Fédérales 2011
Le Bloc québécois continuera à exister
Dominique La Haye
Journal de Québec
03/05/2011 19h47
MONTRÉAL – La déconfiture du Bloc québécois aux élections fédérales de lundi aura non seulement des répercussions sur l’échiquier politique à Ottawa, mais aussi sur le statut du parti, son financement et son personnel.
Au fil des élections, le Bloc québécois, qui soufflait ses 20 ans en 2010, a en quelque sorte pris l’allure d’une PME qui emploie près de 250 personnes. Une centaine d’entre elles travaille pour le parti à Ottawa et à Montréal, à la recherche, aux communications, à la stratégie politique et autres.
Mais en passant de 47 députés à quatre, l’avenir du parti et de ses travailleurs est remis en question. C’est le cas du personnel politique des 43 députés ayant perdu l’élection qui se retrouveront vraisemblablement sans emploi.
Dans la foulée de cette débâcle, la formation politique souverainiste a perdu son statut de «parti officiel» qui exige un minimum de 12 députés à la Chambre des communes.
Le Bloc n’aura plus le droit à des budgets de recherche. Ses questions en Chambre seront limitées et les députés bloquistes ne pourront plus faire partie des comités parlementaires. Les quatre députés élus bloquistes agiront en quelque sorte comme des députés indépendants.
À cela s’ajoute l’intention ferme du gouvernement de Stephen Harper d’abolir le financement public des partis politiques. Si cette promesse se réalise, elle privera le Bloc et les autres partis d’un remboursement pour chaque vote obtenu lors d’une élection générale.
Même s'il perd son statut de parti, le Bloc entend néanmoins demeurer en place à Ottawa. Le parti convoquera la semaine prochaine une réunion du Bureau national du Bloc Québécois, de même que le caucus de députés et de candidats pour analyser la situation et évaluer la suite des choses.
Dans un communiqué de presse émis mardi, la vice-présidente du Bloc, Vivian Barbot, indique que ce rassemblement visera à «analyser la campagne, tirer les conclusions qui s’imposent et assurer une transition adéquate».
«Les députés du Bloc Québécois continueront à représenter les Québécoises et les Québécois à Ottawa avec la rigueur qui nous a toujours caractérisée», est-il écrit dans le communiqué.
Le chef bloquiste sortant, Gilles Duceppe, a pris congé des médias, mardi, et n’entend pas commenter la situation prochainement.
Parmi les quatre députés bloquistes élus, Maria Mourani, qui représente la circonscription d’Ahuntsic, voit dans le résultat du scrutin un «message» des électeurs.
«On va devoir vraiment se retrouver et discuter sérieusement de ce message. Il va falloir être à l’écoute et apporter des solutions à tout cela», a-t-elle indiqué en entrevue.
«Qu’on soit quatre ou 47 (députés), on va continuer à faire le même travail, a-t-elle dit. C’est sûr qu’on n’est pas naïf. On sait très bien qu’on n’aura pas la même machine.» Le député bloquiste réélu dans Richmond-Arthabaska, André Bellavance, souligne que le Bloc québécois a récolté près de 24 % du vote populaire au Québec, lundi soir.
«Il va falloir essayer le plus possible de se faire entendre, faire du terrain et rebâtir le parti, a-t-il déclaré. (…) On a des milliers de membres, ce n’est pas un parti qui part à zéro.»
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