Les gardiens du CH: un beau gâchis!
Jeudi, 26 août 2010 12:00
Mise à jour le Jeudi, 26 août 2010 12:21
Ne trouvez-vous pas que ça commence à sentir bon? Ah! les effluves de notre sport national. Quel bonheur.
Et à chaque fois que les odeurs pré-automnales du hockey rejaillissent, j’ai un dada. Une marotte. Oui, je radote sur les gardiens.
C’est plus fort que moi. C’est sans doute par déformation, moi l’ancien et humble gardien qui n’avait de Patrick Roy que le quart du dixième de son talent. C’est l’équivalent d’un gardien auxiliaire dans les rangs juniors. Pas fort, j’en conviens.
Anyway, en cette période de l’année, j’ai l’habitude de me poser la question suivante: «Le Canadien va-t-il être correct devant les buts cette saison?»
Et cette année ne fera pas exception. Pourtant, à la fin de la dernière saison, je m’étais bien promis de sauter mon tour et de laisser le soin à d’autres d’alimenter la «machine à inquiétudes». Mais depuis, Pierre Gauthier ne m’a pas donné le choix.
Un dossier renversant
La façon dont le directeur général du Canadien a géré le dossier de ses gardiens au cours de l’été est renversante. On ne parlera pas d’amateurisme par respect pour l’homme de hockey expérimenté qu’est Gauthier, mais il faut questionner la profondeur de sa réflexion dans tout le dossier.
Que Gauthier ait décidé d’échanger l’un de ses deux jeunes gardiens ne constitue pas en soi une surprise. Mais, je l’ai déjà écrit, Gauthier a misé sur le mauvais cheval en échangeant Jaroslav Halak plutôt que Carey Price le 17 juin dernier. Je le pense encore.
Gauthier n’a pas seulement failli sur l’identité du gardien à garder à Montréal, mais il a bizarrement précipité son geste en expédiant rapidement Halak à Saint Louis, avant même de s’être entendu sur les termes d’un contrat avec Price. Pas fort, lui non plus. Réjean Houle aurait fait cela et on l’aurait ridiculisé, voire crucifié, sur la place publique.
Price fait la sourde oreille
Pourquoi, pensez-vous, Price et son agent font-ils la sourde oreille au Canadien présentement? Parce que le clan du gardien est assis dans le siège du conducteur d’un bolide de course pendant que Gauthier avance en charrette loin derrière.
C’est désormais Price qui contrôle l’agenda. Sans faire ni un ni deux, on l’a préféré au joueur le plus populaire et le plus utile de la dernière saison, incluant les séries. En une heure, son statut a changé dans sa négociation avec le Canadien. On lui a redonné le trône, même s’il l’avait déjà perdu à deux reprises.
Or ce poste de numéro un à Montréal se monnaie. En une petite heure, Price venait de coûter au Canadien entre 1,5 et 2 millions de plus par saison pour un contrat à court terme (2-3 ans).
Mais qu’est-ce qui pressait tant Gauthier à transiger avec les Blues en ce 17 juin? Le Canadien aurait pu conclure une entente avec les Blues et en retarder l’annonce jusqu’à ce qu’il s’entende avec Price. Non seulement Gauthier aurait négocié son gardien (Price) à la baisse, mais il aurait rapidement obtenu une entente d’une ou deux saisons pour un salaire plus que raisonnable (genre deux millions de dollars par saison).
À n’en pas douter, Price coûtera beaucoup plus cher maintenant. Sans avoir (encore) fait ses preuves dans la LNH, le jeune homme de 23 ans sait très bien que ce n’est pas Alex Auld qui menacera sa position de commande.
Auld plutôt que Théodore
Parlant de Auld, voilà un autre geste précipité de Gauthier dans ce dossier. Dès les premières heures de l’ouverture du marché des joueurs autonomes le premier juillet, Gauthier a annoncé l’embauche de l’ancien des Canucks, des Panthers, des Coyotes, des Bruins, des Sénateurs, des Stars et des Rangers. Sa décision rapide de le mettre sous contrat donnait l’impression qu’il avait peur de le perdre à une autre équipe. Et alors?
Auld, un gardien qui en est à sa huitième équipe en cinq ans, n’aurait certainement pas constitué une grande perte pour le hockey et même pour la LNH. Mais le patron du Canadien voyait la chose différemment. Il lui a consenti un salaire d’un million pour un an. S’il avait attendu, il aurait pu mettre José Théodore sous contrat pour à peine un peu plus présentement.
Entre vous et moi, à présumer que Price amorcera la saison en même temps que ses coéquipiers, seriez-vous plus confiants en votre équipe si vous saviez qu’elle comptera sur le duo Price-Théodore plutôt que celui de Price-Auld devant le filet?
Bien sûr, il n’était pas assuré que Théo serait encore disponible à la fin du mois d’août, mais qu’à cela ne tienne: des gardiens du calibre de Auld, il y a en treize à la douzaine sur le marché.
Price sous haute surveillance
Cela dit, ce qui m’inquiète le plus dans tout ce dossier troué de mauvaises décisions concernant les gardiens, c’est que le point fort du Tricolore l’an dernier (la défense du filet) deviendra sa plus grande carence en 2010-2011.
D’une part, je doute des capacités de Carey Price à relever le défi de Montréal. La tâche semble trop lourde pour lui. Price jouit de beaux atouts et il deviendra probablement un gardien numéro un dans la LNH. Mais s’il y parvient, ça risque d’être ailleurs qu’à Montréal.
Chose certaine, Price sera sous haute surveillance cette année avec le Canadien. C’est une saison de vérité pour lui. Ça passe ou ça casse. S’il ne parvient pas à offrir des performances régulières, il vivra l’enfer. Le Canadien aussi. Car il ne faut pas se fier sur Alex Auld pour corriger la situation.
Mon petit doigt me dit qu’on entendra sous peu des murmures aux quatre coins du Centre Bell. Des murmures qui pourraient ressembler à «Jaro ! Jaro ! Jaro ! Jaro !».
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