Re: Bertrant Cantat au TNM
Publié : mar. avr. 19, 2011 6:04 pm
Je sens une vengance dans son histoire de faire sentir clairement l'absence de son grand ami! Ça pue!
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Savvy a écrit : J'avoue ici mon inculture, mais je me demande... il est rendu où le message si tu prends comme vecteur un mec qui tue à coup de taloches sa conjointe?
Tant qu'à moi, il a autant le droit que toi (ou que le metteur en scène) à son opinion. Je vois pas en quoi "il fait simple". Si pour lui c'est nul la démarche de Mouawad et qu'il se soucie plus des victimes, en quoi il fait simple? Je pourrais autant te dire que de donner le bon dieu sans confession à Mouawad fait simple, mais on a tous droit à notre opinion. Certains ont trouvé très bien l'explication du metteur en scène et sa démarche artistique, d'autre trouve que de mettre en scène un type qui a battu et tuer sa conjointe cela ne se fait pas. Les opinions se valent bien à mon sens.Mimosa a écrit : [...]
Ostie qu'il fait de plus en plus simple lui ...........
Vrai, mais Mimosa partage son opinion sur le texte de Martineau... Sûrement que son opinion (à Martineau) est respectable, mais on est ici sur le Dôme notamment pour jaser d'articles, de blogues et de textes de personnages publics...laeticia_29 a écrit : [...]
Tant qu'à moi, il a autant le droit que toi (ou que le metteur en scène) à son opinion . Je vois pas en quoi "il fait simple". Si pour lui c'est nul la démarche de Mouawad et qu'il se soucie plus des victimes, en quoi il fait simple? Je pourrais autant te dire que de donner le bon dieu sans confession à Mouawad fait simple, mais on a tous droit à notre opinion. Certains ont trouvé très bien l'explication du metteur en scène et sa démarche artistique, d'autre trouve que de mettre en scène un type qui a battu et tuer sa conjointe cela ne se fait pas. Les opinions se valent bien à mon sens.
Dans un cas comme celui-ci, la conscience morale est en cause, puisque que le jugement stipule qu'il était pleinement conscient de la gravité de ses actes et des conséquences éventuelles que ceux-ci risquaient d'entraîner. Autrement dit : Il savait ce qu'il faisait.Placeress a écrit : [...]
Bien en fait, c'est justement pourquoi j'avais spécifié que je ne voulais pas détailler le cas de Cantat, et que j'ai spécifier n'avoir pas de connaissance précise en droit criminel.... je voulais plus parler du sens de la conscience morale.
Tu sembles mieux t'y connaître que moi.... je ne t'obstine donc pas sur son cas précis.
Pour le fait qu'il a fait 4 ans au lieu de 8, je crois que tout le monde s'entend que ça n'a pas de sens, mais c'est un autre débat.
Je voulais simplement soulevé que dans le cas du homicide involontaire, la conscience morale n'est pas en cause selon ce que j'en comprend.
Mais je ne m'y connais pas assez, donc, je n'irai pas plus loin pour ce cas précis.
C'est n'est pas le cas de Cantat et ce n'est pas moi qui le dit, mais le jugement de la cour.Beppo a écrit : [...]
Personnellement, je crois que non. Quand on pose un geste de cette nature, il m'apparaît que toute morale, tout bon sens est évacué de facto. Je ne vise pas ici la préméditation. Il me semble qu'à un certain moment la violence explose sans que tu en aies le moindre contrôle. Ce n'est pas ta conscience qui te fait battre un individu mais l'absence de sens et de conscience. Tu n'as plus aucun repère.
Comme dans ce cas-ci.Placeress a écrit : [...]
C'Est ce que je crois aussi, mais seulement dans certains cas.... il y a des cas où les gens sont bien conscients qu'ils font du mal, ou le font pour faire du mal.... mais il y a des cas où la conscience morale n'est pas là. Tu as mieux exprimé mon propos que ce que je l'ais fais.
Fleur de Jasmin a écrit : [...]
Dans un cas comme celui-ci, la conscience morale est en cause, puisque que le jugement stipule qu'il était pleinement conscient de la gravité de ses actes et des conséquences éventuelles que ceux-ci risquaient d'entraîner. Autrement dit : Il savait ce qu'il faisait.
La justice ne l'a pas déclaré coupable d'homicide involontaire accidentel, ou d'homicide involontaire commis dans un moment de folie. Il a été déclaré coupable de violences volontaires, ayant entrainées la mort sans l'intention de la donner.
La violence volontaire Placeress, c'est criminel et selon la loi, c'est un crime qui est perpétré avec intelligence et volonté. Ce même si au départ, l'intention de tuer est nulle.
N'était-il pas en état d'ivresse ? Et elle aussi?Fleur de Jasmin a écrit : [...]
C'est n'est pas le cas de Cantat et ce n'est pas moi qui le dit, mais le jugement de la cour.
Et? Qu'est-ce que ca change?Beppo a écrit : [...]
N'était-il pas en état d'ivresse ? Et elle aussi?
Il me semble que la loi teinte entre l'homicide involontaire, meurtre au premier degré et meurtre au deuxième degré, non ? Les sentences ne sont pas les mêmes si je me fie à ma connaissance (très limitée) dans ces cas-là. Et le tout dans le sens de la discussion avec Fleur de Jasmin concernant la morale, soit absente ou présente, en posant le geste.Malike a écrit : [...]
Et? Qu'est-ce que ca change?
Tu mentionnes son état d'ébriété à elle, en quoi est-ce que c'est pertinent avec sa morale à lui?Beppo a écrit : [...]
Il me semble que la loi teinte entre l'homicide involontaire, meurtre au premier degré et meurtre au deuxième degré, non ? Les sentences ne sont pas les mêmes si je me fie à ma connaissance (très limitée) dans ces cas-là. Et le tout dans le sens de la discussion avec Fleur de Jasmin concernant la morale, soit absente ou présente, en posant le geste.
Cette situation s'est produite dans un contexte précis, non ? Et concernant la morale, elle n'est pas spécifique à lui, ni à elle, mais dans la discussion avec Fleur de Jasmin, nous échangions sur l'absence de morale ou la présence de morale en posant un geste irréparable.Malike a écrit : [...]
Tu mentionnes son état d'ébriété à elle, en quoi est-ce que c'est pertinent avec sa morale à lui?
Toi, tu as fait le tour dans les pages antérieures, mais moi je venais tout juste d'arriver dans le topic pour donner mon opinion, quand tu m'as donnée la réplique. Donnée la réplique, ça fait artistique.Placeress a écrit : [...]
Bien d'accord.... je comprend.
Mais bon, je le rementionne à nouveau..... je ne parle pas du cas de Cantat..... mais du sujet sur la conscience morale et vraiment, et simplement l'homicide involontaire....... car pour le cas de Cantat, en ce qui me concerne, j'ai vraiment fait le tour dans les pages antérieures, je croyais qu'on avait élargie le débat.
Et j'édite pour spécifier que le seul aspect de ma pensée qui a changé sur cela est le processus artistique derrière la projet et l'implication de Cantat dans cette pièce. Sur son geste et sur le fait que moralement pour moi ça reste inacceptable et irréconciliable, je n'ais pas du tout changé d'avis vs mes propos du début.... et je n'ais aucun problème avec cette distinction pour ma part, et je n'irai pas voir cette pièce. La seule chose qui a changé, c'est sur le processus artistique de Mouawad que je comprend maintenant.
Oui mais, cela ne change rien.Beppo a écrit : [...]
N'était-il pas en état d'ivresse ? Et elle aussi?
Fleur de Jasmin a écrit : [...]
Toi, tu as fait le tour dans les pages antérieures, mais moi je venais tout juste d'arriver dans le topic pour donner mon opinion, quand tu m'as donnée la réplique. Donnée la réplique, ça fait artistique.![]()
Bref, même si le sujet est élargi, je peux quand même donner mon opinion sur Cantat ou sur Mouawad. L'un n'empêche pas l'autre, me semble.
![]()
Elle met en mots ce que je ressens face à ces crimes "d'amour".Anya a écrit : De mort et d'amour
Denise Bombardier 23 avril 2011 Théâtre
L'actualité des dernières semaines nous a placés, tous tant que nous sommes, au cœur même de la tragédie humaine. Autour de l'affaire Cantat se sont déployées nos grandeurs et nos misères. Sur l'écran blanc, chacun a projeté ses peurs, ses failles, ses fantasmes refoulés, ses sentiments inavouables, ses vérités. Personne n'est sorti indemne de ce débat où l'art a servi d'alibi pour les uns, de rempart pour d'autres, d'absolu pour un certain nombre. La polémique a rejoint une opinion publique interpellée par les médias et mis en lumière, si besoin était, une fracture entre les défenseurs de l'art pour l'art et le commun des mortels. Une lutte des classes, à vrai dire, entre une élite artistique et la plèbe. Voilà pour les apparences.
En réalité, ce débat où le mépris et la haine, l'angélisme et la vengeance, la grandeur d'âme et la mesquinerie ont tour à tour dominé demeure salutaire. Qu'est-ce que l'art? L'artiste est-il inattaquable? La morale est-elle une idéologie de droite? La violence conjugale est-elle la plaie si officiellement réprouvée? Voilà quelques questions auxquelles on ne peut pas échapper.
Wajdi Mouawad, par sa sortie publique et cette lettre hautement perturbante à Aimée, sa fille de trois ans («si je suis moi-même ton propre assassin, je ne voudrais pas être jeté aux orties des humains»), nous entraîne davantage dans ses propres démons. Mais peu importe qu'il s'en défende, il a quitté l'art pour un terrain mouvant où son élan créateur ne peut le mettre à l'abri du jugement des autres. Le roi est nu cette fois. Son analyse de la justice, où la reconnaissance du crime, la sentence imposée puis purgée suffiraient au rachat de l'assassin, procède d'une vision primaire du pardon et ressemble plutôt à une invitation à assassiner la mémoire par l'oubli.
En passant par sa petite fille pour s'adresser au public qui l'a porté aux nues dans le passé, Wajdi Mouawad s'enfonce lui-même dans les abysses de son propre mystère et met en péril, d'une certaine manière, le créateur, c'est-à-dire celui qui ne doit pas traverser le miroir vers la réalité. Si l'on poursuit son raisonnement, il aurait choisi Marc Lépine, si ce dernier ne s'était pas suicidé, pour jouer son rôle dans l'adaptation scénique du drame de Polytechnique dont il fut l'assassin délirant.
Ce débat nous a aussi plongés dans un malaise indéfinissable. «Si Marie Trintignant avait été heurtée par un bus, je suppose que vous auriez lynché le conducteur», m'a écrit un lecteur courroucé dans une tentative de banalisation plus ou moins consciente de la violence conjugale. «Je me tiens aux côtés de celui qui ôta sa vie à la femme qu'il aimait», écrit aussi le metteur en scène et dramaturge dans la lettre à sa petite Aimée. Or, le cardiologue Guy Turcotte, qui a assassiné dans un rituel au-delà de l'horreur ses deux enfants pour les soustraire à leur mère qui l'avait quitté, a déclaré à l'ambulancier qui le transportait à l'hôpital: «J'aime ma femme», comme un écho de tous ceux et celles qui ont mis en avant la justification amoureuse pour expliquer l'assassinat de l'aimée Marie et de tant d'autres aimées tuées ou battues par des «amoureux» exacerbés.
Faut-il à l'occasion de cette fête de Pâques qui marque pour les chrétiens la résurrection du Christ, mort pour racheter l'homme, rappeler la parole évangélique «Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime»?
Les meurtres qu'on dit d'amour ne seraient-ils pas dictés par la haine? La haine de soi, certes, mais la haine de l'autre avant tout. La colère, la rage, le ressentiment sont les moteurs du passage à l'acte de tuer. La vision romantique du crime passionnel est affaire de littérature, de théâtre. La réalité est plus sordide. Les coups de couteau qui transpercent la poitrine d'un enfant, les coups de poing à mains baguées qui frappent à répétition la tête de la victime, les halètements de la bête humaine qui s'acharne sur sa proie seraient dictés par l'amour?
Wajdi Mouawad, en invitant son «ami», son «frère» Bertrand Cantat à faire partie de la distribution de sa trilogie, avant de faire un choix artistique, a choisi la transgression sociale. «L'art est miroir des souffrances et des douleurs», comme il l'écrit, mais ajoutons: à la condition de demeurer dans l'espace fantasmé.
Si l'on peut donner sa vie pour l'amour de l'autre, l'on ne peut pas tuer l'autre pour atténuer sa souffrance et son désespoir. Et ceux qui tuent, aussi souffrants soient-ils, conservent intacte, à moins d'être atteints de démence, une liberté que reconnaît la justice des hommes en les condamnant au nom de la loi.
La résurrection des chrétiens est symboliquement le triomphe de la vie sur la mort. L'amour qui tue marque la dérive du coeur et de l'esprit fascinés par la Noirceur si chère aux tragédiens. L'amour sans la conservation de vie est un non-lieu, un non-sens, un huis clos dont l'assassin est éternellement prisonnier.
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