Citation :Edition du 6/11/2007
GRÉGORY LEMARCHAL: Sa soeur Leslie publie jeudi un livre-album consacré au jeune artiste disparu
Son frère, son héros
Frédérik ROSIN
Celle de Greg, de son appart' parisien, est rentrée à la maison. Des photos se sont ajoutées, des dessins aussi. Dans la salle à manger, sur les murs du salon. Son sourire s'illumine partout. Grégory Lemarchal, si présent, s'est pourtant effacé. Vaincu par la muviscidose le dernier jour d'avril. Chacun doit vivre avec. Leslie, sa petite soeur, la première. Ses cheveux ont foncé vers le jais. Son regard, parfois, s'assombrit, brille au bord des larmes. Leslie Lemarchal n'est qu'une jeune étudiante de 19 ans. Tout juste au début de sa vie de femme. Mais elle a été, et elle est la soeur de Grégory Lemarchal, la seule, l'unique. Comme il était et restera à jamais son seul frère, le seul, l'unique. "Quel est ce ce lien qui nous tient vivant dans ce monde ?" entonne dans le poste l'artiste chambérien en ce moment. Une interrogation dans une chanson posthume, à laquelle Leslie répond, pour elle, à travers le livre-album qu'elle dédie à son «frérot». "Grégory Lemarchal, mon frère, l'artiste", c'est son titre. Elle aurait tout aussi bien pu le nommer "Mon frère, ce héros". 200 photos tirées sur papier glacé, annotées pendant ses premières vacances de juillet passées sans Greg. Comme un carnet de correspondances, griffonné pour combler l'absence. Leslie s'adresse à la première personne à ce frère qu'elle retrouvera un jour, ses croyances en font foi.
Derrière un cliché complice,
ce mot, simple : «Tu as toujours été aux petits soins pour moi»
La jeune fille se livre peu, mais ouvre sa chambre. Comme une fenêtre sur leur intimité, qu'elle sait refermer en douceur. À l'image de l'album... «Il y a des photos sans légende. J'aimais juste le cliché, pour son regard, un trait de caractère de mon frère. Pas besoin de mots, je laisse les gens imaginer derrière mon choix de coeur». Celle qu'elle préfère : Grégory, les mains plaquées contre la vitre d'un grand loft parisien lors d'une séance d'illustration de son premier disque "Je deviens moi". «Il y a son bonheur de toucher du doigt son rêve, un instant de sérénité. Il devient lui. Il est heureux, je le suis avec lui».
Cette relation fusionnelle frère-soeur, elle la suggère par petites touches, comme glissent les doigts sur un piano : au gré des instantanés volés, témoins de leur complicité... "Hé oui, je ne te lâchais jamais" ; "tu as toujours été aux petits soins pour moi"; un regard admiratif pour ce frère, le jour d'un premier concert en famille ; cette fierté fraternelle lors de ses victoires en danse acrobatique ; cette tendresse devant les premières poses officielles de Grégory à Barby : il a 17 ans, il est déjà une graine de star. Cette relation complice frère-soeur, une grande pièce coupée en deux chambres par leurs parents l'a entretenue à Sonnaz jusqu'à l'âge de leur majorité. La séparation n'atteint pas le plafond. Espace de communication, au temps où ils étaient enfants. Des instants si loin, si proches. Derrière la cloison, aujourd'hui, il y a l'absence. Restent les souvenirs terriblement présents. «Ces photos dans ma chambre, elles ont toujours été là de son vivant. Je n'ai pas envie de les enlever. C'était un moyen d'être avec lui quand il partait. C'est le moyen de l'avoir près de moi, aujourd'hui qu'il est parti».
«Ce livre, c'est ma façon de continuer le combat»
Tu t'es adressée directement à ton frère lors de ses obsèques. Ce livre-album, c'est parce que tu avais encore des choses à lui dire ?
«Le projet, ce n'est pas moi qui l'ai proposé ; l'idée de ce livre-album photo est venue des éditions Michel Lafon. Ils ont pensé que ce serait bien que j'en sois le rédacteur en chef de A à Z, pour ajouter une touche d'intimité. Au départ, j'ai dit oui sans hésiter, car c'était une manière pour moi de participer à la vie de l'association en lui reversant mes droits d'auteur. J'ai douté de moi, je ne savais pas si j'allais en être capable, mais ça me paraissait tellement évident de continuer le combat de mon frère contre la mucoviscidose. Ça me tenait à coeur. Et puis, me retrouver seule avec lui à travers le choix des photos et l'écriture, pendant un mois tous les jours, ça m'a fait du bien, j'ai pu me libérer, mettre des mots sur ce que je ressentais. Même si ça a été pénible de revoir toutes ces images, de me mettre devant une feuille de papier pour lui parler, c'était une expérience positive, avec le recul. Ça n'a pas été facile non plus de savoir la limite à ne pas franchir, dans l'intimité que je pouvais partager avec lui à travers ce livre. La peur de ne pas en dire suffisamment, ou de trop en dire. Des fois, je me laissais aller, mais il y a des choses qui resteront à jamais entre lui et moi.»
_ Comment s'est passée la relation entre le poids des mots et le choix des photos ?
«Je n'avais pas de fonctionnement établi, pour moi, ce n'était pas un travail. Je regardais les photos, certaines étaient des déclencheurs : un souvenir me revenait, ou une envie forte de lui dire ce que ce moment vécu m'inspirait.»
_ Y a-t-il tant de choses que tu n'as pu ou su lui dire ?
«Non, je n'ai pas de réel regret. S'il y a des choses que je ne lui ai pas vraiment dites, c'était par protection. Je ne voulais pas trahir ce sentiment d'impuissance qui pouvait parfois m'envahir face à sa maladie. Même si je suis sûr que mon frérot ressentait notre inquiétude dans ces moments-là. En fait, c'est lui qui s'inquiétait pour nous, sans cesse. Ces non-dits, c'était pour le protéger, comme lui-même minimisait souvent son état de santé pour me protéger.»
_ Tu ne lui a jamais envié sa vie d'artiste, dans la lumière ?
«Je ne me suis jamais sentie mise de côté. Et pourquoi aurais-je été jalouse ? Il a toujours été merveilleux, ce qui comptait pour moi, c'était Greg. Sa réussite et son bonheur ont toujours fait le mien. Il était heureux, je l'étais. En plus, avec ma timidité...»
_ Au-delà du frère, il était un peu ton héros...
«Je l'admirais autant que je l'aimais. Je ne suis pas devenue "groupie", mon frère avait un talent inné, un don, j'étais simplement admirative quand je le voyais sur scène.
Le livre de ses parents au printemps
Après le livre-album photos de Leslie Lemarchal jeudi, un livre écrit par les parents de Grégory, Laurence et Pierre Lemarchal, est déjà programmé chez Michel Lafon éditions. Il est attendu au printemps 2008, toujours avec des droits d'auteur reversés à l'association Grégory-Lemarchal. Et ce ne sera pas une énième biographie, mais bien un ouvrage très intimiste sur leur fils.
L'album "Grégory Lemarchal, la voix d'un ange" est proche du diamant
Les ventes de l'album posthume"Grégory Lemarchal, la voix d'un ange", sorti le 18 juin dernier, tutoierait les 750 000 exemplaires, soit la barre fatidique d'un disque de diamant. Une partie des recettes enregistrées par ce disque, qui comporte quatre inédits (de source proche, cela représenterait au minimum une somme de 300 000 €), sera reversée par la maison de disques Universal (et son label Mercury) à l'association Grégory-Lemarchal.
Goldman fait un geste
Après Patrick Fiori et son titre "Le lien" (texte de Julie Zenatti) ou encore David Esposito, Jean-Jacques Goldman a décidé de céder les droits d'auteur des deux titres ("Là-bas" et "Envole moi") repris par le jeune chanteur chambérien et figurant sur l'album "Grégory Lemarchal, la voix d'un ange".
Hymne à la vie, cinquième édition à La Ravoire
Les vendredi 7 et samedi 8 décembre à 20 h 30, Pierre Lemarchal et la troupe "Vol du temps" seront sur la scène de l'espace Jean-Blanc de La Ravoire pour la 5e édition de leur "Hymne à la vie", spectacle donné chaque année au profit de la recherche contre la mucoviscidose. Le Haut-Savoyard Patrick Schneider assurera une nouvelle fois la mise en scène de ce spectacle intitulé cette année "Quartier libre". Les places sont déjà en vente au tabac-presse du centre commercial du Val-Fleuri à La Ravoire.
Une loge Grégory-Lemarchal à l'espace Jean-Blanc
C'était un peu leur scène locale de coeur. L'espace Jean-Blanc de La Ravoire devrait prochainement baptiser une loge des artistes "Grégory Lemarchal". La famille de Greg a donné son accord. Une autre loge devrait, elle, être nommée "Carole Fredericks", en hommage à la (elle aussi) trop tôt disparue ex-camarade de scène de Goldman et Jones.
REPÈRES
LE LIVRE-ÉVÉNEMENT
“Grégory Lemarchal, mon frère, l’artiste” est publié dans la catégorie “beaux-livres” des éditions Michel Lafon : 144 pages, 200 photos (dont des photos inédites de la collection familiale privée). Sortie le 8 novembre. 24,90 Y. Les droits d’auteur et une partie des ventes seront reversés à l’association Grégory-Lemarchal.
TÉMOIGNAGES
Outre la préface et les légendes des clichés sous la plume de Leslie Lemarchal, le livre-album comporte une intervention de Nikos Aliagas, présentateur de la “Star academy”, mais aussi de Karine Ferri, et d’Olivier Ottin, le manager devenu le meilleur “poto” de Grégory.
source:
http://www.ledauphine.com/info/essentie ... 104025.php