Chronique
L’enfant gâtée
Jean- Jacques Samson
20/05/2011 10h24
Les nominations au Sénat de Josée Verner, Larry Smith et de Fabbian Manning ne me scandalisent aucunement. Depuis que l’institution existe qu’elle sert de piste d’atterrissage pour des amis du régime.
Les conservateurs ont milité pour une réforme du Sénat, notamment pour que les membres soient élus, mais ce sont les autres partis qui s’y opposaient. Stephen Harper a tout simplement fait, mercredi, comme ses prédécesseurs et récompensé de bons soldats. Il aurait par contre pu se garder une petite gêne et laisser couler quelques semaines.
Bouderie
La réaction de Josée Verner est par contre très choquante. L’ex-ministre est encore amère de sa défaite dans Louis-Saint-Laurent et l’enfant gâtée boude : il ne faudra pas compter sur elle pour promouvoir les intérêts de la région de Québec, clame-t-elle dans tous les micros. Que les gens de Québec s’adressent dorénavant aux élus du NPD!
Les défaites politiques sont très difficiles à avaler. Les élus se donnent à fond dans ce travail exigeant. La reconnaissance publique est leur tribut. Lorsqu’ils essuient au contraire une défaite, ils la vivent comme de l’ingratitude et un rejet de leur personne, répercuté à travers tout le pays. L’humiliation est profonde.
Les ministres perdent souvent de vue que le pouvoir ne leur appartient pas; il leur est prêté temporairement et leur sera retiré un jour ou l’autre.
Mme Verner n’est pas encore sortie de sa phase de déni du 2 mai.
Être utile
Les conservateurs n’ont que cinq députés au Québec. En attendant une réforme en profondeur du Sénat, Mme Verner et M. Smith peuvent tout de même se rendre très utiles comme courroies de transmission entre leurs régions et leurs collègues des Communes, ministres et députés. Les conservateurs n’ont pas réussi à faire élire un seul député dans la région de Montréal; M. Smith aurait de quoi meubler ses journées.
Lorsque l’on reçoit un salaire de base de 132 000 $ provenant des impôts de ses concitoyens et que l’on a le respect de sa propre personne, on ressent le devoir de fournir une prestation de travail à la hauteur de la paie touchée et d’être au service de ses véritables employeurs, les citoyens.
Mme Verner n’aurait jamais été ministre si les gens de Louis-Saint-Laurent ne lui avaient pas fait confiance en 2006 et 2008 et elle ne serait pas sénatrice, aujourd’hui, si elle n’avait pas d’abord bénéficié de cette confiance.
Elle n’agira tout de même pas en enfant-roi (ou reine) jusqu’à sa retraite en 2034.
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