Anya a écrit : Publié le 13 mars 2011 à 16h51 | Mis à jour le 13 mars 2011 à 16h51
Japon: le regard tordu des Occidentaux
Philippe Pelletier
Géographe, professeur à l'Université Lyon 2, l'auteur a écrit plusieurs ouvrages sur le Japon, où il a vécu pendant sept ans.
La façon dont certains médias ont traité le jour même de ce que les Japonais appellent désormais le «gigantesque séisme du Tôhoku» révèle comment l'Occident regarde ce pays. Dès que la nouvelle de l'énorme secousse fut connue, tout le monde s'est inquiété du sort de Tokyo. Certes, le choc a été rude dans la plus grande mégapole du monde, les gratte-ciels ont tangué, le parking de Tokyo Disneyland a été inondé, des vitres ont été brisées, des maisons fissurées, mais, le lendemain, les autorités japonaises ne recensaient officiellement que cinq morts pour le département de Tokyo, autrement dit pas plus qu'un malheureusement banal accident de la route.
Mais cela n'a pas empêché les témoignages sensationnalistes et inutiles d'étrangers présents à Tokyo d'affluer sur les ondes. La palme du ridicule est revenue à un journaliste du service public de la télévision française qui, manifestement, avait eu très peur, mais qui se demandait avec morgue et condescendance comment les Tokyotes, le soir même, pouvaient-ils continuer à manger, boire dans les bars et même, pour certains, à draguer les jolies filles! Diable, les Japonais seraient-ils des extra-terrestres pour vivre dans un pays manifestement diabolique, pour oser penser à la vie, à se sustenter, et plus si affinité, au lieu de prier silencieusement pour la Terre-Mère qui s'est montrée ingrate?
En revanche, les informations sur ce qui s'est réellement passé sur le littoral du Tôhoku touché par le tsunami étaient délivrées au compte-goutte alors qu'un simple clic sur la Toile permettait d'en apprendre beaucoup. En effet, dès le 10 mars, jour d'un autre séisme dans la même zone, les services de surveillance étaient en alerte et sensibilisaient les populations. La JMA (Japan Meteorological Agency) annonçait «une semaine de vigilance». Le lendemain, le jour du grand séisme, l'alerte au tsunami est immédiatement déclenchée sur les zones côtières, par sirènes et haut-parleurs. Les habitants, qui disposaient d'une demi-heure pour réagir, se sont réfugiés en masse sur les hauteurs.
Autrement dit, les Japonais, bien organisés, ont fait face autant que possible au tsunami. Mais de ce fonctionnement collectif, prévoyant et bien organisé, limitant autant que faire ce peut les dégâts (les infrastructures routières ont tenu), nous n'en saurons quasiment rien. Tout pour Tokyo, rien ou presque pour la province. Bientôt, tout cela sera occulté avec l'incident dans la centrale nucléaire de Fukushima qui pose un grave problème, et d'un autre ordre.
Le président français s'est mis au diapason de la commisération et du sensationnalisme en annonçant avec gravité que la France allait «voir comment faire parvenir des équipes, des avions et des moyens» aux Japonais, comme si ceux-ci vivaient encore dans une brousse reculée et à l'âge de pierre! Les Japonais n'ont, heureusement, nul besoin des «avions français» (ou d'autres pays, d'ailleurs, sinon pour des motivations diplomatiques).
Décidément, le Japon n'a pas de chance. Il ne fait parler de lui que pour des catastrophes, rarement pour autre chose. De ce fait, il entre dans la rhétorique dominante sur les chocs et la fin du monde. En outre, les Japonais seraient décidément des êtres à part, passifs, mal organisés et assez fous pour vivre sur une telle terre. Dans ce miroir, l'Occident ne projette en fait que ses propres angoisses de mort, parfois à la limite du racisme.
http://www.cyberpresse.ca/opinions/2011 ... cueil_POS1" onclick="window.open(this.href);return false;
Il est donc bien suffisant lui......

......ben qu'ils se débrouillent tous seuls si c,est du racisme de vouloir aller les aider couc donc. Je comprends que l'on peut déplorer le sensationnalisme des médias mais quand même ce n'est certainement pas business as usual pour les japonais avec toutes ces catastrophes dans la même semaine.

En tk le premier ministre dans l,article suivant ne semble pas partager le même flegme que cet individu.
Japon - La pire crise depuis 1945
La menace d'une catastrophe nucléaire flotte sur le Japon, confronté à «sa plus grave crise» depuis la Seconde Guerre mondiale après un séisme de magnitude de 8,9 et un tsunami destructeur qui ont frappé vendredi le nord-est de l'archipel faisant sans doute plus de 10 000 morts.
«Je considère que la situation actuelle, avec le séisme, le tsunami et les centrales nucléaires, est d'une certaine manière la plus grave crise en 65 ans, depuis la Seconde Guerre mondiale», a déclaré le premier ministre japonais, Naoto Kan, affichant un air sombre.
Le chef du gouvernement a notamment exprimé sa grave préoccupation à propos de la situation à la centrale nucléaire de Fukushima 1, située à 270 km au nord-est de Tokyo, où une explosion a soufflé samedi les murs du bâtiment abritant le réacteur 1.
Des rejets radioactifs «très importants [se sont] produits simultanément à l'explosion», a fait savoir l'institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire. «Lors de l'explosion, le débit de dose à la limite du site aurait atteint 1 millisievert par heure (mSv/h) [alors que] l'ordre de grandeur de la radioactivité naturelle qui est de 0,0001 mSv/h.»
L'accident nucléaire a été évalué comme étant de «niveau 4» sur l'échelle internationale des incidents et des accidents nucléaires (International Nuclear Event Scale, INES), qui est constituée de sept échelons. À titre de comparaison, l'accident de Three Mile Island aux États-Unis en mars 1979 a été classé «niveau 5», tandis que celui de Tchernobyl en Ukraine en avril 1986 a été jugé de «niveau 7».
Le réacteur 3 de la centrale nucléaire a à son tour connu des problèmes similaires hier avec une panne de son système de refroidissement. Engagés dans une course contre la montre, les opérateurs de la centrale ont effectué des rejets d'air radioactif pour abaisser la pression, tout en injectant de l'eau afin de réduire la température. «Au risque d'accroître encore l'inquiétude de la population, nous ne pouvons exclure la possibilité d'une explosion», a mis en garde le secrétaire général du gouvernement, Yukio Edano. Au moment de mettre sous presse, une colonne de fumée s'échappait du réacteur.
Quelque 210 000 personnes ont été évacuées dans un rayon de 20 km autour du complexe nucléaire, même si le niveau de radioactivité relâché jusqu'à présent était peu important et ne posait pas de menace pour la santé, selon M. Edano. Plus de 20 personnes ont toutefois été irradiées, et des pastilles d'iode ont été distribuées afin de prévenir des cancers de la thyroïde.
Le violent séisme de vendredi a frappé de plein fouet le nord-est du Japon, causant des problèmes majeurs à 6 des 55 réacteurs nucléaires dispersés à travers le pays. Le danger est toutefois plus élevé pour les deux installations de Fukushima.
Afin d'éviter un black-out en raison d'une production d'électricité nettement inférieure à la demande, la compagnie d'électricité Tokyo Electric Power (Tepco) interrompra successivement la fourniture de courant par tranches de 3 heures et 40 minutes dans diverses zones du Kanto, la région du centre-est du Japon qui comprend la mégapole de Tokyo et ses environs.
Crainte d'une violente réplique sismique
Le dernier bilan officiel de la police nationale faisait état de 688 morts, 642 disparus et 1570 blessés. Mais celui-ci risque inexorablement de s'alourdir. Les autorités sont notamment sans nouvelles de la moitié de la population de Minamisanriku (nord-est de Sendai) qui a été rasée par le séisme et le tsunami. Minamisanriku comptait avant vendredi 14h46 environ 17 500 habitants. Le raz-de-marée a submergé des villes entières:des véhicules ont été projetés contre les façades des bâtiments, et même sur les toits, par la force de vagues déferlantes qui ont pénétré parfois jusqu'à cinq kilomètres à l'intérieur des terres.
En revanche, plus de 12 000 personnes ont été secourues au fil des dernières heures dans les zones sinistrées de la côte Pacifique, où les morts et les disparus se comptent par milliers. D'ailleurs, les premières équipes de secours envoyées par la communauté internationale sont arrivées hier au Japon afin de prêter main-forte aux 100 000 sauveteurs et soldats mobilisés par le gouvernement japonais.
Après avoir été levée hier soir, l'alerte au tsunami a été activée ce matin. La télévision publique NHK précisait, au moment de mettre sous presse, qu'une vague de trois mètres de haut était attendue dans les 15 minutes. L'agence météorologique nationale avertissait ce week-end qu'il y avait 70 % de risques qu'une réplique de magnitude 7 ou plus frappe l'archipel au cours des prochains jours.
Des dégâts de 35 milliards
Le tremblement de terre pourrait coûter près de 35 milliards de dollars aux assureurs, estime la firme spécialisée dans l'évaluation du risque AIR Worldwide. Ce montant vertigineux — soit le double de ce qu'a déboursé l'industrie de l'assurance en 2010 pour indemniser les conséquences des catastrophes naturelles — ferait du séisme de la semaine dernière l'un des plus coûteux de l'histoire. AIR Worldwide, qui situe la fourchette entre 14,5 et 34,6 milliards de dollars, prévient que cette évaluation n'inclut pas les conséquences du tsunami qui a suivi le séisme et les coûts d'une éventuelle catastrophe nucléaire.
Le séisme devrait «avoir un impact considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteurs», a souligné Yukio Edano. D'ailleurs, la Banque du Japon a injecté 7000 milliards de yens (80 milliards de dollars canadiens) sur le marché aujourd'hui, la plus forte injection de liquidités de son histoire, afin de tenter de rassurer les marchés.
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