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Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : lun. avr. 11, 2011 9:54 pm
par GI.Joe
Wajdi Mouawad sera en entrevue avec Anne-Marie Dussault vendredi à 24 heures en 60 minutes sur RDI

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : mar. avr. 12, 2011 2:47 pm
par lucide
Une position qui me rejoint a 100%

http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/ ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : mar. avr. 12, 2011 10:32 pm
par Thewinneris
Marc Casivi semble sous entendre que les invités à Tout le monde en parle n'auraient pas été capable de confronter le principale intéressé, je ne crois vraiment pas et en plus c'est lui qui n'était pas là depuis le début.

Et ce n'est pas un mal de voir une coalition de personnalités qui penchent plus en faveur des victimes.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : ven. avr. 15, 2011 8:43 pm
par MayClo
Quelqu'un a écoute l'entrevue de Mouawad avec Anne-Marie Dussault ??

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : ven. avr. 15, 2011 9:21 pm
par fleurissimo
Oui, moi j'ai écouté et il a très bien expliqué sa démarche, sa vision, en respectant l'opinion des autres. Quand il dit que ce débat relève de concepts moraux, il conçoit que chacun a le droit de choisir sa position. Il a bien dit: choix
Je l'ai trouvé très posé et sage et ses raisons pour ne pas être venu plus tôt sont valables.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : ven. avr. 15, 2011 9:28 pm
par Beppo
fleurissimo a écrit : Oui, moi j'ai écouté et il a très bien expliqué sa démarche, sa vision, en respectant l'opinion des autres. Quand il dit que ce débat relève de concepts moraux, il conçoit que chacun a le droit de choisir sa position. Il a bien dit: choix
Je l'ai trouvé très posé et sage et ses raisons pour ne pas être venu plus tôt sont valables.
Je partage ta vision de l'entrevue. Je l'ai trouvé très réfléchi, très articulé et surtout très accueillant de l'opinion différente de la sienne.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : ven. avr. 15, 2011 10:41 pm
par Zarmela
À la fin de l'entrevue, il n'a pas confirmé ou non si la pièce sera présentée malgré l'absence de Cantat. Nous allons le savoir le 18 avril.

Mais d'après sa réponse, j'ai eu le feeling (et ce n'est que mon feeling, peut-être que je me trompe) que Cantat, comme on le sait, ne sera pas physiquement sur scène, mais qu'il fera tout de même parti du spectacle d'une manière ou d'une autre (par projection vidéo par exemple). J'ai l'impression qu'on n'a pas fini d'en entendre parler.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 8:46 am
par Placeress
http://www.radio-canada.ca/emissions/24 ... 1902_1.asx" onclick="window.open(this.href);return false;


Voici l'entrevue..... j'ai beaucoup aimé l'entendre.....

Et ça change mon point de vu sur le fait de mettre Bertrand Cantat sur scène dans CE contexte ... par contre, quand je parlais de l'aspect moral, j'en reste à trouver cela correct que les gens réagissent de façon personnelle sur cet aspect selon leurs convictions....

Comme il dit, on a tous le droit d'avoir un jugement moral sur le concept, et toutes les opinions s'équivalent en lien avec ça.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 9:42 am
par Beppo
Aimée, ma petite chérie
Wajdi Mouawad 16 avril 2011 Théâtre

Image
Photo : Pedro Ruiz - Le Devoir

Je t'écris, malgré tes trois ans, tant est grand le besoin de m'adresser à toi pour te raconter comment le silence a su me garder. Ces mots te parviendront plus tard. Aujourd'hui, où tu t'extasies dès lors que tu aperçois un toboggan, tu ne te soucies que de jouer. Le matin tu me reconduis à la porte me disant: «Papa au théyatavec Antigogne Éclèt et Dézanil».

T'écrire, c'est conjurer la peur que j'ai de mourir avant d'avoir eu avec toi quelques conversations. La vie est faite pour parler infiniment avec ses amis et quelques fois avec ses parents. Une seule conversation avec son père peut agir comme pont et comme ravin. Traverser pour se libérer. C'est peut-être cela un père: pont et ravin. N'être qu'un pont, c'est empêcher le ravin, garant de liberté; n'être qu'un ravin c'est empêcher sa traversée et retenir l'enfant sur sa propre rive. Considère alors cette lettre comme l'ombre de la conversation que nous aurions eue si ma mort devait nous séparer, une façon d'avoir en ta possession mes mots. Je ne voudrais pas que ma fille ait un jour à se dire: «Mon père a écrit sa vie durant sans me donner de mots qui soient des mots de lui à moi». Cela si je devais mourir avant le temps.

Mais si l'impensable devait survenir, si tu devais mourir avant moi et que je sois précipité dans l'inimaginable douleur de vivre sans te voir grandir, alors tous ces mots seront vains.

Aujourd'hui pourtant je me tiens aux côtés de celui qui ôta la vie à la femme qu'il aimait. Cette mort, bien qu'il n'ait pas eu l'intention de la donner, il la donna violemment en se servant de ses mains. Cette femme qu'il aimait était la fille d'un père. Par conséquent, tu aurais pu être elle comme elle fut à cet instant toutes les femmes. Je t'aime plus que tout; pourtant, je me tiens aux côtés de cet homme. Pour ma part, après la mort et l'amour, je tiens la justice comme l'espace pacificateur auquel je me dois de me rallier coûte que coûte, si je veux faire barrage à la barbarie de la vengeance que j'exècre plus que tout tant elle a déchiré le pays qui m'a vu naître; et dès l'instant où cet homme a comparu devant la justice, qu'il a reconnu son crime, que sa sentence fut donnée puis purgée, je l'ai considéré comme mon égal. En tout point. Il aurait pu être mon frère. J'aurai pu être lui. Et si c'est mon frère qui te tue, malgré la chute et le désastre, je me refuse, pour ma part, le droit de prononcer les mots de Caïn; et si je suis moi-même ton propre assassin, je ne voudrais pas être jeté aux orties des humains. Mon fardeau serait infini, mais si je décide de vivre et de faire face à ma propre horreur alors la vie, toute la vie devrait m'être accordée. Malgré tout, malgré tout. C'est ce malgré tout qui, à mes yeux, rend l'humanité sublime.

Cet homme, dans l'aujourd'hui dont je te parle, est libre pour avoir purgé sa peine tel que les institutions judiciaires l'ont décidé. Il demeure à jamais celui qui tua, mais il est devenu aussi celui qui fit face à la justice. Il est donc multiple. Dans sa multiplicité, il est mon ami, il est aussi un artiste et parce que son art correspondait le mieux à l'aventure artistique dans laquelle je suis plongé, j'ai choisi de l'inviter à prendre la part la plus humble du spectacle, non pas celle du héros mais celle du choeur, et de faire face à sa vie tant ces trois pièces, si tu les lis, racontent son désastre. L'art est miroir des souffrances et des douleurs.

Ai-je bien fait?

Il n'existe pas de réponse universelle à cette question. Il n'existe que des jugements moraux. L'un dira oui, l'autre dira non. Il ne s'agit pas d'avoir raison, mais de choisir. Soit tu choisis le symbole de l'homme qui tua une femme et tu lui interdis la scène, mais alors tu dois savoir que tu le soumets à une seconde peine. Tu sacrifies la justice au profit du symbole. Est-ce juste? Est-ce juste de condamner deux fois un homme pour un seul crime?

Si, par contre, tu choisis de défendre la justice, défendre l'idée qu'un homme ne peut pas être puni deux fois pour le même crime, alors tu mets en souffrance ceux et celles qui ne pourront pas accepter le symbole affiché. Est-ce juste? Est-ce juste de sacrifier le symbole au profit de la justice? Voilà devant quelle question, pendant que tu glissais sur ton toboggan, une partie du monde de ton père s'est retrouvée.

Je te laisserai le plaisir de lire tout ce qui aura été dit, sache seulement que devant la déferlante d'opinions, aussi respectables les unes que les autres, ton père a choisi le silence comme seule élégance possible. Ton père s'est tu; non pas parce qu'il n'avait rien à dire, mais parce que dans cet espace en équilibre entre justice et morale, où il n'y avait pas de réponse mais des choix, rien ne pouvait être plus audible sinon le silence qui garde et sauvegarde les vérités et évite de rajouter la violence à la violence que ton père engendra lui-même sans le vouloir.

Ton père

***

Wajdi Mouawad, dramaturge et metteur en scène

http://www.ledevoir.com/culture/theatre ... ite-cherie" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 11:48 am
par Beppo
Wajdi Mouawad explique sa position dans l’affaire Cantat

Écrit par Philippe Rezzonico
Vendredi, 15 avril 2011 20:32
Mise à jour le Samedi, 16 avril 2011 00:23

Pour l’auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad, la polémique liée à la présence de Bertrand Cantat au sein de sa production théâtrale Femmes, d’après Sophocle, qui doit être présentée au Théâtre du Nouveau Monde, ne relève ni de l’art ni de la justice, mais bien de la morale.

Commentant publiquement pour la première fois sa décision de faire participer l’ex-chanteur de Noir Désir – accusé d’homicide involontaire auprès de sa compagne Marie Trintignant – à son cycle de théâtre, le dramaturge québécois d’origine libanaise établi au Québec depuis 25 ans a rapidement établi sa position, vendredi, lorsque interrogé par Anne-Marie Dussault à l’émission 24 heures en 60 minutes.

À la question : « Peut-on applaudir un homme qui a tué sa femme et le placer sous les projecteurs ? », Wajdi Mouawad a répondu : « On glisse sur un terrain qui n’est pas celui sur la connaissance. Qu’est-ce que le Chœur ? (auquel devait participer Cantat qui a signé la musique). Qu’est-ce que Sophocle ? On n’est pas non plus sur la question de la justice : Est-ce qu’il a le droit ou il n’a pas le droit ? (…) On est sur un autre terrain qui est celui de la morale.

« On est sur des jugements moraux. Les jugements moraux ne sont pas universels (…). On est face à des jugements moraux qui sont tous respectables. Tous. Même les plus violents. Même les plus injurieux. Ils sont ce qu’ils sont. »

Le choix

« Vous êtes devant un choix à faire. Ce que vous dites, ce que vous soulevez, je me suis évidemment questionné là-dessus. Même Bertrand s’est questionné lui-même sur ça. C’est là où l’on a à choisir. Il n’y a pas de réponse juste. C’est un choix entre quoi et quoi. »

Wajdi Mouawad a admis que les gens qui ont réagi avec colère à sa proposition artistique peuvent avoir raison de le faire.

« Mais bien sûr. C’est pour ça qu’on est face à un choix. On n’est pas face à : « Qui a raison, qui a tort ? », parce qu’on n'est pas dans une question de justice, mais on est dans une question de morale. »

Arrivé d’Europe et directement de l’aéroport pour prendre place sur le plateau face à l’animatrice de l’émission de RDI, Mouawad a répondu avec calme et attention aux questions motivées par l’annonce de la participation de Cantat à sa production théâtrale, depuis le 4 avril.

Le dramaturge avait gardé le silence au plus fort de la secousse médiatique, laissant à la directrice du TNM, Lorraine Pintal, le délicat travail de défendre sa proposition artistique. Mme Pintal a déclaré vendredi dernier que Cantat ne serait pas à Montréal ni au Centre des Arts d’Ottawa, en 2012.

Symbole ou justice ?

« On a un homme qui devient le symbole de la violence faite aux femmes (…). Si vous décidez que le symbole est plus important que la justice, il n’a pas le droit, il ne faut pas qu’il monte sur scène. (…) Mais s’il ne monte pas sur scène, ça veut dire que vous sacrifiez un peu l’idée de la justice parce que vous lui infligez une deuxième peine. Il a fait sa peine, mais là, vous lui en infligez une autre, celle de ne pas monter sur scène. Vous sauvez le symbole, mais vous sacrifiez la justice. »

Wajdi Mouawad explique son silence des derniers jours face à ce « tsunami d’opinions » en raison des répétitions (en Europe) des trois pièces qui doivent être présentées en Europe, notamment à Avignon, dès cet été, et du désir d’être « audible ».

« C’est douze heures de répétitions par jour. Il était hors de question de sacrifier les répétitions, parce qu’à l’arrivée, si le spectacle est une croûte, on va dire Là, on s’est énervé pour rien ». Il estime que la connaissance des trois pièces de Sophocle qui parlent d’homicide involontaire, de justice et de vengeance, justifiait le choix de Cantat.

« Les Trachidiennes, c’est quoi ? C’est l’histoire d’un individu qui tue la personne qu’il aime sans le vouloir. (..) Antigone, c’est quoi ? Antigone, c’est l’histoire d’un homme dont la Cité considère qu’il a commis un crime irréparable et elle décide de ne pas l’enterrer. (…) Electre, c’est l’histoire d’un crime qui n’est pas puni. (…) Il n’y a pas eu de procès.

« Ce que je trouvais très, très puissant, c’est qu’on avait un homme qui était face au désastre de sa vie à travers trois pièces. Et comme son histoire est connue par tout le monde, le spectateur dans la salle allait nécessairement se retrouver face à un homme qui contemple le désastre de sa propre vie. Je pensais, et Bertrand aussi (…), que le texte aurait résonné, précisément et personnellement là où je pense que l’art doit résonner, c’est-à-dire comme un miroir de nos douleurs et de nos souffrances. Les trois pièces mettent en scène un personnage qui était au pinacle de sa gloire et qui chute. Évidemment, Bertand est un personnage tragique, en ce sens-là. Malheureusement tragique. Il avait tout et il a chuté. »

La réconciliation

Si Wajdi Mouawad admet qu’il ne s’attendait pas à une telle levée de boucliers, il pense que Cantat sera stigmatisé à jamais.

« Fixer un individu dans une seule seconde de sa vie, le fixer à jamais, et dire qu’il ne peut pas être autre chose que cette seconde-là… Il est cette seconde. À jamais. C’est sûr. Il sera à jamais celui qui a tué une femme. À jamais. Mais dire qu’il ne sera que ça et qu’à jamais, il n’est que ça, il me semble que là, il y a un rapport qui n’est pas juste.

« A partir du moment qu’on est pas pour la peine de mort, je considère qu’on est pas pour la peine de toutes les morts : la mort physique, psychologique, professionnelle. Si on n’est pas pour la peine de mort, on est pour la vie. Est-ce que prendre soin de celui qui est resté vivant, est-ce que ça signifie nécessairement oublier celle qui est morte ? Étant donné le contexte des pièces, étant donné le contexte artistique dans lequel la chose était présentée, j’ai la conviction que non. Au contraire, prendre soin du vivant ne fera que rappeler la mort dans un rapport, peut-être, de réconciliation. J’insiste sur le mot. C’est pas pardon, c’est pas rédemption, alors là, pas du tout, c’est pas j’sais pas quoi… C’est réconciliation. (…) Le pardon ne peut être accordé que par la famille de la victime. »

Et pas question, non plus, de banalisation, dans les yeux du metteur en scène.

« Ce n’est pas banaliser le crime. C’est le remettre à sa place et se poser la question de la justice. (…) S’il y a une loi, je me rallie à cette loi. Si on ne se rallie pas à cette loi, on tombe dans la barbarie. »

Quant aux commentaires de son collègue Serge Denoncourt qui se demandait à voix haute à Tout le monde en parle si Wajdi Mouawad se prenait pour le pape et lui imposait de faire de l’art plutôt que de dire aux Québécois quoi penser, le dramaturge semblait plus étonné que choqué.

« C’est étonnant. Que je sois pas le pape, ça, je n’en doute pas. Que je dise ce qu’il faut penser.. Peut-être, mais je ne m’en rends pas compte. Que je fasse de l’art… Je ne fais que ça. »

Sans Cantat ou pas du tout ?

Wajdi Mouawad précise que Cantat est venu au Québec il y a deux mois, dans l’indifférence générale, mais qu’il a « un doute » quant à l’opportunisme politique des politiciens qui soutiennent que Cantat ne sera pas de retour en 2012.

Le metteur en scène doit annoncer lundi, à Ottawa, s’il va de l’avant avec la production sans Cantat, tant à Montréal qu’à Ottawa, et que toute l’équipe se pose des questions.

« Il est important pour nous de ne pas répondre par le silence (…) Ça serait très violent pour nous, Québécois, de ne pas faire entendre ce spectacle à Montréal et à Ottawa, et à Québec, éventuellement. Mais en même temps, on ne peut pas le dire comme s’il ne s’était rien passé. C’est très important pour nous de faire entendre le spectacle. »

Quand Dussault a demandé à Mouawad ce que Cantat – qu’il fréquente au quotidien en France – pensait de cette situation, le dramaturge a difficilement réprimé un éclat de rire.

« Bah… Vous savez… Oui, oui, je le sais. On en parle beaucoup. Il fait : Bon, écoute, c’est comme ça. Un jour ça changera. Il ne faut pas empêcher le projet… Il est très habitué à ces courants-là. »

Et Mouawad n’estime pas que les propos de Denoncourt – ni des Québécois – sont xénophobes.

« Ça me dit que nous sommes des êtres passionnés et passionnants, parce qu'une question comme ça nous met dans tous nos états. (…) Et ce n’est pas violent. Là où je me reconnais totalement, comme Québécois… Une société qui est capable de voter 49,5 pour cent pour l’indépendance et 50,5 « non », contre l’indépendance… Et elle ne fait pas la guerre. Pour moi, c’est un grand peuple, cette chose-là, et je sais de quoi je parle quand je regarde d’où je viens. »

http://ruefrontenac.com/spectacles/thea ... wad-cantat" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 11:58 am
par Placeress
Ce texte fait ressortir exactement en tout point le éléments forts de l'entrevue qui m'ont interpelé beaucoup.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 12:31 pm
par Phanie
Ce bout là de l'entrevue me touche beaucoup et me brasse énormément :

« A partir du moment qu’on est pas pour la peine de mort, je considère qu’on est pas pour la peine de toutes les morts : la mort physique, psychologique, professionnelle. Si on n’est pas pour la peine de mort, on est pour la vie. Est-ce que prendre soin de celui qui est resté vivant, est-ce que ça signifie nécessairement oublier celle qui est morte ? Étant donné le contexte des pièces, étant donné le contexte artistique dans lequel la chose était présentée, j’ai la conviction que non. Au contraire, prendre soin du vivant ne fera que rappeler la mort dans un rapport, peut-être, de réconciliation. J’insiste sur le mot. C’est pas pardon, c’est pas rédemption, alors là, pas du tout, c’est pas j’sais pas quoi… C’est réconciliation. (…) Le pardon ne peut être accordé que par la famille de la victime. »

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 1:59 pm
par fleurissimo
Phanie a écrit : Ce bout là de l'entrevue me touche beaucoup et me brasse énormément :

« A partir du moment qu’on est pas pour la peine de mort, je considère qu’on est pas pour la peine de toutes les morts : la mort physique, psychologique, professionnelle. Si on n’est pas pour la peine de mort, on est pour la vie. Est-ce que prendre soin de celui qui est resté vivant, est-ce que ça signifie nécessairement oublier celle qui est morte ? Étant donné le contexte des pièces, étant donné le contexte artistique dans lequel la chose était présentée, j’ai la conviction que non. Au contraire, prendre soin du vivant ne fera que rappeler la mort dans un rapport, peut-être, de réconciliation. J’insiste sur le mot. C’est pas pardon, c’est pas rédemption, alors là, pas du tout, c’est pas j’sais pas quoi… C’est réconciliation. (…) Le pardon ne peut être accordé que par la famille de la victime. »
il s'exprime bien ce gars là hein?
il dit tellement mieux ce que je pense depuis le début.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 2:11 pm
par Placeress
Bien, là où il y a une différence entre ce qu'il dit et ce qui a été débattu au départ... c'est qu'il ne se limite pas à dire... il a fait sa peine de prison donc personne ne peut remettre en question sa présence sur scène ou pas, that it...
Puisqu'il à fait sa peine, c'est fini et on en parle plus....

Il y a bcp de nuance dans ses propos... et il laisse une grande place à la réflexion morale et à l'acceptation de la réaction des gens face au sens choquant de tout ça... et c'est ce qui m'accroche dans son entrevue.

Je le trouve humble (dans cette entrevue) .... et j'aime bien ce genre d'individu.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 2:14 pm
par Automne
J'aime aussi beaucoup la réponse de Wajdi, pour moi c'est un grand homme de théâtre.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 5:25 pm
par lucide
Phanie a écrit : Ce bout là de l'entrevue me touche beaucoup et me brasse énormément :

« A partir du moment qu’on est pas pour la peine de mort, je considère qu’on est pas pour la peine de toutes les morts : la mort physique, psychologique, professionnelle. Si on n’est pas pour la peine de mort, on est pour la vie. Est-ce que prendre soin de celui qui est resté vivant, est-ce que ça signifie nécessairement oublier celle qui est morte ? Étant donné le contexte des pièces, étant donné le contexte artistique dans lequel la chose était présentée, j’ai la conviction que non. Au contraire, prendre soin du vivant ne fera que rappeler la mort dans un rapport, peut-être, de réconciliation. J’insiste sur le mot. C’est pas pardon, c’est pas rédemption, alors là, pas du tout, c’est pas j’sais pas quoi… C’est réconciliation. (…) Le pardon ne peut être accordé que par la famille de la victime. »

Bravo.... pour la richesse du vocabulaire, la sensibilité du questionnement et l'expression posé de ses explications.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : sam. avr. 16, 2011 6:38 pm
par Thewinneris
C'est remplis de question piège son intervention! Être pour la vie... Prendre soin de celui qui est resté vivant...

Malheureusement, il demeure avec une part de responsablité et doit mesurer ses actions, il ne peut pas revenir completement avec les mêmes privilèges qu'avant alors que d'autres également restées vivants demeurent avec la perte de leur fille, leur mère, leur amie pour le reste de leurs jours ce qui est aussi une perte psycologique de gens restés vivants dont il faut aussi prendre soin! Donc la moindre des choses c'est que lui aussi traine un peu son fardeau!

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : lun. avr. 18, 2011 12:36 pm
par Anya
SANS BERTRAND CANTAT
Wajdi Mouawad présentera Des Femmes au TNM
18-04-2011 | 12h00

OTTAWA - Le dramaturge et metteur en scène Wajdi Mouawad va de l’avant avec la pièce Des Femmes, qui sera présentée au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) ainsi qu’au Théâtre français du Centre national des Arts, sans Bertrand Cantat.

C’est ce qu’il a annoncé, lundi, à Ottawa, lors du dévoilement de la programmation du Théâtre français du Centre national des Arts, dont il assure la direction artistique.

M. Mouawad a précisé que le spectacle écho «de façon non agressive» aux questions soulevées par le tollé créé par la présence annoncée de Bertrand Cantat. Ce dernier a été condamné en 2003 à huit ans de pénitencier pour l'homicide involontaire de sa compagne, l’actrice Marie Trintignant.

M. Mouawad a pointé du doigt «l’opportunisme politique» du Parti conservateur, qui a indiqué la semaine dernière que le chanteur Bertrand Cantat ne pourrait pas revenir en terre canadienne sous un gouvernement conservateur.

«On ne pouvait pas y aller comme si de rien n’était, a dit M. Mouawad, qui dit avoir réfléchi avec son équipe sur la façon de répliquer « artistiquement à une réponse politique de ce genre».

La participation annoncée de l’ex-leader du groupe français Noir Désir à la pièce Des Femmes avait suscité un vif mouvement d’opposition dans la population, forçant la directrice générale du TNM, Lorraine Pintal, à revenir sur sa décision.

http://fr.canoe.ca/divertissement/arts- ... 6-qmi.html" onclick="window.open(this.href);return false;

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : lun. avr. 18, 2011 3:40 pm
par Fleur de Jasmin
À l'entendre, on pourrait presque croire que au nom de l'art, il ne serait pas immoral qu'un tueur joue son propre rôle, sur scène ou à l'écran.
Son talent artistique est peut être grand, mais question morale, je pense que son jugement est petit.
Tout comme l'artiste, l'art a des limites quand même !
Le but premier de la morale, c'est de modérer les individus, en ce qui concerne leur liberté d'action. Alors, quand la morale d'un individu prend la liberté de commettre une action, aussi immorale que celui de frapper à mort, il devient illogique de parler de morale.
De plus, la morale de l'un est irréaliste pour l'autre, mais la justice elle, est réaliste pour tout le monde et je pense que cet homme, doit accepter de vivre dans et avec, sa réalité et aussi difficile, soit-elle. Puisque cette réalité est que les artistes, se nourrissent de l'amour du public et des manifestations, si rattachant. De ce simple fait, il n'y a pas d'injustice à ce que B.Cantat n'ait pas sa place, sur la scène de quelqu’un d'autre. À mon avis, il serait mieux de défoncer la porte d'en avant, en mettant son nom en grosses lettres sur une affiche.

Quant à (Cantat :lol: ) Wajdi Mouawad, je pense ce c'est un geste malhonnête que de vouloir ainsi, imposer son ami au public. Une réconciliation entre l'immoralité et la morale. :lol: Franchement, aussi bien dire que le geste immoral peut être moralement réhabilité.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : lun. avr. 18, 2011 5:06 pm
par Thewinneris
Fleur de Jasmin a écrit : À l'entendre, on pourrait presque croire que au nom de l'art, il ne serait pas immoral qu'un tueur joue son propre rôle, sur scène ou à l'écran.
Son talent artistique est peut être grand, mais question morale, je pense que son jugement est petit.
Tout comme l'artiste, l'art a des limites quand même !
Le but premier de la morale, c'est de modérer les individus, en ce qui concerne leur liberté d'action. Alors, quand la morale d'un individu prend la liberté de commettre une action, aussi immorale que celui de frapper à mort, il devient illogique de parler de morale.
De plus, la morale de l'un est irréaliste pour l'autre, mais la justice elle, est réaliste pour tout le monde et je pense que cet homme, doit accepter de vivre dans et avec, sa réalité et aussi difficile, soit-elle. Puisque cette réalité est que les artistes, se nourrissent de l'amour du public et des manifestations, si rattachant. De ce simple fait, il n'y a pas d'injustice à ce que B.Cantat n'ait pas sa place, sur la scène de quelqu’un d'autre. À mon avis, il serait mieux de défoncer la porte d'en avant, en mettant son nom en grosses lettres sur une affiche.

Quant à (Cantat :lol: ) Wajdi Mouawad, je pense ce c'est un geste malhonnête que de vouloir ainsi, imposer son ami au public. Une réconciliation entre l'immoralité et la morale. :lol: Franchement, aussi bien dire que le geste immoral peut être moralement réhabilité.
:jap: