Jean-François Harrisson envoyé directement à son procès
Écrit par Daniel Renaud
Mise à jour le Vendredi, 04 février 2011 17:16
La prison n’a vraisemblablement pas fait réfléchir Jean-Francois Harrisson. À son retour en cour vendredi, l’ex-comédien a une nouvelle fois éprouvé la patience de la juge qui a cependant coupé court à ses demandes particulières en le citant immédiatement à procès.
Alors que l’on aurait pu croire que sa semaine passée en prison aurait miné le mécanisme de défense de l’ex-comédien, ce dernier, qui se défend seul, a plutôt affiché la même superbe et la même arrogance que lors de ses premiers pas devant la cour.
« Avez-vous réfléchi M. Harrisson et allez-vous requérir les services d’un avocat ? », lui a demandé d’emblée la juge Isabelle Rheault de la Cour du Québec.
« Absolument. Mais en tant que représentant autorisé de M. Harrisson, je veux voir l’instrument original d’accusation, l’acte formel qui rend légitime ma détention contre ma volonté, avec la signature à l’encre bleue, s’il-vous-plaît », a-t-il répondu.
La juge a répété sa demande et l’ex-comédien s’est fait aussi mystérieux.
« J’accepte, mais à trois conditions », a-t-il dit.
« Ça ne marche pas ça, monsieur », a alors répondu l’honorable juge Rheault, en annonçant du même coup que le comédien de 36 ans irait directement à procès, sans subir d’enquête préliminaire.
« Je veux que l’on me prouve que l’affaire est réglée », a répété Harrisson. « Moi, je peux vous dire que rien n’est réglé », a répondu cette fois-ci la procureure de la Couronne, Me Anne Gauvin, visiblement excédée.
Lors de cette autre comparution surréaliste, qui a duré une quinzaine de minutes, Harrisson a réitéré sa demande d’obtenir l’acte d’accusation original à plus d’une reprise. « Ce sont des copies mais je peux vous assurer que ce sont des actes d’accusation assermentés », a inlassablement expliqué la juge.
Harrisson subira son procès pour omission de comparaître le 4 avril prochain, pour possession de stupéfiants le 5 avril, pour le premier chef d’accusation de possession et distribution de pornographie juvénile, du 31 mai au 2 juin, et pour le deuxième chef d’accusation de possession et de distribution de pornographie juvénile, du 20 au 22 juin. Une conférence préparatoire pour les deux accusations de pornographie juvénile a été fixée au 21 avril.
« J’aurai des témoins d’Allemagne qui témoigneront par vidéo. Il me faudra un interprète », a demandé Me Gauvin, ce qui a paru surprendre et déstabiliser l’accusé qui a ensuite reçu une épaisse enveloppe brune qui contient la preuve déposée contre lui.
La juge Rheault lui a également remis une enveloppe que l’ex-comédien avait envoyée à la juge en chef du Québec et qui pourrait contenir, selon nos informations, une offre de plusieurs millions de dollars en faux bonds du trésor qu’il aurait également fait parvenir au ministère du Revenu en échange d’un retrait des accusations portées contre lui.
« Je demande ma libération immédiatement compte tenu que vous n’avez aucun pouvoir de me garder détenu », a lancé Harrisson à la fin de sa comparution. « C’est votre prétention, quant à moi, vous êtes détenu », a répliqué la juge Rheault, visiblement impatiente, à l’accusé qui s’est ensuite engouffré derrière la porte de la détention.
Du grabuge
L’effervescence de la salle d’audience s’est ensuite transportée dans le corridor lorsque l’un des supporteurs de Jean-François Harrisson, le comédien Clermont Jolicœur, a voulu parler à la procureure Gauvin alors que celle-ci s’apprêtait à répondre aux questions des journalistes.
Des constables spéciaux ont empoigné le comédien alors que ce dernier cherchait à s’approcher de la procureure qui s’est réfugiée dans un cubicule. « Pourquoi vous faites ça, je n’ai rien fait. Je veux juste parler à Me Gauvin », a-t-il lancé aux constables avant de disparaître dans un ascenseur duquel des bruits de coups, similaires à ceux d’un pied sur un mur, étaient perceptibles même une fois les portes refermées. Me Gauvin est revenue devant les journalistes visiblement ébranlée.
Clermont Jolicœur n’a pas été arrêté mais expulsé, comme ce fut d’ailleurs le cas la dernière fois.
Une longue saga
C’est en mars 2009 que Jean-François Harrisson a été arrêté pour possession et distribution de pornographie infantile.
À plusieurs reprises par la suite, la cause a été reportée et l’ex-comédien a congédié l’avocat qui le représentait au début des procédures. Alors qu’il devait se présenter en cour, Harrisson a fait faux bond à la justice à deux reprises, en novembre dernier et le 27 janvier. Il a été arrêté le jour même et est détenu depuis.
L’ex-comédien semble avoir épousé les croyances d’un groupe d’individus qui rejettent les pouvoirs des gouvernements en se basant notamment sur de vieilles lois.
Vraisemblablement, il cherche à faire tomber les poursuites portées contre lui en s’appuyant sur des questions de procédure qui relèvent de lois d’une autre époque.
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