Ce matin dans la Presse, il y avait un petit article qui résumait bien le noeud du problème lorsqu'il est question de ''laïcité'' et de ''religion dans le privé'':
http://www.lapresse.ca/debats/editoriau ... ction_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
Le problème est réel : si la Charte des droits et libertés reconnaît que l'individu a la liberté de conscience et de religion, et qu'il a la liberté d'opinion (ce qui vaut autant pour les opinions politiques, sociales et religieuses), interdire par exemple le port du voile dans les espaces publics que sont : la rue, le parc, le centre d'achats ... c'est brimer cette liberté et ce droit pourtant garanti par la loi. De vouloir interdire à des citoyens la libre expression de leur appartenance culturelle ou religieuse, ou de leur opinion, serait justement faire du Canada ou du Québec une copie semblable des pays que tu dénonces et qui sont fermés aux minorités, ce n'est pas du tout ce que j'espère de mon pays pour le futur. C'est différent par contre, que de poser la question : jusqu'où les autorités/institutions gouvernementales doivent-elles faire preuve de neutralité ? Là, la question est plutôt de savoir si ses représentants savent faire fi de leur opinion/foi personnelle au service du bien commun et de l'institution qu'ils représentent. Doit-on exiger que les enseignantes ne portent pas le voile, qu'un fonctionnaire ne porte pas le turban, etc. ? Si oui, il faudrait par équité justement, que les gens ne portent pas non plus de petit collier avec une croix, puisque c'est aussi l'expression d'une religion.
Si on trouve cela insultant, qu'on se dit ''le fait de porter un collier avec une croix ne change pas le fait que c'est une bonne enseignante, qu'elle est compétente et suffisamment neutre pour présenter la matière sans faire la promotion de ses propres convictions'', pourquoi en serait-il autrement pour la musulmane qui porte le voile, pour le juif qui porte sa kippa ?
À l'inverse, j'ai aussi eu dans ma vie des professeurs de différentes matières, qui sans rien afficher d'ostentatoire du point de vue religieux, nous ont farci le crâne avec leurs idéologies politiques au secondaire.
La ''propagande'' que l'on redoute tant à travers l'expression des appartenances religieuses, ne se limite pourtant pas à ces objets. Les gens pourraient tous porter le même uniforme que cela ne les empêcherait pas d'avoir des opinions différentes et de les exprimer autrement. Je trouve discriminatoire qu'on impose à un certain pourcentage de citoyens, sensés être tous égaux devant la loi, de devoir renoncer à une partie de leur héritage culturel ou religieux simplement parce qu'on préfère ne pas voir quelque chose qui pourtant, existera quand même malgré qu'on le supprime. Et par renoncer, je ne parle pas de devoir admettre qu'une heure de piscine par semaine soit réservée à des femmes musulmanes, ou renoncer à un après-midi de cabane à sucre par année, ce genre d'accommodement qui ne change pas notre routine de tous les jours, même si on peut ne pas apprécier l'idée ; je parle de citoyens comme vous et moi qui devraient renoncer de façon permanente à une partie des droits et libertés que leur garantit pourtant la Charte, en naissant ou en immigrant ici.