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Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : ven. juil. 08, 2011 2:21 pm
par Thewinneris
On est surtout anti-élitiste, ce n'est pas la même chose qu'anti-intellectuels!

Mais oui certains intellectuels sont critiqués dans les débats de société car les réalités touchent la majorité de citoyens, donc le peuple en général, c'est normal qu'on ne veulent pas se faire imposer des décisions par des élites qui ont des idées qui va à l'encontre de la majorité de citoyens dont les intellectuels font partis et dont les opinions divergent également. D'autres intellectuels s'étaient aussi opposés à Mouawad. Mais on les accusent d'être popluliste comme si c'était un tors alors qu'ils sont simplement aussi touché que monsieur et madame tout le monde dont ils ne nient pas faire partis!

Donc on pourrait dire aussi que certains intellectuels sont anti-peuple et se tirent vraiment un rang quand ils reprochent le populiste, ils se mettent au dessus des gens qui n'auraient pas la faculter de décider pour eux.

Et être intellectuel ne veut pas dire avoir la science infuse!

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : ven. juil. 08, 2011 9:42 pm
par Placeress
MsPontchartrain a écrit : Je ne suis pas complètement en désaccord avec cela.

Ici je trouve que j'ai un style relativement correct d'écriture, sans être hyper recherché. Sur MSN, je me permets parfois un style plus SMS.

Il y a quelques mois, j'ai adhéré à un forum général parce qu'il y avait une section intéressante sur laquelle j'avais décidé d'employer mon écriture ''professionnelle'' (structurée, vocabulaire juste et emploi de concepts précis) dans certains débats, ce qui me paraissait de circonstance étant donné que de tels débats doivent être exprimés clairement et recourent parfois à des notions précises pour être mieux argumentées. Aussitôt, j'étais pédante, une autre conne qui abuse du système et qui doit pelleter des nuages dans un domaine inutile à l'université, etc.

Pourtant, je n'avais jamais repris qui que ce soit sur leur français, et n'avait jamais laissé sentir que mon éducation ou la leur entrait en ligne de compte dans la validité de nos opinions. Je débattais de ce que je connaissais, avec les notions que je connaissais, et les auteurs que je connaissais, point. N'est-ce pas là ce qui fait toute la profondeur, tout le plaisir du débat ?

Dans la vie de tous les jours aussi, j'ai été heurtée à des gens qui me demandaient de façon plutôt agressive, ce que ça me donnait de faire une maîtrise ou un doc, ou pourquoi dans ce domaine ''inutile'' (parce que toutes les sciences humaines sont inutiles, c'est connu).

Évidemment ce n'est pas une majorité, et sans qualifier le Québec en entier ''d'anti-intellectuel'' (je trouve ça vraiment exagéré), je peux quand même dire que oui, ça existe, il m'est arrivé de le vivre assez souvent dans ma vie, les gens sont parfois soupçonneux de ceux qui ont une culture ou un certain vocabulaire.

Quant aux intellectuels qui ''n'osent pas'' se prononcer, je ne suis pas d'accord. Plusieurs d'entre eux le font, même dans les tribunes populaires, mais on préfère entendre Roger de Saint-Glin-Glin chialer en joual sa haine des turbans, plutôt que de demander à un expert de se prononcer sur une question d'actualité. C'est souvent exaspérant. Les gens ont droit à leur opinion même sans avoir une expertise, ça va de soi. Mais pourquoi ne laisse-t-on pas la place à une forme de vulgarisation de la part de ceux qui l'ont, cette expertise ?

Je trouve que le problème, de toute façon, va dans les deux sens. Si les gens préfèrent ne pas entendre les intellectuels dans les médias et que les intellectuels snobent les autres en disant qu'ils sont trop bons pour eux, on entre dans un cercle vicieux qui n'aboutit nulle part. La communication doit se faire dans les deux sens. C'est d'ailleurs ce que je reproche au monde universitaire, qui est pourtant le mien : je trouve qu'il y a souvent très peu de place pour la vulgarisation, la communication et l'accessibilité à la connaissance. Moins au Québec que dans d'autres pays, cela entraîne parfois une sorte d'élitisme et je n'apprécie pas du tout ce type de mentalité.

J'imagine que ça dépend des personnalités et de la façon dont on se présente... je connais des gens très instruits et "intello" qui ne suscitent pas les réactions que tu mentionnes. On peut être très intelligent, instruit et "intello", tout en étant très humble... pour ma part, ça fait toute la différence.

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : dim. juil. 10, 2011 7:35 am
par MaChouette
Wajdi Mouawad n'est pas le premier créateur a avoir un gros égo, à provoquer, ni a susciter la controverse, une controverse que je trouve utile. C'est d'ailleurs le propre d'une oeuvre dont la teneur dans les choix artistiques et le propos ne sont pas convenus. Bien avant d'être reconnu en tant qu'artiste majeur du Québec, Michel Tremblay a déjà suscité autant de remous... sur d'autres sujets.

Ce qui me fait sourire c'est que Mouawad tient exactement le même discours que dans Incendies: le difficile passage obligé de la réconcilliation. Or, pour Incendies, nous avons collectivement crié au génie, cette fois, nous crions au meutre. La différence? Avec Cantat, nous sommes impliqués et touchés directement dans la démarche, nous ne sommes plus des spectateurs mais des acteurs et il nous faut faire un choix. Un choix difficile. Une épreuve.

Perso, j'ai beaucoup de respect pour l'oeuvre et le courage de Mouawad. :jap:

Re: Bertrant Cantat au TNM

Publié : lun. juil. 11, 2011 10:15 am
par Anya
Publié le 11 juillet 2011 à 08h16 | Mis à jour à 08h16
Bertrand Cantat et Des femmes à Athènes

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Renaud Loranger, collaboration spéciale
La Presse

(Athènes) Le dramaturge et metteur en scène québécois Wajdi Mouawad a présenté samedi dernier sa plus récente création, Des femmes - la trilogie Les Trachiniennes, Antigone et Électre de Sophocle - dans le cadre spectaculaire de l'Odéon d'Hérode Atticus, à Athènes. L'annonce seule de la présentation de cette trilogie par le Théâtre du Nouveau Monde avait fait couler beaucoup d'encre au printemps, en raison de la présence dans la distribution du rockeur déchu Bertrand Cantat.

Il fallait venir jusqu'ici, sans doute, traverser l'Europe jusqu'aux confins de l'Occident et passer une nuit au pied de l'Acropole avec les héroïnes de Sophocle, et faire l'expérience de ce théâtre total, d'une force crue et sans concessions. À la tombée du jour et près de sept heures durant, c'est un chant à la fois vital et brutal qui s'élève de la scène à ciel ouvert, berceau de la plus ancienne et riche tradition théâtrale du monde.

Déjanire meurt d'amour, d'avoir trop ou mal aimé son Hercule infidèle, puis de lui avoir enlevé la vie involontairement, accidentellement presque, par jalousie, en voulant le reconquérir. Antigone résiste à la tyrannie aveugle du roi Créon, jusqu'à mourir par principe et par amour pour son frère tombé au combat. Électre, malade d'un père assassiné par sa propre mère, ne trouve le repos que dans une vengeance sanglante et inhumaine.

Plus que virtuose encore, la mise en scène de Wajdi Mouawad est monumentale, érigée en blocs hiératiques se déployant comme autant de portraits, plus grands que nature, certes, mais si essentiellement, si entièrement humains. Elle nous parle de la beauté des femmes, de leur force, de leur grandeur, de destins tragiques. Les mythes dont s'inspire le théâtre antique nous racontent des vérités universelles, pas toujours belles, pas toujours montrables, sur nous-mêmes, sur nos peurs, nos faiblesses, nos rêves, nos joies et nos misères. Cela, Wajdi Mouawad le comprend parfaitement. Sa démarche créatrice est d'ailleurs fortement influencée par ces textes millénaires - on pense à ses pièces Ciels, Forêts, Littorals - et il en restitue l'esprit, aidé en cela par le décor sobre et poétique d'Emmanuel Clolus et les costumes d'Isabelle Larivière, sans pour autant en négliger la lettre.

On quitte l'Odéon un peu sonné, prêt à sombrer dans le sommeil alors que se laissent deviner les timides premières lueurs du jour. Douce intoxication. Pour Sylvie Drapeau, incandescente Déjanire, pour Patrick Le Mauff surtout, Créon magistral, pour Véronique Nordey et son Tirésias immuable et terrifiant, pour toute une distribution poussée au bout d'elle-même, il faudra être de ce marathon lorsqu'il sera joué au TNM.

Dans la profondeur suffocante de la nuit athénienne, la controverse qui a animé le paysage culturel et politique québécois, en pleine campagne électorale fédérale, semble anecdotique. Bertrand Cantat est là, il apparaît dès le début du spectacle. Il joue le Choeur, personnage central mais effacé de la tragédie grecque qui commente l'action, d'un bout à l'autre, sans y jamais prendre part. Sa présence est discrète.

Au malaise initial - celui de reconnaître le monstre montré par la télé, les journaux, l'internet - succède la curiosité d'entendre s'exprimer l'artiste, le musicien, l'homme. À la fin, il salue avec toute la troupe, membre d'une petite «société dans la société» dont il est, sans en faire tout à fait partie, un peu comme son personnage. L'homme est ostracisé à jamais, que l'on n'en doute pas. Sauf qu'il y a le théâtre et son utopie, sa force expiatoire, le choc primitif de la représentation, de la scène, la confrontation cathartique qu'il implique.

D'annulation en annulation, Bertrand Cantat ne participera à aucun autre des festivals qui devaient accueillir Des femmes cet été. Il sera néanmoins de la tournée qui verra la trilogie présentée un peu partout en France, en Belgique, en Suisse, mais pas à Montréal ni à Ottawa. Pour les Européens, les motifs qui empêchent le spectacle d'y être présenté tel que son créateur l'a conçu sont difficiles à comprendre.

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