tuberale a écrit : [...]
On jase là.......mais quelle différence?
Tu fais référence à cette phrase, j'imagine? "Je n'ai plus besoin de l'indépendance du Québec pour affirmer ma fierté et ma différence."
Si c'est ça, je te répondre tout simplement que je fais partie de ceux dont les parents étaient très pauvres et peu instruits.
Mon père ne savait pas lire. Ou à peine. Il n'a jamais lu un livre de sa vie...
Mes frères et soeurs et moi, on ne mangeait pas toujours à notre faim.
Bref, tu vois un peu le contexte.
J'ai grandi dans un milieu moitié anglophone/moitié francophone.
Les anglais étaient plus riches à mes yeux. En fait, ils étaient justes moins pauvres.
(Tu me fais rappeler des souvenirs tuberale!!!

)
J'ai toujours pensé que mon père se faisait exploiter par les maudits anglais alors que dans les faits c'était peut-être plus simple pour lui de garder le dos courbé. C'était dans son caractère.
Je suis le contraire. Je suis combative et tenace.
Et comme j'étais grégaire de nature, j'aimais défendre l'opprimé et celui envers qui on était injuste.
Pour moi, la souveraineté était LA cause qui les résumait toutes.
J'ai toujours évolué dans un milieu où il y avait beaucoup d'anglophones.
Plusieurs m'ont aidé dans mon cheminement professionnel. Autant que les francophones, sinon plus. Et chacun à leur manière. Il me suffisait de prendre ma place. Le chemin d'une francophone, femme de surcroit, était plus facile que je pensais dans cet univers hétéroclite que forment en réalité les anglophones. Bien sur, il y avait quelques poches de résistance mais rien d'insurmontable.
Donc peu à peu mes barrières (presque des barricades

) ont laissé place à la confiance.
Et je n'ai jamais été déçue. En fait, ces barrières étaient un mélange de sentiment d’oppression, de gêne, d'insécurité, d'infériorité et d'être une citoyenne de seconde zone dans son propre pays. J'ai compris que la théorie des petits pas faisait davantage son chemin que l'affrontement et la déchirure.
Un exemple? Où j'habite, il y a une association de propriétaires. Au début, tout se déroulait en anglais dans les rencontres.

Mon rôle était de tenir les minutes de certaines réunions. J'en ai eu marre rapidement de faire ça bilingue et j'ai commencé à déposer les minutes en français seulement. C'est sur qu'il y a eu du "rouspettage" mais le temps a fait que tout se passe en français maintenant. Il y a eu un roulement naturel vers des directeurs francophones ou bilingues. Et les voisins s'aiment autant. Certains se "like" plus que d'autres, c'est normal.

Mais c'est toujours dans la bonne humeur que se font les corvées pour protéger notre environnement.
Donc, je suis capable d'affirmer ma différence, de garder ma fierté et ma culture tout en ayant un impact positif sur ma communauté qui est bien diversifiée. Et ça me rend heureuse.
