Le samedi 18 août 2007
Stéphane Mercier: de Normétal à Laval
Stéphane Mercier croit à son projet. Assez pour y avoir investi son propre argent, sans subventions.
Photo David Boily, La Presse
Paul Journet
La Presse
Collaboration spéciale
Stéphane Mercier commence sa vie post-Star Académie. Après l'aventure de Ent'chums avec Frank et Dave, la fierté de Normétal lance maintenant Voilà..., son premier disque solo. Un projet indépendant, financé par ses proches et lui. Conversation sur la foresterie, Laval et le destin.
À la première saison de l'Académie, Stéphane Mercier n'a pas seulement permis aux téléspectateurs de découvrir un nouveau village, Normétal.
L'Abitibien les a aussi charmés par sa candeur et sa spontanéité. Comme lorsqu'il a accueilli, tout nu, Julie Snyder qui venait lui apprendre qu'il était accepté au concours musical. Ou en pleurs après une pénible répétition. Ou sur une civière en route vers l'hôpital de Saint-Jérôme à cause d'un malaise. Ou sur scène en ressentant l'émotion de Dust in the Wind.
C'était le bon vieux temps. Mais Stéphane Mercier veut maintenant passer à autre chose. À lui.
Après Ent'chums avec les académiciens Frank et Dave, il lance son premier disque solo, Voilà...
«En 2004, selon mon équipe, je n'étais pas mûr pour un projet solo. J'ai donc fait Ent'chums. Mais cette fois, je suis prêt», raconte-t-il, fébrile à quelques jours du lancement officiel.
Stéphane Mercier croit à son projet. Assez pour y avoir investi son propre argent, sans subventions.
«Mon contrat avec Musicor s'est terminé après Ent'chums. On a discuté un peu, mais pas plus que ça. J'ai décidé de lancer mon propre projet. Des amis m'ont aidé à amasser environ 100 000$ pour partir une maison de disques avec mon équipe. Et Julie Snyder a confié ma gérance à Guy Pothier.»
Plusieurs musiciens vétérans l'accompagnent sur Voilà... Parmi eux, le bassiste Sylvain Bolduc (Claude Dubois), le guitariste Eric Rock (Garou), le pianiste Scott Price (Roch Voisine) et le batteur Paul Brochu (Grégory Charles). Et Nanette Workman chante un duo avec lui.
Sans retour
À 18 ans, quand Stéphane Mercier travaillait comme gardien de nuit à la fonderie Horne, il noircissait page après page de mots. Sur Voilà..., l'Abitibien de 32 ans chante plusieurs de ses vieux textes.
«Dans toute histoire, il faut commencer par le premier chapitre, justifie-t-il. En tant que réel artiste, je n'avais pas le choix. Je devais vider mon tiroir de la mémoire affective.»
Parti parle du décès de son père quand il avait 10 ans. Et Sans retour raconte l'autre grand traumatisme de sa vie.
«J'ai été agressé sexuellement à l'âge de 12 ans. Ce cauchemar, je l'ai chassé de ma mémoire par un mécanisme de défense. Tout m'est revenu à 18 ans quand je faisais l'amour à ma copine. J'ai voulu mourir pour arrêter de souffrir. Mais grâce à ma victoire en cour (contre l'agresseur) et à cette chanson, j'ai réussi à passer au travers.»
À coeur (un peu trop) ouvert
Ce traumatisme, Stéphane Mercier en parle ouvertement pour aider les autres victimes. Mais il hésite à revenir sur une autre controverse.
En septembre 2005, il se confiait au magazine La Semaine. Dans une «entrevue-choc», il blâmait l'organisation de Star Académie pour les problèmes personnels et professionnels auxquels il avait fait face après l'émission.
Du passé, assure-t-il.
«Je regrette l'interview. Comme je suis très expressif et spontané, j'ai parlé un peu trop. Aujourd'hui, je ne garde aucune amertume envers Star Académie et son équipe. Au contraire, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée.»
Même sa situation immobilière en a profité. Un couple de fans lavallois l'a joint sur son site Internet pour lui prêter sa maison. Avec sa copine et son bébé, Stéphane a emménagé gratuitement dans leur résidence de Chomedey. L'année suivante, le chanteur et sa blonde l'ont achetée.
Où serait-il sans Star Académie? Stéphane Mercier ne sait pas trop. Mais il croit au destin.
«Depuis que j'ai 4 ans, je rêve de chanter. Je n'ai jamais arrêté d'y croire. À l'hiver 2003, à 28 ans, j'étais un contremaître forestier temporairement au chômage. Comme on nous disait au cégep: la foresterie va mourir d'ici 2010 à cause d'une rupture de stock. Moi, je suis assez croyant. Je Lui ai dit en haut: c'est là que ça doit arriver. Deux jours après, je voyais la pub des auditions de Star Académie...»
Voilà... de Stéphane Mercier sera en magasin mardi.
Source:
http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... 156/CPARTS