Diane Grégoire
Il faudra être patient
Michel Nguyen
Le Journal de Montréal
18/09/2011 07h28
C’est sur cette ferme de Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie, que la SQ a entrepris les recherches pour retrouver la dépouille de Diane Grégoire.
© Maxime Deland / Agence QMI
Les recherches pour élucider le meurtre de Diane Grégoire, disparue depuis le 31 janvier 2008, ont mené les policiers à la ferme Shefford de Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie. La femme de 51 ans pourrait avoir été incinérée et les fouilles ont commencé. Guy Gauthier, anthropologue judiciaire et médicolégal, enseigne au Cégep Marie-Victorin et a publié plusieurs livres, dont Secrets d'ossements (éd. EDP Sciences). Il explique les méthodes qui pourront permettre d'élucider le mystère.
Q Comment va-t-on procéder aux recherches ?
R Il faut d'abord tamiser le sol pour extraire des indices. Une analyse ADN permettra de déterminer leur origine, et il faudra enfin comparer l'ADN trouvé à celle de la famille directe de Diane Grégoire pour établir son identité.
Q Qui peut participer au tamisage ?
R Des policiers formés au tamisage. Des étudiants qualifiés aussi. En 2002, dans l'affaire du tueur en série Robert Pickton, en Colombie- Britannique, des étudiants en archéologie et anthropologie biologique ont participé aux fouilles de sa ferme.
Q Comment fonctionne le tamisage ?
R Avec une moustiquaire, placée à l'horizontale. La terre est mise dans un chaudron avant d'être tamisée, les corps solides restant à la surface.
Q Que peut-on s'attendre à trouver ?
R Si Diane Grégoire a été incinérée, on peut espérer trouver des bouts d'os inférieurs à un centimètre ou encore des dents. On a vu des petits bouts d'os et des dents résister à plus de 1 100 ºC. L'analyse ADN par des spécialistes permettra d'identifier les indices.
Q Que permet de découvrir l'analyse ADN ?
R En plus de pouvoir identifier la victime en comparant son ADN avec celui de membres de sa famille, on peut identifier 800 substances sur l'échantillon, comme le plomb, l'arsenic ou la morphine. Sur des bouts d'os d'une certaine longueur, on peut également observer des traces de traumatismes ou de sang.
Q Est-il possible que ces analyses ne soient pas concluantes ?
R S'il y a eu infiltration d'eau dans les ossements, l'identification peut s'avérer non-concluante. Ici, le risque est faible. En comparaison, l'ADN a permis d'identifier une victime du Titanic presque un siècle plus tard.
Q Combien de temps pourraient durer les recherches ?
R Ça pourrait prendre des années. Le tamisage est un travail minutieux, idéalement fait à la main. L'utilisation de machinerie lourde pourrait fragmenter des morceaux. Extraire l'ADN peut prendre plusieurs semaines.
En chiffres
Surface à tamiser
800 m2, 60 cm de profondeur
Temps de transformation au tamisage
Quelques dizaines d'heures
Taille d'un fragment nécessaire pour l'analyse ADN
Quelques millimètres
Source : Guy Gauthier
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