Tsonga: "je jouais trop bien"
Sa prodigieuse victoire en trois sets sur Raphaël Nadal propulse Jo-Wilfried Tsonga en finale de l'Open Tsonga.
Comment décririez-vous votre match ?
Jo-Wilfried Tsonga. «J'ai fait un grand match. J'ai avancé dans toutes les balles et j'ai produit un tennis qui a fait rêver des gens, car moi aussi je me suis fait rêver, j'ai fait des volées spatiales. Je prenais la balle derrière moi, je ne la voyais même pas et ça faisait une volée gagnante. Faire un match de cette qualité à ce moment-là je ne m'y attendais pas du tout. Je m'attendais à un match difficile contre un gars qui ramène tout et qui est usant. C'est dur de le battre parce que c'est dur de le déborder, mais aujourd'hui, à chaque coup j'avais l'impression de le mettre en difficulté.»
Préférez-vous rencontrer Federer ou Djokovic en finale ?
«Je n'ai pas de préférence, ce sont deux grands joueurs et quoi qu'il arrive c'est super d'être là et de pouvoir jouer contre l'un deux.»
Etiez-vous aussi relâché qu'aux tours précédents ?
«J'étais encore plus relâché. Je me suis dit: +à la limite je m'en fous. je fais comme avant, j'entre dans le stade, je regarde tout le monde, je prends tranquillement mes marques+.»
Qu'avez-vous pensé de Nadal avant d'entrer sur le court ?
«Je le voyais sauter dans les vestiaires. Il faisait des bonds partout. Je me disais: +Est-ce qu'il va continuer comme ça ou est-ce qu'il va lui manquer un peu d'énergie+. C'est sa façon d'être. C'était un opposition de style. Moi je suis euphorique quand je fais de beaux points, mais sinon j'essaie de rester calme.»
Quelle était votre plan tactique ?
«C'était de ne pas lui céder de terrain, d'entrer à l'intérieur du court et de monter à la volée pour lui mettre la pression.»
Avez-vous remarqué qu'il doutait au bout d'un moment ?
«Je me doutais qu'il devait se dire: +c'est qui ce mec qui m'envoie des trucs dans tous les sens+. A la fin, quand il a fait quelques fautes directes, je me suis dit qu'il commençait à penser que ce n'était pas jouable, que je jouais trop bien. J'ai essayé d'en profiter au maximum.»
Avez-vous senti le public derrière vous ?
«Je ne l'ai pas spécialement ressenti. J'ai senti qu'il y avait une énergie qui me poussait, mais je ne me rendais pas vraiment compte que c'était pour moi. J'étais dans mon truc et je ne faisais pas attention. Sauf quand j'en avais besoin et que j'essayais de pousser un peu le public.»
Nadal a dit qu'il n'avait même pas vu Federer jouer comme ça. Qu'en pensez-vous ?
«C'est une fierté parce qu'il a gagné Roland-Garros trois fois, il est N.2 mondial et il a beaucoup de titres à son actif. Il a joué souvent contre Federer et le fait qu'il dise ça me donne de la confiance et me fait penser que j'étais peut-être à ce niveau-là aujourd'hui».
Pouvez-vous expliquer cet état d'euphorie dans lequel vous étiez ?
«C'est le moment où tu ne peux plus rater, ou tu peux mettre plus d'énergie dans la balle. Je frappais de plus en plus fort et je ne faisais pas de fautes. Je me disais: +si je peux taper toujours plus fort sans rater, je continue+. A chaque fois que je faisais un coup, j'avais l'impression que ça allait marcher. C'était comme dans un jeu vidéo, je me sentais intouchable».
Quelle sera votre tactique contre Federer ou Djokovic ? «Je ne vais pas changer. Je ne vais pas les laisser entrer dans le terrain car leur jeu n'est pas de rester derrière et d'attendre. Si je les laisse entrer dans le terrain à ma place ça va faire bobo».
Vous avez paru calme après la balle de match. Pourquoi ?
«C'est parce que je n'ai pas réalisé. Au moment où je joue la balle de match, je la joue comme un point normal. Puis je vais serrer la main et c'est là que je me rends compte que j'ai fait quelque chose de fabuleux.»
Une finale de Grand Chelem, qu'est-ce que ça vous inspire ?
«J'ai atteint le match que tout le monde rêve de faire dans sa vie. Je sais que beaucoup de gens vont me soutenir en France et dans le monde entier».
A qui avez-vous pensé en premier après votre victoire ?
«A mes parents, à ma famille, à mes amis. Je n'ai pas encore eu le temps de leur parler, mais je suis pressé de le faire».
Allez-vous vous endormir facilement ce soir ?
«Non, ça va être très dur».
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