Des bénévoles rémunérés?
Le ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc, indique qu'il va étudier la demande des orthopédistes du Québec qui se sont rendus bénévolement en Haïti pour soigner des blessés, mais qui demandent tout de même à recevoir le tarif auquel ils ont droit pour une journée de travail dans un hôpital, soit 704 $.
Photo: La Presse Canadienne /AP/Miami Herald/Charles Trainor fils
Des Haïtiens blessés attendent de recevoir des soins.
« Je pense qu'il faut faire la réflexion, je pense que ce sont des gens qui ont posé un geste humanitaire. On va évaluer à leur juste valeur leur demande », affirme M. Bolduc, qui ne compte pas se prononcer avant quelques semaines.
« Il faut vraiment prendre le temps d'analyser leur demande et de voir les implications de notre décision », précise le ministre québécois de la Santé, en référence à tous les travailleurs qui sont partis bénévolement en Haïti.
Le vice-président de l'Association d'orthopédie du Québec, le Dr Louis Bellemare, a confirmé mercredi que le président de l'organisme, le Dr Jacques Desnoyers, a écrit au ministre Bolduc à ce sujet.
« Ces honoraires ne seront pas une diminution de la qualité de leur bénévolat, mais bien plutôt une reconnaissance de la part non seulement de leurs pairs, mais également du gouvernement, de l'effort qu'ils feront », souligne le Dr Desnoyers dans cette lettre, obtenue par le quotidien La Presse.
C'est du bénévolat qu'ils vont faire là-bas. Mais si on regarde là-bas, il y a des policiers et des pompiers qui ont été envoyés là-bas qui sont rémunérés par l'État parce que, également sur une base volontaire, ils ont décidé d'appuyer Haïti.
— Dr Louis Bellemare, vice-président de l'Association d'orthopédie du Québec
« Pendant que nos gens vont là-bas, les bureaux continuent à tourner, les secrétaires sont là, il faut payer le chauffage », poursuit-il. « Ce qui a été demandé, c'est une aide ou un incitatif si on veut pour qu'il n'y ait pas que notre monde qui aille là-bas ou que ceux qui soient là-bas puissent rester un peu plus longtemps. C'est une demande bien candide que l'on fait au gouvernement ».
Ce qu'on réclame, c'est 704 $ par jour, qui est l'équivalent du salaire de base du chirurgien orthopédiste qui serait dans la province, précise le Dr Bellemare. C'est un montant qui est là pour couvrir une partie des pertes financières de cet individu-là qui pratique en Haïti 20 heures par jour, sept jours par semaine ».
« Si monsieur le ministre répond oui, qu'il est prêt à aider nos collègues à aller aider là-bas, on sera bien content et on espère que ça va en aider d'autres à y aller », ajoute M. Bellemare. « S'il dit non, parce que c'est quand même lui qui est responsable de l'argent des payeurs de taxes, je pense que les orthopédistes vont comprendre et ça ne va pas changer grand-chose à leur attitude. »
Le président de la Fédération des médecins spécialistes, le Dr Gaétan Barrette, indique qu'il ne peut appuyer officiellement cette demande, parce que rien à ce sujet n'est prévu dans l'entente qui lie Québec à ses médecins spécialistes. Il dit toutefois l'appuyer à titre personnel.
Le PQ veut des clarifications
Le porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Bernard Drainville, se montre intrigué par cette situation, qu'il demande au ministre Bolduc de clarifier dans les plus brefs délais. Il dit avoir compris que ces médecins spécialistes étaient partis en Haïti en tant que bénévoles.
« Est-ce que le gouvernement du Québec leur a laissé entendre avant de partir qu'ils auraient une rémunération? Ça on ne le sait pas. Si c'est le cas, c'est une autre histoire. Mais s'ils sont partis avec l'intention d'être des bénévoles et qu'arrivés là-bas, ils décident qu'ils veulent être payés, nous, on a un problème avec ça », soutient M. Drainville.
Source:
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