Télévision - Trois soeurs en dix épisodes
Paul Cauchon
Il paraît que cet été, lorsque les agences de publicité évaluaient les chances des nouvelles émissions de l'automne, deux titres ressortaient du lot: Les Boys à Radio-Canada, et Les Soeurs Elliot à TVA. Ce seraient les deux émissions sur lesquelles les publicitaires misaient le plus.
Gros défi donc. Mais après avoir vu les deux premiers épisodes des Soeurs Elliot, on peut prédire que les téléspectateurs seront au rendez-vous de cette série écrite par Estelle Bouchard, qui est également l'auteure d'un autre gros succès de TVA, Les Poupées russes.
Les Poupées russes avait été lancé par Michel d'Astous et Anne Boyer, et le relais avait été passé à Estelle Bouchard, qui avait elle-même travaillé sur la série Deux frères, écrite par d'Astous et Boyer. Ça ressemble de plus en plus à un collectif d'auteurs. Pour Les Soeurs Elliot, Anne Boyer et Michel d'Astous (également prolifiques auteurs de Nos étés) agissent cette fois-ci comme producteurs, et Estelle Bouchard est seule à l'écriture (avec la collaboration de l'écrivain Jacques Savoie pour les premiers épisodes).
Les trois soeurs Elliot, ce sont Lauretta (Sylvie Léonard), Gloria (Isabel Richer) et Eugénie (Julie Perreault). Dès les premières scènes, ce trio de fortes comédiennes séduit et les caractères sont assez bien définis.
Lauretta, l'aînée, est une vedette de la télévision, animatrice d'une émission de cuisine. Elle a un caractère fort, est très organisée, et même contrôlante. Mère de deux petites filles (on ne sait pas encore, après deux épisodes, ce qu'il en est du père biologique), elle vit avec son nouveau chum, un juif anglophone qui aimerait bien la convertir au judaïsme pour la marier, ce qu'elle refuse.
Gloria, elle, est plus désorganisée, plus délinquante. Elle vient de perdre son emploi, et dès le premier épisode elle annonce son mariage avec un homme qu'elle n'aime pas, par dépit, puisque son amant, un homme marié, vient de faire un enfant à sa femme légitime.
Eugénie, la petite dernière, pharmacienne de profession, est plus calme, plus rationnelle, plus discrète. Mais on découvre qu'elle est également très curieuse, et qu'elle aime bien jouer à la détective.
En écrivant cette série, Estelle Bouchard, qui a elle-même cinq soeurs dans la vie, a voulu explorer les relations entre les soeurs, qui sont un moteur important de l'histoire, avec ce mélange de rivalité et de complicité qui les caractérise.
Mais l'auteure a également concocté une histoire assez tordue.
L'action se passe aujourd'hui, dans une petite ville imaginaire, Melville, pas tellement loin de la métropole, qui pourrait être Saint-Lambert ou le Vieux-Longueuil, selon le réalisateur François Gingras.
Ces trois soeurs avaient une mère dépressive qui est morte lorsqu'elles étaient enfants, et leur père a disparu lors de ce décès. Or, dès le premier épisode, le père, interprété par Gilbert Sicotte, revient au bercail après un exil de 30 ans en Afrique.
Ce qui déclenche évidemment une série d'événements. Qu'est-il allé faire là-bas? Pourquoi a-t-il abandonné sa famille? Et surtout, a-t-il été à l'origine de la mort de sa femme, ce que soupçonne Lauretta?
Estelle Bouchard et le réalisateur François Gingras (Fortier, Casino) proposent donc une série qui est la fois un drame et un suspense, avec des touches d'humour et de fantaisie très présentes. Un équilibre délicat à maintenir, mais qui repose beaucoup sur la forte performance des comédiennes.
L'histoire se développe sur dix épisodes, et TVA n'a pas encore donné son accord pour produire une deuxième saison. Mais on peut gager que, d'ici la fin de l'automne, la chaîne annoncera une suite.
Les Soeurs Elliot, TVA, début mercredi 26 septembre à 21h.
http://www.ledevoir.com/2007/09/22/157772.html