent pas sur la même planète. Pour le chanteur de Noir Désir, les choses doivent être simples et carrées. Bertrand s'attache à mettre des frontières. Dans l'univers de Marie, rien n'est à sa place. Vies amoureuse, familiale et professionnelle se confondent dans un no man's land permanent. La boîte aux lettres de la comédienne affiche les noms de ses quatre ex. Cantat la voit tourner « Janis et John » avec son deuxième époux, François Cluzet, sous la direction de son mari, Samuel Benchetrit. C'est avec son père, Jean-Louis Trintignant, qu'elle débute l'année 2003 dans « Comédie sur un quai de gare », l'histoire d'un père qui incite un homme à séduire sa fille. Et c'est encore avec lui qu'elle joue « Lettres à Lou », de Guillaume Apollinaire, qui reprend les lettres enflammées du poète à sa maîtresse.

Dans la maison de Belleville, Bertrand Cantat se heurte souvent au fils aîné de sa compagne, Roman Kolinka, 17 ans, qui lui préfère son précédent beau-père, Samuel Benchetrit. Ce dernier, même s'il jure n'avoir rien fait pour gêner l'idylle entre Marie et Bertrand, se comporte de manière ambiguë vis-à-vis du couple.

Une attitude qui, on va le voir, va peser dans le déroulement du drame. D'autant que, derrière son apparence douce et féminine, Marie est un être à vif, toujours sur le fil du rasoir, comme les personnages qu'elle incarne. Un rien la fait vaciller. Un rendez-vous annulé ou un message sans réponse suffit à la faire douter de l'amour des autres, au point de déclencher une crise de nerfs. « Elle se comportait comme une enfant, mais on lui pardonnait tout parce que c'était quelqu'un d'adorable. Son charme agissait comme un aimant » , explique une proche qui a souhaité garder l'anonymat. « Marie est un personnage romanesque, déroutant, a confié un jour sa mère, dans une interview (1). Elle déstabilise en toute innocence, en toute inconscience. Elle peut être cruelle comme une enfant, même si elle est profondément bonne. »

Au fil des mois, les deux amants vont se métamorphoser sous les yeux de leurs proches. Marie s'éloigne de ses amis et de sa famille. Elle entretient avec Bertrand une relation fusionnelle qui inquiète son père. « Ils avaient des relations possessives. Ils faisaient bande à part , a confié Jean-Louis Trintignant lors de son audition à la Brigade criminelle de Paris en septembre 2003. J'ai constaté qu'elle avait perdu sa gaieté et son humour. Je me suis senti un peu privé de ma fille. J'ai été impressionné quand elle m'a dit que personne ne l'avait aimée autant. »

Le chanteur de Noir Désir se coupe lui aussi de son entourage. Il veut Marie pour lui tout seul. Il la suit partout. « Je fais le chauffeur » , ironise-t-il devant son ami d'enfance Didier Estèbe. Bertrand change même physiquement. Le rocker va perdre plus d'une dizaine de kilos en six mois.

Alors qu'il mangeait bio et prenait soin de sa santé en faisant du vélo et de la natation, il se met à griller cigarette sur cigarette. Il boit aussi beaucoup, au point de ressentir un manque les premiers jours en prison, comme il l'a confié à Denis Barthe.

Le dîner

Bertrand vit chez Marie depuis plusieurs semaines et il n'a toujours pas rencontré Nadine Trintignant. Marie organise donc un repas pour qu'ils fassent connaissance. Curieusement, celle-ci vient avec une amie à qui elle tient à présenter la « star du rock » . On échange des banalités. Le chanteur n'aime pas le cinéma, qu'il trouve « superficiel » . Nadine n'a jamais entendu parler de Noir Désir. Même si elle raconte partout que le nouveau compagnon de sa fille est « lumineux », tout les sépare.

La réalisatrice, qui a perdu sa deuxième fille, Pauline, à 9 mois, a reporté tout son amour sur Marie. Et celle-ci n'a jamais coupé le cordon ombilical. A l'opposé, Bertrand a claqué la porte de chez lui à 17 ans pour fuir un univers dominé par une mère institutrice qui impose son autorité face à un père ancien militaire. « On n'avait pas d'atomes crochus » , reconnaît Nadine dans son livre (2). Les relations avec Jean-Louis Trintignant sont plus chaleureuses. Bertrand Cantat confie à ses proches apprécier « l'originalité et l'intelligence » du comédien, qu'il a côtoyé en suivant Marie lors d'une tournée théâtrale. Jean-Louis Trintignant vante la culture de Bertrand. « Il était d'apparence réservée mais assez exalté quand il parlait. Il était très cultivé et m'est apparu très vivable » , témoigne sur procès-verbal l'acteur.

Hormis le musicien Richard Kolinka, Bertrand Cantat est le premier compagnon de Marie à ne pas appartenir à la famille du cinéma. Voire à ne pas travailler avec les Trintignant. Contrairement à Samuel Benchetrit, dont les coups d'éclat sont d'avoir mis en scène son beau-père, Jean-Louis, et son épouse, Marie. Bertrand Cantat, lui, refuse de jouer le rôle de l'époux de Colette au côté de Marie. Une proposition qu'il aurait, dit-il, déclinée sur les conseils de l'actrice. C'est finalement Lambert Wilson qui prendra sa place. Pour le téléfilm, Bertrand Cantat n'a composé qu'une chanson. Un titre qu'il a d'ailleurs choisi de signer sous le nom de jeune fille de sa mère. Quelques mois plus tôt, il a également décliné le rôle de Jean-Louis Trintignant dans « Lettres à Lou ». Pourquoi d'un côté toutes ces propositions et de l'autre tous ces refus ?

Au Quai des Orfèvres, Nadine Trintignant a déclaré aux policiers de la Crim' que sa fille était devenue « rebelle » au contact du chanteur. « Il a cherché et trouvé tes points vulnérables : ta famille, ton métier... Il nous a dénigrés. Il a dévalué ton travail. Ton milieu » , écrit-elle dans son livre. « On était foutus depuis le début avec Marie , répond Bertrand Cantat au mois d'octobre dans une lettre envoyée à son avocat dont Le Point a eu connaissance. Ils ne l'auraient jamais lâchée. Ils m'ont eu à la corse. »

Nadine Trintignant reproche à Bertrand Cantat d'avoir tissé sa toile autour de Marie afin de l'isoler de sa famille, agissant par « instinct de possession » . Pour les proches de Cantat, c'est au contraire Marie qui se remettait en question dans son travail et réclamait la présence de Bertrand partout. « Il a permis à Marie de voir clair dans sa vie. Pour la première fois elle se retrouvait avec quelqu'un qui existait en dehors du cinéma et des Trintignant. Elle voulait prendre une année sabbatique avec mon frère pour mieux s'occuper de ses enfants et voyager », affirme Anne Cantat. Le 22 juin 2003, celle-ci reçoit de Marie, en tournage à Vilnius, le texto suivant : « Kill est dur ce putain de film [...] Je te bénis de Bertrand tous les jours. Dieu qu'on s'aime... »

Huis clos étouffant à Vilnius

Le couple arrive à Vilnius le 25 mai. Dès le lendemain, le tournage de « Colette », dont Marie joue le rôle principal, débute. Il va durer deux mois, pendant lesquels l'actrice va travailler six jours sur sept. Bertrand passe ses journées entre l'hôtel Domina Plaza et la caravane du tournage. La star du rock'n'roll français se laisse ronger par l'ennui. Son groupe ne peut plus le joindre. Lui, le perfectionniste qui bataillait sur chaque détail, est absent lors du mixage d'un CD live . Il repousse sans cesse les dates de répétition. A une journaliste de la télé lituanienne qui lui demande si quelque chose est plus important que la musique dans sa vie, il répond, en amoureux transi : « My love, my love. »

En partageant la vie de l'actrice, Bertrand Cantat se retrouve en porte à faux avec les valeurs qu'il défend. Lui l'altermondialiste est soudain propulsé au coeur de la gauche caviar. Au mois de juillet, on attendra en vain en France le coup de gueule de Noir Désir sur le conflit des intermittents du spectacle. Le chanteur engagé s'exalte en lisant les journaux, tandis que Marie tourne dans un film délocalisé qui profite d'une main-d'oeuvre 50 % moins chère.

A Vilnius, Marie et Bertrand se recroquevillent l'un sur l'autre. « Ils ne sont jamais sortis avec le reste de la troupe. Ça ne ressemblait pas à Marie , racontera la chanteuse Lio à la Brigade criminelle. Elle trouvait mille excuses à Bertrand. Il dénigrait le milieu du cinéma. Marie cautionnait tout cela, alors qu'elle venait de ce milieu et qu'elle l'aimait. » Les disputes entre les deux amants se multiplient. Le 20 juin, Vladimir Yordanoff, un des acteurs, qui dort dans la chambre du dessus, entend en pleine nuit « des cris, des claquements de portes, des renversements de tables et de chaises » . Selon Cantat, l'origine de ces accrochages était leur « jalousie réciproque » . Sur le plateau, tout le monde trouve l'actrice épuisée. « Elle avait l'air très triste, le regard ailleurs , a indiqué au Point Karolina Masiulyte-Paliuliene, une Lituanienne qui a joué dans "Colette". Lors d'un déjeuner, l'agent de Marie m'a confié qu'il l'avait trouvée lui aussi très fatiguée. » L'actrice est à bout de nerfs. Quand, le 2 juillet, elle apprend que les médecins sont opposés à la venue à Vilnius de son fils Léon, 9 ans, elle explose. « Pendant toute une journée, elle a envoyé des textos, elle a passé des coups de téléphone. Elle était paranoïaque, semblait persuadée qu'on allait lui enlever Léon. Elle n'arrêtait pas de pleurer et de crier » , expliquera aux policiers Michèle Othnin-Girard, la belle-mère de Léon.

Finalement, tous les enfants sont là. Leur voyage a été payé par Bertrand Cantat. Mais la production de « Colette » ne parvient pas à trouver le grand appartement que le chanteur réclame pour loger les trois fils de Marie et le sien. Cantat est persuadé qu'on veut l'inciter à plier bagage. Il finit par installer tout le monde à ses frais, à l'hôtel Méridien, situé à l'extérieur de la ville. Pendant que Marie tourne, Bertrand se transforme en nounou. A l'heure du déjeuner, on le croise dans les restaurants entouré des quatre enfants. C'est d'ailleurs en jouant avec eux que le chanteur s'écrase un disque vertébral. Ce qui le fait souffrir au point de devoir consulter un médecin, qui lui prescrit des anti-inflammatoires, et du Lexomil, un anxiolytique. Finalement, Marie et Bertrand décident d'écourter le séjour des enfants, qui repartent le 16 juillet.

Avec la fatigue accumulée, la tension monte d'un cran. Et rejaillit sur l'ambiance du tournage. Marie Trintignant s'accroche avec sa mère. Le 14 juillet, elle refuse de tourner une scène de nu. Au grand dam de la réalisatrice. « Ma fille était anormalement pudique , indiquera Nadine à la juge d'instruction Nathalie Turquey le 12 septembre 2003. Elle devait être sous l'influence de son compagnon. » En fait, Marie a toujours eu du mal avec les scènes de nu. Comme elle l'a confié lors de l'émission « Recto Verso » sur Paris-Première, enregistrée quelques mois avant sa mort : « Jouer nue, ça me gâche la journée. Je ne peux plus le faire. »

Une semaine avant le drame

Le 20 juillet, Kristina appelle Bertrand à l'hôtel Domina Plaza. C'est un dimanche, Marie ne tourne pas, le haut-parleur est branché, elle écoute la conversation. Kristina demande à Bertrand si un ami musicien peut venir répéter dans la grange de leur maison de Moustey, dans les Landes. Le chanteur n'y voit aucune objection. Il précise même : « Considère Moustey à toi. Tu n'as pas besoin de me prévenir, de me demander mon avis sur les allées et venues. » Sitôt le téléphone raccroché, Marie accable Bertrand. Elle lui reproche d'être trop conciliant avec sa femme. Une crise de jalousie qui, selon le chanteur, pèsera lourd dans la dispute fatale.

Un texto de trop

Ce jour-là on tourne les dernières scènes de « Colette ». Bertrand est seul au Domina Plaza. A midi, il téléphone à sa soeur. Selon cette dernière, Bertrand lui aurait confié qu'il n'en pouvait plus d'être à Vilnius et qu'il avait hâte de retourner en France. « Ils avaient l'intention de clarifier la situation, ils envisageaient même l'un et l'autre de divorcer. » Dans l'après-midi, Bertrand appelle sa femme pour lui dire qu'il ne communiquera plus avec elle que par textos. Peu de temps après, une amie du couple téléphone à Bertrand pour lui reprocher son attitude à l'égard de Kristina. Le chanteur culpabilise. Quand il rejoint Marie dans sa caravane, Bertrand apprend qu'elle vient de recevoir un SMS de Samuel Benchetrit. C'est ce message qui va mettre le feu aux poudres. Le réalisateur lui demande de venir faire des photos pour la promo du film « Janis & John ». Lorsque Marie est rappelée sur le plateau, Bertrand fouille dans la mémoire du téléphone et découvre la fin du message que l'actrice ne lui a pas montrée : « Je te remercie beaucoup, ma petite Janis. » Des mots trop tendres au goût du chanteur... Bertrand va harceler Marie à ce sujet toute la soirée. A 22 h 15, il emprunte le portable de l'actrice pour appeler Samuel Benchetrit. Il lui dit qu'il en a assez de leurs « ambiguïtés » et de leurs « conneries » . Le réalisateur tente de calmer le jeu. En vain. Vers 23 heures, le couple passe chez un technicien lituanien, Andrius Leliuga, qui habite au troisième étage d'un immeuble du centre historique de Vilnius. Un individu décrit par certains membres du tournage comme « fêtard » et « consommateur de drogues » . Selon Leliuga, Bertrand Cantat était dans un état d'excitation extrême. Au point de sauter sur le balcon du voisin, distant de 1,50 mètre. « Tout à coup, on a vu un homme, ma mère a crié , a raconté Danas, 19 ans, que Le Point a rencontré à Vilnius. Le type m'a dit : "I'm sorry, I'm sorry" . Je l'ai ramené chez Andrius et là j'ai aperçu une femme, la tête penchée contre la table. Il y avait une bouteille de vodka Absolut Pepper à moitié vide devant elle. Elle n'a pas levé les yeux, elle était sans réaction. » Il est près de minuit quand le couple, accompagné de Leliuga, regagne son hôtel et croise l'équipe de tournage. Bertrand soutient Marie. « Ma mère devait avoir bu, car elle ne s'est même pas retournée pour me saluer » , a confié aux policiers français Roman Kolinka. Un peu avant 2 heures du matin, c'est le drame
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