Phillip Garrido, un prédateur sexuel d’une variété peu commune
Voici le portrait de Phillip Garrido tiré par les experts qui viennent de se procurer les premières informations concernant le ravisseur présumé. Il appartiendrait à une variété peu commune de prédateurs sexuels.
Le cauchemar de Jaycee Dugard, retrouvée en Californie après avoir été séquestrée et violée pendant 18 ans, lui a été infligé par un délinquant sexuel manipulateur et dissimulateur, capable de mettre en scène ses fantasmes à l'insu de la société, selon des experts. "Cet homme appartient à une variété peu commune de prédateurs sexuels", qui statistiquement tuent leur victime dans les 72 heures, affirme le docteur Gary Mears, neurologue et professeur à l'University of the Rockies à Colorado Springs (Colorado, ouest), spécialisé dans la psychologie clinique.
http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/ ... eu+commune" onclick="window.open(this.href);return false;
Une double vie bien organisée
"Il appartient à ce type de gens capables d'avoir deux facettes à leur vie, d'avoir les ressources de séquestrer leurs victimes dans un donjon tout en menant une vie normale", explique cet expert au sujet de Phillip Garrido, 58 ans, soupçonné d'avoir enlevé Jaycee à l'âge de 11 ans pour en faire son esclave sexuelle pendant 18 ans. La jeune femme de 29 ans aujourd'hui a eu deux enfants de son ravisseur présumé.
"Cet homme est à la fois doté d'aptitudes sociales certaines et d'une pulsion sexuelle incroyable tout en ayant les moyens financiers (un travail, une épouse, une maison) de réaliser ses déviances", note M. Mears.
La stratégie de survie de la victime peut prendre plusieurs formes
"Je suis très inquiète quant à la capacité de guérison de cette jeune femme. Elle devra suivre un traitement spécialisé pour se remettre du traumatisme et ce sera très long", estime la psychiatre Alison Walls, professeur à l'University of the Rockies.
Pour le psychiatre James McCracken, professeur à l'Université de Californie, "on ne peut surestimer l'impact que la perte de sa famille a dû avoir, comme si toute sa famille était morte". Souvent, pour empêcher un enfant captif de se sauver, "le ravisseur menace explicitement ou non de tuer la victime ou des membres de sa famille ou lui fait un lavage de cerveau en affirmant que la famille a renoncé à la retrouver", ajoute-t-il.
Des îlots de souvenirs, pour garder espoir
Pour surmonter son désespoir et son isolement, la prisonnière, qui n'aurait pas tenté de s'évader, selon les premiers éléments de l'enquête, a pu user de toutes les défenses psychologiques à sa disposition, allant de la dissociation au syndrome de Stockholm où la victime prend le parti du ravisseur.
"Elle a pu se mettre en dissociation, c'est-à-dire devenir éthérée, sans vraiment être présente mentalement dans son corps afin de survivre", explique le docteur Alison Walls. "Elle s'est mise en mode robot, afin de vivre au jour le jour et élever ses enfants. Que devait-elle leur dire pour que les petites se sentent en sécurité ?", s'interroge-t-elle.
"Elle a pu aussi se réserver des petits îlots de souvenirs, afin de garder l'espoir", ajoute James McCracken.
Prétendre être l’amie de son ravisseur pour être nourrie
Comme d'autres victimes, s'est-elle résignée à jouer le jeu de son ravisseur? Parfois "il se passe ce phénomène étrange où la victime s'identifie au ravisseur parce qu'elle est totalement dépendante de lui", explique Mme Walls. "Aussi a-t-elle pu au moins prétendre qu'elle était son amie afin d'être simplement nourrie ou de survivre".
Comment expliquer la complicité de l’épouse ?
La complicité présumée de l'épouse du ravisseur de Jaycee, Nancy Garrido, 54 ans, frappe aussi les esprits: "souvent ces femmes encouragent la relation avec la victime parce qu'elles-mêmes ne veulent plus avoir de relation avec ce mari", suggère Gary Mears.
Ce spécialiste a évalué psychologiquement des centaines de délinquants sexuels dans sa carrière: "bizarrement, vous ne savez pas pourquoi, ce sont ces pires individus qui reçoivent en prison le plus de lettres d'amour", assure-t-il.