Le vendredi 25 janvier 2008
Professionnelle et impeccable Marie-Élaine
Marie-Élaine Thibert était à la salle Thompson hier soir où elle a ravi quelque 700 de ses fans en leur donnant un bon aperçu de son répertoire dans un spectacle impeccable.
Photo: Sylvain Mayer
François Houde
Le Nouvelliste
Trois-Rivières
J'avais dit à mon patron avant de voir le spectacle de Marie-Élaine Thibert que ça ne pouvait qu'être une bonne surprise. Et c'en fut une.
Cela dit, je suis probablement celui qui a le plus de réserves parmi les quelque 700 spectateurs présents hier soir à la salle Thompson mais je dois admettre qu'elle a offert un bon spectacle, plus qu'honnête. Elle a donné à ses fans tout ce qu'ils étaient venus chercher et peut-être plus.
Essentiellement, c'est un spectacle très professionnel. La jeune fille est enveloppée dans une grosse machine qui n'aime pas le hasard.
Ça se voyait d'emblée quand Mme Thibert est entrée sur scène en silhouette à travers de puissants projecteurs. Elle donnait vraiment l'impression d'être mince et élancée par la vertu d'un savant habillement étudié pour lui allonger la silhouette.
D'ailleurs, elle est entrée sur une amorce de "Entrer dans la lumière" de Patricia Kass pour vous montrer qu'on a pensé à tout. Accompagnée dès le départ de huit musiciens dont une violoniste et une violoncelliste, elle a entraîné les spectateurs dans un voyage vraiment très bien organisé.
Les éclairages étaient savants, les arrangements musicaux, toujours riches et le répertoire bien connu par le public.
Tout cela était évidemment dominé par la voix exceptionnelle de Marie-Élaine Thibert. Qu'on aime ou non ses interprétations, il est indéniable qu'elle a une très belle voix, puissante et chaude.
Son spectacle lui laisse tout l'espace nécessaire. En fait, cette prestation réglée au quart de tour est précisément ce dont la chanteuse a besoin à ce stade-ci de sa carrière; elle lui laisse la latitude de montrer ses capacités hors du commun mais lui évite les risques inutiles pour qu'elle gagne en confiance.
Ça nous a valu hier soir des interprétations impeccables de chansons de son dernier album, "Comme ça" avec "Le souffle de vivre", "Oui", "Les herbes hautes", "Pour cet amour", évidemment ou "L'enfant prodige" interprétée à genoux sur le devant de la scène.
Mais aussi quelques reprises empruntées aux grands de la chanson française avec "La quête" et "Quand on n'a que l'amour", signées Jacques Brel ou "Brave Margot", de Brassens.
Dans les deux cas, Thibert a eu l'indéniable mérite de les interpréter à sa façon sans tenter d'imiter. Mais les trois, des chansons extraordinaires, étaient ainsi quelque peu banalisées. On n'y reconnaissait pas les tripes de Brel ni le génie de Brassens.
Cela dit, ça a ceci de bon que ça permet à un vaste public de connaître ces merveilles. Un spectacle ficelé aussi serré, où pratiquement rien n'est laissé au hasard ne permet guère les grands frissons qui se terminent avec de l'eau dans les yeux. Les grands moments d'émotion. Personnellement, c'est ce que je recherche.
Un des beaux moments est venu avec le rappel dans un pot-pourri de chansons françaises dans lesquelles la jeune femme excelle. Le dernier numéro avant le rappel, alors que la chanteuse s'est essayée tant bien que mal à la guitare a été le plus sympathique parce qu'il y avait là un gros risque, que l'artiste a été un peu déséquilibrée et qu'on la sentait sincère et vulnérable.
Je ne doute pas une seconde que le public présent hier soir à la salle Thompson ait beaucoup aimé et c'est ce qui compte.
Comme je sais que le public de ce soir sera tout aussi charmé. Marie-Élaine Thibert deviendra sans doute une remarquable interprète. Elle a manifestement tout ce qu'il faut.
Petite note finale pour les publics à venir. De grâce, évitez de chanter en même temps que la chanteuse sur la scène. Les gens ont payé leur billet pour entendre la chanteuse, pas vous. Elle chante si bien, elle.
http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... 253/CPARTS