Fable de la fontaine (de Tourny)
Richard Martineau
Le Journal de Montréal
30/03/2010 04h37
«Les gens qui ont peu d’affaires sont de très grands parleurs », disait Montesquieu.
La phrase colle parfaitement à Clotaire Rapaille. En effet, il semble que le chouchou du maire Labeaume, qui a été embauché pour refaire l’image de Québec (pour la modique somme de 250 000 $), parle plus qu’il n’agit.
LE RENARD ET LE PAON
Non seulement cet «expert» a-t-il imaginé une partie de ses souvenirs d’enfance, mais son CV est truffé de mensonges et d’exagérations.
Mais, bon, l’homme (qui a du toupet à revendre) parle bien, et il a réussi à emberlificoter le maire Red Bull, qui était tout fier de se faire flatter l’ego par un «génie» de réputation internationale…
Cela m’inspire d’ailleurs une fable, qu’on pourrait intituler Le fin renard et le petit paon:
Régis Labeaume, sur un arbre perché Tenait en son bec un magot.
Clotaire Rapaille, par l’odeur alléchée Lui tint à peu près ces propos:
«Et bonjour, monsieur le maire Que votre ville est jolie! Que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage Vous êtes le plus grand politicien que j’ai rencontré.» À ces mots, notre beau paon est tout enjoué Et pour montrer sa belle voix Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le fumiste s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon vaut bien 250 000$ sans doute.» Le maire honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
LES MEMBRES ET L’ESTOMAC
Parlant de fable…
Jean de La Fontaine en a écrit une belle, qui s’intitule Les membres et l’estomac.
Fatigués de travailler comme des fous pour nourrir le corps auquel ils sont rattachés, des membres décident de faire la grève.
Les mains cessent de prendre, les bras d’agir, les jambes de marcher.
«On verra si le gros va se débrouiller longtemps sans nous», disent-ils. (La Fontaine n’a pas utilisé ces mots exacts, mais bon, c’est ma traduction québécoise…)
Or, après quelques jours, les membres commencent à se sentir mal. Le corps ne pouvant plus manger, les bras ramollissent, les jambes s’engourdissent.
Tout le corps se détraque.
L’ÉTAT, C’EST NOUS
Je trouve cette fable très à-propos en ce jour de budget.
En effet, on considère souvent l’État comme une machine qui fonctionne toute seule dans son coin, indépendamment de notre volonté. Or, l’État n’est pas à côté de nous — l’État, c’est nous!
Quand l’État est étranglé par la dette, c’est nous qui étouffons.
Pour reprendre l’analogie de La Fontaine, nous sommes liés à lui comme les membres à l’estomac.
On trouve que l’État est trop gros? Nous n’avons que nous à blâmer!
Si on ne lui demandait pas d’être partout à la fois et de régler chacun de nos bobos, il ne pèserait pas 600 tonnes.
Il n’y a que deux façons de sortir l’État de la dèche: payer davantage pour recevoir la même quantité de services, ou accepter de recevoir moins de services.
Ou on continue de gaver le monstre, ou on l’oblige à maigrir.
Votre choix ?
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