George Gillett: l'éternel cassé...
Blogues - Jean-Philippe Décarie sur le trottoir
lundi, 23 mars 2009 20:46
Mise à jour le lundi, 23 mars 2009 23:34
George Gillett est en grand processus d'introspection. Il est en fait désespérément à la recherche de valeurs sûres, mais sa quête n'a rien de spirituel. Pas de gourous, pas de retraite fermée dans un monastère reculé. L'homme d'affaires américain a plutôt mandaté une brochette de spécialistes de l'investissement pour établir la véritable valeur marchande de ses différentes propriétés commerciales et sportives.
En d'autres mots, Gillett est cassé comme un clou et il doit vendre le plus rapidement possible, en tout ou en partie, certains de ses actifs pour espérer se renflouer.
La manchette de La Presse de lundi n'a rien pour surprendre. George Gillett pourrait être contraint de vendre le Canadien parce qu'il doit trouver les liquidités nécessaires pour maintenir le reste de ses activités en vie. Remarquez qu'il pourrait décider de vendre d'autres de ses participations pour arriver au même résultat. Une chose semble certaine: il a besoin d'argent et il sonde le marché.
George Gillett a toujours été un «gambler» mais malheureusement pour lui, un «gambler» malhabile. Rien à voir avec un René Angélil ou un Guy Laliberté. Comme cela lui est arrivé au début des années 1990 lorsqu'il a pratiquement perdu tout ce qu'il possédait, il semble que notre ami Gillett ait encore trop utilisé l'effet de levier pour réaliser certaines transactions.
Réorganisation permanente
Lorsqu'il a fait l'acquisition du Canadien en janvier 2001, Gillett émergeait tout juste d'une longue réorganisation. Opérateur de centres de ski haut de gamme, il détenait aussi une participation importante dans Swift and Company, l'un des plus gros transformateurs de volailles aux États-Unis.
On s'en souvient, Gillett a payé à l'époque une bouchée de pain pour mettre la main sur le Canadien et son amphithéâtre: 275 M$, alors que la construction du centre Molson de l'époque avait coûté à elle seule plus de 240 M$. S'il a pu négocier pareille entente, c'est que les acheteurs intéressés par le Canadien n'étaient pas légion.
Deux groupes d'acheteurs «sérieux» se sont retirés du processus d'enchères à la toute fin parce que le prix ne leur convenait pas.
Il y avait d'abord un groupe composé de René Angélil, Stephen Bronfman (fils de Charles) et Dennis Wood (ex-fondateur multimillionnaire de C-Mac), et l'autre formé par Jim Balsillie, président de Research In Motion, celui-là même qui vient d'échouer dans ses deux tentatives de mettre la main sur une concession de la LNH, soit les Predators de Nashville et les Penguins de Pittsburgh.
Rouler sur l'or
Malgré le fait qu'il ait obtenu le club de hockey Canadien à vil prix, Gillett a dû avoir recours à la Caisse de dépôt et placement pour financer quelque 140 M$ du coût de la transaction, en plus d'obtenir de Molson une balance de vente de quelque 30 M$. Balance de vente qu'il n'a jamais remboursée.
On comprend bien que, déjà en 2001, Gillett ne roulait pas sur l'or, et la situation ne s'est pas améliorée depuis puisqu'il a vendu sa participation dans Swift and Company pour rembourser d'autres dettes et financer ses incursions dans le soccer britannique et le Nascar.
Gillett donne l'impression d'être quelqu'un qui court toujours après sa queue. Sa vie d'homme d'affaires semble toujours dépendre du prochain échéancier, du prochain gros paiement qu'il doit faire pour corriger une erreur de jugement ou, plus simplement, pour rembourser le pari qu'il vient de perdre. Le Canadien est peut-être la dernière carte dans le petit jeu pas trop brillant de George Gillett.
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