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Publié : sam. janv. 12, 2008 7:44 am
par lucide
tuberale  a écritLe truc qu'ils ne veulent pas voir c'est la diversité et que la religion catholique n'est plus le centre de tous aujourd'hui. Le débat n,en est pas un entre la laicité et la religion mais concerne surtout l'impossibilité pour l'école d'offrir de quoi d'égal et de juste pour toute sa clientèle. Eux voient le choix se faire entre le cours religieux et le cours éthique....très valable comme choix....et c,est ce qui se faisait depuis de nombreuses années mais si les fonctionnaires ont déclaré forfait ce n,est pas pour imposer leurs valeurs à eux mais bien que chaque école ne peut offrir de cours de religions pour satisfaire chaque religion.......pour 1 heure par semaine, devoir trouver 1 prêtre, un rabbin, un ci, un ça....etc....pour offrir la religion de chacun, cela devient impraticable tout bonnement..et est justement tout le contraire d'un accomodement déraisonnable car on ne voulait pas justement que pleins de religions trouvent ainsi le cheion de l,école publique

On s'offusque présentement en croyant que le tout tient d,un autre de ces accomodements mais en fait cette loi date du temps que le PQ était au pouvoir et c,est une des dernières lois qu'ils ont passés avant la perte du pouvoir aux élections.....et une des premières choses que les libéraux ont fait a été de prolonger le premier moratoire qui avait été mis en place par les péquistes comme temps de transition. C'est un loi, qui, comme toutes les autres lois a été discuté en chambre, en commission parlementaire devant laquelle plusieurs participants , dont l'église catholique, a présenté des mémoires. Eux dans le temps, voyait très bien, que oui l,école pour continuer l,enseignement religieux, devrait offrir le choix pour satisfaire toutes les confessions, autant la leur que celles des autres...pas fous....ils ont accepté de sortir de l'école pour surtout empêcher les autres d'y entrer..et même aujourd'hui où on discute de ceci comme si c,était tout nouveau, ils se disent peut intéressés à y retourner, se déclarant satisfait de l,enseignement religieux via les paroisses.

Qu'on le veule ou pas, on a une Charte qui prévoit l'égalité dans la pratique religieuse et si l,enseignement catholique retourne sur les bancs d'école, il va falloir prévoir la disponibilité pour l,enseignement musulman, orthodoxe, juif, etc.....peut importe le nom.  Alors le désir de laicité est en fait juste une façon de contourner tous ces problèmes et non le désir de sortir la religion catholique de nos écoles. L'enseignement historique de toutes les religions étaient la façon la moins pénible et discriminatoire pour se sortir de ce dilemne. C,est en fait un refus d,accomodement futur..vu la diversité culturelle au Qc.

Oui il y a plusieurs laiques qui sont contents de voir sortir  la religion des écoles mais il y a aussi pleins de gens de d,autres religions qui comme les catholiques sont bien déçus, mais on a juste 1 école par quartier et elle est là pour servir tout le monde....c,est un non-choix incontournable à moins de changer la Charte pour y placer le fait que la religion catholique a des passe droits au-dessus des autres religions au Qc.    

Quel beau message rempli de bon sens... ca tenterait pas de te lancer en politique... il me semble que ca ferait du bien !

Publié : sam. janv. 12, 2008 7:47 am
par lucide
.anthurium.  a écritPropagande syndicale
Le Journal de Montréal, p. 21 / Nathalie Elgrably, 12 janvier 2008

On a souvent qualifié les panneaux publicitaires le long des axes routiers de pollution visuelle. Mais avec les affiches payées par la CSN et la FTQ, on peut maintenant parler de pollution intellectuelle!

Depuis le 26 décembre, ces deux grandes centrales syndicales ont lancé une campagne publicitaire pour dénoncer l'entrée du secteur privé dans le système de santé. Elles souhaitent préserver le système en place et, pour nous rallier à leur cause, elles affirment que le secteur privé compromettrait l'accès aux soins de santé. Mais se sont-elles déjà demandé ce que nous réserve l'avenir si nous continuons à entretenir le monopole public actuel?

Pour avoir une idée de ce qui nous attend, regardons du côté de la Grande-Bretagne, car ce pays offre un système de santé public planifié et centralisé, le National Health Service (NHS) créé en 1948, qui ressemble énormément au régime canadien.

Comme nous, les Britanniques doivent mettre leur nom figure sur d'interminables listes d'attente ou aller se faire soigner à l'étranger. Ils ont longtemps nié l'échec de leur modèle, mais aujourd'hui le NHS traverse une crise. Toutefois, pour désengorger le système et économiser des millions, le gouvernement britannique vient d'annoncer une solution stupéfiante: inciter les malades à se soigner eux-mêmes! Par exemple, les patients souffrant d'asthme, d'arthrite ou d'insuffisance cardiaque seront encouragés à éviter les hôpitaux et à se traiter seuls grâce à des équipements installés à leur domicile. Ils devront même s'administrer les médicaments nécessaires.

Ce n'est pas tout. Le gouvernement britannique a annoncé qu'il obligera bientôt systématiquement des malades à se conformer à certaines exigences pour bénéficier des soins de santé. Par exemple, le NHS refusera d'inscrire un fumeur sur une liste d'attente pour un remplacement de la hanche à moins qu'il ne consente à cesser de fumer. Il exigera également que certains patients perdent du poids en vue de «mériter» une intervention chirurgicale. Un système de santé qui use de chantage auprès des malades, qui rationne les soins et qui discrimine les individus: voilà où en sont rendus les Britanniques. Et voilà vers quoi nous nous dirigeons si nous persistons à aduler aveuglément le monopole public.

D'ailleurs, nous avons eu le virage ambulatoire qui visait à accroître le volume des soins dispensés à l'extérieur du milieu hospitalier, et certains hôpitaux exigent déjà que des patients se soumettent à certaines conditions avant de les soigner. Ce n'est donc qu'une question de temps avant que cette méthode ne devienne la norme et qu'on nous demande également de nous soigner nous-mêmes au nom du «virage solitaire».

Évidemment, la CSN et la FTQ se gardent bien de citer le cas britannique. Comme les syndicats sont des entreprises commerciales comme toutes les autres, leur survie dépend de la satisfaction de leurs «clients», en l'occurrence de leurs membres. Ne nous laissons donc pas berner par leur soi-disant souci d'assurer aux plus démunis l'accès aux soins de santé. Si l'universalité les préoccupait sincèrement, ils auraient révisé depuis longtemps les conventions collectives qui paralysent le système de santé et le rendent inefficace. Mais améliorer le système de santé est le cadet de leurs préoccupations. Leur priorité absolue est de préserver les avantages de leurs membres et d'en recruter de nouveaux. Et pour cela, ils nous cachent l'échec britannique et sont prêts à laisser des malades mourir sur des listes d'attente. Belle solidarité!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

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Quel manque d'objectivité dans ce texte.... Croire qu'on peut en si peu de lignes cerner le probleme de notre systeme de santé comme si ce n'était que la faute des travailleurs de ce secteur... de la grosse bull shit propangandiste exactement de la même facon que ce qu'elle dénonce.

Publié : sam. janv. 12, 2008 11:25 am
par Fabine
lucide  a écrit

Quel manque d'objectivité dans ce texte.... Croire qu'on peut en si peu de lignes cerner le probleme de notre systeme de santé comme si ce n'était que la faute des travailleurs de ce secteur... de la grosse bull shit propangandiste exactement de la même facon que ce qu'elle dénonce.


Que tu as raison. Que ce texte est réducteur. Un peu plus et tous les morts de la province le seront à cause des méchants syndicaliste!!!!!!!!

Je l'ai déjà dit mais je vais le répéter....à m'énarrrrrve elle.

Publié : dim. janv. 13, 2008 12:13 pm
par Omi
C'est qui au juste les 40% qui ne payent pas d'impôts? Les retraités, les étudiants et les bs?

Publié : dim. janv. 13, 2008 12:23 pm
par Boule à mites
Omi  a écritC'est qui au juste les 40% qui ne payent pas d'impôts? Les retraités, les étudiants et les bs?
Il y a également ceux qui sont malades, invalides, ou dont le revenu annuel est très bas.

(Quoique si je me fie à ce topic , apparemment que c'est avantageux que les salaires soient bas, ce que je trouve assez contradictoire mais bon...)

Publié : ven. janv. 18, 2008 3:23 am
par .anthurium.
La mauvaise foi
Le Journal de Montréal, p. 14 / Nathalie Elgrably, 17 janvier 2008

Depuis le début de la crise immobilière aux États-Unis, les prophètes de l’économie semblent convaincus qu’une récession américaine est imminente, si elle n’a pas déjà débuté. L’économie est d’ailleurs l’un des principaux enjeux électoraux chez l’Oncle Sam. À cela s’ajoutent les journalistes économiques, au comportement moutonnier et aux réactions mimétiques, qui ont perdu leur esprit critique et qui attisent les angoisses en rapportant sans discernement les spéculations les plus pessimistes. Après des mois de distorsions médiatiques au parfum d’apocalypse, il ne faudra donc pas s’étonner si les consommateurs américains affichent une certaine morosité.

Pourtant, les plus récentes statistiques sur l’économie américaine ne permettent aucunement de justifier l’hystérie des oracles de l’économie. Certes, il y a la crise immobilière, mais il serait peut-être temps de la mettre en perspective: les prêts à risque représentent environ 15% du total des prêts, tandis que les clients insolvables constituent 0,6% de ce total. Et même si les prix des maisons ont baissé, ils demeurent nettement supérieurs à ce qu’ils étaient il y a quatre ans. On compare souvent la crise actuelle à la bulle internet de la fin des années 1990. Dans ce cas, soyons rassurés, car l’économie américaine a depuis créé plus de huit millions d’emplois, et a vu sa taille augmenter de presque 20%.

Pour pouvoir déclarer que l’économie est en récession, il faut que le PIB diminue pendant six mois consécutifs. Or, pas un seul mois de déclin n’a encore été enregistré. Le PIB américain a même augmenté de 4,9% au cours du 3e trimestre de 2007, sa meilleure performance depuis 2003. Ce n’est quand même pas mal pour une économie au bord du gouffre!

Quant au taux de chômage, il est passé de 4,7% à 5% le mois dernier. Certes, il accuse une hausse, mais les mêmes analystes qui crient à la catastrophe aujourd’hui oublient qu’un taux de 5% était encore récemment associé au plein-emploi. À cela s’ajoute cette soi-disant débâcle boursière. Non seulement les indices boursiers sont supérieurs à ce qu’ils étaient l’an dernier à pareille date, mais ils affichent une hausse de 80% depuis octobre 2002.

Même si l’économie américaine affiche des soubresauts, elle demeure robuste et a toujours fait preuve d’une remarquable résilience dans l’adversité. Toutefois, un ralentissement de la croissance américaine n’est pas exclu. C’est d’ailleurs ce qui se produit généralement après une période de croissance rapide comme celle enregistrée par nos voisins du sud depuis 2001. Mais affirmer que les États-Unis sont en récession relève carrément de la mauvaise foi.

De toute manière, les prophètes de l’économie ne méritent pas toute l’attention qu’on leur porte. Presque personne n’envisageait l’envol du huard à 1,10$US, ni le baril de pétrole à 100$, ni un taux directeur à 4,25%. Certains avaient même prédit une récession au Canada en 2007! La plupart du temps, les prévisions sont comme les horoscopes… elles ne se réalisent pas, sauf par coïncidence.

Alors, pourquoi faire planer le spectre de la récession? Tout simplement en raison des élections américaines! Comme la situation en Irak se stabilise, une récession serait idéale pour permettre aux candidats de jouer au super héros qui sauvera le pays d’un repli pénible et douloureux. Et puisque la récession n’est pas au rendez-vous, ils créent l’illusion qu’il y en une. À nous de ne pas tomber dans le panneau.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

   

Publié : jeu. janv. 31, 2008 3:20 pm
par .anthurium.
Espèce menacée
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably, 24 janvier 2008
On entend souvent parler des espèces menacées. Leur vulnérabilité nous indigne, et leur extinction imminente nous révolte. Certains consacrent même leur vie à la préservation des espèces en danger. Pourtant, quelque chose de malheureux est en train de se produire sans que personne ne s'en soucie: il s'agit de l'érosion graduelle, mais soutenue de nos libertés!

Tous les aspects de notre vie sont surveillés: on nous dit quoi acheter, quoi manger, quels moyens de déplacement privilégier, quel véhicule conduire, quelles chaînes de télé écouter, on nous impose même la couleur de la margarine. Bref, il y a toujours un fonctionnaire omniscient ou un groupe de pression moralisateur pour nous recommander ou pour nous imposer le «bon» comportement, comme si nous étions incapables de juger par nous-mêmes.

La dernière offensive en règle contre la liberté a été déclenchée par la California Energy Commission (CEC) alors qu'elle a proposé des modifications à sa politique énergétique. Par souci d'«efficacité» énergétique, elle propose que toute résidence qui sera construite ou rénovée soit équipée d'un thermostat contrôlable à distance. Et qui aurait le contrôle de ces nouveaux thermostats? Le propriétaire de la résidence? Pas uniquement! Les thermostats seraient aussi contrôlés par… des organismes gouvernementaux!!!

Si la température d'une chaumière déplaît aux fonctionnaires, ils auraient le pouvoir de la modifier à leur guise. De plus, le thermostat serait conçu de telle sorte que l'occupant du logement ne puisse changer lui-même la température pendant les périodes où les fonctionnaires en prennent le contrôle. La CEC espère en plus faire avaler des couleuvres aux Californiens en affirmant qu'elle ne se servirait de ce nouveau pouvoir qu'en cas d'urgence.

Réduire la consommation d'énergie est un objectif honorable, mais faut-il pour autant abdiquer toute liberté au profit d'un État «bienveillant»? Pourquoi permettre à des fonctionnaires de commander les thermostats alors qu'une simple hausse du prix de l'énergie suffit pour inciter les gens à réviser leurs habitudes de consommation?

Heureusement, le projet de la CEC vient d'être abandonné suite aux réactions négatives de la population! Si un tel projet était accepté, personne ne pourrait dire ce dont l'État serait capable au nom de l'efficacité énergétique ou de toute autre bonne cause. Pourquoi ne contrôlerait-il pas les interrupteurs pour réguler la consommation d'électricité? Et, tant qu'à faire, pourquoi n'éteindrait-il pas à distance toutes les télévisions à 22h afin que la population bénéficie d'une bonne nuit de sommeil, et réduise ainsi les coûts du système de santé?

S'il est vrai qu'un cadre réglementaire est indispensable au bon fonctionnement d'une société, il est également exact d'affirmer qu'une réglementation excessive, opprimante et paternaliste devient une nuisance et une source de frustrations. Alors, comment expliquer que des individus raisonnables et rationnels acceptent volontiers une intrusion tentaculaire de l'État dans leur vie, et sacrifient toujours un peu plus leurs libertés? Comment expliquer que des populations entières préfèrent la contrainte à la liberté, la dépendance à l'autonomie, la soumission à l'affranchissement? Et surtout, comment se fait-il que l'élite intellectuelle, qui se prétend instruite et émancipée, non seulement accepte sans sourciller la multiplication des contraintes, mais en fasse également la promotion?

Même si la proposition de la CEC a été rejetée, ce qui est le plus troublant est de savoir que des fonctionnaires ont sérieusement envisagé d'adopter une pareille mesure. À force de vouloir créer un paradis, ils finiront par nous faire vivre en enfer!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

   

Publié : jeu. janv. 31, 2008 3:21 pm
par .anthurium.
Le cartel du lait
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably, 31 janvier 2008

Le prix minimum du litre de lait a augmenté de 5 cents lundi. Cette hausse a suscité bien peu de réactions, car payer quelques sous de plus n'a pas de quoi éveiller les passions. Or, le fardeau imposé aux consommateurs québécois est bien plus lourd qu'on ne l'imagine.

Selon les estimations de l'Organisation de coopération et de développement économiques, les prix canadiens du lait ont été de deux à trois fois plus élevés depuis 1986 que les prix mondiaux. Depuis 1995, le prix du lait a augmenté de 53%, soit deux fois plus que l'inflation et ce, en dépit d'une réduction de 3,8% des coûts de production.

L'augmentation du prix du lait décrétée lundi est l'œuvre de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, un organisme qui fixe le prix minimum des produits laitiers. Mais si les buveurs de lait paient des prix si élevés, c'est également en raison du système de gestion de l'offre que la Commission canadienne du lait (CCL) impose depuis bientôt 40 ans. En vertu d'un tel système, les producteurs de lait (mais également de volaille et d'œufs) limitent délibérément leur production afin de maintenir les prix artificiellement élevés.

On dénonce souvent le comportement des pays de l'OPEP qui se concertent pour réduire la production de pétrole et faire flamber les prix du brut, mais on reste impassible face au système de gestion de l'offre. Pourtant, ne s'agit-il pas d'un cartel lorsque les producteurs de lait se regroupent pour convenir ensemble de limiter le volume de production et, ainsi, d'augmenter les prix?

Pourquoi donc tant de complaisance envers l'industrie laitière alors que les cartels sont formellement interdits? L'article 45 de la Loi sur la concurrence indique que «quiconque complote, se coalise ou conclut un accord ou un arrangement avec une autre personne» pour réduire ou empêcher la concurrence indûment commet un acte criminel et est passible d'une amende ou d'une peine d'emprisonnement. Pourtant, la CCL contrôle le volume de production, augmente les prix et réduit la concurrence grâce à des tarifs douaniers qui varient de 200% à 300%. La CCL n'est donc rien d'autre qu'un cartel entretenu par des instances gouvernementales. Or, si ce type d'organisation est jugé nuisible et répréhensible lorsqu'il est le produit d'une initiative privée, pourquoi serait-il bénéfique et souhaitable lorsqu'il est orchestré par une société d'État?

Certains défendent le système de gestion de l'offre parce qu'il permettrait d'augmenter le revenu des fermiers. Toutefois, ce système exige que les fermiers respectent des quotas de production. Distribués gratuitement lors de leur mise en place en 1970, ils sont maintenant échangés sur des bourses centralisées si bien que quiconque souhaite opérer une ferme laitière doit débourser près de 28 000$ uniquement pour acheter le droit d'exploiter une vache et d'en vendre le lait. Comme une ferme compte en moyenne 53 vaches, son propriétaire jouit d'un actif d'environ 1,5 million de dollars sans compter la valeur de sa ferme!

En décrétant une augmentation artificielle du prix du lait, l'État impose un fardeau injustifié à des familles à faible revenu, uniquement parce que nos élus ont choisi d'augmenter les recettes de producteurs qui sont, en réalité, bien mieux nantis que les familles et les contribuables qui les aident. Ce n'est pas de la solidarité que d'enlever aux pauvres pour donner aux riches, c'est de l'indécence!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

   

Publié : jeu. févr. 07, 2008 6:12 am
par .anthurium.
Les vaches à lait
Le Journal de Montréal, p. 23 / Nathalie Elgrably, 07 février 2008


Je savais que ma chronique de la semaine dernière sur le cartel du lait allait déplaire aux producteurs laitiers. Toutefois, je n’aurais jamais cru qu’un si petit texte pouvait provoquer une telle montée de lait.

Plusieurs producteurs laitiers m’ont souligné à quel point leur métier est difficile. La pénibilité de la tâche est indiscutable, mais cela rend-il tabou toute remise en question du système de gestion de l’offre (SGO)? Est-ce un sacrilège de dénoncer ses aberrations sous prétexte que les vaches ne prennent jamais congé?

Une lectrice m’a écrit que «notre SGO avantage grandement le consommateur». Marcel Groleau, président de la Fédération des producteurs de lait, a également affirmé que «le modèle canadien favorise une production locale (…) au bénéfice des citoyens (…)». Balivernes! Les Québécois ont supporté une hausse de 15% du prix du lait depuis 2004, ce qui équivaut à deux fois l’inflation. En quoi sont-ils donc avantagés?! Si le lait est véritablement plus cher ailleurs dans le monde, pourquoi les producteurs tiennent-ils absolument à des tarifs douaniers de plus de 200 % pour se protéger de la concurrence étrangère?

Certes, les États-Unis et l’Europe accordent des subventions à leurs producteurs. Mais si ceux-ci souhaitent taxer leurs citoyens pour vendre du lait moins cher aux Canadiens, doit-on vraiment les en empêcher?

Dans sa lettre ouverte, M. Groleau déclarait que j’ai du culot de réclamer une déréglementation au nom des plus pauvres. Mais n’est-il pas effronté d’occulter le fait que les prix gonflés appauvrissent les Québécois et nuisent à toutes les industries qui utilisent du lait ou des fromages comme matières premières? C’est lui qui a du culot pour affirmer que les «producteurs tirent leurs revenus du marché» alors que le SGO, mis en place par l’État, s’apparente à un pouvoir de taxation accordé aux producteurs, ce qui n’est guère mieux que des subventions.

Une lectrice affirme que «les quotas de production de lait favorisent les producteurs». Ils constituent effectivement un actif qui prend de la valeur au fil du temps. En vendant leurs quotas aujourd’hui, certains producteurs laitiers pourraient encaisser environ $1,5 million. Évidemment, celui qui espère exploiter une ferme doit débourser le même montant pour acheter les indispensables quotas, ce qui décourage nettement la relève. Or, acheter un quota, c’est acheter le droit de produire et de vendre du lait. N’est-il pas absurde de dépenser $1,5 million uniquement pour obtenir l’autorisation de produire du lait? En quoi le fait d’obliger les nouveaux producteurs à acheter à grands frais un actif non productif est-il avantageux?

On peut employer des expressions aseptisées comme «système de gestion de l’offre», on peut vanter les vertus d’un tel système et partir en croisade contre quiconque le remet en question, mais personne ne pourra changer la réalité: il existe bel et bien un cartel du lait au Québec, les prix sont artificiellement gonflés, les quotas avantagent les producteurs existants, et ce sont les consommateurs qui en font les frais!

À en juger par les violentes réactions qu’a suscitées ma chronique de la semaine dernière, on peut comprendre pourquoi les politiciens n’osent jamais douter de la pertinence du SGO. En tant que consommateurs, nous sommes impuissants face au puissant lobby des producteurs laitiers. Mais de grâce, qu’on ne tente pas de nous faire croire que le SGO nous avantage alors que nous en sommes les véritables vaches à lait!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.


Publié : sam. févr. 16, 2008 3:32 am
par .anthurium.
Quelle autre vision?
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably, 14 février 2008


Depuis samedi, on entend parler d’un texte intitulé «Pour une autre vision de l’économie» publié dans Le Devoir et disponible sur le web.

Tout au long des 14 pages de l’essai, les auteurs font le procès de la liberté économique et déclarent vouloir «inventer l’avenir autrement». Ils veulent «repenser l’économie» et offrir une solution de rechange à la pensée libérale. Soit! Mais quelle est donc cette solution de rechange qu’ils proposent? Le texte est nébuleux à ce sujet. Les auteurs tiennent un discours à mots couverts et n’osent pas exprimer clairement leur position. Or, quand on choisit de se commettre publiquement, il faut avoir le courage de ses opinions et les assumer jusqu’au bout.

Ce que les auteurs du document omettent de préciser, c’est qu’une société n’a le choix qu’entre deux options: la liberté économique ou l’étatisme. Quand on préconise une extension du rôle de l’État, on réduit automatiquement les libertés individuelles, et vice versa. C’est le principe des vases communicants. «L’autre vision de l’économie», celle que les auteurs réclament, ne peut donc être qu’une vision empreinte de dirigisme économique.

Évidemment, libre à eux d’espérer davantage d’interventionnisme, mais pourquoi n’expriment-ils pas leur souhait ouvertement et sans retenue? Et surtout, pourquoi cette haine viscérale de la liberté économique?

Une économie libre n’implique ni la loi de la jungle, ni le cautionnement d’un système sans foi ni loi qui permet le banditisme, ni le chaos. La liberté économique signifie simplement que les individus peuvent prendre eux-mêmes les décisions qui les concernent tout en étant protégés par la primauté du droit et un système judiciaire fiable qui assure, entre autres, le respect de la propriété privée.

Ne nous y méprenons pas, malgré un emballage aseptisé, le document qui circule n’est qu’un plaidoyer en faveur du socialisme. Évidemment, vu l’échec retentissant essuyé par les économies planifiées, les auteurs n’osent pas afficher franchement leurs couleurs. Or, prétendre avoir une «autre vision de l’économie» sans la nommer explicitement, c’est de la lâcheté!

Les auteurs rétorqueront certainement qu’il suffit d’améliorer notre approche pour éviter les échecs des économies planifiées. Méfions-nous d’un tel discours. C’est le même que celui que tenait Hugo Chavez lorsqu’il promettait aux Vénézuéliens le «socialisme de XXIe siècle». Il entretenait, lui aussi, une «autre vision de l’économie».

Aujourd’hui, le Venezuela doit composer avec des pénuries de produits de base. Depuis des mois, les habitants ne trouvent pratiquement plus de lait, d’oeufs, d’huile, de farine, de sucre, de maïs, de poulet… Ils manquent également de médicaments, de pièces d’autos, de produits d’hygiène personnelle, y compris de papier hygiénique! Même la production de pétrole a sensiblement diminué. Et, pour couronner le tout, le pays a enregistré un taux d’inflation de 22,5% en 2007.

Hugo Chavez voulait un socialisme «nouveau et amélioré»; il a obtenu un bilan économique désastreux. Il a cru en l’étatisme version XXIe siècle; il a complètement détraqué son économie. Il s’est donné pour mission d’aider les plus démunis; ils sont maintenant contraints de parcourir des kilomètres dans l’espoir de trouver du lait pour leurs enfants!

Les vendeurs de rêves ont toujours existé et savent adapter leur discours pour mieux séduire. Mais avant d’endosser leur vision de l’économie et de céder des libertés au non d’un étatisme bienveillant, il faut exiger qu’ils prouvent leurs prétentions à l’aide d’exemples réels. S’ils en sont incapables, c’est que leurs beaux discours ne sont que du vent!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

Publié : sam. févr. 23, 2008 5:54 am
par .anthurium.
Un régime qui ne marche pas
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably, 21 février 2008

 
Le très redouté rapport Castonguay sur le financement de la santé a finalement été rendu public mardi. Depuis, les réactions négatives déferlent et nombreux sont ceux qui voient en ce rapport une tentative d’assassinat du système public.

Certes, les auteurs recommandent d’autoriser les médecins à pratiquer à la fois dans les secteurs public et privé, de permettre le recours à l’assurance privée pour tous les services, et d’octroyer davantage d’autonomie aux établissements de soins. Cela constitue une brèche dans le monopole étatique qui aurait été inimaginable il y a à peine trois ans.

Mais outre ces quelques concessions, les défenseurs du régime public devraient pousser un réel soupir de soulagement, car l’essentiel des recommandations vise à entretenir le système actuel. Entre autres, le rapport propose la création d’un programme pour évaluer la performance des établissements, la mise sur pied d’un Institut national d’excellence en santé, et l’instauration d’un Fonds de stabilisation. Des gens souffrent sur les listes d’attentes, et on nous propose d’alourdir la bureaucratie! Le système actuel est délabré, et on nous recommande de le travestir pour mieux cacher ses lacunes! Pire encore, certains applaudissent ces propositions.

Le rapport Castonguay nous sert la même rengaine que celle qu’on entend depuis plus de 20 ans, à savoir qu’il suffit d’injecter des fonds dans le régime public et d’apporter de légers correctifs pour qu’il fonctionne. Nous y avons longtemps cru, mais en dépit de l’explosion des sommes allouées à la santé, le système stagne et les listes d’attentes s’allongent. Le régime a été revu et corrigé maintes fois sans succès. Qu’attendons-nous donc pour réaliser que le régime public est un panier percé, et que l'injection de fonds supplémentaires n'accroît pas son efficacité? Quand allons-nous comprendre qu’un monopole est nécessairement inefficace, qu’il soit privé ou public?

Les commissaires proposent d’exiger des patients une contribution monétaire qui prendrait la forme d’un ticket modérateur, d’augmenter la TVQ et de dédier le montant ainsi obtenu à la santé. Or, le budget de la santé a pratiquement doublé en 10 ans. Aujourd’hui, sur chaque dollar payé en impôt au Québec, presque 40 cents servent à alimenter l’appétit insatiable du régime public. Pour un régime «gratuit», il commence à coûter plutôt cher. Les Québécois paient déjà suffisamment pour le système actuel, et n’en ont pas pour leur argent. Et on nous demande de payer plus avec la promesse qu’il s’améliorera?! Le régime public a été incapable de se réformer malgré les sommes colossales qui lui ont été allouées par le passé. Pourquoi en serait-il autrement cette fois-ci?

Les commissaires ont réalisé un travail colossal, mais leur rapport ressemble à une opération de sauvetage. Or, ce n’est pas le système qu’il faut secourir, ce sont les malades! Il ne faut donc pas se contenter de changements riquiqui ou de «déplacer les meubles» à l’intérieur d’un régime inefficace en espérant que les choses s’améliorent. Le système public a eu 40 ans pour faire ses preuves, il faut maintenant avoir le courage d’effectuer un virage à 180 degrés!

Et si le virage implique plus d’ouverture au secteur privé, pourquoi y être si réfractaire? Ne sommes-nous pas reçus avec diligence chez le dentiste, l’optométriste ou le chiropraticien? Ne disposent-ils pas d’équipements à la fine pointe? On peut obtenir une chirurgie de la cataracte en une semaine dans une clinique privée, ou patienter six mois pour subir la même intervention dans un hôpital. Trouvez l’erreur!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

      © 2008 IEDM |


Publié : jeu. févr. 28, 2008 5:26 am
par .anthurium.
Les allumeurs de réverbères
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 28 février 2008


Au XIXe siècle, les villes employaient des gens pour allumer les réverbères des voies publiques à la tombée de la nuit, et les éteindre à l'aube. On les appelait les allumeurs de réverbères. Ils étaient alors indispensables, car les lampadaires qui fonctionnaient au pétrole ou au gaz ne pouvaient s'allumer sans la main de l'Homme.

Mais la tranquillité des allumeurs de réverbères fut ébranlée en 1879 lorsque l'inventeur américain Thomas Edison mit au point l'ampoule électrique. Rapidement, des lampadaires modernes remplacèrent les antiques réverbères et les allumeurs durent accepter que leur époque fût révolue.

Aurait-il fallu résister à l'avènement de l'ampoule pour préserver les emplois des allumeurs de réverbères? Évidemment que non! Si les gouvernements d'alors s'étaient attachés à préserver le gagne-pain des allumeurs, les réverbères feraient encore partie de notre paysage. De toute manière, de nouveaux emplois furent créés, car il fallait changer les ampoules, entretenir les armoires électriques...

Les premiers ministres du Québec et de l'Ontario, Jean Charest et Dalton McGuinty, ont pressé le gouvernement Harper d'aider davantage les manufacturiers canadiens. Stéphane Dion déclarait récemment que le secteur manufacturier mérite d'être soutenu et qu'il relève de la responsabilité du gouvernement d'empêcher les pertes d'emplois. On a également vertement reproché à Jim Flaherty, ministre des Finances à Ottawa, de ne pas se battre pour sauver cette industrie.

Pourquoi le ferait-il? Les statistiques sur le marché du travail montrent que les pertes d'emplois dans le secteur manufacturier sont largement compensées par les emplois créés dans d'autres industries, en particulier dans le secteur des services. Bien sûr, il est nécessaire d'aider les travailleurs affectés par ces suppressions à effectuer rapidement la transition vers les secteurs en expansion. Mais pourquoi devrions-nous injecter des milliards pour sauver l'industrie manufacturière en particulier? Et pourquoi les travailleurs et les entreprises de cette industrie bénéficieraient-ils d'un traitement de faveur alors que nous restons impassibles quand des emplois sont perdus dans d'autres secteurs de l'économie? Les emplois manufacturiers seraient-ils supérieurs à ceux des autres industries?

C'est une thèse populaire, mais elle est carrément fausse. Certes, le secteur des services offre des McJobs et des emplois rémunérés au salaire minimum dans le commerce de détail et dans l'hôtellerie. Or, non seulement ne représentent-ils que le quart de tous les emplois du secteur tertiaire, mais ils sont généralement occupés par des jeunes qui en sont à leur première expérience de travail et qui voient leur sort s'améliorer assez rapidement.

En revanche, les trois quarts des travailleurs du secteur tertiaire œuvrent dans divers domaines comme l'immobilier, les loisirs, la santé, l'éducation, la finance, la gestion et l'administration, les services informatiques, les services aux entreprises… Qui plus est, la moitié des travailleurs du secteur tertiaire obtiennent une rémunération supérieure à la moyenne québécoise. Alors pourquoi nous accrocherions-nous aux emplois manufacturiers? Préférons-nous que nos enfants travaillent plus tard dans des usines plutôt que dans des bureaux?

Les travailleurs du secteur manufacturier sont les allumeurs de réverbères contemporains. Il faut admettre que l'époque glorieuse de cette industrie soit révolue. Plutôt que de gaspiller nos énergies à tenter d'éviter l'inévitable, il faut plutôt trouver les moyens de s'adapter à la nouvelle donne internationale. Le monde change, les emplois aussi!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

Publié : jeu. mars 06, 2008 8:03 am
par .anthurium.
Aider intelligemment
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 06 mars 2008


La ministre des Finances, Mme Monique Jérôme-Forget, déposera son deuxième budget jeudi prochain.

Évidemment, aider le secteur manufacturier des régions ressources est l'une des priorités de l'heure. Et comme tous les partis se sont dits déçus du plan d'aide «très timide» du fédéral, on envisage certainement de délier les cordons de la bourse pour se lancer à la rescousse des régions.

Les intentions sont louables, mais il faut se méfier des mesures qu'on pourrait adopter. L'expérience nous a prouvé que subventionner les entreprises en difficulté ou offrir un crédit d'impôt remboursable de 30% sur la croissance de la masse salariale sont des moyens inefficaces, voire tout simplement contre-productifs. D'ailleurs, comment oublier le fiasco de l'usine Gaspésia qui a coûté près de 300 millions $ aux contribuables québécois, et les 1 700 programmes d'aide et de subventions aux entreprises dont les effets tardent à se manifester?

Identifier la cause

Pour régler définitivement un problème, il faut avoir le courage d'identifier sa cause. Si les régions ressources éprouvent des difficultés, ce n'est ni en raison de subventions insuffisantes, ni parce que le crédit de 30% sur la croissance des salaires est trop maigre. C'est parce que leur productivité est trop faible!

À cet égard, les observations du Rapport Gagné sur les aides fiscales aux régions ressources sont fort éclairantes. En l'occurrence, il a montré que la productivité du secteur manufacturier dans les régions ressources s'est accrue d'à peine 0,2% de 1998 à 2005. Oui, 0,2%!!! Cette performance est lamentable, surtout quand on sait que celle du secteur manufacturier québécois dans son ensemble a augmenté de 2,5%, et celle des régions urbaines, de 3,5%.

Alléger le fardeau fiscal

La productivité permet la création de richesse et constitue l'un des principaux moteurs de croissance d'une société. Il est donc utopique d'espérer progresser sans l'améliorer. Or, pour augmenter la productivité des travailleurs, il est primordial que (1) les entreprises aient accès à de la machinerie et à des équipements de pointe, et que (2) les travailleurs reçoivent la formation appropriée. Et comme la détresse des régions ressources est grande, il est urgent d'encourager l'investissement de manière notable, et de former adéquatement les travailleurs.

Ainsi, pour aider intelligemment les entreprises des régions ressources, comme celles de partout d'ailleurs, il serait souhaitable d'alléger leur fardeau fiscal afin de leur donner la marge de manoeuvre pour investir. Mais une telle mesure a peu de chances de voir le jour, car les politiciens aiment privilégier ce qui est politiquement rentable au détriment de ce qui est économiquement bénéfique. Par conséquent, on devrait au moins s'inspirer du rapport Gagné et remplacer l'actuel crédit d'impôt à la masse salariale par un crédit d'impôt à l'investissement. Idéalement, on devrait également encourager la formation des travailleurs. Les partis de l'Assemblée nationale peuvent offrir aux régions ressources l'occasion de s'en sortir. Espérons qu'ils auront le leadership nécessaire pour entreprendre le virage qui s'impose!

Et vu les vertus du crédit d'impôt à l'investissement, pourquoi le réserverions-nous uniquement au secteur manufacturier des régions éloignées? Toutes régions confondues, la productivité des travailleurs québécois est inférieure à celle des travailleurs canadiens et américains. Alors, pourquoi ne pas étendre le «privilège» à l'ensemble des entreprises québécoises et ainsi les aider à devenir des acteurs redoutables sur la scène internationale? Pouvons-nous réellement nous permettre de ne pas mettre toutes les chances de notre côté?

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

Publié : mer. mars 19, 2008 7:37 am
par .anthurium.
Trompeuse et impardonnable
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably, 13 mars 2008



La Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM a dévoilé la semaine dernière les résultats d'une recherche sur les impôts payés par les entreprises canadiennes.

Pour ses auteurs, il faut revoir la fiscalité des entreprises, car 45% des 200 plus grandes sociétés ouvertes canadiennes ont payé moins de 20% d'impôts sur leurs profits en 2005.

Alors que le Canada compte plus de 3000 entreprises qui emploient plus de 500 travailleurs, l'étude ne retient que 200 d'entre elles, soit à peine 6,6% des grandes entreprises. C'est plutôt maigre!

Et comme il existe au total plus de 2 millions d'entreprises au Canada, dont 59% comptent moins de 5 employés, l'échantillon microscopique qui sert de base à l'étude est nettement insuffisant pour tirer la moindre conclusion sur l'ensemble de la fiscalité corporative.

Pourtant, les statistiques exhaustives abondent et les auteurs devraient au minimum se référer au document intitulé Statistiques fiscales des sociétés et publié par le ministère des Finances du Québec.

Impôt minime

L'étude dénonce le fait que des entreprises qui ont enregistré des profits n'aient payé qu'un impôt minime, sinon nul. Elle omet toutefois de préciser que cela se produit quand (1) une entreprise déduit de ses profits des pertes antérieures, une pratique admise par les lois fiscales du monde entier; ou quand (2) les bénéfices proviennent de dividendes reçus d'une autre entreprise dont les profits ont déjà été imposés.

Charges sous silence

Mais surtout, l'étude est trompeuse car elle ne recense que l'impôt sur les bénéfices et passe sous silence la taxe sur le capital, les diverses taxes d'affaires, les taxes de mutation, la taxe sur la formation professionnelle, les droits associés à l'émission de divers permis, les charges sociales au titre de l'assurance-emploi, des régimes de retraite publics, des commissions des normes du travail, et des caisses de santé et de sécurité au travail, sans oublier les droits de douane.

Cette omission est impardonnable dans la mesure où ces charges, qui ont considérablement augmenté au cours des 40 dernières années, accroissent nettement la contribution de l'employeur.

La Chaire d'études socio-économiques suggère également de taxer davantage les entreprises pour les obliger à payer leur «juste» part.

L'idée est attrayante, mais elle repose sur une erreur grossière qui consiste à considérer les entreprises comme des entités autonomes et indépendantes des êtres humains. Or, une entreprise ne peut exister qu'à travers les individus qui la possèdent, ceux qui y travaillent ou encore ceux qui achètent ses produits.

Par conséquent, alourdir le fardeau fiscal des entreprises entraîne automatiquement l'une des conséquences suivantes: (1) les propriétaires reçoivent moins de dividendes sur leurs actions, auquel cas l'impôt corporatif se travestit en impôt sur les dividendes; (2) les travailleurs obtiennent des augmentations de salaire moins élevées, ce qui signifie que l'impôt corporatif est l'équivalent d'un impôt sur le revenu; ou (3) l'entreprise augmente le prix de vente de ses produits ou services, ce qui veut dire que l'impôt corporatif prend la forme d'une taxe de vente.

Ce sont donc toujours les individus qui paient l'impôt et il est, au mieux naïf, au pire tendancieux, de suggérer le contraire. La Chaire d'études socioéconomiques a le mérite de relancer le débat sur la fiscalité des entreprises.

Dommage qu'elle nous propose une étude qui fait abstraction des notions les plus élémentaires en matière de fiscalité corporative!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

      © 2008 IEDM | --Message edité par .anthurium. le 2008-03-19 13:44:20--

Publié : mar. mars 25, 2008 12:15 pm
par .anthurium.
Une devise qui en dit long
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 20 mars 2008

Il est devenu fréquent d'entendre les Québécois jalouser les Albertains. On peut comprendre pourquoi.

L'Alberta ne recueille pas de taxe de vente, applique un impôt à taux unique de 10% sur tout revenu à partir de 15 435$, n'a pas de dette, entretient ses infrastructures, enregistre une croissance moyenne de 4,3% par année depuis 10 ans et affiche un taux de chômage enviable de 3,2%. Non seulement l'Alberta est-elle de loin la province canadienne la plus riche avec un revenu par habitant d'environ 70 000$, pratiquement le double du revenu des Québécois, mais, elle serait la 2e économie la plus riche au monde, après le Luxembourg, si elle était un pays.

Au Québec, par contre, le fardeau fiscal est parmi les plus lourds en Amérique du Nord, chaque citoyen doit supporter une dette provinciale d'environ 16 000$, le taux de chômage atteint 7%, la croissance gravite toujours autour d'un maigre 2%, la pauvreté continue d'affliger de 10 à 12% des Québécois et, pour couronner le tout, le niveau de vie du Québec arrive au 54e rang des 60 entités économiques nord-américaines. On peut bien se bercer d'illusions en se comparant fièrement à la moyenne des pays de l'OCDE, la réalité est simple: le Québec est pauvre!

Évidemment, on aime bien attribuer la richesse de l'Alberta au pétrole et la pauvreté du Québec à un mauvais tour du destin. On oublie alors que nous avons l'hydroélectricité, une richesse aussi considérable que le pétrole albertain, sinon plus.

Il est incontestable que le pétrole contribue à la prospérité de l'Alberta, mais à lui seul il n'explique pas tout. La Suisse, le Japon, le Luxembourg et Hong Kong ne disposent ni de pétrole ni de ressources naturelles, pourtant ils sont parmi les plus riches au monde. En revanche, le Niger a vu son niveau de vie diminuer de moitié au cours des quarante dernières années en dépit de la présence abondante d'énergie fossile.

Pour comprendre le succès de l'Alberta, il est intéressant de noter que sa devise est «Fortis et Liber», ce qui signifie «Forte et Libre». Et il faut surtout noter qu'elle est devenue un mode de vie pour les Albertains qui ont construit la 2e économie la plus libre de toute l'Amérique du Nord. Cette province met en évidence un phénomène que les preuves empiriques ne cessent de démontrer, mais que plusieurs refusent obstinément d'accepter, à savoir que les économies libres sont plus prospères que celles où l'État s'ingère dans la société civile. Que cela plaise ou non, si l'Alberta est si riche, c'est essentiellement parce que les gens y sont plus libres de faire leurs propres choix et de prendre leurs propres décisions.

La devise du Québec, «Je me souviens», peut également servir à comprendre notre pauvreté relative. Certes, il est honorable de garder en mémoire son histoire et ses racines. Or, certains interprètent cette devise comme une invitation à vivre dans le passé et continuent à idéaliser un État-nounou qui nous prend en charge du berceau au tombeau. Malheureusement, la poursuite de cet idéal nous a valu tant d'ingérence de l'État que le Québec est aujourd'hui la 2e économie la moins libre d'Amérique du Nord avec les conséquences que nous connaissons! Peut-être faudrait-il repenser notre devise. Pourquoi pas «Je me souviens… des erreurs du passé et je ne les répéterai pas»?

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

   

Publié : jeu. mars 27, 2008 8:31 am
par .anthurium.
Le sirop de la colère
Le Journal de Montréal, p. 25 / Nathalie Elgrably, 27 mars 2008

Qu’on ait lu l’oeuvre grandiose de John Steinbeck, Les raisins de la colère, ou qu’on ait vu son adaptation cinématographique, nous avons tous été émus par l’histoire de cette famille de paysans qui voit son rêve californien transformé en une prison à ciel ouvert.

L’histoire relate certes une autre époque et d’autres moeurs, mais il existe encore au Québec des paysans traqués, exploités et vivant sous le joug d’une organisation tyrannique qui s’évertue à limiter leur liberté entrepreneuriale tout en tentant de les convaincre qu’elle agit dans leur intérêt.

Ces paysans sont les producteurs de sirop d’érable, et cette organisation est la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ).

Alors que la saison des sucres fait le bonheur des Québécois, on ignore souvent les dessous de cette industrie que la FPAQ a complètement soviétisée en lui imposant un plan conjoint et des contingents. Ainsi, la FPAQ dicte aux producteurs la quantité maximale de sirop d’érable qu’ils sont en droit de produire. Elle oblige également tous les acériculteurs qui produisent en vrac ou en barils à lui vendre la totalité de leur précieux nectar au prix qu’elle voudra bien leur offrir. Et, évidemment, tous les acériculteurs doivent contribuer au financement de la FPAQ, qu’ils approuvent ou non l’organisme.

Il n’y a pas si longtemps, les acériculteurs étaient des entrepreneurs libres. Aujourd’hui, la FPAQ veut faire d’eux des pions dans un régime collectiviste digne de celui de l‘URSS des années 1930. En fait, le système est simple: les producteurs suent au travail, et les «bonzes» de la FPAQ commandent. C’est le principe du «tu travailles, je décide». Et gare à celui qui désobéirait en produisant trop, en tentant de vendre lui-même sa production sans passer par la Fédération, ou en faisant preuve d’initiative ou d’esprit d’entreprise! Un tel outrage à la FPAQ le rend passible de poursuites et d’amendes si importantes qu’il pourrait être acculé à la faillite.

Il ne s’agit nullement de remettre en question l’existence de la FPAQ, car il est tout à fait légitime que des producteurs souhaitent se regrouper. Il est même indispensable qu’ils puissent le faire en toute liberté. Après tout, les chartes de droits et libertés protègent explicitement le droit d’association. Toutefois, ne faudrait-il pas également tenir compte de son corollaire, à savoir le droit de non-association, afin de respecter la liberté de chacun de se tenir à l’écart d’individus ou d’organisations dont on désapprouve les agissements?

Or, les acériculteurs ne peuvent se soustraire ni à la FPAQ ni à ses décrets. De quel droit prend-elle donc les décisions qui devraient revenir à l’entrepreneur agricole, et à lui seul? Les jugerait-elle inaptes à discerner ce qui est bon pour eux de ce qui ne l’est pas? Insinuerait-elle que les acériculteurs manquent de jugement? Et si le système dirigé par la FPAQ est réellement à l’avantage des acériculteurs, pourquoi faut-il que l’adhésion soit obligatoire et sans appel?

Le sirop d’érable québécois représente 80% de la production mondiale et génère environ 200 millions $ de ventes. Or, les contraintes imposées par la FPAQ démotivent les acériculteurs et risquent d’inciter certains à quitter l’industrie. Il est donc important de redonner aux acériculteurs la liberté d’exploiter leur érablière comme ils le jugent approprié. Sans quoi, nous ne récolterons que… le sirop de la colère!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques

Publié : sam. avr. 05, 2008 4:33 am
par .anthurium.
La tarte aux merveilles
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 03 avril 2008

Les consommateurs canadiens sont bien protégés contre la publicité trompeuse.

La Loi sur la concurrence et la Loi sur l'emballage et l'étiquetage sont formelles: iI est illégal de fournir des indications trompeuses, et l'étiquette d'un produit doit indiquer des renseignements exacts et suffisamment explicites pour permettre aux consommateurs de prendre des décisions éclairées. Très bien!

Mais que faire lorsque nos entités gouvernementales omettent des informations importantes? C'est pourtant ce que fait Revenu Québec avec La tarte aux merveilles, un conte destiné aux jeunes de 10 à 12 ans.

Sous prétexte d'initier les jeunes au paiement des taxes et impôts, le conte présente la fiscalité comme une intervention non seulement bénéfique, mais pratiquement divine. Sur un ton enthousiaste et paternaliste, le texte compare les impôts à un panier de fraises que chaque citoyen apporte à l'État et qui sert à produire une énorme tarte dont tout le monde profitera.

Évidemment, le conte reste muet sur le fait que les fraises ne finissent pas toujours dans la merveilleuse tarte, que certaines sont outrageusement gaspillées, que la tarte n'est pas toujours fraîche, que même ceux qui n'aiment pas les fraises doivent en manger, et que ceux chargés de préparer la tarte sont parfois de bien mauvais pâtissiers.

Il faut plus qu'un conte puéril pour éduquer des jeunes. Il faut des faits! Pourquoi donc ne pas informer les jeunes que leur famille a payé en 2005 en moyenne 5 732 $ d'impôts et de taxes de plus qu'une famille ontarienne, ce qui explique pourquoi leurs parents n'ont pas les moyens de leur offrir le voyage à Disneyland dont ils rêvent.

Et quand l'enfant demande pourquoi papa a renoncé à créer sa petite entreprise, on pourrait citer l'écrivain français George Duhamel qui expliquait qu'«une fiscalité oppressive freine pêle-mêle toutes les ambitions individuelles».

Extravagances
On pourrait aussi raconter aux jeunes comment les gouvernements ont dilapidé des dizaines de millions de dollars en 2007 en commandant des rapports et des commissions d'enquête qui, au mieux, seront lus en diagonale.

Ils seront également curieux de savoir pourquoi les Montréalais endommagent leur voiture en roulant sur d'énormes nids-de-poule pendant que l'administration Tremblay prévoit dépenser deux millions de dollars pour restaurer et éclairer la croix du mont Royal.

Ou encore pourquoi le gouvernement fédéral va dépenser 240 000 $ pour étudier la possibilité de se lancer dans l'exploitation minière... de la lune! Et pourquoi pas un conte sur les extravagantes dépenses de Lise Thibault, ancienne lieutenant-gouverneur du Québec, ou sur le fiasco de l'usine Gaspésia? On trouve les mots pour parler aux jeunes de la mort ou des MTS. On peut donc certainement aborder la question des impôts de manière honnête!

Or, le conte que propose Revenu Québec n'est ni instructif ni divertissant. Il cherche plutôt à endoctriner les jeunes pour en faire des contribuables dociles qui paieront leurs impôts sans jamais chercher à comprendre ni la manière dont l'État en dispose ni les effets pervers qu'occasionne une fiscalité étouffante.

Au lieu de renseigner correctement les jeunes, de développer leur esprit critique et de les pousser à poser les questions pertinentes, on en fait de gentils moutons qui suivront aveuglément leur berger.

Nous demandons aux entreprises de ne rien nous cacher. Peut-être devrions-nous en exiger autant de ceux qui nous gouvernent, surtout quand ils s'adressent à nos enfants!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

   

Publié : sam. avr. 12, 2008 2:27 pm
par .anthurium.
L'arnaque écologique
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 10 avril 2008

L'éthanol a longtemps été considéré comme une panacée. Or, nous savons maintenant qu'il n'en est rien. Il occasionne un déficit énergétique, procure un rendement jusqu'à 30% inférieur à celui de l'essence, favorise la déforestation et risque de créer des pénuries d'eau. S'il est vrai que l'éthanol permet de réduire les rejets de dioxyde de carbone, il dégage néanmoins d'autres polluants comme le dioxyde d'azote. Mais surtout, la production d'éthanol pourrait causer une crise alimentaire mondiale. Comme il faut 450 livres de maïs pour produire l'éthanol nécessaire au remplissage du réservoir d'un VUS, le prix du maïs a augmenté et atteint maintenant des sommets, ce qui incite les agriculteurs à remplacer leur culture par celle du maïs destiné aux usines d'éthanol, et provoque une flambée du prix des aliments.

Les gouvernements voulaient alimenter les véhicules à bon compte, mais ils ont oublié qu'il faut d'abord nourrir les gens. Ils voulaient sauver l'environnement, mais ils contribuent maintenant à sa dégradation. Malgré tout, les États-Unis, la Commission européenne, et même le gouvernement québécois continuent de stimuler artificiellement le marché de l'éthanol en rendant obligatoire son utilisation ou en subventionnant généreusement sa production.

L'éthanol n'est-il pas une tromperie monumentale? Mais on ne s'arrête pas là. Maintenant, on nous vante les mérites des ampoules fluocompactes. Hydro-Québec et David Suzuki martèlent qu'elles consomment 75% moins d'énergie et durent 10 fois plus longtemps que les ampoules à incandescence, tandis qu'Ottawa entend rendre leur utilisation obligatoire d'ici 2012.

Évidemment, on escamote le fait que les fluocompactes n'ont pas les mêmes vertus calorifiques que les ampoules traditionnelles, et qu'elles pourraient même engendrer une augmentation des rejets de GES.

Mais, surtout, on se garde de préciser que ces «petites merveilles» contiennent cinq milligrammes de mercure, un métal lourd si dangereux pour la santé et pour la nature qu'on l'a inscrit en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement sur la liste des substances toxiques dont on vise la quasi-élimination. Plusieurs pays ont même carrément interdit les thermomètres au mercure.

Les fluocompactes ne doivent donc pas être jetées aux poubelles. Des entreprises spécialisées doivent les traiter comme des produits dangereux. Mais surtout, il faut éviter de les briser, car il faudrait décontaminer l'endroit de l'incident. Et le procédé est laborieux! Selon l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA), on ne doit jamais aspirer les débris avec un aspirateur, car on ne ferait qu'augmenter le niveau de contamination. Il faut aérer la pièce, diminuer la température, porter des lunettes, une combinaison et un masque. Ensuite, il faut rassembler les débris dans un contenant hermétique, appliquer sur la zone le côté collant d'un ruban adhésif, apporter le contenant hermétique dans un endroit où l'on traite les déchets toxiques, etc.

Nous devons, certes, économiser l'énergie. Mais faut-il pour autant risquer notre santé en introduisant dans nos demeures des ampoules potentiellement toxiques? N'est-il pas absurde de vouloir sauver la planète en augmentant l'utilisation d'un produit hautement dangereux? Et ne devrions-nous pas être correctement avisés des dangers que peut occasionner le bris des fluocompactes et des moyens à prendre dans une telle éventualité?

Si Ottawa voulait vraiment défendre l'environnement et protéger les Canadiens, il les informerait des risques pour que nous puissions prendre des décisions éclairées et ne bannirait pas les ampoules incandescentes. Au lieu de cela, on nous fait croire que les fluocompactes constituent l'éclairage de l'avenir. Quelle arnaque!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

      © 2008 IEDM |


Publié : jeu. avr. 17, 2008 6:34 am
par .anthurium.
Un oubli inquiétant
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 17 avril 2008
 
Le rapport sur la tarification des services publics, présidé par l'économiste Claude Montmarquette, a été déposé jeudi dernier. Les auteurs recommandent de privilégier le principe de l'utilisateur-payeur, notamment pour financer l'éducation, les garderies, le réseau routier et l'approvisionnement en eau potable. Ils proposent également d'augmenter les tarifs d'électricité de manière à rejoindre la moyenne canadienne.

Le rapport a le mérite de présenter une vision réaliste du coût des services publics, de remettre en question «la culture de la gratuité» et de souligner les vertus de la tarification et de la responsabilité individuelle. Faire payer les utilisateurs permet effectivement de rationaliser leurs comportements, de réduire le gaspillage et de protéger l'environnement tout en générant le financement nécessaire pour offrir des services de qualité.

La logique de l'utilisateur-payeur est incontestable. Mais les auteurs proposent la tarification sans exclure la possibilité qu'elle fournisse à l'État des revenus supplémentaires. Leur réflexion semble d'ailleurs partir du principe que les revenus de Québec sont insuffisants. Or, cette prémisse est fausse! Les revenus de l'État ont augmenté d'environ 55% depuis une décennie, et le Québec dépense plus par habitant que toutes les autres provinces, à l'exception de Terre-Neuve-et- Labrador.

Évidemment, chaque fois que nous soulignons le fait que le contribuable québécois est parmi les plus taxés du continent, on nous rappelle que nos impôts permettent à l'État de fournir gratuitement, ou presque, tous les services publics si chers aux Québécois. Le contribuable québécois paie donc déjà pour les services publics. Il paie même très cher!

Des services de piètre qualité

Toutefois, s'il n'en a pas pour ses impôts, c'est que son argent est mal géré, voire carrément gaspillé. Par exemple, comment expliquer l'état de notre réseau routier quand le ministère des Transports du Québec emploie 5000 personnes et dispose d'un budget d'environ 2 milliards de dollars? Nous avons dépensé des millions pour que la commission Johnson identifie les structures dangereuses. Pourquoi les ingénieurs du MTQ n'ont-ils rien vu avant?

Il faut se rendre à l'évidence: on nous impose lourdement pour nous offrir en échange des services de piètre qualité. Maintenant, le rapport Montmarquette propose de garnir davantage les coffres de l'État grâce à la tarification. On nous demande donc de payer deux fois. Une première fois pour financer la lenteur et l'inefficacité de l'appareil bureaucratique, et une seconde pour finalement obtenir les services publics. C'est absurde!

Si on applique le principe de l'utilisateurpayeur, rien ne peut plus justifier l'ampleur des impôts que nous payons, et il devient impératif de soulager le contribuable. Malheureusement, le rapport Montmarquette reste muet sur le sujet.

Pourtant, le groupe de travail devait bien se douter que s'il est non seulement défendable, mais carrément souhaitable de remplacer le mode de financement actuel par une tarification plus efficace, il est également inacceptable de recourir à la tarification pour augmenter les sources de financement de l'État.

Mais qu'importe! Comme tous les autres rapports récemment commandés par notre bienveillant gouvernement, celui de Claude Montmarquette ramasse probablement déjà la poussière sur une tablette. À quoi sert donc ce cirque politique?

Pourtant, personne n'est dupe. Nous avons tous compris que notre gouvernement se réfugie derrière une avalanche de rapports pour donner l'impression de prendre en charge les problèmes de l'heure, alors qu'en réalité il craint de prendre les décisions qui s'imposent. Or, commander des rapports, ce n'est pas gouverner! Comme le chantait Elvis: «A little less conversation, a little more action please»!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.


Publié : jeu. avr. 24, 2008 2:36 pm
par .anthurium.
Punir la réussite
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably-Lévy, 24 avril 2008

La campagne présidentielle américaine ne me fascine pas particulièrement. Elle m’apparaît interminable et redondante. Mais les candidats y vont quelques fois de déclarations si absurdes qu’on pourrait les croire tirées d’un sketch de Samantha oups!

Lors d’un récent débat entre les candidats démocrates, Barack Obama a déclaré qu’il compte presque doubler le taux d’impôt sur les gains en capital bien que l’Histoire ait maintes fois montré qu’une telle hausse réduit les recettes fiscales, décourage l’investissement et ralentit la croissance économique.

Pourtant, les conséquences d’une telle décision sont connues depuis longtemps. Dès 1800, Jean-Baptiste Say avait compris «qu’un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte», tandis qu’un allégement du fardeau fiscal exerce l’effet contraire. Même John Maynard Keynes, le père de l’interventionnisme étatique, tenait des propos similaires, et c’est ce que les réductions d’impôts, mises en œuvre par Bill Clinton en 1997 et par George W. Bush en 2003, ont confirmé une fois de plus.

Mais certains politiciens se fichent bien de savoir que trop d’impôt tue l’impôt. Ils jugent inadmissible que les gestionnaires des 50 meilleurs fonds spéculatifs aient réalisé des gains de 29 milliards $ l’an dernier, et veulent taxer plus lourdement les gains en capital par souci de «justice»…

Voir si peu de gens se répartir tant d’argent peut effectivement agacer. Mais il faut tout de même préciser que ces quelques gestionnaires ont néanmoins payé 5 milliards $ en impôts. Il aurait fallu qu’un million d’Américains réalisent des gains en capital de 34 000 $ chacun pour générer autant de recettes fiscales!

Le plus troublant, c’est donc de voir un candidat à la présidence des États-Unis si déterminé à punir la réussite qu’il en oublie les dégâts qu’une pareille mesure peut causer.

Par exemple, proposer une hausse du fardeau fiscal dans le contexte économique actuel est aussi absurde que de jeter de l’huile sur le feu. De plus, comme la hausse d’impôt risque de réduire l’assiette fiscale, les recettes de l’État diminueront, ce qui pénalisera des millions d’Américains à qui elles auraient pu profiter.

On néglige également le fait que la mesure ne sera pas limitée aux 50 personnes visées, mais qu’elle touchera près de 100 millions d’Américains qui détiennent des titres, y compris les petits épargnants! Est-ce vraiment agir au nom de la «justice»?

Cette proposition illustre parfaitement la philosophie des partisans de la gauche, qu’ils soient Américains ou Québécois, et nous révèle que leurs opinions et leur vision du monde sont le résultat de la jalousie viscérale qu’ils éprouvent pour ceux qui réussissent. Ils se cachent derrière les concepts de justice et d’équité, mais ils ne souhaitent en réalité que punir des initiatives couronnées de succès. Et qu’importe s’il faut nuire à des millions de personnes pour y arriver!

D’ailleurs, ne faut-il pas éprouver un certain mépris pour la réussite pour réclamer que des contribuables envoient une fraction plus importante de leurs revenus à des fonctionnaires qui la dilapideront? Ne faut-il pas être aveuglé pour en arriver à sacrifier la santé économique d’une nation et le bien-être de millions de gens parce qu’une poignée de personnes a empoché des gains substantiels?

Personne ne sait qui remportera les élections. Mais si le vainqueur entreprend d’alourdir le fardeau fiscal ou de s’attaquer au libre-échange, il pourrait bien marquer le début d’une ère nouvelle: celle du déclin de l’empire américain!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably-Lévy est chercheuse associée à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.