Une dernière bouffée pour les fumeurs
Nicolas Bérubé
La Presse
Des milliers de Québécois fumeront ce soir pour la dernière fois dans les bars de la province. À partir de minuit, il deviendra illégal de griller une cigarette dans un débit de boissons ou dans un restaurant. Des fumeurs profiteront des dernières heures qu'il leur reste.
Les fumeurs devraient-ils être mis à la porte?
Funaroa déjà donné rendez-vous à des amis pour aller boire une bière et allumer une cigarette sans être inquiété. «Je ne suis pas sûr de pouvoir m'adapter », dit l'homme de 28 ans. Même des non-fumeurs comptent profiter de la soirée. Louis Rastelli, qui fume très rarement, sortira ce soir avec des amis pour aller boire quelques bières. Et fumer une cigarette. «On ne pourra plus jamais le faire. Ça vaut le coup, non ?»
Ce soir, minuit, c'en est fini pour la cigarette dans divers endroits publics, dont les bars et restaurants. Certains y voient une avancée sociale aussi importante que le vaccin contre la polio. Chez nos voisins américains, des entreprises ont toutefois décidé d'aller encore plus loin en congédiant carrément les fumeurs. État de la situation en cette dernière journée de grâce.
André Farhat est barman à la taverne du Cheval Blanc. Mais ce soir, il ne sera pas derrière le comptoir: des amis et lui partent en «safari photo» dans les bars de la ville pour prendre des clichés des endroits enfumés.
«Dans quelques années, on va regarder ça et se dire: ayoye, les gens fumaient dans les bars! dit-il. Ça va être un souvenir de notre époque.»
Des milliers de Québécois s'apprêtent à fumer pour la dernière fois ce soir dans les bars de la province. À partir de minuit, il deviendra illégal de griller une cigarette dans un débit de boissons ou dans un restaurant. Les fumeurs comptent bien sûr profiter des dernières heures qu'il leur reste. Stéphane Funaro, fumeur invétéré, a déjà donné rendez-vous à des amis pour aller boire une bière et griller une cigarette sans être inquiété. «Ça va être bizarre de se dire qu'on ne pourra plus faire ça. C'est tellement normal pour moi, je n'y pense même plus. Je ne suis pas sûr de pouvoir m'adapter», dit l'homme de 28 ans.
Même des non-fumeurs comptent profiter de la soirée. C'est le cas de Louis Rastelli, qui fume très rarement, mais qui sortira ce soir avec des amis pour aller boire quelques bières et... fumer une cigarette. «C'est juste pour le fun, dit-il. Je ne fume pas vraiment, mais on ne pourra plus jamais le faire. Ça vaut le coup, non?»
Vieilles machines distributrices
M. Rastelli suit d'ailleurs de très près l'implantation des nouvelles dispositions de la loi: depuis cinq ans, il achète les vieilles machines distributrices de paquets de cigarettes pour les recycler en machines distributrices d'objets d'art. Il suffit d'insérer 2 $ dans ces machines à l'allure vintage placées dans certains cafés pour recevoir un petit livre, un mini-CD d'un artiste indépendant, une photo, etc.
«Avec la nouvelle loi, ces machines ne serviront plus. Moi, j'offre 100 $ par machine. Même si elles datent de la fin des années 80, ce sont les machines distributrices les plus fiables jamais construites.» M. Rastelli compte acheter plusieurs douzaines de machines dans les prochains jours.
Enlever les cendriers à minuit? En théorie, les tenanciers de bar doivent retirer les cendriers à minuit ce soir et indiquer à la clientèle que l'endroit est non-fumeur. Si la plupart des propriétaires interrogés par La Presse soutiennent qu'ils vont respecter la loi à la lettre, une minorité affirme n'avoir pas du tout envie de jouer à la police avec leurs clients ce soir.
Aux Foufounes électriques, on compte retirer les cendriers à minuit. Éric Gibeau, qui travaille à la programmation du bar, croit que cela se fera sans heurt. «Mardi, c'est habituellement une soirée tranquille ici. Ça devrait bien aller. Les gens sont au courant, on a posé des affiches depuis longtemps.»
Au bar Le Boudoir, les propriétaires viennent tout juste de faire installer un cendrier extérieur près de la porte d'entrée. Aucune activité spéciale n'est prévue ce soir dans ce bar, où la vaste majorité de la clientèle est constituée de fumeurs, indique Bertrand Hubert, propriétaire du bar de l'avenue du Mont-Royal. «On va faire respecter la loi. Il n'y aura plus de cendriers dans la place à partir du 31 mai.»
L'habituellement très enfumée taverne Chez Baptiste ne soulignera pas l'événement par une soirée spéciale. «Pour nous, c'est une soirée comme les autres. On va faire ça de façon discrète», dit le propriétaire, Frederico Rivas.
À minuit, les cendriers seront également retirés au Barouf, un populaire bar de la rue Saint-Denis. La barmaid Hinda Benabdallah estime que tout devrait aller «comme dans du beurre». «Ici, les proprios sont en faveur de la nouvelle loi, alors il n'y aura pas de grosse soirée d'adieu à la cigarette!» lance-t-elle.
Tous les endroits ne seront pas aussi directs. En effet, des propriétaires de bar ont confié sous le sceau de l'anonymat qu'ils n'interviendraient pas à minuit pour demander aux gens de cesser de fumer.
«Ça n'a pas d'allure d'aller aux tables et de dire aux gens qui ont bu toute la soirée d'arrêter de fumer, a dit un propriétaire. Moi, je vais appliquer la loi demain. Ce soir les gens fument.»
http://www.cyberpresse.ca/article/20060 ... /FRONTPAGE
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Ouf quand c'est rendu qu'ils congédient les fumeurs ça va vraiment trop loin